samedi 8 janvier 2011

Ubik - Philip K. Dick

Joe Chip est un technicien criblé de dettes travaillant pour Runciter Associates. Cette entreprise propose à ses clients de lutter contre des psis (des personnes aux pouvoirs psychiques développés comme des télépathes, par exemple) susceptibles de leur nuire. Elle utilise pour cela des neutraliseurs, des sortes d'anti-psis capables d'annihiler les pouvoirs des psis, de les rendre inopérants. Le travail de Chip, aidé en cela par un matériel sophistiqué, est de découvrir de nouveaux talents anti-psis. Attiré par une offre alléchante, Runciter embarque ses meilleurs neutraliseurs ainsi que Joe Chip en direction de la lune. Le rendez-vous s'avère être un piège et l'équipe est victime d'un attentat.

Il aura fallu attendre presque deux ans pour découvrir, enfin, sur ce blog une chronique sur un roman de Dick. Pourtant, Dick est incontestablement mon auteur de SF préféré. Mais il est vrai également que mes lectures du maître remontent maintenant à des années (des décennies) et qu'il faut bien que je me rafraichisse la mémoire avant d'en parler.
Si je commence par Ubik, c'est que mon histoire avec ce roman est un peu particulière. C'est d'abord celui de Dick que je préfère et je l'avais déjà lu deux fois ce qui est rare. J'ai aussi perdu deux fois le livre ce qui est exceptionnel. Celui d'aujourd'hui est donc mon troisième exemplaire. Et à chaque lecture, j'oublie totalement les détails et de quoi il est question, mais ça, c'est plutôt habituel. Le seul souvenir qui me reste d'un roman est l'impression générale que j'en ai retiré. Et Ubik faisait partie du sommet dans le domaine. C'est donc avec une hâte fébrile que j'attaquais cette troisième lecture.
Et je n'ai pas été déçu. Quelle claque encore une fois. Mais cette fois-ci, grâce à cette chronique, peut-être m'en restera-t-il quelque chose de plus substantiel.
Ubik foisonne d'idées.  C'est tout d'abord une vision personnelle du monde du futur. Un futur d'ailleurs pas si éloigné puisque vingt-six ans seulement séparent l'écriture du roman de l'époque à laquelle l'histoire est censée se dérouler (1966 - 1992). Ce monde est un monde du tout-payant. D'aucuns ont pu y voir une critique du capitalisme. À vrai dire, je n'en sais rien. Toujours est-il que du point de vue du héros (Joe Chip), ce monde est assez hostile. Pour entrer (et même sortir) de chez soi, il faut « payer » la porte. Pour utiliser sa douche, son réfrigérateur, sa cafetière, il faut y aller de sa petite pièce. Et pour Joe, qui n'a jamais un cent en poche, la vie est un calvaire.
L'idée que des télépathes (entre autres) peuvent constituer une menace pour les sociétés (on pense à l'espionnage industriel, surtout aujourd'hui, en pleine affaire Renault) est intéressante. Sans parler de cette autre idée géniale d'une société (Runciter Associates) qui se consacre entièrement à la neutralisation de ces espions du futur.
La possibilité de pouvoir communiquer avec des personnes « cliniquement » mortes, en semi-vie pour reprendre les termes du roman, est bien vue également.
Quant à cette spirale infernale qui semble entrainer tous les protagonistes dans le passé, elle entretient un suspense efficace, d'autant que les lecteurs que nous sommes n'en savent pas davantage que les personnages eux-mêmes.
Et puis Ubik c'est avant tout du Dick pur jus. Entendez par-là que l'auteur, comme à l'accoutumée, nous fait vivre le quotidien d'un héros tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Si on me posait la question, je serais bien incapable de citer un héros du maître qui soit grand, fort, beau, puissant, sachant ce qu'il veut et où il va. Joe Chip n'échappe pas à la règle. C'est un technicien tout ce qu'il y a de plus ordinaire, entrainé bien malgré lui dans une histoire absolument extraordinaire. Et comme il est facile de s'identifier à lui.
Autre qualité du roman : sa taille. Avec simplement 250 pages, Dick nous offre une histoire palpitante. Les auteurs d'aujourd'hui qui ne sont satisfaits que lorsqu'il nous délivrent un pavé d'un minimum d'un bon millier de pages, feraient peut-être bien de s'en inspirer. Je dis ça, je ne dis rien.
Voilà, Ubik est à consommer sans modération. Liquide, en poudre, en pilules; matin, midi et soir; assis, debout ou couché.

10 commentaires:

  1. ce qui est aussi chronique chez les persos de k dick c'est qu'ils sont toujours sur le fil. Il est sain d'esprit celui là ? lol
    j'adore l'imagination foisonnante du Maître, mais j'ai bcp de mal quand il part dans des trip cauchemardesque, limite horreur. C'est le cas ici ? ça m'a fait abandonner ma lecture en cours de glissement sur mars tu vois... et traumatisé avec le gars qui voit son avenir un an dans le futur, je sais plus le titre...

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  2. @ Gromovar & Less : Je savais bien que vous étiez des gens de (bon) goût :o)
    @ lael : je vois à quoi tu fais allusion. Oui, Joe Chip est sain d'esprit. Et pas de trip cauchemardesque ici. Enfin, de mon point de vue. La situation vécue par les personnages est très flippante (sinon, quel intérêt ?), mais rien de vraiment insoutenable ;o)

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  3. Tu pourras le relire une quatrième fois dans quelques années que cela fonctionnera encore et toujours. Cela vieilli super bien, comme une bonne bouteille !

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  4. Je plussoie au billet et je plussoie aux commentaires :p

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  5. en parlant du maître je viens d'apprendre qu'il y aurait une adaptation prévue en mini-série tv du "maître du haut château" ! (cf allociné)

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  6. @ Iael : mon commentaire là-dessus :

    http://lavoixlacteedeless.blogspot.com/2010/10/ridley-scott-et-philip-k-dick-reunis.html

    Pas capable de faire un lien cliquable, désolé.

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  7. Bonne année !
    Un billet qui me rappelle combien il me tarde de le lire.

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  8. Celui ci faudra que je le lises.

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