lundi 30 août 2010

L'anneau monde - Larry Niven

Le mot de l'éditeur
À deux cents ans, Louis Wu a conservé un corps de jeune homme et une âme d'explorateur. Aussi se laisse-t-il tenter quand le Marionnettiste lui propose de l'accompagner au-delà de l'Espace connu... Mais l'expédition qui se prépare ne sera pas de tout repos, puisqu'à Wu et à l'étonnante créature à deux têtes et trois pattes s'adjoindront un Kzin, un être féroce et effrayant aux dents et aux griffes acérées, ainsi que Teela Brown, une jeune humaine follette mais douée d'une chance insolente. L'hétéroclite équipe s'embarque donc à destination de l'Anneau-Monde, une planète lointaine cerclée d'un mur d'un million six cent mille kilomètres de large et de quinze cents kilomètres de haut, dont personne ne connaît les occupants...

En cherchant, après lecture, des critiques de ce roman sur la toile, j'ai découvert que l'on passait de l'envolée dithyrambique au tir à boulets rouges. Mon opinion doit être à peu près à mi-chemin entre les deux. Je ne pourrais pas réellement dire avoir été déçu dans la mesure où je n'en attendais pas grand chose. Je savais que le roman était une référence et qu'il avait reçu plusieurs prix. Mais en dehors de ça, je n'avais aucun véritable a priori. Enfin, je m'attendais tout de même à quelque chose de vraiment pas mal.
En fait, si les personnages sont assez originaux (surtout un Marionnettiste (1) qui a peur de son ombre et un Kzin belliqueux, les deux formant un duo détonant) ils ne réussissent pas à être tout à fait attachants. L'humain, Louis Wu, du haut de ses 200 ans semble tellement blasé que l'on finit très vite par être aussi détaché que lui. Ce qui est ennuyeux pour un lecteur.
Les aventures de tout ce monde-là ne m'ont jamais beaucoup passionné. Si je devais résumer le récit en le transposant dans notre monde réel et banal je dirais que c'est l'histoire de quatre personnes d'origines diverses qui ont un accident de voiture et qui parcourent à pied des kilomètres sur une route déserte pour trouver de l'aide. Lors de la traversée de quelques villages, ils vont avoir affaire à des habitants plutôt hostiles. Vous trouvez que j'exagère. Pas si sûr.
Alors bien sûr, le monde en question n'est ni réel ni banal. L'anneau monde possède une taille gigantesque, en fait bien au-delà de ce que peut se représenter l'imagination humaine. L'idée de base est magnifique. Je crains qu'elle ait été trop peu voire mal exploitée. On pourra regretter également les explications de l'auteur qui, si elles relèvent des règles les plus élémentaires de mécanique céleste ou planétologie, nous passent parfois largement au-dessus de la tête (décidément, je n'aime pas beaucoup la Hard SF).
En résumé, cet Anneau-monde est un roman qui ne m'a pas totalement convaincu et dont je ne m'explique pas le nombre incroyables de prix qu'il a reçu. A lire par curiosité.


(1) Un Marionnettiste est un extra-terrestre de même qu'un Kzin.

Le Champion du Cercle d'Atuan

Le Cercle d'Atuan ayant fêté son premier anniversaire il y a peu, nous avons eu l'idée de procéder à l'élection de notre livre préféré parmi les 12 que nous avons lus en commun au cours de l'année écoulée. Les résultats sont les suivants :

Champion
La route, de Cormac McCarthy
 
1er Dauphin
Janua Vera, de Jean-Philippe Jaworski

2e Dauphin
Au guet !, de Terry Pratchett 

J'en profite pour inviter toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à nous rejoindre au Cercle. Promis, on ne les obligera pas à participer aux lectures communes mais en revanche, ils seront les bienvenus dans les discussions nombreuses et variées du forum (on y parle de thés, de chats, de cuisine,de BD, de séries TV, de jeux vidéo, de beaucoup d'autres choses et ... un peu de littérature) et invités à en créer d'autres.
L'ambiance y est très sympathique.

dimanche 29 août 2010

Chroniques des années noires - Kim Stanley Robinson

Présentation de l'éditeur
Quelle serait l'histoire du monde si l'Europe avait disparu au Moyen Age, ravagée par la peste ? L'Islam et la Chine seraient alors devenues les civilisations dominantes, découvrant l'Amérique, se faisant la guerre, inventant le chemin de fer et l'atome, cherchant à l'emporter, à imposer la foi de Mahomet, Bouddha ou Confucius. A travers les destins de trois personnages, Kim Stanley Robinson dépeint de façon étonnamment réaliste sept cents ans de l'histoire d'un univers foisonnant, où les aventures individuelles se mêlent à la trame historique, et se répondent à travers les siècles et les continents. Une uchronie époustouflante par l'auteur de la trilogie martienne.

