vendredi 3 décembre 2010

Terreur - Dan Simmons

1845, Vétéran de l'exploration polaire, Sir John Franklin se déclare certain de percer le mystère du passage du Nord-Ouest. Mais l'équipée, mal préparée, tourne court; le Grand Nord referme ses glaces sur Erebus et Terror, les deux navires de la Marine royale anglaise commandés par Sir John. Tenaillés par le froid et la faim, les cent vingt-neuf hommes de l'expédition se retrouvent pris au piège des ténèbres arctiques. L'équipage est, en outre, en butte aux assauts d'une sorte d'ours polaire à l'aspect prodigieux, qui transforme la vie à bord en cauchemar éveillé. Quel lien unit cette « chose des glaces » à Lady Silence, jeune Inuit à la langue coupée et passagère clandestine du Terror ? Serait-il possible que l'étrange créature ait une influence sur les épouvantables conditions climatiques rencontrées par l'expédition ? Le capitaine Crozier, promu commandant en chef dans des circonstances tragiques, parviendra-t-il à réprimer la mutinerie qui couve ?

Si je devais citer un défaut de ce roman, ce serait sa longueur. Il est objectivement long. Près de sept cent pages. Et quand on le lit, comme moi, dans une période où on est peu disponible pour la lecture et qu'on y passe plus d'un mois et demi, il devient interminable. Pourtant, paradoxalement, impossible de dire que je me suis ennuyé, ne serait-ce qu'un peu. Chaque fois que je reprenais la lecture, à l'endroit même où je l'avais abandonné et parfois quelques jours plus tard (et cela devait m'arriver souvent tant le texte que je lisais à chaque étape était court), chaque fois je retrouvais le même plaisir. Le récit, autant vous le dire tout de suite, est extrêmement immersif.
À part ce défaut ( qui n'en est pas vraiment un, tant chaque moment du récit a sa place et manquerait s'il était absent) le roman ne possède que des qualités.
Lorsque l'histoire commence, les deux navires sont immobilisés sur la banquise. L'auteur nous explique comment s'organise l'équipage, jour après jour. Je pouvais craindre au début du livre que Simmons nous entraine dans une certaine routine des marins, qui plus est sur des bateaux pris dans les glaces. Pas question d'apprendre grand chose sur la navigation dans ces conditions. Mais il parvient à nous intéresser au quotidien de ces hommes parce qu'il aborde un nouvel aspect de la vie à bord des navires dans chaque chapitre. Sans compter que chacun de ces derniers est raconté suivant le point de vue de l'un des personnages. Rassurez-vous, nous ne passerons pas en revue les cent vingt-neuf membres d'équipage dans le roman, mais chaque catégorie a droit à son « porte parole » : officiers supérieurs, officiers subalternes, civils, matelots, mousses ... Et beaucoup, parmi ces personnages sortis du lot, se montrent très attachants comme : Irving, Goodsir, Peglar, Bridgens pour ne citer que quelques uns. Je n'oublierai pas non plus le formidable personnage du capitaine Crozier ou l'énigmatique Lady Silence. D'autres en revanche font de magnifiques crapules inquiétantes à souhait.
Outre la qualité des personnages que Simmons fait vivre, il faut souligner sa puissance d'évocation. Très vite, nous sommes littéralement transportés dans l'arctique et il est vivement conseillé de lire ce livre avec une doudoune et des gants (même si ce n'est pas pratique). Les conditions de froid extrême sont tellement bien rendues que l'on finit par avoir mal pour les malheureux marins. Mais très vite, aux conditions climatiques exceptionnelles, il faut ajouter d'autres problèmes, d'autres dangers. Des problèmes de nourriture d'abord. Les conserves (procédé assez nouveau à l'époque) sont en grande partie impropres à la consommation. Autre danger, le paysage très changeant et dans lequel il est facile de se perdre. Et dans l'arctique, se perdre est synonyme de mort inéluctable. Sans compter qu'une créature mystérieuse, une sorte d'ours gigantesque, rode autour des navires et tue les hommes qui ont le malheur de croiser sa route. Et comme si tout cela ne suffisait pas, la mutinerie menace. Le moindre danger pour l'homme n'est pas forcément l'homme lui-même.

− Comme si la nature n'apportait pas avec elle son fardeau de misère, dit soudain le Dr Goodsir. Pourquoi faut-il que les hommes cherchent à l'alourdir ? Pourquoi le genre humain, non content d'endurer la pleine mesure de malheur, de terreur et de mort que lui inflige le Seigneur, s'acharne-t-il à l'augmenter de sa part ? Pouvez-vous répondre à cela, monsieur Hickey ?

L'une des grandes forces du roman, à mon sens, est qu'alors que la situation de départ est déjà fort peu reluisante, les choses ne vont cesser de s'aggraver. Le plus souvent, dans les récits de terreur, les personnages nous sont présentés dans le quotidien d'une vie calme et tranquille voire nageant dans le bonheur intégral. Puis, lentement, les choses se dégradent. Tandis qu'ici, Simmons à fait le pari de partir d'une situation déjà catastrophique. Pourtant, le pire est à venir. Même si l'auteur ne nous épargne pas certaines scènes (presque) gores, il faut lui reconnaitre qu'il n'en abuse absolument pas.
Bien que le suspense ne soit pas, à proprement parler, insoutenable (le récit étant tiré d'une histoire authentique, nous savons comment cela finit), nous sommes pris par le talent de Simmons et nous nous surprenons à dévorer les pages pour découvrir ce qu'il advint à tel ou tel personnage. La fin que l'auteur a imaginé est assez conforme à ce que j'avais supposé, au moins dans les grandes lignes.
Un excellent roman donc, qui va vous plonger dans la Marine royale anglaise du XIXème siècle ainsi qu'au cœur de l'arctique. À lire absolument.

Autres opinions :
BiblioMan(u)
Nébal
Efelle
Gromovar
Salvek
SBM
Martlet
Papa Fredo
Les corbeaux

mercredi 17 novembre 2010

Le tag des 15

Naïf que je suis, je pensais que Guillaume et Gromovar étaient des copains. Ça ne les a pas empêchés, en tout cas, de me taguer honteusement. Moi qui était passé entre les gouttes jusque là. Et me voici donc contraint de vous livrer 15 auteurs qui comptent pour moi. Comme Gromovar, je les ai classés par ordre alphabétique. Ah, et puis comme lui, j'en ai mis 16. Na.

Honoré de Balzac
Découvert sur le tard, comme tous les classiques français, je me suis vite rattrapé et j'ai dévoré (presque) toute La Comédie Humaine. C'est pour moi l'une des très, très grande plume de la littérature française. Toute La Comédie Humaine, donc et en particulier Illusions perdues et sa suite Splendeurs et misères des courtisanes, Le père Goriot.

Charles Baudelaire
Si on ne doit lire qu'un recueil de poésie dans sa vie, autant que ce soit Les fleurs du Mal. Magnifique.

John Brunner
Un géant peut-être un peu oublié, délaissé. Tous à Zanzibar est une tuerie.

Agatha Christie
Bah quand même. C'est LA diva du roman policier. J'ai lu une bonne partie de ses œuvres étant jeune et j'ai relu la presque totalité, cette fois, il y a peu de temps. La mystérieuse affaire de Styles, Le meurtre de Roger Ackroyd, Le Crime de l'Orient-Express, Mort sur le Nil, Cinq Petits Cochons, Dix petits nègres ... tout en vérité.

Philip K. Dick
Un de mes premiers coup de cœur en SF de mon adolescence. Et il est vite devenu pour moi le Maître, bien, bien avant qu'il ne devienne à la mode. Ce dont je ne me plains pas. Dick, c'est la paranoïa élevée au rang d'un art. Ubik, Les andoïdes rêvent-ils de moutons électrique ? (Blade Runner) et pourquoi pas, un (excellent) roman de littérature blanche, Confession d'un barjo ?

Peter F. Hamilton
Je n'ai lu et terminé de lui, pour le moment, que L'aube de la nuit, mais ce roman fleuve vaut à lui seul 10 romans. Une histoire, un univers et des personnages exceptionnels.

Robin Hobb
La grande dame de la fantasy. Moi qui n'aime rien tant que les personnages réussis dans un roman je suis comblé avec cette auteure. L'assassin royal et Les aventuriers de la mer

Dennis Lehane
Je n'ai encore lu que peu de chose de cet auteur mais Shutter Island a été une vraie claque.

Georges R.R. Martin
Martin est tout simplement l'auteur de la meilleure œuvre de fantasy de tous les temps (si on excepte Le seigneur des anneaux), Le trône de fer.

Molière
Forcément. Je connais peu d'auteurs aussi talentueux, intelligents, intemporels. Si je ne devais citer qu'une seule de ses comédies se serait Le Misanthrope.

Edgar Alan Poe
Peut-on évoquer Baudelaire sans Poe ou vice-versa ? Lire tous ses contes fantastiques.

John Steinbeck
Le Zola américain moderne ? Un style percutant. Et en plus très abordable en version originale. Des souris et des hommes, incontournable.

J.R.R. Tolkien
Même si je n'ai lu de lui que Bilbo le hobbit et Le seigneur des anneaux il n'en demeure pas moins le père fondateur de la fantasy moderne.

Jules Verne
Mes années collège. J'ai quasi tout lu de lui à l'époque moi qui ne lisait pourtant pas. Vingt mille lieues sous les mers, L'île mystérieuse, Le tour du monde en 80 jours et tant et tant.

Emile Zola
On ne présente plus cet admirable observateur des hommes et des mœurs de son temps. Toute la série des Rougon-Macquart est à lire. Je distinguerais plus particulièrement Pot-Bouille et Au Bonheur des Dames, les romans les plus lumineux dans cette production très noire.

Stephan Zweig
Peut-être mon auteur préféré. Il n'a pas son pareil pour faire le portrait tant physique que psychologique d'un personnage. Il faut lire par exemple la (longue) description des mains d'un joueur dans un casino dans Vingt quatre heures de la vie d'une femme pour mesurer tout le talent de Zweig. Il a surtout écrit des nouvelles et de courts romans. Vingt quatre heures de la vie d'une femme, bien sûr, La peur, La confusion des sentiments, Le joueur d'échec

Je ne tague personne, toutes mes victimes potentielles ayant déjà été harponnées. Tiens ou alors peut-être Less et Estellou dont je ne me souviens pas qu'ils aient été choisis. Et bien entendu, tout ceux qui voudront se plier à l'exercice.

lundi 8 novembre 2010

Notations

Preuve que je n'abandonne pas imagine...erre, j'ai entrepris une refonte totale du système de notation. Je me suis inspiré pour se faire du système que j'ai choisi pour Noir et sans sucre.

1/5 : pas terrible, à éviter.
2/5  : bof. Pas mal mais peut mieux faire.
3/5 : bien. Des choses intéressantes.
4/5 : très bien. Une réussite.
5/5 : génial. Un chef-d'œuvre. 

Encore une fois, je ne suis pas fan des notes mais elles permettent une première approche convenable de mon appréciation.
Je suis en train de revoir toutes mes chroniques. Je demande humblement pardon à l'avance à tous ceux qui, comme moi, ont un agrégateur de flux qui affichent les billets modifiés : ils vont être noyés sous un déluge de mise à jour. Cela ne devrait pas durer très longtemps.
J'en profite pour améliorer mon index des critiques mais étant une page statique, elle n'apparait pas dans les agrégateurs.

mercredi 3 novembre 2010

Mon actualité - 03/11/2010

Fantasy : l'overdose
J'y faisais timidement allusion dans mes actus du 12 octobre mais cette fois-ci, c'est officiel : le divorce est quasi consommé entre la fantasy et moi. Bon, allez, disons qu'on va vivre chacun de son côté quelque temps. Prendre du recul. Faire le point.
Enfin, surtout moi. Parce que j'ai dans l'idée que la fantasy se porte très bien, avec ou sans moi. Merci pour elle.
Mais, décidément, ça devenait impossible. Trop de romans de fantasy me sont tombés des mains ces derniers temps. Je lisais des livres avec l'impression, tout de même pas banale, de perdre mon temps. J'avais de plus en plus le sentiment de tourner en rond, de relire sempiternellement la même chose. Ras le heaume des sorciers, dragons, guerriers et autres elfes.
Bon, j'y reviendrai peut-être. Sans doute. Ou pas. Il est vrai que j'ai dans ma bibliothèque encore pas mal d'ouvrages de fantasy à lire. Mais ils devront attendre.
Du coup j'avais décidé de redonner sa chance à mon genre de prédilection : la science-fiction. Quitte à relire les livres de ma jeunesse, la production actuelle étant plutôt maigre.
Puis mon épouse à décidé récemment de lire Shutter Island. Elle l'a lu et l'a aimé. J'ai alors pris la décision, toutes lectures cessantes, de suivre son exemple et même de me replonger sans retenue dans un autre genre qui recueille tous mes suffrages : le polar.
D'où le petit article qui suit ...

Le nouveau blog d'Arutha
J'ai pris la décision après quelques hésitations (3 minutes) d'ouvrir un nouveau blog consacré cette fois tout entier au polar.
J'ai bien conscience se faisant de perdre dans cette nouvelle aventure une partie de ceux qui me faisaient l'amitié de suivre mes délires dans imagine...erre. Il peut en effet être vite soulant de rajouter encore une url à son agrégateur de flux déjà bien chargé. Mais d'un autre côté, je trouvais important de donner une meilleure visibilité à mes lectures policières.
Je ne fais pas des blogs pour avoir un public (même si j'apprécie toujours vos commentaires) mais juste pour le plaisir. Pour moi mon blog (mes blogs) sont un peu comme des bouteilles à la mer. Ce n'est pas si grave s'ils n'abordent jamais aucune plage où quelqu'un pourra en prendre connaissance.

Si vous souhaitez un coup d'œil à mon nouveau bébé c'est ici que ça se passe :

jeudi 21 octobre 2010

Le millième de Planète SF

Planète SF fête son millième article. Pour ceux qui l'ignoreraient encore, ce site regroupe les blogs francophones traitant de SF, fantasy et fantastique.
On y retrouve déjà tous ceux-là :


Alors n'hésitez pas, venez nous lire, rejoindre nos troupes, visiter notre forum et vous y inscrire tant que vous y êtes.

Une seule adresse :

mercredi 20 octobre 2010

Mon actualité - 20/10/2010

Lectures du moment :

Après avoir lu le premier roman des Chroniques de l'Empire de Georges FOVEAU sans déplaisir, j'ai dû déclarer forfait pour le second. Le livre me tombant des mains, je n'ai pas jugé utile de m'obstiner.
La place, encore chaude, a été prise, avec beaucoup plus de succès, par le tome 2 du Prince du Néant de R. Scott BAKKER.
J'ai également attaqué Terreur de Dan SIMMONS. Et ce que j'en ai lu pour le moment m'a semblé plus que prometteur.

PàL et LàL :

J'ai autorisé les commentaires sur la page Pile à Lire ainsi que sur les pages de l'Index des Critiques et Lectures. C'était un oubli de ma part depuis que j'ai créé ces pages statiques en lieu et place des billets traditionnels.
J'ai également décidé d'ajouter un lien vers la chronique (quand elle existe) qui m'a incité à ajouter un livre dans ma liste à lire. Je tâcherais de mettre à jour, aussi vite que possible, c'est à dire avant une décennie, les ouvrages les plus anciens de la liste.
Premier « hommage » à Ryû pour Canisse d'Olivier BLEYS. Merci à elle et à tous les autres de me faire découvrir de nouvelles choses constamment.

