mardi 9 février 2010

Trois coeurs, trois lions - Poul Anderson

suivi de Deux Regrets

Alors qu'il combat sur une plage du Danemark lors de la seconde guerre mondiale, Holger Carlsen, un américain d'origine danoise, se retrouve projeté dans un monde médiéval étrange. Il y découvre un destrier, une armure et des armes qui semblent n'attendre que lui. S'étant équipé, il part à la recherche de quelqu'un susceptible de lui expliquer où il se trouve et mieux encore, comment il peut retourner chez lui. C'est ainsi qu'il trouve sur son chemin une sorcière qui lui suggère d'aller voir le duc Alfric, un seigneur de Faerie, le royaume magique voisin. Elle lui fournit même un guide, Hugi le nain. Sur la route ils rencontrent Alianora, une belle jeune fille qui possède le pouvoir de se transformer en cygne. Elle décide de les accompagner. Commencent alors pour Holger une série d'aventures d'autant plus étonnantes qu'on semble le prendre pour un autre.

Je le dis souvent, mais c'est vrai, les romans ayant pour sujet une (ou des) personne(s) propulsé(s) dans un monde parallèle sont légions. En même temps, Anderson a publié ce livre pour la première fois en 1961. Et à cette époque-là, nul doute que ce genre était nettement moins développé. Oublions donc le côté faussement réchauffé de l'histoire. Il nous reste un récit que son style rend particulièrement facile et agréable à lire. La raison est sans doute a chercher du côté de la traduction qui a été révisée pour cette édition.
L'histoire en elle même est malheureusement assez décousue. Un bon nombre de chapitres peuvent tout à fait passer pour des nouvelles. D'autant que souvent, leur retrait de la trame générale n'aurait probablement pas nuit à l'intégrité de l'ensemble. Plus ennuyeux, beaucoup des aventures narrées dans certains chapitres ne trouvent pas réellement de conclusion satisfaisante. Certains personnages disparaissent alors qu'on s'attendait à leur voir jouer un rôle plus important. On parle beaucoup de personnages célèbres, réels ou imaginaires, mais sans les croiser. Il en est ainsi de Charlemagne ou d'Arthur. A peine croise-t-on une Morgane assez fade. Les épisodes s'enchainent donc comme des perles sur un collier. Aucune ne brille d'un éclat particulier. Les combats se suivent, mettant aux prises le héros avec une galerie de monstres classiques : zombie, loup-garou, géant, troll.
Au final, rien de bien palpitant.

A la suite du roman, on peut lire deux nouvelles assez courtes, en particulier la première. Elles se déroulent toutes les deux dans le même univers. Une auberge qui se déplace à travers le temps et les univers parallèles, accueille régulièrement des personnalités. C'est ainsi que le narrateur y croise : Léonard de Vinci, Einstein, Villon, Winston Churchill ... et bien d'autres. Là encore, Anderson papillonne d'un personnage à l'autre sans vraiment se fixer. Dommage car l'idée était bonne et l'ambiance assez magique.

11 commentaires:

  1. En parlant de "Morgane" que je n'aime pas, le portrait dessiné par Barjavel la rend méchante. C'est son seul trait de caractère. Bilan, comme il ne l'aime pas (et il le dit dans son bouquin "l'enchanteur") on ne la voit pas souvent.

    Je vois qu'Anderson aime mêler les personnages réels et fictifs. Je suis entrain de lire "Roi d'Ys", le tome 2... Je voulais savoir si dans ce livre-ci, on a aussi l'impression que le travail de recherches a été colossal ?
    Du genre, citations issus de livres anciens, géographie (avec nom des villes) personnages réels et leurs relations officielles et officieuses, etc. ?

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  2. Je n'ai pas eu l'impression d'un travail de recherche colossal. Mais je ne suis pas une référence en la matière n'étant pas expert en histoire, réelle ou imaginaire. J'ai envie de dire que pour un non-européen, Anderson s'en sort très bien. Ce qu'il dit du mythe arthurien montre qu'il le connait bien. Il à l'air de connaitre également Charlemagne. Mais pour des français, amateurs de fantasy qui plus est comme nous, ça n'a rien d'extraordinaire.

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  3. Avec le recul je trouve que c'est dans son cycle de La Patrouille du Temps que Poul Anderson s'en sors le mieux.

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  4. Dire que moi, vieux briscard de la SF je n'avais jamais lu d'Anderson. La patrouille du temps ne m'a jamais tenté. Pourquoi ? Je ne sais pas. Encore que les paradoxes temporels ne soient pas trop mon truc. Trop cartésien l'animal sans doute.

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  5. Je viens de me rendre compte que juste à cause de la couverture, je confondais "trois coeurs trois lions" avec "juana vera" ...

    effectivement, mon éducation doit être prise en main...

    Notez que la ressemblance à première vue est flagrante :

    http://www.librairiepantoute.com/img/couvertures_300/janua-verra.jpg

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  6. Toujours pas plus attiré que ça ! Par contre Arutha cartésien c'est une grande nouvelle. Je n'aurai pas misé un Kopec sur le sujet

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  7. C'est pourtant vrai que les couvertures se ressemblent. Mais je ne suis, quant à moi, pas du tout sensible ou réceptif aux couvertures.

    Et, si, si, El Jc. Je suis cartésien.

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  8. ... Aux couvertures en générales ou bien à celle ci en particulier ?

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  9. Les couvertures en général. Je connais un nombre impressionnant de gens qui choisissent les livres en fonction de leur couverture. D'autres qui incluent dans leurs critiques tout le bien ou tout le mal qu'ils pensent des couvertures. Ce n'est pas mon cas. Je m'en moque en fait. Certes, je suis toujours intrigué par les livres ayant de belles couvertures. Mais je me base toujours sur plusieurs critiques avant mes achats. Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. Non ?

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  10. Je suis mitigé.

    D'un côté, la substantifique moelle d'un livre se trouve au coeurs de ses pages, dans la forme et le fond de l'histoire. C'est indéniable, un roman n'est pas une BD.

    Cependant, Le livre est aussi un objet, et à ce titre il a d'autres propriétés. Le simple fait d'avoir un livre de poche ou un grand format change complètement la lecture. Et au niveau commercial, il faut dire que l'illustration est primordiale : pour les personnes qui ne connaissent ni la SF, ni la Fantasy, il est difficile de faire un choix à partir du 4ème de couverture : on choisis celui dont l'image nous transporte le plus. Et à titre personnel, même si ça n'est pas un critère de choix, j'aime le livre-objet, celui qu'on expose chez soi comme une oeuvre d'art. Je n'aimerais pas que mes livres préférés soient de simples reliures fades.

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  11. Flute , moi qui avait mis ce recueil dans ma liste à lire, je me sens beaucoup moins motivée du coup...

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