Ce qui est bien avec ce livre, c'est que l'on n'a pas le sentiment de lire un seul roman mais plutôt dix. Il est en effet divisé en 10 parties plutôt indépendantes, comme autant de petits romans ou de grosses nouvelles. Ce que sa taille lui permet puisqu'il fait plus de 1000 pages. Autant dire qu'il faut du temps devant soi pour espérer parvenir au bout. Les récits n'ont en réalité qu'un seul point commun. Les personnages de chacun d'entre eux sont censés être la réincarnation des personnages du premier. Sauf qu'ils changent de sexe, de nationalité, de religion (1). Et c'est bien ce qui rend chaque histoire différente de toutes les autres. L'inconvénient, on l'aura vite compris ou au moins supposé, est que la qualité n'est pas constante. Certains récits sont très prenants, d'autres beaucoup moins. En revanche, tous ont en commun d'être d'assez, voire très bavards. Le thème central de l'ensemble étant les religions, il en est évidemment beaucoup question et les personnages n'hésitent pas à en parler et à en parler beaucoup. Ou de croyances, de traditions, de culture, de philosophie. Enfin ils parlent. Du coup, l'action s'en ressent forcément. Il y en a même de moins en moins au fur et à mesure que l'on avance dans l'ouvrage du fait même que chaque partie se déroule plusieurs dizaines d'années après la précédente et la civilisation gagne du terrain face à la barbarie. Enfin en principe. Les occasions d'aventures sont de moins en moins nombreuses. Cependant, pour être tout à fait honnête, les personnages ont rarement une vie confortable de bourgeois bien rangés. Ou s'ils sont bourgeois c'est un poil rebelles quand même. Ils ont comme point commun d'être souvent en butte à l'autorité du lieu. Du coup, même si on n'assiste que rarement à des combats ou des batailles, on est amené à s'intéresser à la lutte, plus feutrée, plus sournoise, mais tout aussi violente, de ces gens qui ont le malheur de ne pas partager entièrement les croyances ou convictions officielles.
C'est d'ailleurs beaucoup de ça qu'il est question tout au long des mille pages. Des vilains petits canards. De ceux qui refusent d'entrer dans le moule ou qui ne peuvent tout simplement pas y entrer parce qu'ils ont d'autres conceptions du monde. L'univers développé par Robinson est une sorte d'uchronie. Il a imaginé une histoire différente de celle que nous connaissons. Le point de divergence se situe quelque part au 14ème siècle. Il suppose qu'alors, la quasi totalité de la population de l'Europe à été ravagée par la peste (ce qui a bien failli se produire). Fin du christianisme donc et place aux autres religions et doctrines. A partir de là l'auteur imagine comment le monde aurait pu évoluer autour de nouvelles puissances comme l'Islam, la Chine, l'Inde ou le peuple Hodenosaunee, une magnifique peinture de ce qu'aurait pu être le peuple amérindien (sauf que dans cette réalité alternative, pas de "fausse" Inde et pas d'Amerigo Vespucci (2), donc pas d'indiens d'Amérique autrement dit d'amérindiens). Il nous montre sa vision de l'évolution de l'humanité dans cette perspective et nous invite à croire qu'elle n'aurait pas été si différente que celle que nous avons connue. Ni meilleure ni pire. Ne serait-ce qu'au niveau des sciences qui se développent, dans ce monde imaginé, au même rythme que dans le réel. Même si les religions n'ont jamais été vraiment un moteur pour le développement des sciences. Doux euphémisme. On sait le mal considérable que le christianisme en Europe à fait au développement de la pensée scientifique (Galilée, Copernic, Newton, Darwin ... pour ne citer que les cas les plus connus). Même aujourd'hui, les créationnistes (3) reprennent du poil de la bête, notamment aux Etats-Unis.
Un monde ni meilleur ni pire, disais-je donc. On pourra alors s'interroger sur la traduction française du roman de Robinson. The Years of Rice and Salt (Les Années du Riz et du Sel) devenu Chroniques des Années Noires, comme si un monde sans la présence et l'influence d'une Europe chrétienne était forcément noir. Troublant, pour le moins.
Voilà donc un roman très étonnant qui m'a laissé d'abord un sentiment assez mitigé. Je ne me suis pas montré très, très convaincu en fin de lecture. Toutefois, force m'a été de constater qu'à aucun moment, malgré le millier de pages à lire, je n'ai montré de réelles difficultés de lecture ou d'ennui. Le tout ne se dévore pas, bien entendu. Mais il se savoure lentement et laisse des traces indélébiles dans notre esprit. Et plus le temps passe, plus s'impose le sentiment que l'on vient de lire une merveille. Je n'aurais peut-être pas montré le même enthousiasme quelques jours seulement après avoir tourné la dernière page. Si j'ai un conseil à donner, c'est peut-être de ne pas entreprendre la lecture de ce monstrueux objet littéraire comme un simple roman de plus de fantasy. Mais (presque) comme une œuvre philosophique. Bien plus divertissante cependant.

(1) Ils ne conservent que l'initiale de leur prénom. Je le dis parce que je ne l'avais pas remarqué au début, il a fallu qu'on me le dise (merci Vert), et c'est tout de suite moins pratique pour suivre, quand on l'ignore.
(2) C'est à partir du prénom d'Amerigo Vespucci que fut créé le terme d'Amérique.
(3) Le créationnisme est une doctrine selon laquelle l'homme et toutes les espèces animales sont les fruits de la création de l'Univers par un dieu.

samedi 28 août 2010

La couronne des sept royaumes - David B. Coe

Quatrième de couverture
C'est avec une impatience doublée d'une légère angoisse que le jeune Tavis, fils du duc de Curgh, voit se rapprocher au-delà des remparts les joyeuses banderoles du festival. Lors de cet événement, en effet, les adolescents sont soumis à l'épreuve de la révélation, durant laquelle les Glaneurs Qirsi, de mystérieux magiciens dévoilent à chacun une partie de son futur destin. On a toujours répété à Tavis qu'il deviendrait Duc, puis roi, à la suite de son père. Et si la Révélation lui apprenait le contraire ? Lorsqu'il ressort de son entrevue avec le magicien Qirsi, Tavis n'est plus le même homme : ce que lui a révélé le Glaneur est si terrible, si effrayant qu'il refuse de le croire... Mais peut-on lutter contre sa destinée ?

