Après le viol de sa mère auquel il a assisté, David est envoyé en pension à Triviana-sur-Mer par sa grand-mère tyrannique. Il espère pouvoir échapper aux cauchemars qui le hantent, mais va très vite déchanter. Pas question de trouver le moindre réconfort auprès des autres pensionnaires : ils se regroupent en fraternités aux rites d'initiation aussi barbares que secrets. Et il règne sur la petite ville une atmosphère délétère depuis que, trente ans plus tôt, un mystérieux bombardier s'est écrasé sur un parc d'attractions voisin, tuant et mutilant des centaines de personnes. La région serait-elle hantée ? David serait-il contaminé par la folie de sa mère, internée en hôpital psychiatrique ? Et que s'est-il réellement passé cette fameuse nuit du bombardier ?
En principe, je ne suis pas très fan des classements, des étiquettes, affectés aux gens ou aux choses. D'un autre côté, en tenant un blog de littérature de l'imaginaire, je présuppose que les livres que je lis font l'objet d'un classement. Ne serait-ce que celui de l'éditeur. Or donc, si je devais absolument classer cette Nuit du bombardier, je serais bien en peine. S'agit-il de fantastique mâtiné de science-fiction ? Ou l'inverse ? D'une science-fiction d'horreur ? De terreur ? Ce qui est sûr en tout cas, c'est que l'on frémit souvent à la lecture de ce roman. Ce sentiment qu'il est difficile de classer le livre est également dû à la façon dont l'histoire est racontée. Quasiment à chaque chapitre, au moins au début, l'auteur semble nous mener sur des chemins différents. Va-t-on assister aux rapports compliqués d'un fils et de sa mère, violée sous ses yeux ? Va-t-on lire le récit d'une descente aux enfers dans un collège où la discipline imposée par certains élèves dépasse en rigueur celle des professeurs ? Chaque fois qu'on croit avoir saisi le sujet nous sommes aussitôt détrompés. Jusqu'au moment où on comprend, enfin, de quoi il est question.
Si ce n'est dans la forme, le roman peut faire penser, sur le fond, à une œuvre de Stephen King. L'horreur qui surgit et s'impose petit à petit aux personnages n'est, en effet, pas sans suggérer les romans du maître. Toutefois, là où Stephen King est devenu un expert dans l'art de nous faire partager le quotidien de gens ordinaires plongés au milieu de phénomènes étranges, Serge Brussolo ne parvient que plus difficilement à nous intéresser à ses personnages. Ceci est d'autant plus vrai que la plupart d'entre eux, voire tous, sont psychologiquement assez instables quand ils ne sont pas tout simplement parfaitement dingues. Ce qui ne contribue pas à les rendre proches de nous qui nous supposons, cela va de soi, incontestablement sains d'esprit.
L'écriture, même si elle est telle que la lecture est fluide, n'en est pas moins un peu "froide", distante. Cela nous éloigne, également, des personnages. Mais en dehors de ces quelques défauts mineurs, l'histoire est prenante. L'auteur nous gratifie de trouvailles assez intéressantes. Le fait que la plupart des personnages soient complètement barrés nous offre des passages extravagants ou tragi-comiques.
Il reste après lecture, de nombreux moments assez forts : des têtes qui volent, d'étranges balades nocturnes en forêt, des figurines tueuses.
Le tout ne fait pas partie, a priori, de mon univers mais pourrait parfaitement s'y intégrer.
Encore une fois, parce que je le dis de beaucoup d'autres, ce livre n'est pas le roman du siècle mais il ne donne aucun regret de l'avoir lu. Bien au contraire. Nul doute que je vais relire du Brussolo.
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