mercredi 29 septembre 2010

Mon actualité - 29/09/2010

Lectures en cours :


Je viens d'achever Les seigneurs des runes, tome 3 de David FARLAND, mais je ne ferai une chronique que pour l'ensemble de la tétralogie.

Je suis sur le point de terminer la lecture de Étoiles, garde-à-vous ! de Robert HEINLEIN. Je suis assez étonné par ce que j'ai lu. Mais j'aime plutôt bien.

Afin de tester une lecture sans livre papier, je tente de lire sur mon vieux Palm, en principe pas vraiment fait pour ça, un ebook libre de droit, The Picture of Dorian Gray d'Oscar WILDE. Au bout de quelques paragraphes, je m'aperçois et d'une que la lecture sur un aussi minuscule écran est tout de même faisable (il va vraiment falloir que je teste une vraie liseuse) et de deux que l'anglais de WILDE semble tout à fait à ma portée. Je trouve le style magnifique et le vocabulaire tout à fait accessible. Et si c'était ça le talent, tout simplement ?

Enfin, je viens d'entamer la lecture de Premier et Unique de Dan ABNETT dans la collection Wathammer 40.000. Pas désagréable du tout même si, pour le moment, je suis noyé sous des tonnes d'informations nouvelles.

lundi 20 septembre 2010

Mon actualité - 20/09/2010

Quadrant Alpha, c'est fini :
La nouvelle n'est plus très fraiche, mais elle est toujours aussi désespérément vraie : El Jc interrompt l'activité de son blog Quadrant Alpha. Celui-ci avait vu le jour à peu près en même temps que le mien mais il était devenu (contrairement au mien) une référence incontournable de la blogosphère de l'imaginaire. Toutes celles et tous ceux qui appréciaient les chroniques pertinentes, intelligentes, sensibles d'El Jc, et nous sommes nombreux, ne pourront que déplorer cette fin d'émission. En revanche, nous nous réjouissons tous des changements positifs qui ont amené notre ami à prendre cette décision, certainement douloureuse. Bon vent à toi, frérot cosmique et à bientôt dans la vraie vie et dans l'autre aussi.

Dernières acquisitions :
Ubik de Philip K. DICK
Arlis des forains de Mélanie FAZI
Premier et Unique (Warhammer 40.000) de Dan ABNETT

Bon,Ubik c'est à cause de (grâce à) El Jc et de sa chronique. Ce roman est l'un de mes préférés de Dick. Je l'ai lu deux fois, ce qui est (était ?) rare. Et je l'ai égaré (perdu ?) deux fois. Ce qui est exceptionnel. D'où ce troisième et j'espère dernier achat.
Arlis des forains je l'ai pris parce que, même si je n'avais pas vraiment apprécié Serpentine du même auteur, j'avais beaucoup aimé son style. Et puis je ne suis pas très amateur de nouvelles. J'imagine que ce roman devrait beaucoup plus me convenir.
Quant à Premier et Unique, cela fait partie de mes envies, rares mais tenaces, de me plonger dans ces romans dits sous licence, dérivés de films, de série télévisées, de jeux etc. écrits le plus souvent par différents auteurs et qui, de mon point de vue, s'approchent davantage des romans de gare que de la grande littérature. J'avais essayé il y a quelque temps Lancedragon, sans succès. Nous verrons bien ce que cela vaut.

Lectures en cours :
Dans le cadre de la lecture du mois du Cercle d'Atuan, nous lisons Le goût de l'immortalité de Catherine DUFOUR. Le moins qu'on puisse dire, c'est que je n'avais pas aimé ma première tentative mais je suis aujourd'hui mieux disposé et sous le charme de la langue de l'auteure.
Mon livre de chevet est Les seigneurs des runes, tome 3 de David FARLAND. De la bonne fantasy d'action pas prise de tête et agréable à lire.
Mon livre de salon est Chromozone, tome 2 de Stéphane BEAUVERGER. J'ai un peu oublié le premier tome, mais, pour le moment, ce n'est pas gênant du tout. C'est toujours aussi plaisant à lire. Que du bonheur.