J'avais déjà eu l'occasion de faire une première "pré"-critique de cette œuvre. Là, juste ici. Ayant achevé la saga, je suis aujourd'hui en mesure de vous proposer une analyse définitive.
Comme à l'époque, je suis tenté de présenter ce cycle comme un Trône de fer light. N'y voyez là de volonté de ma part, ni de surestimer l'œuvre ni de la sous-estimer. Pour sûr, nous n'avons pas affaire ici à un monument de la trempe de la saga de Georges R.R. Martin. Il parait vite, à l'évidence, que nous sommes face à une œuvre bien moins sombre et, de fait, plus légère. Ce n'est pas un défaut en soi. C'est juste une façon différente de présenter les choses. Pas moins bien, juste différent. A côté de ça, il faut reconnaitre quelques liens de parentés entre les deux sagas, qui en font les membres d'une même famille. La taille d'abord, même si, avec ses 10 volumes (en français) la série de Coe fait un peu poids plume. Mais reconnaissons lui une qualité : elle est finie. Le cœur du sujet (intrigues et complots) rapprochent encore les deux cycles. Le nombre de personnages aussi. Ils foisonnent également dans La couronne des sept royaumes. Il y a moins foule, mais on y est toutefois nombreux. La géographie des lieux est également évocatrice du Trône de fer. Sept royaumes, ça ne vous dit rien ? Bref, beaucoup de points communs mais aussi pas mal de divergences. Il ne faudrait pas croire que nous avons affaire à un copier-coller.
Ici, la magie est très présente. Et assez originale. Elle est l'apanage du peuple Qirsi qui n'est pas originaire des Sept Royaumes et dont les membres forment les gouvernements des différents Ducs et Rois. On peut se demander comment les Eandis (les habitants des Sept Royaumes) peuvent faire à ce point confiance à d'anciens ennemis ( une guerre a autrefois opposé Qirsis et Eandis ), mais passons. La magie, donc, se décline en plusieurs talents que chaque Qirsi ne possède qu'en un, voire deux et exceptionnellement trois exemplaires. Comme le glanage (vision de l'avenir), le façonnage (action sur les matériaux durs), brumes et vents, feu, langage des animaux ... Chaque acte magique ponctionne chaque fois un peu de l'énergie vitale de son auteur. Ce qui rend les Qirsi plus fragiles et leur accorde une longévité moins importante.
L'axe principal de l'histoire va reposer sur un complot Qirsi visant à renverser toute la noblesse Eandi. Ce scénario, finalement assez simple, va nous entrainer dans une succession de complots secondaires, d'intrigues, de trahisons, de changements de camps. Nous allons nous attarder longuement sur les différents stratagèmes utilisés par la conspiration pour provoquer des guerres civiles et ce, dans plusieurs des royaumes. C'est d'ailleurs presque l'un des défauts de la série. Qu'on nous montre de quoi sont capables les comploteurs dans un royaume, c'est normal. Dans un deuxième, ça va encore. À partir du troisième, cela commence furieusement à faire répétitif. Même si les méthodes changent.
En revanche, les dialogues représentent l'une des grandes qualité de la saga. Ils sont plutôt bien écrits et sont plus longs que dans la plupart des ouvrages du genre. Les personnages ont, pour une fois, le temps de développer leurs arguments et rien n'est laissé dans l'ombre. Pour une fois que l'on comprend tout à ce qui se passe. Bien sûr, cela pourra faire fuir les amateurs d'action. Encore que, dans ce domaine, l'auteur ne soit pas en reste.
Pourtant, c'est dans ces mêmes dialogues qu'apparait parfois, paradoxalement, l'un des plus grands défauts de l'œuvre : une certaine naïveté. Les phrases prononcées par certains personnages haut placés frisent quelque fois le ridicule. Et le récit fait aussi, de temps en temps, songé à un texte destiné aux plus jeunes.
Mais qu'on se rassure, la lecture reste d'un bout à l'autre très agréable. Les personnages sont, pour la plupart, très bien travaillés et souvent attachants. L'histoire est, quant à elle, pleine de rebondissements.
Voilà donc une série, finie, et très divertissante même si elle est sans prétention. Et si, après tout, elle se rapprochait plus d'une histoire de cape et d'épée ? Si cela tenait davantage des Trois mousquetaires que du Trône de fer ? Ce ne serait déjà pas si mal.

vendredi 27 août 2010

Hunger Games - Suzanne Collins

Résumé
Chaque année, à Panem – une société reconstruite sur les ruines des États-Unis – deux adolescents sont choisis pour participer au Jeu de la Faim. La règle est simple : tuer ou se faire tuer. 12 districts, 24 candidats. Seul le gagnant survivra ! Les caméras tournent, le jeu infernal commence, la télé-réalité fait rage...

Aucun doute là-dessus : nous avons bien affaire à un roman jeunesse. Quelques esprits chagrins ne manqueront pas de noter les détails susceptibles d'agacer les lecteurs adultes. Mais précisément, tout cela reste au niveau de l'agacement à l'effet guère plus désagréable qu'une mouche posée sur votre peau. Un mouvement brusque et la mouche s'en va, le désagrément aussi. Alors c'est vrai, les personnages qui gravitent autour de Katniss, l'héroïne du livre, l'une des 24 candidats des Hunger Games, sont assez caricaturaux. Tous sont bienveillants, gentils. A peine certains sont ils un peu moins sympathiques. Notamment une écervelée (qui agace vraiment pour le coup) et un ivrogne. Il n'y a pas vraiment de "méchants" d'ailleurs. Bien sûr, certains des autres candidats sont des brutes épaisses, mais la plupart d'entre eux sont là contre leur gré et en tout cas n'ont pas choisi d'y être. Ils ont été tirés au sort. Sauf Katniss, mais c'est une autre histoire. Chacun d'entre eux est donc là pour tuer ou être tué. Leur nature profonde ne change rien à l'affaire. De fait, les véritables "méchants" de l'histoire sont invisibles. Il s'agit principalement du gouvernement de Panem, instigateur de ces Jeux cruels et avilissants.
Certains évènements, il est vrai, sont assez peu crédibles et font même parfois songer à des interventions magiques, voire miraculeuses. En fait, Suzanne Collins montre dans son roman assez peu de goût finalement pour tout ce qui est technique et du coup, peu d'explications nous sont données dans ce domaine. On se demande bien, par exemple, comment sont capturées les images des Jeux qui sont retransmises à la télévision. On nous parle bien de caméras mais sans s'étendre sur le sujet. Autre exemple, ces parachutes qui sont envoyés vers les candidats afin de leur procurer tel ou tel élément indispensable à leur survie (armes, médicaments, nourriture ...). On est surpris de la précision quasi magique avec laquelle ils atteignent leur destinataire.
Cependant, en dehors de ces quelques facilités, force est de reconnaitre que nous avons affaire à un roman absolument enthousiasmant. Une fois entamé, difficile de le lâcher. Même si on ne tremble pas vraiment pour Katniss qui est tout de même la narratrice (donc invulnérable tout le temps du récit a priori), elle est accompagnée de personnages qui finissent par devenir attachants et dont la survie nous importe au moins autant que la sienne. De fait, même si on sait que TOUS les candidats doivent mourir sauf un, et que l'on se doute de qui va survivre, il reste que le récit offre de nombreux points d'intérêt. D'abord on espère et on redoute, à la fois, qu'au bout du compte il y ait plus de survivants que prévu au départ. On l'espère parce qu'on n'est a priori pas des barbares avides de sang (quoique, pour certains ... je ne saurais m'avancer) et on le redoute parce que le Deus ex machina ça va cinq minutes. Mais parce qu'on est quand même (si, si, il faut l'avouer) un peu voyeur, un peu morbide, un peu les deux à la fois, on veut savoir comment les différents candidats vont mourir. Tués par qui ? De quelle façon ? Dans quel ordre ? Et si on peut supposer en toute logique que Katniss s'en sorte, on peut s'interroger sur les éventuelles séquelles, tant physiques que psychologiques, qu'une telle épreuve peut lui laisser. Va-t-elle s'en sortir indemne ? Et peut-être plus intéressant encore, de quelle manière survivra-t-elle ? Là il faut admirer la trouvaille de l'auteure qui fait de son héroïne une adepte (par nécessité) de la chasse. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce talent là va lui être sacrément utile. Et nous pourrons même apprécier les connaissances que possède Suzanne Collins dans le domaine de la nature et j'ajouterais même dans celui de la survie en milieu hostile. A croire qu'elle a effectué un stage commando.
Mais outre son talent pour la chasse, c'est la personnalité même de l'héroïne qui va nous la rendre attachante et nous faire adhérer au récit. Elle est censée être une adolescente qui raconte sa difficile expérience et force est de constater qu'on y croit bel et bien. Malgré une vie qui n'a certes jamais été très facile et qui l'a endurcie, d'une certaine manière, elle a conservé une naïveté, une candeur d'enfant qui donne au récit toute sa fraicheur. Elle est souvent persuadée de choses qui nous semblent étonnantes, jusqu'à ce qu'elle découvre qu'elle s'est complètement fourvoyée. Une peinture de personnage particulièrement réussie et qui donne toute sa force au récit.
Seul petit bémol, la découverte à la fin du livre que le roman possède une suite, ce que rien ne laisse supposer. Toutefois, cette fin semi-fermée permet de s'arrêter là sans chercher à tout prix à se procurer le second tome si ce n'est pour retrouver Katniss et quelques uns des personnages de la première partie.
Un bon divertissement donc que ce roman même s'il est susceptible de ne pas contenter des adultes plutôt exigeants. Nul doute qu'il faut avoir conservé son âme d'enfant pour l'apprécier pleinement.

La critique de Salvek

mercredi 25 août 2010

Le chemin des ombres - Jérôme Noirez

Quatrième de couverture
Depuis la disparition de ses parents, il revient à Amaterasu de diriger le clan Isanami. Charge d'autant plus lourde pour la jeune femme que la reine Himiko et ses armées implacables se massent aux portes du village, et que son frère, Susanowo, s'est exilé dans la forêt. On le dit fou, violent, pétri de haine à l'égard de sa sœur... et prêt à commettre l'irréparable. Sous l'influence de leur mère, devenue souveraine du royaume des morts, qui nourrit le projet macabre de réunir sa famille par-delà les frontières de la vie, Susanowo kidnappe Amaterasu. Commence alors pour les deux adolescents un voyage qui les emmènera bien plus loin qu'ils n'auraient pu l'imaginer...

S'il existait des romans zen, et d'ailleurs sans doute en existe-t-il, Le chemin des ombres en ferait partie à coup sûr. Tant il est vrai qu'ici tout semble tendre vers une forme de dépouillement, de minimalisme, qu'on attribue souvent, à tort ou à raison, à cette philosophie d'extrême-orient. Mais qui dit minimalisme ne dit pas piètre qualité. Au contraire. Tout d'abord le texte est très court, à peine plus de 180 pages qui rendent sa lecture plus rapide et agréable que celle des pavés auxquels nous sommes accoutumés. Le style est fluide, d'une fluidité comme j'en ai rarement rencontré en fait, mais sans être indigent. Loin de là. Simplement, le discours va à l'essentiel, débarrassé de toutes fioritures. Zen, quoi. Du coup, ne vous attendez pas à de longues descriptions qui vont vous plonger dans le japon médiéval. L'accent est mis sur l'histoire et les personnages.
Une histoire qui a tout d'un conte et qui peut même faire songer, par instants, à Alice au pays des merveilles. On y croise en effet des créatures au moins aussi étranges que le Lapin Blanc, le Chat du Cheshire ou autres Lièvre de Mars. Mais il est également question d'une tragédie familiale, d'une guerre de conquête, de courage, d'honneur, de dévouement et d'amour bien sûr. Amour filial, fraternel.
Les personnages sont assez peu nombreux. Juste assez en réalité pour n'être pas si mal traités dans les peu nombreuses pages qui leur sont accordées. Il y a la jeune fille, courageuse mais sans défense, le frère plus inquiétant que vraiment antipathique, le vieux soldat fidèle et quelques autres.
Je n'avais encore jamais lu de Noirez et je dois reconnaitre avoir fait une agréable découverte. A lire sans hésiter donc, entre deux sagas de 25 volumes.

lundi 16 août 2010

Les Dossiers Dresden, tome 1 - Jim Butcher

Présentation de l'éditeur
Tous les bons magiciens s'appellent Harry, et Harry Dresden est le meilleur. Techniquement, c'est même le seul dans sa " catégorie " : lorsque la police de Chicago est sur une affaire qui la dépasse, c'est vers lui qu'elle se tourne. Car notre monde regorge de choses étranges et magiques... et la plupart ne s'entendent pas très bien avec les humains. La magie, ça vous flingue un gars en moins de deux !

