vendredi 10 juillet 2009

Sac d'os - Stephen King

Michael Noonan est un écrivain qui connaît un certain succès. Lorsque sa femme, Johanna, meurt de façon soudaine, il se révèle incapable d'écrire la moindre ligne. Quatre ans après la tragédie, il décide de s'installer à Sara Laughs, une maison qu'il possède près d'un lac, au sein d'une petite bourgade de province. C'était la résidence préférée de Johanna. A peine installé, il sent, dans la maison, une présence surnaturelle. S'agit-il de Johanna ? De l'ancienne locataire ? D'un enfant mort noyé dans le lac ? Michael ne parvient pas à savoir. Ni même si la présence est totalement bienveillante. Un moment tenté de faire demi-tour, il fini par s'installer pour de bon.
Il fait alors la connaissance de Kyra, une adorable petite fille, et de sa mère, Mattie, femme-enfant qui vit seule avec la fillette dans une caravane, depuis la mort de son mari, Lance Devory. Lance était le fils de Max Devory, un enfant du pays et devenu immensément riche. Ce dernier cherche à tout prix à obtenir la garde de sa petite-fille. Michael, tombé sous le charme de la gamine et de sa mère, est amené à affronter, bien malgré lui, Devory. Il découvre bien vite qu'être l'adversaire d'un homme aussi riche et puissant est un enfer. Très vite, en effet, le cauchemar commence.
J'ai bien failli ne jamais lire de Stephen King. Tout ça à cause d'un stupide a priori que j'avais sur cet auteur. A priori que je dois, si ma mémoire est bonne, a de mauvaises critiques, non pas d'un roman de King, mais de toute son oeuvre. Je n'aurai donc qu'un seul conseil à donner à tout un chacun : faites-vous, en littérature, autant que faire se peut, une opinion par vous même. J'ai donc fini par tenter un Stephen King, puis voyant que je n'étais pas devenu beaucoup plus con, ou alors, je ne m'en suis pas aperçu, j'en ai lu un autre, puis un autre ... Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais été déçu.
Et je n'ai pas davantage été déçu par Sac d'os qui est considéré, parait-il, comme LE chef d'oeuvre de King par la critique internationale. S'agit-il de son chef d'oeuvre ? Peu importe, c'est en tout cas l'un des très bon livres du maître.
On retrouve ici tous les ingrédients qui ont fait le succès des autres romans de l'auteur, avec, ici ou là, quelques entorses aux habitudes.
D'abord des gens ordinaires, dépeints dans leur vie ordinaire. Même si, ici, les personnages de Michael Noonan, l'écrivain, et de Max Devory, le magnat de l'informatique, sortent un peu de l'ordinaire. Et pour une fois, ce n'est pas à une famille américaine typique que nous avons affaire, si l'on excepte, bien sûr, Mattie et Kyra, mais elles forment une famille réduite à sa plus simple expression. Car King n'aime rien tant que de décortiquer les relations complexes qu'entretiennent les membres d'une cellule familiale. Relation mari-femme, mère-enfant ou père-enfant. Stephen King, j'en suis persuadé, aime les gens et il le montre.
Second ingrédient toujours présent dans l'oeuvre de King, et pour cause, la peur, l'horreur, la terreur, l'effroi. Même si ici, à travers une histoire de fantômes, il nous effraie bien moins qu'à l'accoutumée.
Non, le sentiment que l'auteur parvient d'abord à susciter chez nous est davantage assimilable à la rage. Rage face à ce grand-père immensément riche (il est capable de racheter un hôtel parce qu'il a besoin d'un endroit où dormir) qui a pris l'habitude depuis l'enfance de s'approprier ce qu'il désire sans se soucier de légalité. Rage aussi face aux habitants du coin tous, ou peu s'en faut, soumis à la volonté du vieillard. J'ai pensé, en lisant cette histoire, à un film dont j'ai oublié le nom (fichue mémoire). Dans ce film, Spencer Tracy (magnifique), débarque dans un petit bled pour remettre je-ne-sais-plus-trop-quoi à un vieux japonais. Sauf qu'il a un mal fou à retrouver le vieil homme et il va se heurter, petit à petit, à l'hostilité grandissante de la population, qui a, manifestement, quelque chose de pas très joli-joli à cacher à propos de ce citoyen de l'empire du soleil levant. On retrouve dans le roman de King la même solidarité mal placée des habitants face à des étrangers qui posent trop de question. Même si j'en ai parfois mal au ventre de rage rentrée, j'adore lire ces histoires peuplées de salauds ordinaires, de monstres d'apparence anodine, de pères de famille les mains couvertes de sang, de femmes au foyer la haine au coeur.
Et puis, Sac d'os c'est aussi une merveilleuse histoire d'amour, ou de plusieurs histoires. Michael et Johanna, Michael et Mattie, et même celle, paternelle celle-là, de Michael et Kyra. C'est également la hantise de la page blanche chez l'écrivain.
Tout reste finalement assez classique, mais traité avec le savoir-faire du maître. Le texte est long, plus de 700 pages, mais se lit avec l'aisance habituelle qu'on éprouve avec chaque roman de l'auteur. On se retrouve particulièrement happé par le récit dans les 200 dernières pages au cours desquelles, certains passages sont en mesure d'arracher des larmes aux plus endurcis.
Du tout bon King. Définitivement.

5 commentaires:

  1. Je m'étais moi aussi bien régalé avec celui-là ! Et tu as raison, il vaut mieux se faire sa propre idée. Tous les King ne m'ont pas plu mais certains m'ont vraiment accroché, notamment dans ses descriptions des personnages, les lieux dans lesquels il les fait évoluer. Dans mes préférés : Danse macabre (des nouvelles, mon premier King), Le Fléau et Sac d'os, donc... ah, j'allais oublier la Tour Sombre, mêmes si certains tomes m'ont paru inutiles dans le périple des personnages. Tiens, je me lirais bien un petit (!) King... dans quelque temps ;O)

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  2. Le Fléau est semble-t-il le chef d'oeuvre de King pour ses fans. C'est vrai que c'est un monument. Pour ma part j'ai beaucoup aimé : Misery, Cujo et Simetierre.
    Je réserve mon jugement pour La tour sombre dont je n'ai lu que le premier : Le pistolero que je n'ai pas trop aimé.

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  3. De King dont j'ai avalé presque toute l'oeuvre au fil des années (sauf les 2 ou 3 derniers) je garde "Ça", merveilleux roman sur l'enfance, et "Shining". Les autres vont du très bon au bof (rare quand même).

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  4. Toujours un plaisir de te lire Arutha. Alors quand en plus tu nous parle de King... je suis aux anges. Pas encore eu l'occasion de m'affronter au sac d'os, mais cela viendra en son temps à ne pas douter comme tout le reste de la bibliographie de Mr King !

    Pour ceux qui l'aime, je ne saurais trop conseiller "Ecriture". Attention ce n'est pas un roman. La première moitié de l'ouvrage est une petite autobiographie qui permet de mieux cerné l'auteur. La seconde partie et la plus intéressante de l'ouvrage selon moi, est une série de points de vue sur l'écriture et la manière dont King l'aborde. C'est bourré de conseils, d'humour, et de sagesse.

    Un petit passage du livre était révélateur. Je ne suis plus très sur des termes exacts car j'ai lu cet ouvrage il y a quelques années maintenant, mais cela donnait à peu prêt ça :

    A ceux qui lui reprochait de trop souvent utiliser un langage commun et ordurier, il réponds. Là d'ou je viens et dans la classe sociale qui est la mienne on crie plus souvent merde en se filant un coup de marteau sur les doigts que flute. J'écris comme je parle, je ne triche jamais avec mes lecteurs.

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  5. Äh ben alors je dois être sacrément endurcie car je me suis ennuyée ferme tout au long de ces quelques 700 pages. Je ne me souviens pas avoir frémi ni m'être attachée aux personnages. Pour une 1ère lecture de King, c'est plutôt mal parti. Par contre, j'aime beaucoup les adaptations : ça, Misery, Le fléau, Shining... J'aimerai bien tenter la lecture de Salem ou de ça qui m'avait terrifiée étant ado.

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