vendredi 15 octobre 2010

Le Goût de l'Immortalité - Catherine Dufour

J'avais réalisé une première chronique de ce livre en avril 2009. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'avais pas vraiment accroché (cliquez-ici). Mais comme je l'expliquais alors, j'étais certain de redonner une seconde chance au roman. Aussi, lorsque la lecture commune du Cercle d'Atuan a été l'ouvrage de Catherine Dufour, j'ai sauté sur l'occasion pour me refaire une nouvelle idée à son sujet. J'ai un credo : « ne jamais dire d'un livre qu'il ne nous plait pas sans avoir essayé de le lire ». Eh bien je vais encore plus loin en relisant un livre que je n'ai pas aimé (et pas fini surtout). Et bien m'en a pris.
Peut-être que le fait de faire une lecture collective, jalonnée et étirée sur un mois est pour quelque chose  dans l'engouement que j'ai éprouvé cette fois-ci. Une lecture collective permet d'échanger des réflexions et d'éclairer des zones d'ombre. Bien utile lorsque tout n'est pas immédiatement clair dans un récit. S'imposer des étapes permet de ne pas aller trop vite, de prendre son temps pour digérer une partie avant de s'attaquer à la suivante. Enfin, une lecture sur un mois permet de prendre son temps, de lire sans précipitation.
Et toutes ces conditions sont bien utiles lorsqu'on s'attaque à un roman comme celui-ci. Comme je l'indiquais dans ma première chronique, le texte est exigeant, mais alors que cela m'agaçait à l'époque j'ai pu apprécié cette fois un style taillé dans le diamant. Des constructions de phrases, d'idées pas banales, des pensées qui font mouche, du bonheur. On a souvent l'impression de lire de la littérature blanche et cette impression est renforcée par le fait que, même les éléments appartenant au futur sont présentés de telle façon qu'on ne les appréhende plus comme futuriste. La forme épistolaire est pour beaucoup aussi dans le sentiment d'intemporalité qui s'élève de la lecture. La narratrice fait de plus d'incessants allers-retours entre son passé et son présent.
Malgré tout, le roman est un véritable ouvrage de Science-Fiction. Que les fans du genre soient rassurés. On peut sans aucun doute trouver plusieurs clés de lecture. Moi j'y ai vu essentiellement un plaidoyer écologiste assez noir. Le ton n'est jamais moralisateur, militant, prosélyte. Le texte n'a rien d'un tract ennuyeux, culpabilisant. L'auteure, à travers la narratrice, dresse simplement le portrait consternant du monde tel qu'elle l'imagine. Et sans faire trop d'effort, on admet volontiers que cette vision est possible pour ne pas dire probable. La longue lettre de la narratrice est à voir comme un message venu du futur et qui nous dirait : « Vous faites comme vous voulez, je ne vous oblige pas à vous préoccuper de la planète, mais voilà à quoi elle pourrait bien ressembler si vous ne faites rien. »
De fait, ce monde-là ne fait pas trop envie. La plupart des espèces animales ou végétales ont disparues. Quand on voit la vitesse à laquelle elles disparaissent en effet sous nos yeux, rien de bien étonnant. C'est à tel point que la narratrice met des majuscules à tous les noms d'animal ou de végétal et les supprime à tous les noms d'humain et de ville. Un dernier hommage peut-être à ce qui a disparu et l'affichage de son mépris envers le responsable ?
Au niveau social, l'univers décrit n'est pas mieux loti. Les plus fortunés habitent dans les étages supérieurs de gigantesques tours, des sortes de monades urbaines (hommage à Silverberg (1) ), tandis que les plus modestes occupent les premiers étages. Quant aux miséreux, aux marginaux, aux nouveaux pestiférés, ils sont relégués aux sous-sol où ils tentent de survivre tant bien que mal. Entre les deux, c'est à dire au niveau du sol, le no man's land.
Je pourrais probablement vous parler du livre pendant des pages mais en réalité, il est proprement inracontable. Il ne peut s'apprécier qu'à la lecture, mes tentatives pour vous faire partager le plaisir que j'ai eu à le lire ne pourront qu'être vaines. Alors, si j'ai un conseil à vous donner, si vous tentez l'aventure, c'est de prendre votre temps pour bien savourer chaque phrase, chaque mot. Et de lire dans le calme. Ce texte ne supporte pas la moindre baisse de la concentration. Mais pour ceux qui sauront le savourer, quel bonheur !

Impossible de parler de ce roman sans citer quelques phrases :

La réalité se laisse moins mal regarder, mais elle est pire.

Ce n'est pas un sujet qui peut se passer de mensonge.

Tenir dans une case, c'est toujours faire partie de l'humanité.

Vieillir c'est simplifier.

Pour eux, un spectre n'est qu'un signe extérieur de richesse: il prouve surtout qu'on a les moyens de mettre un château autour.

La vie est une drogue terrible.

Quatrième de couverture :
Mandchourie, en l'an 2213 : la ville de Ha Rebin dresse des tours de huit kilomètres de haut dans un ciel jaune de pollution. Dans les caves grouille la multitude des damnés de la société, les suburbains. Une maladie qu'on croyait éradiquée réapparaît. Cmatic est chargé par une transnationale d'enquêter sur trois cas. Une adolescente étrange le conduira à travers l'enfer d'un monde déliquescent, vers ce qui pourrait être un rêve d'immortalité. Mais vaut-il la peine d'être immortel sur une Terre en perdition ?

Ils en parlent :

(1) Je ne saurais trop vous conseiller de lire Les Monades Urbaines de Robert Silverberg.

