Une liseuse. Une offre exceptionnelle de livres électroniques entrés dans le domaine public. Et cela devait arrivé. Je n'ai pas pu m'empêcher de tester mon nouveau joujou pendant ma petite semaine de vacances avec l'œuvre de l'un de mes auteurs préférés. Et je vous préviens : ce n'est que le début.
Alors pour ceux qui l'ignore ou qui l'aurait oublié, La Fortune des Rougon est le premier roman d'une saga de vingt écrite par l'excellent Émile Zola : Les Rougon-Macquart. Du nom des deux hommes que connaîtra dans sa vie l'aïeule de la famille : Adélaïde Fouque. Rougon, son premier mari, lui donnera un fils : Pierre. C'est surtout de lui qu'il sera question dans ce premier opus. Macquart, l'amant qui remplacera Rougon à la mort prématurée de ce dernier, lui donnera, quant à lui, un garçon et une fille, Antoine et Ursule.
Comme le titre l'indique, ce premier volet nous apprend comment la fortune est venue aux Rougon. Sans faire de révélation fracassante, s'agissant d'un épisode de l'histoire de France, elle sera due au coup d'état du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III. Pierre Rougon, bien conseillé par son fils Eugène, a su choisir le bon cheval.
Ah ! Quel délice de suivre ces comploteurs du dimanche qui se réunissent régulièrement dans le salon jaune des Rougon. Pour la plupart, ce ne sont que de petits bourgeois bien peu taillés pour le combat révolutionnaire. À l'exception de quelques uns ils sont : lâches, stupides, cupides. Ce qui les unit n'est pas l'adhésion à un parti ou à un homme mais plutôt leur haine commune de la République. Tout sauf elle, voilà leur devise. Comme il est délectable de voir jusqu'à quel point ils sont capables d'aller pour sauvegarder leurs intérêts. Ils n'ont alors plus aucune morale. À l'exception de la morale officielle, bien sûr, qui elle s'affiche à tout bout de champ. C'est qu'on va à la messe tous les dimanches ma petite dame.
Mais l'histoire ne se concentre pas uniquement sur la famille de Pierre Rougon. En tant que premier tome de la saga, ce présent roman a tout du tome d'introduction (en beaucoup moins lourd cependant). La totalité des branches des Rougon-Macquart y est présentée, la plupart des protagonistes des épisodes suivants également. Le moins que l'on puisse dire, c'est que fort peu de personnages trouvent grâce à nos yeux. Ils sont le plus souvent, comme je les déjà dit, lâches, stupides, cupides mais également méchants, fainéants, calculateurs, manipulateurs, avares ... Bien peu d'entre eux stimulent notre sympathie. Même si quelques uns peuvent être qualifiés de « purs », ce ne sont au bout du compte que des brutes mal dégrossies. Tout juste voit-on pousser, au sein de ce fumier, une fleur délicate comme Miette mais son destin va se révéler tragique.
Non, décidément, chez Zola nous ne sommes pas au royaume des bisounours. Et c'est ce qui en fait toute la valeur. Ce qui intéresse l'auteur c'est la nature humaine dans son intégralité sans jamais omettre les plus bas instincts de l'homme. Habitués que nous sommes de côtoyer dans nos lectures des personnages très manichéens, cela fait un bien fou d'avoir enfin affaire à des personnages plus gris (voire gris foncés).
On en arrive même, et cela est dû sans aucun doute au talent de l'auteur, à souhaiter toute la réussite possible à cette galerie de salauds qui nous est présentée. C'est un comble.
Quant au style, il est étonnamment moderne. J'y ai senti une nette rupture avec celui du début du dix-neuvième siècle qui, pour être magnifique, est peut-être un peu moins directement accessible. Zola est résolument un auteur du vingtième siècle (même s'il est mort en 1902). Son vocabulaire est peu chargé de termes ou d'expressions vieillis. Son style est simple et direct. Le ton n'est également pas dépourvu d'humour. Et la tendresse vis à vis des personnages est omniprésente.
Ah ! Quel délice de suivre ces comploteurs du dimanche qui se réunissent régulièrement dans le salon jaune des Rougon. Pour la plupart, ce ne sont que de petits bourgeois bien peu taillés pour le combat révolutionnaire. À l'exception de quelques uns ils sont : lâches, stupides, cupides. Ce qui les unit n'est pas l'adhésion à un parti ou à un homme mais plutôt leur haine commune de la République. Tout sauf elle, voilà leur devise. Comme il est délectable de voir jusqu'à quel point ils sont capables d'aller pour sauvegarder leurs intérêts. Ils n'ont alors plus aucune morale. À l'exception de la morale officielle, bien sûr, qui elle s'affiche à tout bout de champ. C'est qu'on va à la messe tous les dimanches ma petite dame.
Mais l'histoire ne se concentre pas uniquement sur la famille de Pierre Rougon. En tant que premier tome de la saga, ce présent roman a tout du tome d'introduction (en beaucoup moins lourd cependant). La totalité des branches des Rougon-Macquart y est présentée, la plupart des protagonistes des épisodes suivants également. Le moins que l'on puisse dire, c'est que fort peu de personnages trouvent grâce à nos yeux. Ils sont le plus souvent, comme je les déjà dit, lâches, stupides, cupides mais également méchants, fainéants, calculateurs, manipulateurs, avares ... Bien peu d'entre eux stimulent notre sympathie. Même si quelques uns peuvent être qualifiés de « purs », ce ne sont au bout du compte que des brutes mal dégrossies. Tout juste voit-on pousser, au sein de ce fumier, une fleur délicate comme Miette mais son destin va se révéler tragique.
Non, décidément, chez Zola nous ne sommes pas au royaume des bisounours. Et c'est ce qui en fait toute la valeur. Ce qui intéresse l'auteur c'est la nature humaine dans son intégralité sans jamais omettre les plus bas instincts de l'homme. Habitués que nous sommes de côtoyer dans nos lectures des personnages très manichéens, cela fait un bien fou d'avoir enfin affaire à des personnages plus gris (voire gris foncés).
On en arrive même, et cela est dû sans aucun doute au talent de l'auteur, à souhaiter toute la réussite possible à cette galerie de salauds qui nous est présentée. C'est un comble.
Quant au style, il est étonnamment moderne. J'y ai senti une nette rupture avec celui du début du dix-neuvième siècle qui, pour être magnifique, est peut-être un peu moins directement accessible. Zola est résolument un auteur du vingtième siècle (même s'il est mort en 1902). Son vocabulaire est peu chargé de termes ou d'expressions vieillis. Son style est simple et direct. Le ton n'est également pas dépourvu d'humour. Et la tendresse vis à vis des personnages est omniprésente.
Autant le dire tout de suite, tous les romans de la saga recevront la note de 5 sur 5. Chacun d'entre eux étant en effet un petit bijou. Je me permettrai simplement de signaler mes petits coups de cœur. Cette Fortune des Rougon n'est pas loin d'en être.
Si vous n'avez jamais lu de grands classiques (ou trop peu), précipitez-vous. Je doute fort que vous le regrettiez. Et puis, je le répète, les romans de Zola sont, comme tant d'autres, libres de droit et disponibles sur le net sous toutes les formes (Word, Pdf, Epub, html ...)
Si vous n'avez jamais lu de grands classiques (ou trop peu), précipitez-vous. Je doute fort que vous le regrettiez. Et puis, je le répète, les romans de Zola sont, comme tant d'autres, libres de droit et disponibles sur le net sous toutes les formes (Word, Pdf, Epub, html ...)
J'ai une préférence pour Balzac, mais c'est vrai que Zola c'est pas dégueu quand même :)
RépondreSupprimer@ Gromovar : j'aurais pu écrire la même chose. Le tour d'Honoré viendra.
RépondreSupprimerComme pour Gromovar...Zola a ma préférence
RépondreSupprimerOn s'y fait vraiment très vite à lire sur un reader. Je suis également ravie du mien.
Quelle bonne idée de se replonger là dedans. Quand j'aurai une liseuse, je ferai pareil :p
RépondreSupprimerPour donner dans le définitif et le partial (brutal) : La Curée est pour moi un chef d'oeuvre absolu. Honoré pour ses Illusions Perdues...mais Gustave jusqu'à la mort !
RépondreSupprimer@ Philippe : tu sais bien que je ne partage pas (pas encore ?) ton goût pour ce cher Gustave (même si j'ai beaucoup apprécié le seul roman de lui que j'ai lu : Ma'ame Bovary). Et si c'était l'occasion de m'y mettre ? Tiens ! Puisqu'on en parle. C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar...
RépondreSupprimerSinon, La Curée, j'avoue ne pas le situer avec exactitude (ma mémoire de poisson rouge). Ceux qui m'ont vraiment marqué sont Son excellence Eugène Rougon, L'assommoir, Nana, Pot-Bouille et Au bonheur des dames (Les deux derniers pour être les seuls un tant soit peu optimistes).
Quant à Illusion perdues : +100.
J'ai commencé aussi la lecture des Rougon car c'est un de mes auteurs préféré dans les classiques français avec Maupassant... J'ai commencé par le tome 1 et je sais plus ou j'en suis ! J'ai essayé le fnacbook pas mal mais je préfère largement le livre. La tienne à l'air mieux.
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