Mon blog :
Il a subit quelques modifications ces temps-ci. Vous trouverez notamment maintenant les Pile à lire, Index des critiques et autres Lectures du moment sous forme de pages statiques accessibles par le menu en haut de page.
Le reste des liens à été déplacé dans le pied de page. Pour y accéder plus facilement, dorénavant un seul billet (le dernier forcément) sera visible sur ma page d'accueil.

Les derniers billets :
Le cinquième et dernier volume de la Geste des Princes-Démons de Jack Vance.
Le prince du néant, tome 1 de R. Scott Bakker.
Blind Lake de Robert Charles Wilson.

À venir, une chronique de Manitou de Graham MASTERTON qui m'a laissé un sentiment plutôt mitigé. Ça frise la déception.

jeudi 16 septembre 2010

La Geste des Princes-Démons, volume 5 - Jack Vance

Le Livre des Rêves
Eh bien nous voilà donc parvenus au bout de l'aventure avec ce cinquième et dernier volet. Je ne cache pas un petit pincement au cœur de devoir quitter Kirth Gersen et sa redoutable quête.
Cet ultime opus est semblable aux précédents. Gersen cherche à retrouver un tueur dont il ne connait pas le visage. Une fois encore, c'est un peu par hasard qu'il découvre sa trace. Mais, une fois n'est pas coutume, il parvient très tôt dans le roman à identifier sa cible. Ce qui nous vaut des affrontements assez plaisants entre les deux hommes.
Et c'est sans doute ce qui fait de cet épisode final mon préféré. Dans la mesure où les adversaires sont pour une fois très vite face à face, le récit acquiert plus de rythme.
Pour le reste, le roman utilise les mêmes ingrédients qui font pour une grande part le succès de la série. Il y a toujours une jolie fille, plus ou moins dangereuse, une sorte de Kirth Gersen's girl. Il y a toujours des poursuites à travers l'espace. Et surtout, surtout, toujours les mêmes découvertes de mondes directement issues de l'imagination débordante de Vance.
Car s'il est une chose, dont je n'ai sans doute d'ailleurs pas assez parlé, commune à chacun des tomes et qui font une grande partie de l'intérêt de lecture, c'est bien la création de planètes non seulement dans leurs caractéristiques géo-physique, zoologiques ou botaniques, mais aussi dans les populations qui les habitent et leurs lois et coutumes.
Les sociétés que Vance invente et nous fait découvrir non sans humour, sont toutes plus farfelues les unes que les autres et en même temps extrêmement terrifiantes. Farfelues, parce que les lois qui les régissent et leur application sont tellement caricaturales qu'elles nous font sourire. Terrifiantes, parce que dans leur désir sans frein de mettre en œuvre leurs principes moraux, elles prennent des allures de dictatures parfaitement crédibles. Ce sont des mondes peuplés de clowns méchants et dangereux, en quelque sorte.
De ce point de vue, ce dernier volet est assez caractéristique. L'une des sociétés que Gersen visite n'est pas sans rappeler quelques communautés rigoristes dont les Etats-Unis ont le secret (Mormons, quakers, amish ...), quant à la seconde, un monde entier transformé en réserve naturelle, elle nous montre les excès du tout pour l'écologie, où l'humain ne trouve même plus sa place.
Un cinquième et dernier roman tout à fait réussi, donc, et qui contient en lui peut-être le meilleur de tous les autres. Quoi qu'il en soit, voilà une série qui
aura été particulièrement plaisante à lire. Même si tout n'y est pas crédible. C'est juste de la Science Fiction pour rire et qui ne prend pas la tête une seconde tout en nous entrainant loin, loin, si loin.

Quatrième de couverture :
La Geste des princes-démons est une terrible histoire de vengeance, celle d’un homme seul, Kirth Gersen. Mais c’est aussi et peut-être surtout un inoubliable voyage à travers la Galaxie, ses peuples, ses civilisations, ses paysages, ses coutumes et ses trafics, aussi inépuisablement variés que l’imagination de Jack Vance. 
Dans Le Livre des Rêves, Gersen va affronter le plus subtil de ses ennemis, Howard Alan Treesong. 
Le plus grand criminel de tous les temps intrigue pour devenir Coordinateur Suprême de la Police Galactique. 
Du coup, l’appétit de vengeance de Gersen se mue en mission de salubrité publique. 
Après Le Prince des étoiles, La Machine à tuer, Le Palais de l’amour et Le Visage du démon, Le Livre des Rêves est le cinquième et dernier volume du plus célèbre cycle de Jack Vance, La Geste des princes-démons.