jeudi 14 octobre 2010

Les Noctivores - Stéphane Beauverger

Chromozone 2

Je craignais, avec ma mémoire de poisson rouge, de ne rien comprendre à ce deuxième volet, tant j'avais peu retenu de détails du premier. Il ne m'en restait en effet que la trame générale, une ambiance, une impression globale. Mais heureusement, il n'en a rien été. Et j'y vois là une volonté délibérée de l'auteur de nous offrir, à chaque opus, un roman quasi autonome. Alors, bien sûr, les personnages sont restés les mêmes, mais huit ans se sont tout de même écoulés ce qui leur a laissé le temps de changer de vie. De plus, ce deuxième épisode débute avec un tout nouveau personnage, dont nous ne connaissons rien et qui pourrait même nous faire penser que nous sommes en train de lire une tout autre histoire. Jusqu'à ce que, petit à petit, les personnages qui ont survécu au premier volet, réapparaissent. Alors, bien sûr, si on se rappelle les avoir déjà rencontrés et qu'on a un vague souvenir de leur personnalité, on peut avoir oublié leurs faits et gestes ainsi que leur implication dans l'épisode précédent. Mais ces lacunes n'entravent en rien la compréhension de l'histoire ou le plaisir de la lecture.
Toute l'histoire cette fois-ci tourne autour du nouveau personnage qui ouvre le bal, Cendre, un petit garçon aux pouvoirs inquiétants. Et tout le livre va tourner autour des tentatives de diverses factions toutes aussi déterminées, pour s'emparer de l'enfant voire le supprimer. Bien entendu, chaque faction a à sa tête l'un des personnages phares du premier volume.
L'intrigue est donc beaucoup plus simple à suivre que dans le tome précédent. On peut en effet la résumer à un jeu du drapeau mortel où le rôle du drapeau serait tenu par Cendre. Mais même si le scénario ne semble pas très épais, on prend un réel plaisir à lire ce livre qui est, avant tout, un bon roman d'action et d'aventure. Agrémenté, qui plus est, d'une galerie de personnages tous plus inquiétants les uns que les autres. Le tout servi, encore une fois, par un style fluide et plaisant.
J'aime toujours autant ce que fait Stéphane Beauverger.

Pour lire ou relire la chronique du premier volet, cliquez-ici.

Quatrième de couverture :
Huit ans après les massacres de Marseille, Khaleel, le prophète phéromonique, s'est coulé dans son blockhaus et a réussi à juguler le virus le plus sauvage jamais répandu. Peter Lerner, depuis sa tour d'ivoire hanséatique, lâche ses noctivores sur le monde. Les deux prophètes se disputent leur messie : Cendre, cet enfant déjà trop grand, qui foudroie les pauvres malades atteints du Chromozone et pourrait façonner le futur. L'affrontement aura lieu. Chacun déterminé à vaincre. Et pourtant : il est peut-être temps d'en finir avec la violence.
Confirmant le talent de Stéphane Beauverger, Les noctivores poursuit brillamment ce triptyque prophétique et cataclysmique démarré avec Chromozone et qui trouve sa conclusion dans La cité nymphale.

mercredi 13 octobre 2010

Premier et Unique - Dan Abnett

Les fantômes de Gaunt - Warhammer 40.000

D'aucuns diraient qu'il s'agit de littérature de gare. Et je ne saurais les démentir. Pourtant, et si vous me passez cette métaphore culinaire, on peut apprécier un plat gastronomique et raffiné et savourer, à d'autres moments, un simple sandwiche. Même si certains de ceux-ci peuvent être fait avec du pain rassis, du jambon avarié ou du beurre rance (quand ce n'est pas tout cela à la fois). Et Dan Abnett, sans être un chef étoilé, nous sert un petit plat qui n'a à rougir ni de son aspect, ni de sa texture, ni de son goût.
Le style de l'auteur n'a rien d'indigent. La plupart du temps, dédié à l'action, il est plutôt lapidaire. C'est évident. Mais cela n'empêche pas certains passages descriptifs où on sent bien la volonté de l'auteur de ne pas céder à la facilité.
Quant à l'histoire et ses personnages, ils remplissent parfaitement leur fonction : nous divertir. Le fond ne manque pas d'originalité ou, du moins, d'intérêt. Ce régiment, surnommé les Fantômes de Gaunt, constitué des derniers survivants de leur planète, Tanith, a quelque chose d'assez poignant. Et parce qu'il est le premier régiment constitué de Tanith et qu'il est également, par la force des choses, le dernier, il prend ce nom de Premier et Unique régiment de Tanith. Cette série lui est toute entière dédiée et nous permet de faire la connaissance de plusieurs éléments du régiment, de son chef, le commissaire impérial Ibram Gaunt, jusqu'au plus simple des soldats. Et nous allons découvrir bon nombre de personnages très divers et aux personnalités très marquées. Certains pour peu de temps, le taux de mortalité dans le groupe étant, en toute logique compte tenu de son engagement, particulièrement élevé.
Si le début des aventures pouvait me faire craindre le pire, la suite parvient à nous tenir en haleine et ce jusqu'au bout. Nous commençons en effet et sans réelle surprise par des combats qui se prolongent un bon moment. J'ai le souvenir de ma première et unique (humour !) tentative de lire des romans de la série Lancedragon. Ce n'était que combats suivis de combats eux-mêmes suivis de combats et ainsi de suite ad nauseam. Comme quoi, même une œuvre éloignée de toute considération intellectuelle peut se révélée soulante. Mais ici, non seulement les scènes de combat sont maîtrisées, réussies et particulièrement prenantes mais elles ne durent que le temps nécessaire à ne pas devenir pénibles. Ensuite nous entrons dans une phase de complot que Gaunt va tenter de faire échouer. Et dans cette tâche, le héros n'hésite pas à faire davantage travailler sa tête que ses muscles. J'avoue que, par instants, je n'ai pu m'empêcher de faire un parallèle entre Gaunt et Mike Vorkosigan (de la Saga Vorkosigan de Loïs McMaster Bujold). Même si le premier n'a rien du nabot difforme qu'est le second et s'il n'a pas exactement son intelligence. Mais il y a quand même un peu de ça. 
Alors certes, on pourra reprocher à Abnett de n'avoir pas ajouté l'humour qui fait tant pour le succès des aventures de Vorkosigan. Tout est ici assez premier degré. J'ai pu également déploré qu'on ne découvre pas suffisamment le monde dans lequel évolue les personnages. Le récit reste assez ancré sur eux et leurs faits et gestes. On apprend somme tout fort peu de choses de l'empire, de l'empereur, des inquisiteurs, des commissaires eux-mêmes, dont Gaunt fait partie.
Dans l'ensemble, ce premier épisode de la série tient toutes ses promesses et pourrait bien représenter le modèle de la saga que j'ai toujours rêvé de découvrir. A savoir une série située toujours dans le même univers, avec des personnages récurrents et attachants, une aventure dans chaque roman et pas un interminable feuilleton fleuve et pas écrit avec les pieds.
Pour moi une réussite dans un genre mineur.

