samedi 28 août 2010

La couronne des sept royaumes - David B. Coe

Quatrième de couverture
C'est avec une impatience doublée d'une légère angoisse que le jeune Tavis, fils du duc de Curgh, voit se rapprocher au-delà des remparts les joyeuses banderoles du festival. Lors de cet événement, en effet, les adolescents sont soumis à l'épreuve de la révélation, durant laquelle les Glaneurs Qirsi, de mystérieux magiciens dévoilent à chacun une partie de son futur destin. On a toujours répété à Tavis qu'il deviendrait Duc, puis roi, à la suite de son père. Et si la Révélation lui apprenait le contraire ? Lorsqu'il ressort de son entrevue avec le magicien Qirsi, Tavis n'est plus le même homme : ce que lui a révélé le Glaneur est si terrible, si effrayant qu'il refuse de le croire... Mais peut-on lutter contre sa destinée ?

J'avais déjà eu l'occasion de faire une première "pré"-critique de cette œuvre. Là, juste ici. Ayant achevé la saga, je suis aujourd'hui en mesure de vous proposer une analyse définitive.
Comme à l'époque, je suis tenté de présenter ce cycle comme un Trône de fer light. N'y voyez là de volonté de ma part, ni de surestimer l'œuvre ni de la sous-estimer. Pour sûr, nous n'avons pas affaire ici à un monument de la trempe de la saga de Georges R.R. Martin. Il parait vite, à l'évidence, que nous sommes face à une œuvre bien moins sombre et, de fait, plus légère. Ce n'est pas un défaut en soi. C'est juste une façon différente de présenter les choses. Pas moins bien, juste différent. A côté de ça, il faut reconnaitre quelques liens de parentés entre les deux sagas, qui en font les membres d'une même famille. La taille d'abord, même si, avec ses 10 volumes (en français) la série de Coe fait un peu poids plume. Mais reconnaissons lui une qualité : elle est finie. Le cœur du sujet (intrigues et complots) rapprochent encore les deux cycles. Le nombre de personnages aussi. Ils foisonnent également dans La couronne des sept royaumes. Il y a moins foule, mais on y est toutefois nombreux. La géographie des lieux est également évocatrice du Trône de fer. Sept royaumes, ça ne vous dit rien ? Bref, beaucoup de points communs mais aussi pas mal de divergences. Il ne faudrait pas croire que nous avons affaire à un copier-coller.
Ici, la magie est très présente. Et assez originale. Elle est l'apanage du peuple Qirsi qui n'est pas originaire des Sept Royaumes et dont les membres forment les gouvernements des différents Ducs et Rois. On peut se demander comment les Eandis (les habitants des Sept Royaumes) peuvent faire à ce point confiance à d'anciens ennemis ( une guerre a autrefois opposé Qirsis et Eandis ), mais passons. La magie, donc, se décline en plusieurs talents que chaque Qirsi ne possède qu'en un, voire deux et exceptionnellement trois exemplaires. Comme le glanage (vision de l'avenir), le façonnage (action sur les matériaux durs), brumes et vents, feu, langage des animaux ... Chaque acte magique ponctionne chaque fois un peu de l'énergie vitale de son auteur. Ce qui rend les Qirsi plus fragiles et leur accorde une longévité moins importante.
L'axe principal de l'histoire va reposer sur un complot Qirsi visant à renverser toute la noblesse Eandi. Ce scénario, finalement assez simple, va nous entrainer dans une succession de complots secondaires, d'intrigues, de trahisons, de changements de camps. Nous allons nous attarder longuement sur les différents stratagèmes utilisés par la conspiration pour provoquer des guerres civiles et ce, dans plusieurs des royaumes. C'est d'ailleurs presque l'un des défauts de la série. Qu'on nous montre de quoi sont capables les comploteurs dans un royaume, c'est normal. Dans un deuxième, ça va encore. À partir du troisième, cela commence furieusement à faire répétitif. Même si les méthodes changent.
En revanche, les dialogues représentent l'une des grandes qualité de la saga. Ils sont plutôt bien écrits et sont plus longs que dans la plupart des ouvrages du genre. Les personnages ont, pour une fois, le temps de développer leurs arguments et rien n'est laissé dans l'ombre. Pour une fois que l'on comprend tout à ce qui se passe. Bien sûr, cela pourra faire fuir les amateurs d'action. Encore que, dans ce domaine, l'auteur ne soit pas en reste.
Pourtant, c'est dans ces mêmes dialogues qu'apparait parfois, paradoxalement, l'un des plus grands défauts de l'œuvre : une certaine naïveté. Les phrases prononcées par certains personnages haut placés frisent quelque fois le ridicule. Et le récit fait aussi, de temps en temps, songé à un texte destiné aux plus jeunes.
Mais qu'on se rassure, la lecture reste d'un bout à l'autre très agréable. Les personnages sont, pour la plupart, très bien travaillés et souvent attachants. L'histoire est, quant à elle, pleine de rebondissements.
Voilà donc une série, finie, et très divertissante même si elle est sans prétention. Et si, après tout, elle se rapprochait plus d'une histoire de cape et d'épée ? Si cela tenait davantage des Trois mousquetaires que du Trône de fer ? Ce ne serait déjà pas si mal.

3 commentaires:

  1. C'est en combien de tomes, cette affaire-là ? Moi, j'avais abandonné au bout de 3 - critique ici, parmi d'autres.

    RépondreSupprimer
  2. Oui, Philippe, je m'en souviens très bien. C'est l'un des premiers billets que j'ai lu chez Hugin & Munin. Je suis d'autant plus honteux d'avoir omis d'y faire allusion. Ce sera corrigé très vite. De mémoire, c'est la saga pour laquelle tu avais le plus d'indulgence. Le tout fait 10 tomes (je le dis dans ma chronique. Pris en flagrant délit de ne pas tout lire le Munin ;o) ). Franchement, c'est du bon divertissement.

    RépondreSupprimer
  3. Oups effectivement mon oeil avait glissé sur la phrase où tu donnais le nombre de tomes.

    Et je ne mentionnais pas ma chronique pour faire allusion au lien manquant ! Le lien figurant dans le commentaire suffit amplement. ;)

    Pour en revenir à la série, effectivement, c'est celle pour laquelle j'avais le plus d'indulgence, et si ma bibliothèque locale avait les 10 tomes, je crois que, vu ton avis général, je me laisserais tenter.

    RépondreSupprimer