lundi 28 septembre 2009

Les Chroniques de Thomas Covenant 1 - Stephen R. Donaldson

La Malédiction du Rogue

Thomas Covenant est un écrivain à succès. Mais il est atteint d'une terrible maladie. Si terrible à vrai dire que tout le monde le fuit, à commencer par sa femme dont il divorce. Il se retrouve vite effroyablement seul. Isolé au milieu de ses semblables. Jusqu'au jour où un accident le projette dans un monde étrange et chargé de magie. Les deux premières créatures qu'il rencontre sont deux êtres malveillants. Sialon Larvae, tout d'abord, fait partie des lémures, des créatures maléfiques qui vivent sous le mont Tonnerre. Assoiffé de pouvoir il menace Covenant de manière hystérique. Le second, le seigneur Turpide le Rogue, le Tueur Gris, Pulverâme, Crochal l'Equarisseur, car il a bien des noms, est beaucoup plus maître de lui et semble bien plus puissant, partant, bien plus dangereux. Il impose à Covenant de devenir son messager pour porter l'avertissement qu'il désire adresser aux seigneurs du Fief. Commence alors pour Covenant un combat contre la folie qui le guette dans ce monde qu'il ne peut accepter comme réel. Combat d'autant plus difficile que, si ici personne ne le fuit pour sa maladie, inconnue dans le Fief, peu lui font totalement confiance. N'est-il pas après tout le messager de la Corruption ?
Et s'il était de nouveau un paria ?

Bien sûr, on pourra penser que l'histoire d'un type de notre monde projeté dans un univers parallèle sent un peu le réchauffé. Ce serait négligé deux points importants. Le premier est que le roman date de 1977. Loin d'être une resucée d'un vieux thème il fait plutôt figure de précurseur. Le second tient à la personnalité de Thomas Covenant. Il existe peu de héros aussi pitoyable, peu charismatique, voire détestable que lui. Le ton du livre est à l'avenant : noir.
Et c'est bien là que réside toute la force du roman. Son héros n'a rien d'un guerrier invulnérable. Il est très malade. Il est sujet au vertige. Il est agressif, voire violent. Et sa violence le conduit même à des actes impardonnables. De plus il préfère, pour sa santé mentale, penser que le monde dans lequel il se retrouve n'est qu'un rêve. Il se fait appeler d'ailleurs, non sans ironie, Thomas l'incrédule.
Pourtant, petit à petit, le lecteur finit par s'attacher à ce personnage. Sans doute parce que par son côté ordinaire il se rapproche de nous. Tout en restant extraordinaire par la maladie qui le touche. Il y a une douleur en lui que nous ne pouvons pas comprendre et que nous ne pouvons qu'imaginer.
L'histoire quant à elle ne révèle pas beaucoup de surprises. Un méchant au pouvoir terrifiant secondé par une armée de créatures maléfiques. Une collection d'objets magiques : anneau, bâton, pierre... Une compagnie partant dans une quête. Un pays peuplé de chevaux exceptionnels et révérés par tout un peuple. Tout cela n'est pas sans nous rappeler un certain Seigneur des Anneaux. Mais il reste néanmoins quelques trouvailles. Un peuple de géants en exil. Des gardes du corps étranges.
Mais pour dire la vérité, tout repose essentiellement sur la personnalité de Thomas. Il est sans conteste le héros de ce roman, omniprésent et il ne partage pas volontiers la vedette.
Alors certes, s'il était préférable de lire cet ouvrage lors de sa sortie, il n'en reste pas moins vrai qu'il nous offre cependant quelques heures de lecture agréables.

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