jeudi 24 juin 2010

Le portrait du mal - Graham Masterton

Quatrième de couverture :
Ils étaient prêts aux pires atrocités pour conserver l'éternelle jeunesse. Un portrait de douze personnages au visage en décomposition... La toile est l'œuvre d'un certain Waldegrave, ami d'Oscar Wilde et passionné d'occultisme, mais elle est sans valeur et plutôt médiocre. Alors pourquoi la mystérieuse Cordelia Gray veut-elle à tout prix s'en emparer ? Quel est le secret du portrait ? Qui sont ces douze personnages ? Vincent Pearson, l'actuel propriétaire du tableau, découvre un lien entre cette œuvre démoniaque et une série de meurtres particulièrement abominables qui secouent la Nouvelle-Angleterre depuis quelques mois.

C'est le premier livre que je lis de Graham Masterton, auteur dont j'ignorais tout. Ne me traitez pas de barbare inculte : d'autres s'en sont déjà chargé. Et encore ne dois-je d'avoir lu ce livre qu'au hasard le plus total, ma femme l'ayant acquis pour sa consommation personnelle sans en savoir plus que moi sur Masterton (et ma femme n'est pas une barbare inculte). Après que ma douce et tendre ait joué les éclaireuses dans cet environnement littéraire nouveau pour nous, je me lançai à l'assaut du roman, rassuré par une épouse qui me garantissait que le seul risque que je courais, était d'apprécier un ouvrage qu'elle avait littéralement dévoré. Et quand mon éclaireuse, en qui je place une confiance totale forgée par des années de lectures communes, me dit que tout danger est écarté, alors je fonce tête baissée.
Et force m'est d'admettre que, en dépit d'un certain nombre de défauts sans réelle incidence d'ailleurs sur le plaisir de la lecture, le livre ne se pose que contraint et forcé, chaque soir, vaincu par le besoin de sommeil, ou bien après avoir atteint le point final.
Pour dire deux mots et nous vite débarrasser de ces petits défauts que j'ai mentionnés, je parlerai tout d'abord de l'habitude, quasi systématique de l'auteur d'employer des noms de marque en lieu et place de noms communs. Il n'est par exemple jamais question de voitures mais de Fleetwood (Cadillac), de Bentley, de Cherokee et autres Volkswagen. Exit également les termes de vin, chemise, chaussures, montre remplacés par leurs équivalents commerciaux. Et, bien entendu, s'agissant d'un roman dans le milieu de la peinture, il n'est jamais question de tableaux mais de Renoir, de Degas, de Sisley ... Le procédé, même s'il est utilisé ad nauseam, fini par devenir drôle et tous comptes faits pas si gênant. Autre léger défaut, les descriptions des personnages sont assez froides. Pour chacun d'entre eux c'est, de façon quasi systématique, une simple liste assez rébarbative des différentes parties du corps accompagnées d'adjectifs de couleur ou de forme, là où la plupart des autres écrivains utilisent des portraits par petites touches, prenant parfois plusieurs pages mais qui s'intègrent parfaitement dans le récit. En un mot comme en cent, disons que la qualité littéraire de ce Portrait du Mal n'est sans doute pas son principal atout. Reste que le style est efficace et qu'il se laisse lire avec une grande facilité.
Mais l'intérêt est ailleurs. Dans une histoire passionnante et inquiétante à souhait et dans des personnages qui ne sont pas en reste de ces points de vue. J'avoue n'avoir rencontré que rarement des "méchants" aussi terrifiants. Absolument dénués de scrupules, ils n'hésitent devant rien pour aboutir à leurs fins. Sans parler des méthodes qu'ils emploient pour ce faire et qui font par moment basculer le roman dans le gore le plus total. Rien qui puisse choquer le vieux briscard que je suis mais je préfère mettre en garde les âmes les plus sensibles. Quoi qu'il en soit, le lecteur n'attend qu'une chose, c'est que quelqu'un se dresse contre ces êtres abominables et les mette hors d'état de nuire. Et l'attente est longue (pas trop quand même) et le suspens à son comble. D'abord parce les monstres font preuve d'une discrétion dont la raison est évidente et ensuite parce que les victimes sont, trop longtemps, sans rapport les unes avec les autres et qu'aucune enquête n'est donc menée sur l'ensemble des crimes. Jusqu'à ce que ... Jusqu'à ce que les tueurs soient amenés à commettre quelques imprudences et se fassent remarquer par un certain nombre de personnes. Dès lors, nous allons trembler, jusqu'au bout, pour ces personnes qui vont découvrir petit à petit les motivations et l'absence totale de pitié de ces meurtriers pas ordinaires.
Le portrait du mal est donc un roman d'horreur assez addictif : une fois entamé, je gage que vous aurez du mal à vous arrêter, si tant est, bien entendu, que les inévitables scènes macabres ne vous aurons pas rebuté.

11 commentaires:

  1. J'ai lu beaucoup de Masterton à une époque, et j'étais toujours déçu par la fin.

    J'en ai trouvé de trop rapides, ou trop irréalistes, ou le grand mystère se dégonfle comme un soufflet, ou simplement ratée ?

    Est-ce le cas ici? Si non j'irai jeter un œil intéressé.

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  2. Franchement la fin ici ne me semble souffrir d'aucun des défauts que tu décris. Elle m'a eu l'air d'une bonne petite fin bien honnête. ;o)

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  3. Bon. Je le garde en tête alors.

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  4. Ce bouquin a l'air vachement spécial et la couverture est vachement flippante ...

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  5. @Tigger Lilly : ah bah, c'est de l'horreur. ;o)

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  6. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  7. Je me souviens avoir dévoré celui-ci quand d'autres Masterton m'ont passablement agacé (en gros il a toujours écrit le même bouquin en s'inspirant d'une légende des démons d'un pays, et a tissé des intrigues autour) mais alors celui-là, je révisais le bac quand je l'ai lu et c'était... une découverte ! Et la fin, la fin à elle seule m'a paru époustouflante. Un très bon souvenir !

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  8. Ca faisait un bail BiblioMan(u). c'est toujours un plaisir de te lire. Je me rends compte que je me suis peut-être emballé avec Masterton (j'en ai acheté une palanquée). J'ai peut-être lu l'un des meilleurs si ça se trouve. Me semble tout de même que Manitou a une certaine réputation. Et il est dans ma PAL.

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  9. Pas lu celui ci mais te faisant confiance, il rejoins la LAL. Mes derniers souvenirs de Masterton me ramène vers le Jour J du jugement et Tengu que j'avais bien aimé. Très envie de découvrir la Trilogie du Manitou également.

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  10. Tu me fais peur El Jc. Tu vois un peu la responsabilité que tu me donnes ? :o)
    Bon, en même temps, c'est notre prix à payer pour faire des chroniques publiques.

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  11. Tu es d'ordinaire un très bon prescripteur donc je ne me fais pas de soucis ;o)

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