vendredi 15 janvier 2010

La trilogie de Gormenghast, tome 1 -Mervyn Peake

Titus d'Enfer

Dans le château de Gormenghast, chacun des habitants vit dans sa bulle dont il ne consent à sortir qu'en de rares occasions. Le seigneur des lieux, le Comte d'Enfer, ne vit que pour ses livres. La Comtesse Gertrude n'a d'yeux que pour ses chats et ses oiseaux (sic). Leur fille, la toute jeune Fuchsia, est toute entière accaparée par ses rêves d'adolescente. Et il en est ainsi de tout le monde. Les soeurs du Comte, le docteur et sa soeur, la gouvernante, le valet du Comte, le chef cuisinier. Jusqu'au jour où la Comtesse met au monde le premier héritier mâle, Titus d'Enfer. C'est le moment que choisit Finelame, jeune marmiton, pour quitter les cuisines et fuir le chef qu'il déteste. Découvrant pour la première fois le château dans toute son ampleur, il décide de tout faire pour entrer au service de la première personne qu'il rencontrera pourvu qu'elle dispose d'un rang social suffisant pour lui permettre d'entamer l'ascension qu'il a en tête. Car Finelame a de l'ambition, beaucoup, beaucoup d'ambition.

Quelle surprise que ce livre-ci. D'abord, je m'étais laissé dire que Moorcock s'en serait inspiré pour écrire la saga d'Elric. Mais j'eu beau chercher dans chaque phrase, dans les recoins de chaque paragraphe, j'eu beau même prendre le livre par ses deux couvertures, le retourner et secouer, aucun guerrier albinos, aucune épée dévoreuse d'âmes n'en sont tombés. Mais vite happé par le récit, j'oubliais la référence et abandonnais toute recherche de similitude. La seconde surprise résidait dans la qualité exceptionnelle de l'écriture pour une oeuvre du genre. Mais à quel genre, précisément, appartient ce roman ? On notera, à titre d'indice, que le livre est paru dans la collection Points comme n'importe quel livre de littérature blanche. Alors si je devais, sous la menace, donner un genre au roman, mais alors juste pour sauver ma peau, je serais assez tenté de dire qu'il s'agit de fantastique. Mais alors sans conviction. Ou alors pour l'ambiance générale. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser, au fur et à mesure que je lisais, à la famille Adams. Ici, s'il n'est pas question de main qui se promène toute seule, les personnages sont au moins aussi déjantés. A tel point parfois que c'est à peine s'ils gardent un semblant de réalisme. Ou, pour mieux dire, si chacun d'entre eux dans sa folie particulière est crédible, la réunion d'un si grand nombre de cas quasi pathologiques fait passer le domaine pour un asile d'aliénés. Oui, sauf que c'est pour notre plus grand plaisir. Car cette brochette de névrosés est drôle. Parfois pathétique, mais drôle. Et c'est tant mieux car, à bien y regarder, le propos est plutôt sombre. Peu de personnages semblent heureux. A part peut-être le docteur Salprune. Qui plus est, un drame terrible se joue, mis en scène par le personnage paradoxalement le plus "normal" mais sans conteste le plus dangereux.
Or donc, si vous aimez les histoires intimistes, dans un (quasi) huis clos, les drames voire les tragédies domestiques, ciselés dans une belle langue, alors ce livre est pour vous.

Critiques :

5 commentaires:

  1. Aperçu sur Arte, pas convaincu par l'adaptation TV mais le texte doit valoir le détour, ce que tu confirmes...

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  2. Je te rejoins complètement, c'est une ouevre exceptionnelle.

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  3. @Efelle : j'ai pour ma part beaucoup aimé l'adaptation TV. Toutefois, les images du film ne sont pas celles générées par mon imagination lors de la lecture. Autrement dit, la série TV n'est qu'une interprétation, parmi d'autres, de la trilogie.
    @Martlet : exceptionnelle. Je crois que le mot n'est pas trop fort.

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  4. En fait quand je te disais Moorcock, ce n'était pas à la trame "concrète" que je faisais allusion Arutha, mais à l'atmosphère et au style du roman. Qui plus est mon libraire attitré de SFFF m'a confirmé l'inspiration ^-^. Enfin, si ça ne te l'as pas rappelé (et Sacdos alors ? :p ), je suis néanmoins ravie que cela t'ait plus ^-^

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  5. C'est un excellent roman et la suite est tout aussi exceptionnelle. Je l'avais aussi classée dans le fantastique mais il est plutôt classé en fantasy habituellement, parce que le monde extérieur réel n'est pas décrit j'imagine, on ne le considère pas comme le notre.

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