mardi 20 décembre 2016

Aeternia - Gabriel Katz

Résumé :
Leth Marek, champion d’arènes, se retire invaincu, au sommet de sa gloire. Il a quarante ans, une belle fortune et deux jeunes fils qu’il connaît à peine. C’est à Kyrenia, la plus grande cité du monde, qu’il a choisi de les élever, loin de la violence de sa terre natale. Lorsqu’il croise la route d’un culte itinérant, une étrange religion menée par un homme qui se dit prophète, l’ancien champion ignore que son voyage va basculer dans le chaos.Dans le panier de crabes de la Cité mère qui prêche la Grande Déesse, où les puissants du Temple s’entredévorent, une guerre ouverte va éclater entre deux cultes, réveillant les instincts les plus noirs. La hache de Leth Marek va de nouveau tremper dans le sang...

Ce qui distingue plus particulièrement la fantasy des autres genres littéraires, c'est qu'elle est faite (la plupart du temps) à partir de recettes, un peu toujours les mêmes et d'ingrédients souvent identiques. Du coup, pour faire un bon, voire un très bon roman de fantasy, il faut se distinguer avec une histoire en béton, de préférence du jamais vu, ou des personnages aussi originaux que possible ou, à défaut, revus et améliorés ou un style agréable. Dans la fantasy française, Jean-Philippe Jaworski réussit à réunir les trois, et avec quel brio. Et Gabriel Katz n'est pas jean-Philippe Jaworski. Loin s'en faut.
L'histoire est d'une banalité affligeante, les personnages de véritable clichés ambulants sans rien qui les distingue de tous ceux dont on a déjà croisé la route dans ce genre d'aventure et sans charisme, sans rien qui les rendent attachants et un style d'une aridité sans pareille. J'ai lu une critique qui comparait l’œuvre de Katz à celle de Gemmell. Il est vrai que les deux sont assez semblables et c'est bien là le problème, je n'apprécie guère non plus les romans du britannique.
J'ai tenu jusqu'à la moitié du livre sans faire non plus des efforts démesurés, il faut le reconnaître, car la lecture n'est pas réellement désagréable. Mais elle n'offre rien d'intéressant à un vieil amoureux de la fantasy comme moi. L'impression de perdre mon temps était omniprésente. À réserver donc à ceux qui n'ont jamais lu de fantasy. Encore que, non, ils peuvent aussi s'abstenir et lire du Jaworski, du Kloetzer ou du Pevel. Entre autres.

Bof.

Toi - Zoran Drvenkar

Résumé :
Imagine une tempête de neige sur l’autoroute. Un bouchon qui s’étire sur plusieurs kilomètres, aucune visibilité. Un homme sort de sa voiture et en silence assassine méticuleusement, à mains nues, vingt-six personnes dans les véhicules alentours. C’est le début d’une série de meurtres sans mobiles apparents commis par celui que la presse surnomme Le Voyageur.
Imagine maintenant cinq adolescentes. Cinq amies avec leurs espoirs et leurs peurs, leurs envies et leurs problèmes. Cinq jeunes filles que rien ne peut séparer, qui vont être prises au piège d’une situation qui les dépasse. Prises en chasse par un homme à qui tu ne voudrais pas avoir affaire, elles vont se jeter dans une fuite en avant sauvage et désespérée.
Imagine enfin un voyage jusqu’à un hôtel isolé en Norvège où tous ces protagonistes vont se retrouver pour une confrontation à la tension extrême et un dénouement qui te laissera sans voix.

Ce qui frappe, à l'évidence, dès que l'on commence à lire ce livre, c'est le tutoiement utilisé par Drvenkar, par ailleurs suggéré par le titre. De mémoire, c'est la première fois que je lis un roman utilisant un tel procédé. Bien sûr, nous connaissons tous des livres dans lesquels l'auteur s'adresse parfois au lecteur en aparté, mais il s'agit précisément d'apartés, qui ne durent pas tout le long de l'ouvrage et adressés au lecteur et à lui seul. Ici, le tutoiement est permanent, du début à la fin (à une petite exception près) et il est adressé dans chaque chapitre à un personnage différent. Oui, l'auteur parle à ses personnages. Du même coup, il fait de nous qui le lisons, tour à tour Le Voyageur, Ragnar, Stinke, Rute... bref, la bonne douzaine de protagonistes de l'histoire. Pour ce qui est de l'identification du lecteur aux personnages, je crois qu'on ne peut faire mieux.
Mais vous me direz certainement, est-ce que cet «artifice» d'écriture n'est pas finalement le seul intérêt du roman ? C'est une crainte que l'on peut légitimement avoir même après avoir lu quelques pages. Eh bien non. Le «tu» ne fait que renforcer la puissance déjà grande du récit. Les personnages sont particulièrement attachants, en particulier les adolescents (ils sont nombreux) et plus spécifiquement les cinq filles qui forment le cœur même du roman. Croyez-le ou non, mais j'ai été successivement chacune d'entre elles. J'ai tremblé pour mes copines, été sidéré par la violence qui m'a entouré. J'ai été Stinke, Rute, Nessi, Schnappi et Taja. Chacune de ces lycéennes absolument ordinaires, pas plus rebelles que les autres filles de cet âge là, ni plus paumées, mais pas préparées, surtout, à la tempête qu'elles vont soulever suite à leur insouciance, leur naïveté, leur inconscience, leur audace, leur jeunesse.
Parce qu'il faut bien le dire, sans être omniprésente, la violence est là et bien là. Parce que la fuite des cinq copines va laisser des traces sanglantes. Et il ne fait pas bon être jeune dans cette histoire. Il ne fait pas bon non plus être plus âgé. Il ne fait tout simplement pas bon traîner dans les parages. Dans les parages de ces hommes qui ne plaisantent pas, en particulier lorsqu'on touche à la marchandise dont ils font commerce : l'héroïne.
Voilà, j'ai été emporté par ce roman atypique. Et j'ai passé des moments, si ce n'est toujours à proprement parler agréables, du moins intenses au côté de personnages pour certains très attachants, pour d'autres terrifiants mais tous particulièrement consistants. À lire, absolument.

Très bon