Résumé :
Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2
500 mètres d'altitude, près des sources du grand fleuve égyptien. Les
familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du
Nil, isolé, d'accès difficile, loin des tentations de la capitale,
leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans
l'intérêt du lignage. Les transgressions menacent au cœur de cette
puissante et belle nature où par ailleurs un rigoureux quota " ethnique "
limite à 10 % le nombre des élèves tutsi. Sur le même sommet
montagneux, dans une plantation à demi abandonnée, un " vieux Blanc ",
peintre et anthropologue excentrique, assure que les Tutsi descendent
des pharaons noirs de Méroé. Avec passion, il peint à fresques les
lycéennes dont les traits rappellent ceux de la déesse Isis et
d'insoumises reines de Candace sculptées sur les stèles, au bord du Nil,
il y a trois millénaires. Non sans risques pour la jeune vie de
l'héroïne, et pour bien d'autres filles Prélude exemplaire au génocide
rwandais, le huis clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées
par les nervis du pouvoir hutu, les amitiés, les désirs et les haines,
les luttes politiques, les complots, les incitations aux meurtres
raciaux, les persécutions sournoises puis ouvertes, les rêves et les
désillusions, les espoirs de survie, fonctionne comme un microcosme
existentiel fascinant de vérité, décrit d'une écriture directe et sans
faille. Scholastique Mukasonga, rescapée du massacre des Tutsi, nous
donne ici son premier roman, où des jeunes filles à mains nues tentent
d'échapper à l'Histoire monstrueuse qui a décimé sa propre famille.
À première vue, un roman léger sur la vie d'un lycée de jeunes filles
rwandaises, perdu dans la montagne, avec parfois des allures de conte
africain. En vérité, il s'agit d'un prélude au génocide qui allait avoir
lieu une vingtaine d'années plus tard. L'auteure nous invite, sans nous
forcer, à nous documenter sur la tragédie et à essayer de comprendre
l'incompréhensible. Poignant mais sans pathos.
Très bon.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire