dimanche 30 août 2009

Préludes au Trône de fer - Georges R.R. Martin

Le Chevalier Errant suivi de L'Epée Lige

A la mort de Ser Arlan de Pennytree, Dunk, son écuyer, tient à reprendre le flambeau de son maître. Il décide de devenir à son tour chevalier errant afin de mettre son épée au service des nobles causes. Mais pour améliorer ses conditions, rien de tel que d'être vainqueur d'un tournoi. Chemin faisant, Dunk fait la connaissance d'un étrange petit garçon qui se fait appeler l'Oeuf. Sans doute à cause de son crâne rasé. Arrivé au tournoi, Dunk s'aperçoit à quel point il est difficile de s'improviser chevalier. D'autant que les évènements prennent une tournure qu'il n'avait pas envisagé. Va-t-il s'en sortir intact au milieu de tous ces Grands qui ne sont souvent nobles que par leur titre ?

Quelques temps après, nous retrouvons Dunk et l'Oeuf, devenu officiellement son écuyer. Après un long périple à travers Westeros, ils se sont mis au service de Ser Eustace Osgris, un petit seigneur sans cesse en conflit avec sa redoutable voisine, la Veuve Rouge. Suite à un nouveau et terrible problème de voisinage, qui met en cause la survie même du domaine d'Osgris, Dunk, le géant, va devoir faire appel à toute sa diplomatie pour régler l'affaire. Mais aucun des deux protagonistes ne va lui faciliter la tâche.

Il m'a été difficile naguère de dire du mal de ce monument qu'est Terremer. Aujourd'hui, au moment de critiquer les deux nouvelles de Martin, je n'éprouve pas la moindre difficulté. La raison tient en ma parfaite mauvaise foi quand il s'agit de parler de l'oeuvre de Martin, en particulier quand elle concerne l'univers du Trône de Fer. Vous voilà prévenus.

L'ambition clairement affichée du Chevalier Errant, en dehors de nous offrir un voyage à Westeros, est de nous expliquer, par le menu, comment fonctionnait un tournoi au moyen-âge. On y retrouve l'éphémère village de tentes chamarrées, la troupe de seigneurs et chevaliers de tous rangs, les règles de chevalerie, les combats souvent féroces ... Mais comme si cela restait insuffisant et comme, somme toute, nous sommes en Westeros, Martin y a ajouté un conflit personnel mettant en cause quelque prince d'une famille que les lecteurs du Trône de Fer connaissent bien et dont l'emblème figure un dragon. Ici, encore bien davantage que dans la série d'origine, la magie est totalement absente. Le récit revêt plus que jamais des allures de roman historique. L'humour y est toujours présent. Mais la mort rode toujours.
Force est d'admettre cependant que pour tous ceux qui n'ont pas lu Le Trône de Fer, il est parfois un peu (très) difficile de s'y retrouver dans cette litanie de noms de familles nobles du royaume. Mais c'est également ce clin d'oeil appuyé à la série qui va faire apparaître un sourire béat sur le visage des fans.
En tout état de cause ce Chevalier Errant est une bonne surprise. Ne serait-ce que pour le voyage qui nous est proposé au pays des Sept Couronnes.

Dans L'Epée Lige nous retrouvons donc Dunk et l'Oeuf. Ils sont au service de Ser Eustace Osgris. Celui-ci est le dernier représentant d'un famille autrefois importante mais qui a aujourd'hui perdu tout son lustre. Ici encore, le récit est prétexte à une histoire très didactique dans laquelle nous sont exposés quelques aspects de la vie quotidienne dans un domaine féodal.
Les querelles avec les voisins (qui cachent souvent un vrai souci de rester maître chez soi), les responsabilités du seigneur vis-à-vis de ses gens, la constitution d'une armée de paysans, comment les noms de famille sont attribués aux plus modestes, la justice ...
Et ici encore, et peut-être même davantage, l'humour est présent. Même et surtout dans les situations les plus dramatiques. Comme en témoigne du reste cet échange :

- J'aimerais autant n'avoir pas à vous tuer.
- J'aimerais autant n'avoir pas à mourir.

Il est en revanche bien moins nécessaire d'avoir une bonne connaissance de la série mère pour apprécier le texte. Même si un certain nombre de dialogues font allusion aux grandes familles du royaume et à leurs relations.

Au final, je dirais que ces deux textes s'adressent tout de même plus spécialement aux fans de la série. Les autres risquent d'être un peu perdus et de ne pas apprécier tout le sel de certaines situations.

Les critiques de mes potes du Cercle d'Atuan

vendredi 28 août 2009

Le Sorcier de Terremer - Ursula Le Guin

Duny est un jeune garçon qui vit sur l'île de Gont, réputée pour ses sorciers. Un jour, Duny découvre son talent pour la magie. Sa tante, la sorcière du village, décide de lui enseigner tout ce qu'elle sait, finalement bien peu de choses. Lorsque les Kargues, les voisins belliqueux, débarquent sur Gont, Duny parvient à en débarrasser l'île. Il est alors confié aux bons soins d'Ogion, un puissant mage, qui le baptise Ged, son nom secret, encore qu'il soit connu par le reste du monde sous le nom de l'Epervier. Tandis qu'il suit l'enseignement de son maître, Ged libère, à cause de sa vanité, une ombre maléfique qui ne cessera pas de poursuivre Ged. Quelle est la nature de cette ombre ? Ged en viendra-t-il à bout ?

Comment faire la chronique d'un monument de la fantasy ? Dire qu'on est resté insensible à la force du récit nous fait passer pour des béotiens. Et pourtant. Bien que le style soit très fluide, que le texte n'ait pas pris une ride en quarante ans, que le rythme soit soutenu, il manque un je-ne-sais-quoi au récit pour accrocher le lecteur. La faute déjà peut-être au rythme dont j'ai déjà parlé. Les évènements s'enchainent si vite qu'on a à peine le temps de s'installer dans l'histoire. Autre conséquence : les personnages manquent un peu de profondeur. Ged est au final peu attachant.
Il reste que le monde créé par Ursula Le Guin ne manque pas d'intérêt. Cet univers d'îles est original. Le système de magie est bien détaillé et possède une certaine vraisemblance.
J'avais déjà lu ce Sorcier de Terremer il n'y a pas si longtemps. J'en avais tout oublié et je n'avais jamais été pressé d'en lire la suite. Force est de constaté après cette seconde lecture qu'il y a si peu à se rappeler que l'oubli est compréhensible.
A lire donc pour compléter sa culture fantasy et aussi parce que la lecture en est agréable. Mais autrement, assez dispensable.

Chroniques des potes du Cercle d'Atuan: