Au XIVe siècle, sur les rives d'un continent alors inconnu des Européens, U'tal, un jeune Guarani de quatorze ans, remet en cause une tradition qu'il juge trop violente. A ses yeux, le supplice de l'initiation n'a pas lieu de se dresser sur le chemin qui mène à l'Abaagui, la Terre sans mal. Dominant la terreur que lui inspirent les étrangers, il prend la route des hautes montagnes de l'Ouest et rencontre un homme reclus qui devient son ami. Ensemble, ils créent un lieu où la violence n'a pas sa place. Une terre de paix où le liage des races permettra aux mortels de convaincre Namandu d'accorder à leurs âmes le repos éternel. Mais le sang souille bientôt cette utopie et le destin d'Ut'al se jouera ailleurs... 750 ans plus tard, une immense nef extraterrestre apparaît dans le ciel. U'tal est de retour et, au nom des Guides, il a un marché à proposer à l'humanité. Pour son premier roman, Martin Lessard décrit de façon réaliste, avec une ambition peu commune, l'impact d'un premier contact extraterrestre sur les plus hautes sphères du pouvoir mondial. Roman lumineux, optimiste mais sans angélisme aucun, Terre sans mai navigue à contre-courant de la science-fiction actuelle.
Impossible pour moi, du moins dès que j'ai attaqué la seconde partie, de ne pas penser à Robert Charles Wilson. Et en particulier à son roman Le vaisseau des voyageurs. Là comme ici, les terriens, pardon, l'humanité, reçoit une visite, a priori amicale, de voyageurs extra-terrestres. Et à chaque fois, les visiteurs ont une proposition à faire aux humains. Mais là s'arrête la comparaison. Alors que le roman de Wilson vire assez vite au récit post-apocalyptique (même s'il n'y a pas d'apocalypse au sens ordinaire) et nous décrit une terre d'où l'humain a presque entièrement disparu, Martin Lessard préfère nous parler d'une humanité face à l'un de ses choix les plus important. Peut-être même le premier et seul choix qu'elle ait eu à faire en tant qu'espèce face à une espèce étrangère.
À partir de là, nous allons suivre l'existence d'une poignée d'individus tant sur Mars ou sur la Lune que sur Terre et qui vont devoir choisir (la plupart d'entre eux vont faire un choix rapide) entre cynisme, pragmatisme, voire appétit de pouvoir et simplement humanisme. Comme chez Wilson, là encore, Martin Lessard profite de son récit pour dresser la peinture d'une galerie de personnages dignes d'intérêt. Mais je dois avouer que les personnages de Terre sans mal ont tout de même moins de profondeur que ceux du Vaisseau des voyageurs. Mais quand l'un des deux auteurs a déjà signé une dizaine de romans, l'autre n'en est qu'à son tout premier.
Et ma foi, comme coup d'essai, on est en droit de parler de coup de maître. Le style est fluide et parfaitement efficace. Le tout se laisse lire sans aucun moment d'ennui mais au contraire avec beaucoup de plaisir. Le propos est intelligent et nous laisse son lot de réflexions comme une écume sur les rivages de notre esprit. Car il en traite des sujets l'auteur. Tant politiques que philosophiques ou moraux. Je déplorerai juste que par moment le discours m'a paru un peu difficile à suivre. Je n'ai pas toujours compris ni les prises de position des uns et des autres ni pourquoi parfois les évènements prenaient telle ou telle tournure. Mais la faute m'en incombe sans doute davantage qu'à l'auteur dans la mesure où je suis un lecteur assez dissipé. La fluidité du style que j'ai déjà évoquée participe sans doute à endormir la vigilance du lecteur. Un conseil donc, accrochez-vous un tant doit peu si vous êtes, comme moi, du genre à divaguer.
Mais qu'importent ces petits défauts que nous mettrons sur le compte d'un premier roman. Martin Lessard m'apparait déjà, sans aucun doute, comme un futur grand nom de la SF. Et pas que francophone.
Ce qu'en pense BiblioMan(u).
Ce qu'en pense BiblioMan(u).
Ça m'a l'air intéressant tout ça ^^
RépondreSupprimerC'est très bien. Pas un roman d'action, entendons-nous bien. Mais plutôt de réflexion, sans être prise de tête.
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