J'ai pour principe de ne pas faire de chronique pour un livre lu trop longtemps auparavant. J'ai en effet la faculté, que certains amis m'envient mais que je considère comme une malédiction, d'oublier très vite tous les détails d'un livre. C'est la raison pour laquelle je fais la chronique des livres que je viens juste de terminer. Mais je vais faire une exception pour Les portes de la mort. D'abord parce que je me souviens de l'essentiel (pour une fois), je pense fréquemment à cette oeuvre en ce moment et puis surtout je fais ce que je veux.
Au Mi-Royaume d'Arianus, les humains, les elfes et les nains se battent pour le contrôle de l'eau, si précieuse. Bien au-dessus de leurs combats à dos de dragons, vivent les mystériaques; et sous leurs pieds, bien loin, inconnues, se trouvent les Portes de la Mort. Bientôt, des forces magiques vont rompre l'équilibre de ces trois royaumes: Hugh-la-Main, assassin patenté, est chargé de tuer le fils du roi d'Arianus tandis qu'au Bas-Royaume, on fomente une révolution. Mais un sinistre mage a pour ambition de tous les dominer. Il faudra sans doute pour cela ouvrir les Portes de la Mort.
Ce résumé est, par nature, nécessairement très réducteur et ne s'applique, en outre, qu'au premier tome, soit un septième du tout. Ces Portes de la mort sont d'une densité incroyable, et il se passe bien davantage de choses dans ses sept tomes que dans la dizaine, quinzaine, voire vingtaine de tomes d'autres sagas.
L'histoire se déroule dans les quatre mondes qui constituent l'univers des personnages. Quatre mondes qui sont comme autant de planètes différentes et auxquelles on accède, non sans mal, par les fameuses portes de la mort. Chaque monde représente l'un des quatre éléments : air, eau, feu et terre.
Arianus est le monde de l'air. Il est constitué de trois îles-continents flottantes un peu à la manière de Chasseurs de dragons pour ceux qui connaissent. Il est peuplé par de puissants magiciens, des elfes, des hommes, des nains, des dragons. On y rencontre de drôles de navires volants permettant de relier les îles entre elles ainsi qu'une curieuse machine : la Bougonne-Batte. Le monde des nains, les "Guègues", vaut à lui seul le détour. Le monde le plus dingue.
Pryan est le monde du feu. Il est recouvert d'une jungle luxuriante au sommet de laquelle vivent elfes et hommes. On y rencontre également les Titans, de redoutables géants.
Abarrach est le monde de la terre. C'est un rocher couvert de glace. La vie n'y est possible et seulement grâce à la magie, que sous terre, là où coulent des rivières de laves. Aucun non-magicien n'y vit. Les habitants utilisent la nécromancie pour lever des armées de morts-vivants. Le monde le plus flippant, sans aucun doute.
Chelestra est le monde de l'eau. C'est une gigantesque sphère d'eau. Elle est peuplée de nains, d'elfes et d'hommes qui vivent dans des bulles d'air. Le monde le plus onirique.
Chaque monde est une trouvaille, un trésor d'imagination. Aucun ne rend la vie facile à ses habitants. Et les auteurs ont su tirer partie des caractéristiques de chacun.
Mais Les portes de la mort est avant tout l'affrontement de deux personnages aussi différents l'un de l'autre qu'il est possible. Et pourtant si proches. Comme les deux faces d'une même pièce. Leurs aventures, l'un contre l'autre, l'un sans l'autre et parfois l'un avec l'autre, vont progressivement les révéler, au lecteur, bien sûr, mais surtout à eux-mêmes.
Le guerrier aguerri, sûr de son fait, va petit à petit voir ses certitudes vaciller. L'érudit timide et rempli de doute va avoir l'occasion de montrer l'étendue de son pouvoir. D'une façon générale, la plupart des personnages ne sont pas ce qu'ils paraissent être ou bien sont révélés par les évènements. Rien n'est convenu dans ce cycle et les surprises sont nombreuses. Les mystères et énigmes parsèment le récit. Chaque tome est l'occasion de faire le récit des aventures de nombreux personnages qui n'ont apparemment rien de commun mais qui sont liés par le destin. Mais rien n'est gratuit non plus et tout amène, irrésistiblement et avec cohérence jusqu'au dénouement.
On rencontre au gré des pages, un prince héritier, un nain syndicaliste, un magicien à moitié fou (Zifnab personnage truculent) amateur de dragons, un assassin hors pair, un chien, enfin LE chien, des pirates, des titans, des dragons, des serpents maléfiques.
Pendant que je rédige cette chronique, me reviennent en mémoire des dizaines de scènes fortes de cette saga qui en disent long sur sa richesse.
Tout cela est écrit dans un style particulièrement fluide et agréable. Pas de temps morts mais au contraire un rythme échevelé. D'aucuns disent que les tomes 1 et 2 mettent un peu de temps à démarrer. Je n'en n'ai pas le souvenir. Mais il est non moins vrai que le suspense va crescendo pour atteindre son point culminant dans les tomes 6 et 7, que tout le monde s'accorde à trouver exceptionnels.
Curieusement, je n'ai pas trouvé sur le net l'écho que mérite cette oeuvre à mon sens. Elbakin lui donne généreusement un 7,5 sur 10 quand il octroie dans le même temps un 10 sur 10 au Cycle d'Ea qui n'a pas le centième de l'inventivité des Portes de la mort. Je souhaite donc rendre modestement justice à ce cycle en en parlant aujourd'hui.
Pour résumer, Les portes de la mort est un cycle bien écrit, bourré de trouvailles originales, de personnages atypiques et attachants, de mondes bien travaillés et cohérents, de méchants particulièrement redoutables et déterminés. Il est soutenu par un suspense qui ne faiblit jamais. Je ne sais quels mots employer pour vous inciter à tenter l'expérience, mais vous aurez compris que ce cycle est pour moi un gros, gros coup de coeur. Il fait partie des rares oeuvres que j'ai prévu de relire. C'est tout dire. Quand je vois le temps qu'on perd parfois à lire des oeuvres médiocres je me dis que Les portes de la mort est une saga propre à nous réconcilier avec la fantasy.
Hep toi là bas ! Oui, oui c'est à toi que je parle Arutha ! Qu'est ce qui te prends ? Ca va pas bien hein ? Je m'échine à longueur de semaine à trouver du temps, pour dans un fol espoir, tenter de venir à bout de la pile gigantesque d'oeuvres de SF que j'ai en retard, et là hop coup bas ! Vous êtes vils et perfides les amateurs de Fantasy... Avec une chronique pareille, je me connais, je vais me laisser aller, me laisser tenter... C'est pas très joli joli tout ça ! Grrr... je me vengerais ! ;o))
RépondreSupprimerGnark, gnark, gnark ! J'en ai autant à ton service. Et pis, après tout j'ai peut-être un gout de chiotte. Mais je prends le pari que cela devrait te plaire.
RépondreSupprimerje reviendrai t'en toucher deux mots dans le dernier trimestre 2009, j'ai reussi a lui faire une petite place... ;o))
RépondreSupprimerAh ! J'oublie aussi beaucoup les détails de ce que je lis.
RépondreSupprimerJe crois que j'ai lu au moins trois fois le cycle des Portes de la Mort et rien que d'en parler ça me donne envie de le lire de nouveau.
Je conseille à ceux qui hésitent de se lancer dans cette lecture, ils ne le regretteront pas !
Je les aie lu 10 fois et je vais faire la 11 ème
SupprimerBienvenue à toi dans ces pages Kyriella.
RépondreSupprimerN'est-ce pas qu'elles sont magnifiques ces Portes de la mort ? Moi aussi je compte bien les relire.
Chose promise chose due. Je viens de terminer le premier tome : L'aile du Dragon, sur tes conseils.
RépondreSupprimerJe suis un peu moins enthousiaste que toi, même si j'ai bien aimé. Je devrais d'ailleurs poursuivre la découverte du cycle dans les mois à venir. Ce qui en Fantasy est assez rare pour être signalé. La chronique est bien sure disponible sur le "Quadrant Alpha"
Je viens de lire ta chronique. Heureusement que tu n'es pas aussi enthousiaste que moi, sinon, qu'est-ce que ça serait ? Tu reconnais à la série des qualités que beaucoup d'auteurs aimeraient voir reconnaitre à leurs oeuvres.
RépondreSupprimerEn lisant ta chronique, je ne peux qu'être d'accord avec toi. Ce cycle est aussi pour moi un vrai coup de coeur en fantasy et je n'ai jamais compris pourquoi il était si peu cité sur internet...Vraiment à conseiller!!!
RépondreSupprimerJ'ai découvert ton site récemment avec beaucoup d'intérêt. Comme toi, je suis fan de la Roue du Temps et du Trône de Fer. Expatriée aux USA , j'en profite pour lire quelques sagas de Fantasy : les bibliothèques sont très bien fournies ici contrairement à chez nous. J'ai commencé un blog et tu y trouveras quelques chroniques si ça t'intéresse : http://feuillestella.blogspot.com/
RépondreSupprimerEn attendant, je garde en mémoire ce cycle que je ne connais pas. Merci pour tes commentaires très riches.
Merci Estellou. Ton commentaire me va droit au coeur. Surtout en cette période où j'envisageais sérieusement de mettre fin à mon blog. J'ai de plus en plus de mal à écrire mes chroniques. J'en ai au moins quatre en attente.
RépondreSupprimerC'est décidé, je vais m'y remettre.
A bientôt sur TON blog.
Pourquoi voulais tu arrêter ?
RépondreSupprimerOn les aime bien tes chroniques.
C'est sympa Efelle. Mais voilà : j'ai un mal fou à pondre deux lignes de suite susceptibles de présenter un quelconque intérêt pour mes lecteurs. Comme je le disais, j'ai au moins quatre chroniques de retard dont deux portant sur des livres que j'ai pourtant particulièrement aimés. Cristal qui songe et Le royaume blessé pour ne pas les nommer.
RépondreSupprimerCe n'est qu'un petit passage a vide. Allez hop hop hop on se remotive !!!