Tous ceux qui auront lu la présentation de l'éditeur l'auront compris, ce roman est issu du mariage du polar et de la fantasy. Et comme souvent, lors de mariage entre deux genres très marqués, l'un doit faire des concessions à l'autre quand ce ne sont pas les deux qui s'affadissent au contact l'un de l'autre. Je m'étais révélé incapable de venir à bout du premier épisode de Garrett, détective privé qui lui aussi liait polar et fantasy. Ici encore, avec Dresden, pas de vrai miracle. Le fantastique est vraiment le parent pauvre de l'association et même s'il est question de magie tout du long du roman, paradoxalement, Dresden pourrait être un homme ordinaire sans que cela changeât grand chose au récit, qui prend du coup de vrais allures de polar. Las, pas un excellent polar, malheureusement. Le héros, Dresden, est une sorte de détective, énième réincarnation des mythiques Sam Spade ou Philip Marlowe. D'où un nombre non négligeable de clichés du genre. De plus, même si je dois bien reconnaître que la magie est omniprésente, elle est ici, plus que jamais, simplement une caractéristique de certains personnages. Comme il pourraient être doués au pistolet, avoir du flair ou bons à la bagarre. Qui plus est, l'intrigue n'a rien pour vous faire tomber la mâchoire inférieure, béat d'admiration.
Pourtant, pour dire la vérité, il me faut bien reconnaître que le roman se lit facilement et même sans déplaisir. Le héros est sympathique. Il n'a rien d'invulnérable et même si sa magie est puissante, elle demande souvent des conditions d'exercice parfois difficiles à réunir. L'humour est très présent, le rythme soutenu. En clair un bon petit roman sans prétention, qu'on peut rapprocher de la série des Vlad Taltos (même si Dresden se situe dans notre monde), sauf que les aventures du détective de Chicago laissent un sentiment de plaisir plus grand et plus durable.
Si j'avais le tome 2 sous la main, je le lirais sans aucun doute avec un certain plaisir mais je n'irais probablement pas le chercher dans la pluie, le vent ou le froid dans ma librairie préférée. Un bon roman pour l'été. Ce n'est déjà pas si mal.

dimanche 15 août 2010

Les Mages de Sumer - Michel Pagel

Présentation de l'éditeur
3200 avant Jésus-Christ à Sumer, à l'époque de l'invention de l'écriture. Deux frères - les mages Alad et Eneresh - reçoivent des dieux le don de l'immortalité. Croyant avoir élimi né Alad, Eneresh gravit les échelons du pouvoir jusqu'à devenir le personnage le plus puissant de Sumer, après le roi. Alors qu'il fomente un coup d'Etat avec l'aide de la fille du souverain, devenue sa maîtresse, Eneresh va devoir faire face à un adversaire inattendu : son frère. Ce dernier a été secouru par les seuls êtres qui échappent au contrôle des dieux : les esprits féeriques des pierres, de l'air ou de l'eau, qui lui ont enseigné une autre magie, et ont fait de lui leur champion pour la lutte dantesque qui s'engage...

J'étais persuadé n'être pas très objectif concernant un roman portant sur Sumer, la Mésopotamie. Je suis en effet depuis des années fasciné par ce pays, son peuple, son histoire.
C'est vous dire l'ampleur de ma déception. En dehors du style, simple et agréable à lire, rien ne m'a convaincu dans ce roman. Même le cadre, pourtant propice à provoquer sur mon visage l'apparition d'un sourire ravi, ne m'a pas semblé pleinement réussi. Les images que mon imagination a générées doivent davantage à mes lectures documentaires passées qu'au roman. Un comble. Certes, j'ai vu Uruk, Ur, le palais de Lugalzagesi, celui de Sargon, mais simplement parce que j'y étais déjà allé. Ce n'est pas Michel Pagel qui m'y a emmené.
L'histoire, quant à elle, n'a rien de bien révolutionnaire. Les deux frères qui d'abord s'aiment plus que tout au monde vont finir par s'affronter tout ça parce que l'aîné veut devenir calife à la place du calife. Rien de bien nouveau sous le soleil. Le synopsis tiendrait sur un ticket de métro. Même quand l'auteur cherche à innover en abordant les coutumes de l'endroit et de l'époque, à l'exemple du substitut royal (1), rite pourtant fort intéressant, il ne parvient pas à être vraiment captivant. Cela ressemble davantage à du remplissage.
Le récit est en outre ponctué de poncifs, de clichés, de maladresses. Exemple entre autres de cette femme, violée, et qui non seulement ne garde pas plus de séquelles que ça de son agression seulement quelques heures mais nous avons droit à des clichés machos comme : limite, elle y a pris du plaisir; cela l'a rendue plus forte. Ben voyons.
On a également la désagréable impression, d'autant qu'on ne s'y attend pas forcément, de lire de la littérature jeunesse. Je n'ai rien contre cette littérature, puisqu'il faut bien que les jeunes lisent pour devenir des lecteurs adultes et de plus j'en lis moi-même. Mais dans un roman qui a toute l'apparence d'être destiné à un public adulte, un tel changement de ton ajoute un côté naïf assez risible. Je pense notamment à la scène dans la salle du trône de Sargon, qui n'est rien de moins que le futur roi d'Akkad et de Sumer (en gros toute la Mésopotamie) et qui se comporte comme un gamin crédule.
Parlons d'ailleurs des personnages. Je les ai trouvé, pour ma part, sans épaisseur et assez transparents. Sans intérêt. Les méchants qui sont les moins ratés manquent déjà de présence et de charisme. Mais que dire des gentils ? Et en particulier du héros, Alad ? Michel Pagel a voulu en faire un homme sans courage. Ma foi, l'idée est bonne. Cela nous change des héros intrépides. Mais il force tellement le trait qu'il finit par en faire un personnage couard, pleurnichard et qui se fait même voler la vedette par d'autres. Ce roman serait un film, je serais tenté de dire que les acteurs y jouent sans conviction.
Mais plus que tout ce que je pourrais dire, le principal défaut du roman est probablement son manque d'âme, de passion, d'un simple intérêt. C'est bien ce qui m'a frappé tout au long de la lecture. Je ne me suis pour ainsi dire jamais intéressé au sort des personnages (pour être honnête, un peu tout de même de la jeune femme violée que j'ai déjà évoquée). Cette œuvre m'est apparue comme un travail de commande que Michel Pagel aurait exécuté sans passion.
J'avais également tenté, du même auteur, Le roi d'août, qui abordait la vie de Philippe Auguste en y ajoutant une touche de fantastique, mais j'ai dû l'abandonner rapidement. Pour autant, j'avais beaucoup aimé Les flammes de la nuit. Et si Pagel n'était tout simplement pas aussi bon dans les romans (pseudo)-historiques ?

Je vous invite à lire, pour vous faire une idée différente, la chronique, à l'opposé de la mienne, de l'ami Gromovar. D'après lui, il est préférable de lire la suite, Les mages du Nil, pour avoir un meilleur point de vue de l'œuvre. Mais, merci, non merci.


(1) Rite au cours duquel un homme prenait temporairement la place du roi pour subir à sa place d'éventuelles malédictions.

jeudi 12 août 2010

L'affaire Charles Dexter Ward - H.P. Lovecraft

Quatrième de couverture
Échappé de Salem lors de la grande chasse aux sorcières du XVIIIe siècle, Joseph Curwen vint s'établir à Providence où il mourut en 1771. La découverte de sa tombe par son descendant, Charles Dexter Ward, marque le début d'un drame au cours duquel le jeune homme perd l'esprit.
Un vieil ami de sa famille, le docteur Willet, enquête sur cette affaire diabolique où chaque pas vers la vérité révèle des horreurs innommables. Pourquoi, par exemple, l'écriture du jeune Ward devient-elle peu à peu semblable à celle de Joseph Curwen, le sorcier ?

J'ai un problème avec Lovecraft. Je me rends compte que je lis de la littérature de l'imaginaire depuis bientôt 40 ans et que je n'ai jamais lu une page de cet auteur. Pourquoi me direz-vous ? Eh bien pour l'incroyable raison que je connais depuis toujours le racisme extrêmement prononcé de l'individu et que je n'ai jamais voulu accorder la moindre attention à ses écrits. Vous avez le droit de trouver cela stupide mais je suis ainsi fait. J'avais sans doute la crainte d'être souillé par ses textes à l'instar de ces héros de nos récits préférés qui refusent d'approcher certains lieux qu'ils jugent maléfiques. Mais bon, je m'en serais voulu de montrer la même haine irrationnelle à l'égard de l'écrivain Lovecraft que celle que l'homme Lovecraft montrait vis à vis des Noirs. Et voilà comment j'attaquais donc cette Affaire Charles Dexter Ward, bien décidé à juger ce que j'allais lire avec la plus totale objectivité. Et je vous donne ma parole que c'est bien ainsi que je procédai.
Eh bien je dois avouer que le résultat était fort éloigné de mes espérances (si tant est que j'avais espéré quoi que ce soit). J'ai trouvé ce roman d'un ennui comme j'en ai rarement éprouvé.
La faute d'abord à un style archaïque et lourd peu apte à susciter mon intérêt. J'ai dû souvent, bien trop souvent, relire plusieurs fois les mêmes phrases avant d'en comprendre le sens. Parfois du fait même de leur construction, d'autres fois parce que mon esprit s'évadait, par manque d'intérêt, et que je n'étais plus assez concentré sur ce que je lisais. Ma lecture a pris souvent une allure de calvaire et les 120 pages m'ont semblé 300. Il faut ajouter à cela un manque presque total de dialogues. Le fait qu'un récit en soit dépourvu ne me gêne pas a priori. Mais les dialogues étant, en quelque sorte, la respiration du texte, son oxygène, il faut que le récit soit diablement passionnant pour s'en passer. Et il ne l'a pas été pour moi.
On peut diviser le texte en trois parties, à peu près égales, qui deviennent, il faut bien le dire, au fur et à mesure moins ennuyeuses. La première concerne Joseph Curwen, l'ancêtre de Charles Ward. Elle est constitué essentiellement de témoignages, de lettres, de documents qui remontent tous à plus d'un siècle. Le résultat est un récit pas très vivant. Lovecraft s'est cru de plus obligé de sombrer dans le détail géographique du plus soporifique effet. Celui qui aurait en tête de réaliser un plan détaillé de la ville de Providence y trouverait sans doute son compte. Moi, pas. Le tout est chargé de pseudo-mystères qui rendent la lecture encore un peu plus difficile mais de façon artificielle et vaine puisqu'on sait très vite parfaitement ce que Curwen cherche à faire.
La seconde partie est davantage centrée sur Charles Ward lui-même. Les évènements étant cette fois contemporains de la narration, ils sont un poil plus vivants. Là aussi beaucoup de mystères mais qui paraissent gonflés artificiellement. On ne voit jamais se qui se passe dans le laboratoire de Ward mais on se doute bien de ce qui s'y déroule. Encore une fois, la montagne accouche d'une souris.
Dernière partie (enfin), de loin la plus vivante et qui concerne cette fois le docteur du brave Charles. Il va tenter de faire la lumière complète sur l'enfer qu'a traversé son patient. Il y parviendra, mais le dénouement est, hélas, bien trop prévisible. Ce texte de 1927 était probablement très original à l'époque mais il a perdu toute sa force aujourd'hui.
Reste que les personnages sont assez inintéressants. Très peu vivants (humour). On se fiche comme d'une guigne de ce qui peut arriver aux uns ou aux autres. On ne tremble pas. Aucune peur, aucune angoisse. Et pourtant je suis loin d'être blasé. D'autres textes, et encore récemment, m'ont fait courir des frissons le long de l'échine.

Voilà, on va dire que je ne suis pas fait pour Lovecraft ou qu'il n'est pas fait pour moi. Certains me diront que je suis passé à côté de quelque chose d'exceptionnel mais je n'en ai jamais eu aussi peu conscience.
Je crois savoir que ce roman (unique chez l'auteur) est un peu à part dans la bibliographie de Lovecraft et que même certains de ses fans ne l'apprécient pas plus que ça. Je vais donc, consciencieusement, poursuivre mon effort de découverte.
Pour prouver à HPL que je ne suis pas rancunier, je vous invite à lire la chronique, une fois de plus admirable, de mon quand même ami El Jc qui a une toute autre vision de l'œuvre.

