Voici une singulière uchronie. En 1752, Julien Offray de La Mettrie, qui vient de publier L'Homme-machine, ouvrage condamné et brûlé pour matérialisme, est tiré de sa retraite de Saint-Malo par un ordre du roi. Enrôlé dans le Secret du Roi, cet ancêtre de l'espionnage, il lui faut gagner la Prusse et participer, en compagnie de Vaucanson, de Fragonard l'anatomiste, frère du peintre, et de Casanova, à une grande œuvre : fabriquer une Vénus anatomique, une femme artificielle. Le siècle des Lumières mérite ici pleinement son surnom tant une technologie débridée anticipe largement notre XXIe siècle. La Vénus anatomique a reçu en 2005 le prix Rosny aîné décerné par l'ensemble des participants à la Convention française de science-fiction.
La première qualité de cette Vénus anatomique c'est sans conteste l'écriture. Sublime. Le narrateur est censé être un médecin du XVIII ème siècle. Et l'illusion est parfaite.
Le roman se divise en deux parties parfaitement distinctes. La première tient clairement du roman de capes et d'épées. Il y a de l'action, des poursuites, des combats à l'arme blanche. Tout cela teinté d'uchronie, de science-fiction, de fantasy, de fantastique, d'espionnage, de politique internationale ... A tel point qu'on se demande parfois où nous conduit l'histoire. D'autant que nous ignorons, jusqu'à la seconde moitié, ce qui motive toute cette agitation.
Nous croisons la route de quelques personnages plus ou moins illustres. Diderot, Casanova, Fragonard, le chevalier d'Eon, Vaucanson, j'en passe. Tant et tellement qu'on peut se demander s'ils ne sont pas trop nombreux. Leur réunion a un petit côté tout de même artificiel.
La seconde partie est bien plus homogène et bien plus calme. On y est confronté à de longues discussions philosophiques pour le moins absconses.
La Venus anatomique est globalement agréable à lire et n'est pas dénuée d'humour. On peut cependant déplorer qu'elle parte un peu dans tous les sens et que toute cette agitation ne nous conduise pas bien loin. La montagne n'aurait-elle pas accouché d'une souris ?
A lire donc, sans aucun doute car Xavier Mauméjean a incontestablement du talent. A relire ? Peut-être pas.
Bonsoir Arutha,
RépondreSupprimerGrand admirateur de Dumas, la première partie me donne immédiatement l'eau à la bouche. Tu ne t'étends pas trop sur la seconde moitié du roman, j'en conclus que cette partie là, t'a plutôt laissé de marbre. Fais-je erreur ? Le passage de l'une à l'autre de ces parties doit avoir été délicat pour l'auteur à franchir. La seconde partie n'est elle effectivement constituées que de longs échanges philosophiques ?
Je me permet de répondre.
RépondreSupprimerNon il y a aussi une manoeuvre pour se rapprocher de l'oeuvre de Mary Shelley qui amène une superbe fin.
Par contre c'est hyper référencé et de fait bien déstabilisant.
Du même auteur je conseillerai plutôt Liliputia ou Ganesha, mémoires de l'homme éléphant.
Merci Efelle,
RépondreSupprimerEt ce petit coquin d'Arutha qui nous cachait la référence à Mary Shelley... Je crois qu'à vous deux vous avez fait un converti, et hop une PAL qui s'alourdit un peu plus ;o))
De fait, la référence à Marie Shelley est un petit clin d'oeil et à la toute fin. Ceci dit, le livre est effectivement, comme le souligne Efelle, bourré de références. A Isaac Asimov, notamment et à ses lois de la robotique. Mauméjean est incontestablement un homme cultivé. J'ai juste trouvé son roman trop riche quelque part. Il aurait pu en écrire des dizaines en exploitant chacune de ses idées. Mais tu peux alourdir ta PAL El Jc, tu ne le regretteras pas.
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