vendredi 10 septembre 2010

Lecture(s) du moment

  • Chromozone, 2 - Stéphane Beauverger
  • Manitou - Graham Masterton
  • Le Goût de l'Immortalité (Lecture de septembre du Cercle d'Atuan) -
    Catherine Dufour

Le Prince du Néant, tome 1 - R. Scott Bakker

Autrefois les ténèbres

Le Mot de l'éditeur :
Une Guerre Sainte est en marche dans un monde divisé entre magie et religion. Trois hommes que tout sépare devront inverser le cours des choses pour éviter une nouvelle Apocalypse : Achamian, un sorcier-espion, enquête sur le chef suprême des Mil Temples, une caste religieuse puissante, opposée depuis des siècles aux castes des sorciers ; Cnaiür, chef des barbares Scylvendi, d'une violence et d'une brutalité hors du commun, voit son passé sinistre resurgir ; et enfin Anasûrimbor Kellhus, un moine mystérieux, descendant des anciens rois est la recherche de son père.
Face à eux : la Consulte, une étrange créature légendaire qui œuvre avec les sorciers au cœur même de la Guerre qui s'annonce.

Je confesse avoir été très inquiet lorsque j'ai entamé la lecture de ce livre. Le prologue est en effet rédigé dans un style particulier qui rend parfois la compréhension du texte malaisée. Il est à la fois poétique, philosophique, lyrique, en un mot très littéraire et certes magnifique mais malheureusement un peu confus. Mais plus que le style, c'est le ton qui rend le texte difficile d'accès. On a souvent davantage le sentiment de lire les impressions, les réflexions parfois complexes des personnages qu'un récit traditionnel d'évènements. Ajoutons à cela une entrée de plain-pied dans un univers qu'on soupçonne riche mais qui nous est totalement inconnu et nous aurons une idée de la difficulté de cette entame.
Fort heureusement, l'impression ne dure pas et dès le premier chapitre, nous assistons à une rupture sensible du ton qui, même s'il demeure littéraire, est beaucoup plus accessible. Et nous avons enfin le sentiment que l'histoire commence.
Elle s'articule essentiellement autour de quatre personnages principaux d'une importance telle qu'ils sont à l'origine (au moins pour trois d'entre eux) de l'intitulé de trois des cinq parties de ce premier tome. Le sorcier, la catin et le guerrier (les deux autres parties étant : l'empereur et la guerre sainte).
Le sorcier c'est Drusas Achamian. Les sorciers sont regroupés en ordres, en communautés appelés scolasticats. Achamian est un scolastique du Mandat. Cette académie de sorciers est la seule à croire à l'existence et à vouloir combattre la Consulte, une menace qui pèse sur l'humanité toute entière et qui n'est pour tous les autres qu'une légende. On ne saura pas grand chose sur cette Consulte, le mystère qui l'entoure étant complet ce qui la rend plus terrifiante encore.
Esmenet est une prostituée (la catin) amie d'Achamian dont elle est secrètement amoureuse. Le guerrier c'est Cnaiür, un barbare scylvendi, un peuple semi-nomade de cavaliers qui n'est pas sans rappeler les mongols. Il est courageux, impitoyable, intelligent. Redoutable.