Et en parlant d'ami, je sens que je vais m'en faire tout plein d'ici pas longtemps.

vendredi 6 août 2010

Ce qui m'attend

PAL et LAL
Pile à lire
(LC)=Lecture Commune (LP)=Lecture Personnelle
  • Bakker, R. Scott Le Prince du néant, tome 1
  • Bakker, R. Scott Le Prince du néant, tome 2
  • Bakker, R. Scott Le Prince du néant, tome 3
  • Barclay, James Les chroniques des Raven 2
  • Barker, Clive Imajica 1
  • Barker, Clive Imajica 2
  • Beauverger, Stéphane Chromozone 2
  • Beauverger, Stéphane Chromozone 3
  • Bottero, Pierre La Quête d'Ewilan 2
  • Bottero, Pierre La Quête d'Ewilan 3
  • Brust, Steven Taltos
  • Butcher, Jim Les dossiers Dresden, tome 1
  • Coe, David B. La couronne des sept royaumes 7
  • Coe, David B. La couronne des sept royaumes 8
  • Coe, David B. La couronne des sept royaumes 9
  • Coe, David B. La couronne des sept royaumes 10
  • Collins, Suzanne Hunger Games
  • Collins, Suzanne Hunger Games, L'embrasement
  • Crowley, John L'orée des bois
  • Crowley, John L'art de la mémoire
  • Dufour, Catherine Le goût de l'imortalité (LC)
  • Farland, David Les Seigneurs des Runes 1
  • Farland, David Les Seigneurs des Runes 2
  • Farland, David Les Seigneurs des Runes 3
  • Farland, David Les Seigneurs des Runes 4
  • Foveau, Georges Les Chroniques de l'Empire, 1
  • Fazi, Mélanie Serpentine
  • Gaborit, Mathieu Les chroniques des Féals
  • Gaiman, Neil Miroirs et fumées
  • Gemmell, David Waylander
  • Goldman, William Princess Bride
  • Hambly, Barbara Fendragon
  • Hambly, Barbara Le cycle de Darwath 1
  • Hamilton, Peter F. Judas déchaîné 1
  • Hobb, Robin Le soldat chamane 1
  • Hobb, Robin Le soldat chamane 2
  • Hobb, Robin Le soldat chamane 3
  • Hobb, Robin Le soldat chamane 4
  • Hobb, Robin Le soldat chamane 5
  • Hobb, Robin Le soldat chamane 6
  • Jordan, Robert La roue du temps 13
  • Jordan, Robert La roue du temps 14
  • King, Stephen Christine
  • King, Stephen Dead zone
  • King, Stephen La tour sombre 2
  • Loevenbruck, Henri La Moïra
  • Lovecraft, H.P. L'affaire Charles Dexter Ward
  • Lovecraft, H.P. La couleur tombée du ciel
  • Lovecraft, H.P. Le cauchemar d'Innsmouth
  • Lovecraft, H.P. Le mythe de Cthulhu
  • Lovegrove, James Royaume-Désuni
  • Masterton, Graham Manitou LP
  • McCafrey, Anne Pern Intégrale 1
  • McMaster Bujold, Lois Paladin des âmes
  • Moorcock, Michael Erekose 1, Le Champion éternel
  • Moorcock, Michael Erekose 2, Les Guerriers d'argent
  • Moorcock, Michael Erekose 3, Le Dragon de l'épée
  • Nicholls, Stan Orcs
  • Noirez, Jérôme Le chemin des ombres
  • Noirez, Jérôme Leçons du monde fluctuant
  • Pagel, Michel Le roi d'août
  • Pagel, Michel Les Mages de Sumer
  • Peake, Mervyn Gormenghast
  • Peake, Mervyn Titus errant
  • Pratchett, Terry Disque-Monde 05, Sourcellerie
  • Pratchett, Terry Disque-Monde 06, Trois soeurcières
  • Pratchett, Terry Disque-Monde 07, Pyramides
  • Pratchett, Terry Disque-Monde 09, Eric
  • Pratchett, Terry Disque-Monde 10, Les zinzins d'olive-oued
  • Pratchett, Terry Disque-Monde 11, Le faucheur
  • Pratchett, Terry Disque-Monde 12, Mécomptes de fées
  • Robinson, Kim Stanley Chroniques des années noires
  • Sansom, C.J. Dissolution
  • Sansom, C.J. Sang royal
  • Simmons, Dan Ilium
  • Simonay, Bernard La trilogie Phénix 1
  • Simonay, Bernard La vallée des neuf cités
  • Vance, Jack La saga des princes démons 5 (LP)
  • Willis, Connie Passage
  • Wilson, Robert Charles Blind Lake
  • Wilson, Robert Charles Spin
Liste à lire
  • Berg, Carol Les livres de Rai-Kirah
  • Erikson, Steven Le livre malazéen des glorieux défunts
  • Lowachee, Karin Warchild
  • Lynch, Scott Les salauds gentilhommes
  • Moore, Christopher L'agneau
  • Pelot, Pierre L'île au trésor
  • Roberts, Adam Gradisil

lundi 2 août 2010

L.G.M. - Roland C. Wagner

Quatrième de couverture
Il y a de la vie sur Mars. Vous en doutiez ? Pourtant les images transmises par Arès-1 le 18 juin 1967 ne laissent planer aucun doute : les petits hommes verts existent bel et bien ! Et voici que, trente ans plus tard, au beau milieu d'une Guerre Froide plus chaude que jamais, ces derniers se décident enfin à nous envoyer un ambassadeur. Mais à son arrivée, et malgré la surveillance rapprochée d'un agent spécial de la DGSE, Little Green Man disparaît. Fugue? Un peu. Kidnapping derrière lequel se profile l'ombre du KGB et de la CIA ? Beaucoup. Enigme quantique ? Assurément.

Comment être sévère avec un livre aussi sympathique ? Cette légère (légère ?) uchronie est en effet l'occasion d'afficher plus d'un sourire sur nos faces ravies. Dans cette guerre que se livrent les services secrets Etatsuniens (pour reprendre l'expression de l'auteur) et les services secrets Soviétiques (non, Gorbatchev n'a pas terminé sa démocratisation), ou croyez-vous que vont les sympathies de Wagner ? D'autant que le président US n'est autre qu'un certain Petit Buisson qui a une tendance prononcée à verser dans le fascisme. Les agents nord-américains sont souvent présentés comme des individus sans scrupule tandis que les membres du KGB sont montrés sous un meilleur jour. Je n'ai pas pu m'empêcher à la lecture de repenser à un texte que j'ai commis avec quelques camarades. Même ton, même délire, même image des services secrets américains, même indulgence vis à vis des agents soviétiques. Sauf que j'avais une quinzaine d'années. Depuis j'ai mûri (du moins je l'espère) et même si je n'ai (toujours) pas la naïveté de croire que les Etats-Unis sont le modèle de démocratie qu'on veut bien nous faire croire, j'ai appris à nuancer mon propos, en particulier vis à vis de l'Union Soviétique. Et de fait, le roman de Wagner ressemble plus à l'œuvre d'un potache qu'à celle d'un écrivain mature.
Reste que L.G.M. est un roman drôle et sans prétention. S'attaquer à l'amérique de Bush est toujours salutaire. C'est un clin d'œil évident à Martiens Go Home de Fredric Brown même si, en dehors d'un martien farceur, il y a peu de point de comparaison entre les deux œuvres. Loin d'être un chef-d'œuvre, il se laisse lire avec plaisir. Même si je doute qu'il me laisse dans l'esprit plus que quelques traces dans six mois d'ici.