La chronique de Guillaume.

Petite note annexe : j'ai donné à ce roman la note de 3/5. Il aurait, dans sa catégorie, mérité un 4, sans doute. Mais le genre auquel il appartient reste mineur et je peux difficilement lui attribuer la même note qu'à des romans de Card, Hamilton, Vance ou autres Wilson. Ces derniers ont pour eux d'avoir une touche personnelle que le roman d'Abnett n'a pas s'agissant d'un produit sous licence.
En même temps, les notes on s'en fout. Ce qui compte, c'est ce que je dis des ouvrages.

Quatrième de couverture :
Dans un lointain futur déchiré par la guerre, la Croisade des Mondes de Sabbat vient de commencer. L'Imperium a lancé ses légions de gardes impériaux contre les forces du Chaos, et doit remporter la victoire, quel qu'en soit le prix. Le commissaire impérial Ibram Gaunt et les hommes du Premier et Unique de Tanith se retrouvent pris dans une situation où de nombreuses forces tentent de s'approprier l'un des plus grands secrets de l'univers. Les Fantômes de Gaunt parviendront-ils à protéger l'Humanité de l'une de ses plus terribles menaces ?

mardi 12 octobre 2010

Mon actualité - 12/10/2010

Mes dernières acquisitions.

Les Fantômes, tome 2 de la série des Fantômes de Gaunt de Dan ABNETT dans la collection Warhammer 40.000.
L'ascension d'Horus, tome 1 de L'Hérésie d'Horus toujours de Dan ABNETT, toujours dans la collection Warhammer 40.000.

Ça c'était samedi. Je cherchais de la Science-Fiction parce que je commence, lentement mais sûrement, à faire une indigestion de fantasy. Mais allez trouver un roman de S.F. au rayon des nouveautés dans l'amoncellement de livres de fantasy d'auteurs pour la plupart inconnus et aux titres interchangeables et peu engageants ? Du coup je me rabat sur Warhammer 40k. Ce n'est certes pas de la grande littérature, mais elle remplit sa mission parfaitement. Et puis, ce n'est pas comme si les auteurs de SFFF étaient tous des écrivains de talent. Dan Abnett en vaut largement beaucoup d'autres.

Bloodsilver de Wayne BARROW (alias Xavier MAUMÉJEAN et Johan HÉLIOT)
Gradisil d'Adam ROBERTS
Ça c'était aujourd'hui. Bloodsilver parce qu'il s'agit de la lecture du mois de novembre du Cercle d'Atuan. Gradisil parce qu'il était dans ma liste à lire suite à la chronique de Ryuuchan.

Chroniques à venir

Il va vous falloir être patients parce que, une fois de plus, une flemme énorme s'est emparé de moi.
Premier et unique de Dan ABNETT (justement)
Chromozone 2 de Stéphane BEAUVERGER
Le goût de l'immortalité de Catherine DUFOUR (une nouvelle chronique très, très éloignée de la première)
Étoiles, garde-à-vous de Robert HEINLEIN

Lectures du moment

Les chroniques de l'empire, tome 1 de Georges FOVEAU. Il s'agit d'une nouvelle publication en deux tomes chez Folio de quatre romans de Georges FOVEAU : La Marche du Nord, Un Port au Sud (premier tome), Les Falaises de l'Ouest, Les Mines de l'Est (second tome). Plutôt une bonne surprise. Je n'avais jamais au grand jamais entendu parler de l'auteur et de ses œuvres. 

