D'un monde à l'autre
Quatrième de couverture
"Quand Camille vit le poids lourd qui fonçait droit sur elle, elle se figea au milieu de la chaussée. Son irrépressible curiosité l'empêcha de fermer les yeux et elle n'eut pas le temps de crier... Non, elle se retrouva couchée à plat ventre dans une forêt inconnue plantée d'arbres immenses. Te voici donc, Ewilan. Nous t'avons longtemps cherchée, mes frères et moi, afin d'achever ce qui avait été commencé, mais tu étais introuvable... "
J'ai toujours beaucoup de mal avec les chroniques des livres jeunesse. D'autant qu'il y en a de deux sortes à ce que j'en ai compris. Les "vrais" livres pour la jeunesse. Ceux-ci ont en général pour héros de jeunes gens et abordent des thèmes largement centrés sur ce qui intéresse les jeunes : l'école, la famille, les relations parents-enfants, l'amitié, les premiers émois amoureux. En revanche, ils évitent soigneusement les thèmes intéressant plus spécifiquement les adultes : l'amour entre grandes personnes, voire le sexe, la politique ... Dans cette première catégorie de romans, l'accent est assez peu mis sur la crédibilité des situations et la psychologie des personnages est rarement complexe. Il y a les bons et les méchants en caricaturant.
Et puis il y a les livres "tout public". Même s'ils abordent des thèmes pour jeunes, ils n'en dédaignent pas moins d'autres thèmes plus adultes. Les situations y sont plus crédibles et les personnalités plus complexes. Je pense ici notamment au magnifique cycle de Philip Pullman, A la croisée des mondes.
La quête d'Ewilan entre sans conteste possible dans la première catégorie. A partir de là, suis-je bien qualifié pour en faire une critique, aussi bienveillante soit-elle ? Je l'ignore. Du coup, j'ai préféré me poser quelques questions dont je vais de ce pas vous livrer les réponses. Bande de veinards.
Ai-je lu ce premier tome avec plaisir ? Indiscutablement : oui. Ai-je retrouvé le temps de la lecture mon âme d'adolescent ? Sans aucun doute : oui. Ai-je envie de lire la suite ? Oui. Vais-je en conseiller la lecture à ma fille le moment venu ? Définitivement. Les invraisemblances s'élèvent-elles cruellement au-dessus d'un quota acceptable ? Pas le moins du monde.
De fait, l'écriture est plaisante. Le vocabulaire riche. Les personnages sont attachants. Oh, bien sûr, les gentils sont particulièrement gentils et les méchants bien redoutables. Toutefois, l'héroïne qu'est Camille/Ewilan, parvient à éviter le rôle de tête à claques qu'endossent trop souvent les personnages de ce genre, la plupart du temps au contraire de ce qu'aurait souhaité leur auteur. Je n'ai pu m'empêcher de faire la comparaison entre Camille et Talia, l'héroïne des Hérauts de Valedmar. Même âge, même vie sans amour parental, même découverte de pouvoirs. Pourtant, alors que l'une, Camille, nous attendrit, nous émeut, nous fait avoir peur pour elle, nous amuse même, l'autre, Talia, ne cesse de nous agacer.
Boterro a su en outre créer un monde riche et il a imaginé une magie originale.
Cela me fait déplorer davantage sa disparition. A une époque où les maisons d'édition publient nombre d'ouvrages sans grand intérêt simplement pour surfer sur la vague de la fantasy ou du fantastique en général, de la bit-lit en particulier, la présence de Pierre Boterro aurait constitué un antidote efficace contre la médiocrité.
ça fait bien longtemps que j'ai lu celui-ci, et je tend à rejoindre tout à fait ton avis: c'est vraiment du jeunesse, certes, mais c'est du bon!
RépondreSupprimerje n'avais jamais eu l'occasion de lire la suite, ni quoi que ce soit d'autre de cet auteur, je crois, mais un jour peut-être...
Belle chronique l'aminche, et joli questionnement sur cette littérature "jeunesse" dans laquelle en fonction des éditeurs et des collections ont est à même de trouver tout et son contraire ;o)
RépondreSupprimerPierre Bottero c'est vraiment ce qui se fait (faisait) de mieux en jeunesse...
RépondreSupprimerAssez bizarrement, j'ai beau avoir dévoré cette série, je n'en suis pas hyper fan (figure toi que Camille/Ewilan m'a jamais plus inspiré que ça, ça doit être les yeux violets ^^).
RépondreSupprimerJe blâme le 2e cycle qui m'a un poil déçu, mais le premier était très bon... faut que je le relise pour me refaire un avis en fait ^^
Très bien vu ta conclusion, +1
RépondreSupprimerFinalement, les livres "jeunesse" de la première catégorie, pourraient être appelés "enfant".
RépondreSupprimerAïe, Ewilan, première catégorie ? Et dire que je viens d'emprunter les livres (dans le cadre du challenge Bottero) pour m'y jeter. Et le commentaire de Vert ne m'aide pas à être "optimiste".
J'espère arriver à me plonger dedans :) (en ce moment je lis des romans jeunesse de seconde catégorie)
C'est marrant comme on peut ressentir les choses différemment. Peut être est ce du à no différence d'age (Papy) Arutha, mais je ne considère pas trop que les différents cycles d'Ewilan appartiennent à la première catégorie que tu as faite.
RépondreSupprimerAlors, certes, les méchants sont très méchants, et les gentils sont très gentils, il n'y a pas de subtilité par rapport à ça.
Mais je trouve que c'est tout de même un peu plus évolué que certains autres livres jeunesse.
Il faut absolument que je les relise, ça fait maintenant 2 ans que je les ai lu, et j'ai perdu pas mal de détails.
Mais je sais que je vais redécouvrir ce monde avec un super grand plaisir.
Mais je suis en tout cas contente que tu aies pris plaisir à lire ces livres :)
Qui dit littérature jeunesse dit enfants ET adolescents. Elles sont très différentes l'une de l'autre. Ewilan est clairement pour moi un livre destiné aux ados. C'est parfaitement lisible par un adulte. Et j'en suis la preuve. Mais on va dire que ça ne "malmène" pas le lecteur comme, disons, Le Trône de Fer.
RépondreSupprimerMême comparé à La croisée des mondes, Ewilan est beaucoup plus lisse, sans aspérités. Mais je n'ai jamais dit que c'était un défaut ;o)