lundi 2 août 2010

Sans parler du chien - Connie Willis

Présentation de l'éditeur
Au XXIe siècle, le professeur Dunworthy dirige une équipe d'historiens qui utilisent des transmetteurs temporels pour aller assister aux événements qui ont modifié l'avenir de l'humanité. Ned Henry est l'un d'eux. Dans le cadre d'un projet de reconstruction de la cathédrale de Coventry, il doit effectuer d'incessantes navettes vers le passé pour récolter un maximum d'informations sur cet édifice détruit par un raid aérien nazi en 1940. Toutefois, quand Dunworthy lui propose d'aller se reposer dans l'Angleterre de la fin du XIXe siècle, ce havre de tranquillité où rien n'est plus épuisant que de canoter sur la Tamise et de jouer au croquet, c'est avec empressement qu'il accepte. Mais Henry n'a pas entendu le professeur préciser qu'il devra en profiter pour corriger un paradoxe temporel provoqué par une de ses collègues qui a sauvé un chat de la noyade en 1988... et l'a ramené par inadvertance avec elle dans le futur. Et quand ce matou voyageur rencontre un chien victorien, cette incongruité spatio-temporelle pourrait bien remettre en cause... la survie de l'humanité !

Pudeur oblige, j'ai rarement dit à quel j'étais content de faire partie du Cercle d'Atuan. Outre qu'on y côtoie des personnes très sympathiques et fort intéressantes, on peut y découvrir, grâce aux lectures communes mensuelles, des textes ma foi le plus souvent fort agréables. Et puis parfois on se retrouve invité à lire un véritable bijou littéraire. C'était le cas, ce mois-ci, avec Sans parler du chien de Connie Willis.
Voici un roman pourvu de toutes les qualités qu'on souhaite retrouver au sein d'une œuvre de SFFF voire d'une œuvre littéraire tout court. Aussi bien sur la forme que sur le fond. Il est truffé d'hommages appuyés à un nombre impressionnant d'œuvres du XIXème siècle. Et en tout premier lieu à Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome dont la seconde partie du titre n'est autre que Sans parler du chien (Le titre complet étant, pour ceux qui ne suivent pas : Trois hommes dans un bateau, sans parlerd du chien). La balade en barque rappelle bien sûr celle qui forme l'ossature du livre de Jerome. On rencontrera même, au détour d'un méandre de la Tamise, les fameux trois hommes et leur chien, Montmorency. Jusqu'aux chapitres du récit de Connie Willis qui reprennent ces petits résumés énigmatiques et savoureux en guise d'en-têtes qu'avait utilisé l'auteur britannique. Autre point commun avec le roman "initiateur" : l'humour. De l'humour léger, malicieux, pétillant, érudit, ironique. L'auteure donne aussi dans l'auto-dérision. Elle n'hésite jamais à tomber (pour rire) dans les travers qu'elle vient juste de dénoncer chez d'autres écrivains.
Autre qualité du livre et non des moindres : ses dialogues. Ils sont très nombreux sans être envahissants. Et surtout, ils sont bien ciselés, vivants et ils sonnent authentiques. Certaines répliques semblent tout droit sorties de dialogue de cinéma tant le découpage est juste, précis.
Le roman est également très érudit, comme j'ai déjà pu le signaler, mais sans pour autant faire paraître le lecteur stupide comme le font parfois certains auteurs. Même si certaines références nous échappent, ces lacunes ne gâchent en rien le plaisir de la lecture. Au pire, elles nous invitent à lire les auteurs cités.
Les personnages sont, c'est selon, extrêmement attachants ou prodigieusement antipathiques, mais les plus imbuvables sont la cause de situations tellement drôles qu'on leur pardonne aisément. Il y a les historiens (les voyageurs du temps) toujours comme un peu perdus au sein d'époques qui ne sont pas les leurs, sortes d'apprentis sorciers qui jouent avec des forces qui les dépassent. Et puis tous les autres. L'étudiant exalté, la jeune fille de bonne famille écervelée et futile (Henri VIII s'appelait ainsi parce qu'il avait 8 femmes), le professeur distrait, la mère autoritaire mais crédule, le père passionné et donc absent, le majordome irréprochable ... J'en passe. Sans parler du chien. Et du chat.
Quant à l'histoire, elle est de celle qui devrait réjouir, à mon sens, les amateurs de Science-Fiction comme les autres. Les voyages dans le temps ne sont ici qu'un prétexte pour nous entrainer dans un voyage délicieux dans l'Angleterre Victorienne. J'avoue même que les passages se situant au XXIème siècle n'ont pas eu ma préférence, même s'ils restent tout à fait agréables à lire. Les explications des incongruités inhérentes aux voyages dans le temps ne sont pas toujours très claires et sont souvent incompréhensibles pour le lecteur. Reste qu'il y a par ailleurs des démonstrations extrêmement brillantes et pour le coup, tout à fait claires, notamment sur les répercussions qu'auraient pu avoir quelques détails mineurs sur l'issue de la bataille de Waterloo.
Bon, en un mot comme en cent, Sans parler du chien est un véritable coup de cœur. Il a connu un véritable succès quasi unanime auprès des membres de Cecle, ce qui me fait dire que tout le monde peut y trouver son compte, tant les goûts sont en général partagés au sein du Forum. Alors, si vous êtes tentés par de la SF drôle, intelligente, érudite, n'hésitez pas une seconde.

6 commentaires:

  1. Déjà qu'il m'attirait beaucoup, tout le cercle d'Atuan sa met à vanter tous ses mérites ... je crois que je vais à mon tour craquer

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  2. Belle chronique l'aminche ! La mienne est à venir mais devrait également tentée de rendre un juste hommage a ce sublime roman.

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  3. @ Lord Orkan : j'ai rarement vu une telle unanimité au sein du Cercle. Il serait étonnant que ce roman ne te plaise pas.
    @ El Jc : Merci l'aminche. J'ai Passage de la même auteure qui me fait de l'œil. Vais-je me laisser tenter si tôt ?

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  4. Déjà ! Vous êtes des rapides les amis ! Pour la mienne va falloir attendre encore un peu surtout que je suis un peu moins emballé que vous. Je lui ai trouvé des longueurs à ce roman.

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  5. Excellent souvenir que ce chien.

    Du même auteur "Le grand livre" est un petit chef d'oeuvre. A lire absolument.

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  6. N'ayant pas trouvé Le grand livre dans ma librairie je me suis rabattu sur Passage. Mais le premier ne perd rien pour attendre.

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