dimanche 14 février 2010

Cristal qui songe - Theodore Sturgeon

Le jeune Horty n'a que huit ans lorsqu'il s'enfuit de son domicile suite à une énième correction de son père adoptif qui tourne mal. Il est recueilli par un trio de nains qui travaillent dans un cirque ambulant. Le patron du cirque est un homme surnommé le Cannibale qui voue une haine féroce à toute l'humanité et qui ne tolère, mais tout juste, que les monstres de foire dont il s'entoure. Il ne s'intéresse vraiment qu'à sa collection de cristaux étranges qui sont capables de prodiges qu'il tente depuis des années de comprendre et de maîtriser. Horty est couvé par l'aile protectrice de Zena, la naine qui l'héberge, jusqu'au jour où le Cannibale est trop proche de découvrir un éventuel lien entre lui et les cristaux. Horty est obligé de fuir le cirque et de vivre seul, lui qui n'a jamais quitté sa nouvelle famille durant 12 ans.

Ce roman, qui aura bientôt soixante ans, n'a pas pris une ride. Il est écrit dans un style fluide et direct qui ne laisse pas de place aux phrases inutiles avec,  malgré tout, des personnages particulièrement fouillés, les plus attachants comme les plus révoltants. Et il est surtout pétri d'un humanisme qui fait un bien fou surtout dans une société qui n'a pas montré beaucoup de progrès dans ce domaine. L'humain est au coeur de la préoccupation du livre. Avec des questions telles que : qu'est ce qui fait de nous des êtres humains ? Nait-on humain ou le devient-on par imprégnation ?
Et Sturgeon nous gratifie de plus d'un plaidoyer contre l'intolérance et d'une éloge de la différence. Car différents, ils le sont tous ces personnages que les contemporains de l'auteur n'hésitaient pas à qualifier de monstres. Les choses ont-elles tellement changées depuis ? Voir.
L'auteur aborde également, entre autres, le problème de la condition des femmes de l'époque. L'une d'elle doit par exemple sacrifier sa propre vie pour permettre à son frère de poursuivre ses études. Sans compter les propositions déplacées d'hommes qui, eux, ont le pouvoir.
Pour comporter nombre de messages humanistes, le roman n'en reste pas moins une formidable aventure, en particulier pour Horty. Sturgeon parvient tout le long du roman à nous tenir en haleine. Plus nous avançons dans la lecture plus les questions affluent. L'auteur distille savamment et presque diaboliquement quelques éléments de réponse, mais ceux-ci amènent souvent encore davantage de questions.
Reste que la fin pourra en déranger certains. Moi elle m'a dérangé. Mais ce ne saurait être une raison pour condamner l'ensemble. Il ne s'agit que d'un Happy End un tantinet agaçant. En revanche, Sturgeon a su éviter une conclusion par trop évidente. Il faut lui reconnaitre ça.
Un excellent livre donc, un bon vieux classique que je ne saurais trop vous encourager à essayer.

Vous trouverez dans ce lien l'ensemble des critiques des autres membres du Cercle d'Atuan de cette lecture mais également des autres lectures.

6 commentaires:

  1. Je suis bien tenté par cet ouvrages. Je trouve que la féérie du cirque est un univers très approprié au fantastique, au mystère et à la frayeur.

    Cela dit, j'avoue ne pas être très friand des histoires où le héros est un jeune garçon.

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  2. Bah tu vois que tu l'as enfin écrit ton article Arutha :D

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  3. Je suis curieuse de le lire. La thématique me plaît bien et ça a l'air plutôt intelligent. Tant pis pour la fin dans le sirop. Allez hop, sur ma wish-list :) !.

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  4. Pour quelqu'un qui soit disant ne trouve jamais quoi dire sur ces chroniques je trouve celle ci (comme d'autres) bien ficelée.

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  5. Merci El Jc. Venant d'un maître de la chronique bien léchée comme toi, ça me va droit au coeur.

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