Et puis il y a Anasûrimbor Kellhus, sans doute mon préféré même si tous les personnages principaux ont quelque chose d'attachant, chacun à leur manière. C'est une sorte d'érudit. Un homme de grand savoir et de grand pouvoir. Ses connaissances inclues l'art du combat ce qui en fait un guerrier exceptionnel. C'est une sorte de moine-combattant errant, un prêtre shaolin voyageur. Un autre  Kwai Chang Caine (1).
À ces quatre premiers personnages on pourra ajouter un empereur stupide, un général émérite, un prince ambitieux, un pontife illuminé ... Tous vont se retrouver liés par un évènement majeur d'une portée quasi mondiale : la Guerre Sainte. Une sorte de Croisade revue et corrigée par l'auteur. Tout y est jusque dans certains détails troublants. Le chef religieux, instigateur de cette Guerre Sainte est Maithanet, l'équivalent d'un pape. Sa religion est d'ailleurs fortement inspirée du christianisme, à n'en point douter. Son prophète est Inri Séjénus. Inri, comme l'inscription qu'aurait fait apposer par raillerie Ponce Pilate sur la croix du Christ. Inri comme Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum (Jésus de Nazareth, Roi des Juifs (Judéens)). Quant à Séjénus c'est un quasi anagramme de Jésus. La Guerre Sainte, elle, consiste en la conquête de territoires et en particulier d'une ville sainte, Shimeh, dont le nom peut évoquer, avec de l'imagination, Jérusalem ou Salem, Yerushalayim en hébreu. Son déroulement même la rapproche de son modèle réel. La Guerre Sainte Vulgaire narrée dans le livre est calquée sur la Croisade des Gueux. L'épisode des futurs territoires conquis revendiqués à l'avance par l'empereur du roman rappelle l'exigence similaire qu'avait eu, à l'époque, l'empereur de Byzance. Jusqu'au nom de Golgotterath qui fait bien sûr penser à Golgotha. D'autres, plus érudits que moi, trouveront encore d'autres parallèles, à n'en point douter.
Les circonstances particulières vont amener tout ce beau monde à s'aimer ou à se haïr, à s'allier ou à s'affronter, à se faire confiance ou à se trahir. Parfois alternativement, parfois en même temps. Dans ce maelström qu'est la guerre, chacun agit selon ses propres convictions, ses propres intérêts, qui peuvent un temps coïncider avec ceux des autres mais pas indéfiniment.
Seul petit point noir du roman, c'est l'accumulation de noms forcément nouveaux pour nous de personnages, peuples, pays, religions, langues. À ce sujet, je ne saurais trop vous conseiller de vous reporter aux appendices à la fin du volume. L'essentiel y est expliqué.
C'est donc, vous l'aurez compris, à une formidable épopée que nous invite Bakker, pleine de bruit et de fureur comme l'écrivait le grand William. Un cocktail réussi de batailles, de combats, de mystères, d'alliances contre nature, de manigances, de séductions, la liste est longue. Le tout servi par une belle langue.  J'aurais du mal à comparer cette œuvre à une autre, aucun nom ne me venant spontanément à l'esprit, mais s'il le fallait absolument alors ce serait probablement au Seigneur des Anneaux, sans les elfes, hobbits et autres orques, mais avec la même force épique.