RépondreSupprimerEn tout cas le nouveau fond est superbe...
RépondreSupprimerMerci, c'est cool. D'autant que j'ai fait ça avec mes petites ... euh ... grosses mains malhabiles.
RépondreSupprimerIl est vraiment bien ce nouveau style pour ton blog ! Profite de la trêve des confiseurs pour prendre un blogo-repos et reviens-nous vite ;)
RépondreSupprimerVraiment, n'abandonne pas ! On a tous des baisses de régime et comme dit Guillaume44, un petit 'blog-repos" et ça repart !
RépondreSupprimerEt si ça peut te rassurer, j'ai moi-même 3 chroniques de retard.
Je viens de finir le 1er tome des Porte de la mort et j'ai vraiment aimé... J'attends la suite avec impatience !
Tu as de la chance Estellou d'en être à l'entame de ces Portes de la mort. Le meilleur reste à venir. Pour une fois, je n'ai pas assez oublié ma lecture pour m'y remettre.
RépondreSupprimerSalut,
RépondreSupprimerje suis d'accord avec toi Arutha.
Pour ma part je le mets en tête de liste des meilleurs livres de Fantasy lu (et pourtant j'ai lu de grands classiques, david eddings, tolkien, ...).
Je trouve cette saga tout simplement magnifique, très adulte, loin des clichés du bien contre le mal (même si au fond c'est bien de ça qu'il s'agit) et surtout avec pour une fois des personnages à la psychologie non seulement compliquée (Haplo est le personnage le plus développé qui m'est était donné de lire dans un livre) mais aussi qui évoluent dans les différents tomes.
Alors un grand bravo à Weis & Hickman pour une telle saga (comme j'aimerais la voir bien adaptée en film)
Bonjour,
RépondreSupprimerIl y a plusieurs années maintenant (pratiquement 20 ans !) que j'ai lu (non, ce n'est pas le bon mot), DÉVORÉ (oui ! c'est ça !) cette grande saga, que dis-je, cette IMMENSE ŒUVRE de la Fantaisie.
Ce fut à un point tel, qu'après avoir refermé la dernier tome, j'en redemandais encore ! La suite, la suite... Mais non, pas de suite. L'histoire s'arrêtait là avec le septième volume et à nous, lecteurs, de nous inventer ce que deviendraient ensuite nos héros. C'est ainsi que j'ai découvert ces deux auteurs. Quelle rencontre !
Par la suite, j'ai enchaîné avec "La trilogie de la Rose du Prophète". Même s'il est bien écrit, je l'ai trouvé très en dessous des "Portes de la Mort" (sans jeu de mot et c'est un point de vue personnel). J'ai aussi lu "La Pierre souveraine" (Ah ! la magie Vide) dont on attend toujours le troisième tome en France (sorti en 2003 pour l'édition originale anglaise). J'ai beaucoup aimé ce cycle dans lequel je retrouvais tous les ingrédients qui firent le succès des "Les Portes de la Mort".
Aujourd'hui, 20 ans après, j'ai toujours les personnages (Haplo, Albert... et, bien sûr, LE chien !) en mémoire, leur histoire, toutes les magies de différentes formes (et puissances), tous ces lieux décrits avec tant de précision, sans jamais perdre le lecteur. Il ne se passe pas un mois, sans que je repense à ce cycle ni n'en parle à quelqu'un autour de moi (les incitant à les lire, s'entend ; parfois, j'en deviens "lourd", mais quand on aime...).
Or, il devient difficile de les trouver, car Pocket ne les a pas réédité. Pour ma part, j'aimerais maintenant les trouver en Grand Format (j'ai interrogé Bragelonne qui a sorti l'intégralité de la série LanceDragon, que je me suis empressé d'acquérir, mais il m'ont répondu ne pas détenir les Droits. Dommage).
Malgré ce vide (je relis les sept volumes de temps à autres), je suis de nouveau heureux d'apprendre que nos deux auteurs sont de nouveau à l'écriture d'une nouvelle histoire : Les Os du Dragon.
Je ne l'ai pas encore commencée, car me connaissant, je ne pourrais pas m'arrêter une fois engagé sur ces chemins tortueux, mais Ô combien plaisants et divertissants, et je sais qu'il s'agit là (encore ! et tant mieux pour nous) d'un cycle de plusieurs livres (combien ? je ne sais pas).
J'attends donc que l'intégralité soit publiée avant de m'y atteler.
Dans tous les cas, merci encore pour ce beau billet. Je pense, en effet, qu'après avoir lu "Les Portes de la Mort", soit l'on fait peu de cas de la Fantaisie (dans ce cas, je ne peux rien pour vous et c'est bien dommage... pour vous, pas pour moi), soit l'on se retrouve emporté et marqué pour longtemps par une narration qui vous emporte loin, très loin, dans cette partie de votre enfance qu'on appelle... l'Imaginaire (comme savait aussi si bien le mettre en scène, l'inoubliable Raymond Devos).
Erratum ^^ c'est alfred et non albert, que les sartans et les patryns t'accompagnent
Supprimer