Raymond Keller est un Ange : tout ce qu'il voit est enregistré dans une puce reliée directement à son cortex cérébral. Tenu à l'objectivité, il se veut une machine dénuée de sentiments. Sa nouvelle mission l'envoie au Brésil, au cœur de la forêt amazonienne, en compagnie de Teresa Rafael, une artiste désoeuvrée, et de Byron Ostler, un Ange qui a définitivement renoncé à son câblage. Ils doivent y récupérer un onirolithe, une mystérieuse pierre extraterrestre aux propriétés hors du commun. Mais cela ne sera pas sans danger, d'autant que cette plongée au cœur des ténèbres sera aussi l'occasion d'explorer un territoire chaotique : la mémoire, les souvenirs perdus... Dès son deuxième roman, écrit en pleine vague cyberpunk - genre auquel on peut rattacher Ange mémoire -, Robert Charles Wilson fait montre d'un talent annonciateur des grands romans à venir.
Ange mémoire n'est pas un livre de Science-Fiction ordinaire. Et ce parce que toute la partie S.-F. précisément est particulièrement ténue. L'action se déroule dans un futur proche, on y déterre et négocie des pierres d'origine extra-terrestre, mais ces éléments ne font pas, loin de là, l'essentiel du roman. Même si le personnage central est doté d'équipements lui permettant d'enregistrer tous ce que ses yeux voient, tout ce que ses oreilles entendent, on sent bien que le propos du livre n'est pas le bond en avant technologique.
Ce qui intéresse Wilson c'est la mémoire, les souvenirs, les regrets, les remords, la culpabilité. Il se focalise surtout sur ses personnages et sur ce qu'ils éprouvent et sur leurs rapports au passé. Il y a bien de l'action dans le livre, mais ce n'est pas à mon sens la partie la plus aboutie. Le style y est nerveux, les phrases courtes et le rythme évoque davantage le staccato d'un pistolet mitrailleur que le legato d'un paisible ruisseau. Et puis il y a d'autres passages concernant les souvenirs des personnages, en particulier de Teresa, dans un style plus dense mais néanmoins toujours très agréable à lire.
J'ai lu, ici ou là, que l'oeuvre de Wilson prend peu à peu de l'ampleur pour aboutir au chef d'oeuvre, de l'avis de tous, qu'est Spin. Devant la qualité de cet Ange mémoire, nul doute que Spin soit exceptionnel.
Ayant décidé de lire les oeuvres de Wilson dans l'ordre chronologique, je vais probablement prendre un plaisir croissant à sa lecture.
Voilà en tous cas 320 pages que je ne regrette absolument pas d'avoir lues, ce qui, compte tenu de ma déveine actuelle, est plutôt miraculeux.
Critiques : Efelle à qui je dois d'avoir tenté l'expérience. Merci Efelle.
Très bonne idée que de prendre les RC Wilson dans l'ordre. Je suis curieux de lire les critiques que tu en feras.
RépondreSupprimerJe vais suivre également tout cela avec une grande attention, car pour ma part cela reste un auteur à découvrir. Merci pour ce préambule qui s'annonce sympathique
RépondreSupprimerComment, El Jc ? Tu lis de la SF et tu ne connais pas RC Wilson ? (sans ironie aucune) Vu le déclin du genre de nos jours, je ne comprends pas comment tu es passé à côté. C'est pas comme si l'offre était pléthorique.
RépondreSupprimerIl y a des critiques de Wilson chez nous aussi, mais je te conseille plutôt de faire comme arutha et de les prendre dans l'ordre.
Et non ! Car entre la SF, pas mal d'oeuvres historiques, du polar, un peu de fantasy et quelques classiques je manque cruellement de temps... ;o((
RépondreSupprimerFais comme moi : embauche une gouvernante, un majordome, un cuisinier, une baby-sitter, une assistante, une masseuse, un nègre/co-blogueur, et la vie devient plus simple !
RépondreSupprimerMunin, j'ai eu peur, après avoir lu ton commentaire, d'avoir loupé ton éventuelle chronique de Ange mémoire. Et surtout de ne pas avoir mis de lien vers elle depuis la mienne. Ouf ! Je vois que tu ne l'avais pas chroniqué.
RépondreSupprimerMême si tu n'avais pas mis de lien, il n'y aurait pas eu mort d'homme. :) Mais j'ai remarqué ta stricte observance de la nétiquette et de la courtoisie bloguienne, et je ne m'inquiète pas.
RépondreSupprimerPour en revenir à Wilson, j'ai lu Spin, les Chronolithes, le Vaisseau des voyageurs (tous les trois chroniqués), et Darwinia (pas chroniqué, mais j'aurais dû - il n'y a de ma part qu'une impression lapidaire dans un commentaire, et le bouquin mérite bien mieux que ça)
Bon et bien il va falloir que je m'y mette sérieusement j'ai l'impression. Ton personnel de maison semble pléthorique mon cher Munin ;o)) Je vais pour ma part poursuivre sur ma lancée et ne pas laisser s'immiscer une armée de valets de pieds dans ma vie privée... elle est par trop dissolue !
RépondreSupprimerAh oui, il faut un chambellan pour gérer le petit personnel, sinon ça devient vite la pagaille.
RépondreSupprimerDe rien, je gardes un excellent souvenir de celui ci. J'attends tes critiques sur les suivants.
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