Ils en parlent :
J'en profite pour vous inviter, si vous ne connaissez pas déjà, à découvrir le site d'Estellou et ses chroniques intelligentes et bien foutues.
On ne présente plus Cédric de Hugin & Munin ou Martlet.

(1) Héros de la série télévisée Kung Fu diffusée dans les années 1970.

jeudi 9 septembre 2010

Blind Lake - Robert Charles Wilson

Présentation de l'éditeur
Utilisant une technologie quantique qu'ils ne comprennent pas totalement, les scientifiques des complexes de Crossbank et Blind Lake observent des planètes extraterrestres distantes de la Terre de plusieurs dizaines d'années-lumière. A Blind Lake, Minnesota, Marguerite Hauser s'intéresse tout particulièrement à un extraterrestre qu'elle appelle "le Sujet ", mais que tout le monde surnomme "le homard", à cause de sa morphologie. Et voilà qu'un jour, personne ne sait pourquoi, le Sujet entreprend un pèlerinage qui pourrait bien lui être fatal. Au même moment, l'armée américaine boucle Blind Lake et instaure une quarantaine qui tourne à la tragédie quand un couple qui tentait de s'échapper en voiture est massacré par des drones de combat. Que se passe-t-il à Blind Lake ?

Voici le sixième roman de Wilson que je lis. Toujours à peu près dans l'ordre chronologique ( j'ai dû louper Bios ). Tout ce chemin devant me mener, inexorablement, vers Spin, considéré comme un chef d'œuvre. Six romans : on pourrait penser que je suis un fan de l'auteur. Eh bien, ce n'est pas tout à fait exact. Ce n'est pas entièrement faux non plus. Mais le fait est qu'aucun de ses romans que j'ai lu ne m'a semblé irrémédiablement nul. En revanche, un seul, il est vrai, à entièrement emporté mon adhésion jusqu'à aujourd'hui : Les Chronolithes.
Les romans de Wilson révèlent tous les mêmes qualités, mais bien souvent, hélas, les mêmes défauts. Des personnages ciselés avec précision et, oserai-je dire, avec amour. Et tant mieux, parce que j'apprécie vraiment ça. Par contre, des histoires démarrant le plus souvent sur une bonne idée mais qui ne tiennent pas toujours leurs promesses.
Alors, qu'en est-il de Blind Lake ? Côté personnages nous sommes plutôt servis. À chaque livre, Wilson s'améliore encore un peu plus dans ses peintures. Même les personnages secondaires bénéficient d'un traitement particulièrement soigné. Là où d'autres écrivains racontent une histoire qu'ils peuplent de personnages, Wilson nous parle de personnages qui font une histoire. Dans ce roman, l'auteur se rapproche plus que jamais, de mon point de vue, de Stephen King. Des personnages issus de la middle class et confrontés à des problèmes d'une banalité confondante mais tellement proches des propres préoccupations du lecteur lambda. On y aborde des sujets comme : le divorce, la garde des enfants, les violences conjugales, les rapports conflictuels patron-employé, la réussite sociale ... tous thèmes que n'aurait pas désavoués le maître du suspense. Mais là où King nous gratifie à chaque roman d'une histoire solide, horrible à souhaits, Wilson se montre beaucoup plus discret dans la partie relevant purement du domaine de la Sience-Fiction.
L'essentiel de l'intrigue tourne autour d'un genre de télescopes d'une nouvelle génération dont nous ne comprendrons jamais tout à fait le fonctionnement. Bon, en même temps, même ceux qui l'utilisent ignorent comment cela fonctionne exactement. Le fait est que le système permet de voir ce qui se déroule sur des planètes situées à des années lumière de la Terre. Et en particulier les faits et gestes d'une créature extra-terrestre, le Sujet. Mais tout ceci est finalement réduit à une toile de fond, un décor.
La vraie grande aventure du roman, c'est la mise en quarantaine de toute la ville de Blind Lake, cité bâtie de toutes pièces autour de l'observatoire. Avec comme lancinante question, tout le temps du blocus : pourquoi ?
Parce que l'isolement est complet. Plus de communication, entrante ou sortante, avec l'extérieur. Plus personne n'entre et plus personne ne sort. Ceux qui tentent de sortir sont impitoyablement abattus par des drones minuscules mais meurtriers qui entourent la ville. Et le blocus s'éternise. Durant des jours, des semaines, des mois. Et c'est d'ailleurs l'un des défauts du roman. On n'arrive pas à croire totalement à cette quarantaine. Du moins, on ne parvient pas à imaginer que cela se passe aussi tranquillement. Il n'est jamais question d'émeute ou ne serait-ce que d'une certaine nervosité de la population. Tout juste y-a-t'il quelques tentatives de fuite. De la même façon, il n'est jamais question de ce qui se passe à l'extérieur et on ne voit jamais aucune troupe surveiller la ville, aucun contact, aucune explication venant du dehors. Le seul lien est un véhicule blindé automatique, donc sans pilote, qui vient régulièrement ravitailler la ville.
Au bout du compte donc, un roman peuplé de personnages intéressants, humains, crédibles mais une histoire, encore une fois, qui ne tient pas toutes ses promesses. On passe tout de même un bon moment avec un livre qui se lit vite et facilement.

L'avis d'Efelle

samedi 4 septembre 2010

Fendragon - Barbara Hambly

Présentation de l'éditeur
« Je suis Morkeleb le Noir. Je ne suis et ne serai l'esclave de personne, encore moins d'une femme humaine. »
Lorsque Jenny Waynest, compagne du Fendragon des légendes, accepte d'accompagner l'amour de sa vie vers les terres du Sud où l'appelle son Roi, elle ne sait pas ce qui l'attend: les intrigues vénéneuses de la magicienne Zyerne, le souffle brûlant du plus sombre des dragons, mais aussi le feu dévorant d'une passion séculaire - la douleur, le renoncement et la mort.

Lecture du mois d'août du Cercle d'Atuan.