La critique d'Efelle

Sans parler du chien - Connie Willis

Présentation de l'éditeur
Au XXIe siècle, le professeur Dunworthy dirige une équipe d'historiens qui utilisent des transmetteurs temporels pour aller assister aux événements qui ont modifié l'avenir de l'humanité. Ned Henry est l'un d'eux. Dans le cadre d'un projet de reconstruction de la cathédrale de Coventry, il doit effectuer d'incessantes navettes vers le passé pour récolter un maximum d'informations sur cet édifice détruit par un raid aérien nazi en 1940. Toutefois, quand Dunworthy lui propose d'aller se reposer dans l'Angleterre de la fin du XIXe siècle, ce havre de tranquillité où rien n'est plus épuisant que de canoter sur la Tamise et de jouer au croquet, c'est avec empressement qu'il accepte. Mais Henry n'a pas entendu le professeur préciser qu'il devra en profiter pour corriger un paradoxe temporel provoqué par une de ses collègues qui a sauvé un chat de la noyade en 1988... et l'a ramené par inadvertance avec elle dans le futur. Et quand ce matou voyageur rencontre un chien victorien, cette incongruité spatio-temporelle pourrait bien remettre en cause... la survie de l'humanité !

Pudeur oblige, j'ai rarement dit à quel j'étais content de faire partie du Cercle d'Atuan. Outre qu'on y côtoie des personnes très sympathiques et fort intéressantes, on peut y découvrir, grâce aux lectures communes mensuelles, des textes ma foi le plus souvent fort agréables. Et puis parfois on se retrouve invité à lire un véritable bijou littéraire. C'était le cas, ce mois-ci, avec Sans parler du chien de Connie Willis.
Voici un roman pourvu de toutes les qualités qu'on souhaite retrouver au sein d'une œuvre de SFFF voire d'une œuvre littéraire tout court. Aussi bien sur la forme que sur le fond. Il est truffé d'hommages appuyés à un nombre impressionnant d'œuvres du XIXème siècle. Et en tout premier lieu à Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome dont la seconde partie du titre n'est autre que Sans parler du chien (Le titre complet étant, pour ceux qui ne suivent pas : Trois hommes dans un bateau, sans parlerd du chien). La balade en barque rappelle bien sûr celle qui forme l'ossature du livre de Jerome. On rencontrera même, au détour d'un méandre de la Tamise, les fameux trois hommes et leur chien, Montmorency. Jusqu'aux chapitres du récit de Connie Willis qui reprennent ces petits résumés énigmatiques et savoureux en guise d'en-têtes qu'avait utilisé l'auteur britannique. Autre point commun avec le roman "initiateur" : l'humour. De l'humour léger, malicieux, pétillant, érudit, ironique. L'auteure donne aussi dans l'auto-dérision. Elle n'hésite jamais à tomber (pour rire) dans les travers qu'elle vient juste de dénoncer chez d'autres écrivains.
Autre qualité du livre et non des moindres : ses dialogues. Ils sont très nombreux sans être envahissants. Et surtout, ils sont bien ciselés, vivants et ils sonnent authentiques. Certaines répliques semblent tout droit sorties de dialogue de cinéma tant le découpage est juste, précis.
Le roman est également très érudit, comme j'ai déjà pu le signaler, mais sans pour autant faire paraître le lecteur stupide comme le font parfois certains auteurs. Même si certaines références nous échappent, ces lacunes ne gâchent en rien le plaisir de la lecture. Au pire, elles nous invitent à lire les auteurs cités.
Les personnages sont, c'est selon, extrêmement attachants ou prodigieusement antipathiques, mais les plus imbuvables sont la cause de situations tellement drôles qu'on leur pardonne aisément. Il y a les historiens (les voyageurs du temps) toujours comme un peu perdus au sein d'époques qui ne sont pas les leurs, sortes d'apprentis sorciers qui jouent avec des forces qui les dépassent. Et puis tous les autres. L'étudiant exalté, la jeune fille de bonne famille écervelée et futile (Henri VIII s'appelait ainsi parce qu'il avait 8 femmes), le professeur distrait, la mère autoritaire mais crédule, le père passionné et donc absent, le majordome irréprochable ... J'en passe. Sans parler du chien. Et du chat.
Quant à l'histoire, elle est de celle qui devrait réjouir, à mon sens, les amateurs de Science-Fiction comme les autres. Les voyages dans le temps ne sont ici qu'un prétexte pour nous entrainer dans un voyage délicieux dans l'Angleterre Victorienne. J'avoue même que les passages se situant au XXIème siècle n'ont pas eu ma préférence, même s'ils restent tout à fait agréables à lire. Les explications des incongruités inhérentes aux voyages dans le temps ne sont pas toujours très claires et sont souvent incompréhensibles pour le lecteur. Reste qu'il y a par ailleurs des démonstrations extrêmement brillantes et pour le coup, tout à fait claires, notamment sur les répercussions qu'auraient pu avoir quelques détails mineurs sur l'issue de la bataille de Waterloo.
Bon, en un mot comme en cent, Sans parler du chien est un véritable coup de cœur. Il a connu un véritable succès quasi unanime auprès des membres de Cecle, ce qui me fait dire que tout le monde peut y trouver son compte, tant les goûts sont en général partagés au sein du Forum. Alors, si vous êtes tentés par de la SF drôle, intelligente, érudite, n'hésitez pas une seconde.