La première chose qui frappe et ce, dès les premiers chapitres voire dès les premiers paragraphes, c'est l'originalité du roman. En particulier, l'originalité de traitement. Les clichés sont vraiment mis à mal. La première fois que nous rencontrons le Fendragon (1), il a les pieds dans la boue et parle de cochons. On est loin du preux chevalier des chansons de geste. Jenny, sa compagne, loin d'être la sorcière ultra-puissante des récits du genre, se considère elle-même comme à peine plus qu'une guérisseuse de village. Les dragons sont tués comme de vulgaires renards pilleurs de poulailler, même s'ils sont infiniment plus dangereux. Avec ruse et sans panache.
Et même si le roman a aujourd'hui 25 ans, il reste toujours assez innovant en la matière puisque nous ne sommes toujours pas débarrassé des clichés du genre. Oserai-je dire : « Au contraire. » ? Alors, oui, c'est agréable de lire les aventures de gens (presque) ordinaires. J'ajoute presque parce qu'il faut bien l'admettre, ces gens-là ont une force de caractère assez peu commune, tout de même, forgée sans doute dans les rigueurs climatiques des pays du nord dont ils sont issus.
La seconde qualité du roman, précisément, tient dans la peinture, particulièrement travaillée, des personnages et en particulier de trois d'entre eux. John, Jenny et Morkeleb. Autrement dit le fendragon, la sorcière et le dragon. Ils ont tous un caractère bien trempé. Même si c'est plus facile pour le dragon, compte tenu de sa taille et de sa puissance. Mais ils ont malgré tout des fêlures, des faiblesses. Même Morkeleb, pourtant protégé par sa cuirasse et la totale indifférence de ceux de sa race pour les misérables créatures que sont les humains.
La peinture sociale n'est pas en reste non plus. Avec cette galerie de nobles de cour tous plus superficiels et inconsistants les uns que les autres. Quant aux Gnomes, ils m'ont fait penser d'une façon saisissante, à une allégorie de la diaspora juive, ou de tout autre communauté minoritaire, mal accueillie, maltraitée. Les Gnomes sont à peine tolérés lorsque tout va bien, alors qu'advient-il à votre avis lorsque tout va mal ? Ils sont désignés comme coupables idéaux de tout ce qui arrive, sont chassés, spoliés.
En revanche, en dehors de ces qualités, le roman pêche par un manque significatif d'action. Et quand il y a de l'action, le passage est vite expédié. Bon, d'accord, lors de la description d'un combat, j'ai horreur de ces récits qui détaillent le moindre des gestes des protagonistes. « Et il leva son épée de quinze centimètres de la main droite, tandis que de la gauche il se grattait l'arête du nez. » et qui font durer un duel une quinzaine de pages. Mais de là à faire dans le dépouillement le plus total, il y a une marge. « Il est entré, il a tué le dragon. » , ça fait un peu juste.
En plus de ça, le traitement de la méchante de l'histoire est assez frustrant. Beaucoup trop succinct à mon goût. Elle a pourtant été dotée de pouvoirs terrifiants, c'est le mot, mais la montagne a accouché d'une souris.
En vérité, l'essentiel est ailleurs.  Dans la dénonciation de l'intolérance. Dans la douleur du choix. Jamais autant auparavant je n'avais été confronté dans un roman à la réalité de cette maxime : choisir, c'est renoncer. Car, c'est vrai, on ne peut être une bonne sorcière et en même temps une bonne mère, une bonne épouse. On ne peut être femme et dragon.
Et le roman parle aussi d'amour. D'une façon simple et sans mièvrerie. Car, n'en déplaise à tous les Gros Bill du monde, l'amour, ou sa recherche, occupe, voire préoccupe la plupart des gens, davantage que la chasse aux créatures surnaturelles. Me semble-t-il.
Cependant, force m'est de reconnaitre que cette seconde lecture (puisque j'avais déjà lu le roman) m'a un peu moins enthousiasmé que la première. Sans doute à cause de la disparition de l'effet de surprise.
Il n'en demeure pas moins que ce Fendragon me semble mériter de figurer dans la bibliothèque de tous ceux qui prétendent  être amateurs de fantasy. Et puis, un one-shot de 360 pages, n'est pas un obstacle insurmontable. Sauf peut-être, je le répète, à tous ceux qui privilégient l'action au reste. Ce que je respecte totalement.

Je vous invite à lire : ce que les Atuaniens en ont pensé.

(1) En anglais : Dragonsbane, soit Le fléau des dragons. Le Fendragon est le pourfendeur de dragons.