Le monde vert de Brian ALDISS. De la S.F. de papa qui donne plus dans le merveilleux que dans le crédible.

Et toujours The Picture of Dorian Gray d'Oscar WILDE décidément parfaitement lisible pour le mauvais élève en anglais que j'étais.

samedi 9 octobre 2010

Manitou - Graham Masterton

Mon édition française de Manitou (Milady) a une particularité : deux fins différentes. J'ignore s'il en est de même d'autres éditions voire de toutes. La première fin présentée n'est paradoxalement pas la fin originale. Il s'agit en réalité de celle concoctée par l'auteur suite à la demande de son éditeur américain que la première mouture ne satisfaisait pas. La seconde est donc la fin originale, publiée en Grande-Bretagne.
Ce n'est rien de dire que celle des deux que j'ai le moins appréciée est la première, celle destinée aux lecteurs d'outre-atlantique. Je l'ai trouvée d'un ridicule qui frôle le pathétique. Déjà lorsque l'un des personnages nous explique que non seulement tous les êtres vivants possèdent un manitou ( un esprit, une âme ), mais également les objets : stylos, machines à écrire, je dois avouer une petite réticence. Mais je me reprends vite. Qui c'est le boss sinon l'auteur lui-même ? S'il décide que les poignées de porte, les tournevis ou les moules à gaufres ont une âme, qui suis-je pour le contredire ? Mais là où ça se complique, c'est lorsque le héros utilise le manitou d'un objet qui symbolise le dernier cri de la technologie de l'époque pour combattre le sorcier maléfique. Je me garderais bien de vous révéler de quoi il s'agit pour ne pas vous gâcher le plaisir (plaisir ?) de la découverte au cas où vous souhaiteriez tenter l'aventure. Bien sûr, d'autres auteurs ont donné une intelligence à des objets divers et variés (poupées, voitures ... ) mais la façon dont Masterton présente la chose m'a donné alternativement envie d'éclater de rire et de grincer des dents. On comprend mieux quand on sait que cette fin a été écrite a posteriori.
La fin « britannique » est un poil plus réussie. Du moins, moins ridicule. Mais pour le coup, elle est aussi moins dynamique. Elle est plus courte et il y a moins d'action. Et la chute fait irrémédiablement penser à une autre fin d'un certain H.G. Wells, ce dont Masterton ne se cache pas, il faut le reconnaître.
De fait, il n'y a guère que le tout début du roman qui se laisse lire avec un certain plaisir. En fait, dès l'apparition du sorcier, le récit perd de son intérêt. 
J'ai même pu constater certains travers qu'a dénoncés Gromovar dans sa chronique sur Le Portrait du Mal du même auteur. Notamment cette facilité déconcertante qu'ont certains personnages (et censés être des scientifiques) a accepter le surnaturel comme allant de soi. J'ajouterai que la galerie de personnages d'un roman est presque parfaitement interchangeable avec celle du second. 
Et si Masterton écrivait sans cesse la même histoire en modifiant quelques détails ici ou là ? C'est un peu l'impression que j'ai eu après ces deux expériences. Mais à tout prendre, je crois que j'ai quand même préféré Le Portrait du Mal. Peut-être tout simplement parce qu'il s'agissait du premier que je lisais.
Reste qu'au niveau des qualités qu'on peut reconnaître à Masterton c'est la facilité avec laquelle on peut lire ces romans. Même si on peut déplorer que, en contrepartie, le style ne soit pas son fort.
Pas certain qu'on me reprendra à lire cet auteur. Dommage, parce que j'ai encore deux de ses livres cachés quelque part. Bon, on va dire qu'ils sont à mon épouse (qui a renoncé à les lire) et de toute façon, ils ne sont pas dans ma pile à lire. Officiellement, j'entends.

Quatrième de couverture :
Chaque nuit, Karen faisait d'épouvantables cauchemars. Chaque matin, la tumeur qui déformait son cou était un peu plus grosse. Une tumeur inopérable qui laissait les médecins perplexes et qui bougeait imperceptiblement, comme s'il y avait eu quelque chose de vivant sous la peau.
Quelque créature diabolique qui ne rêvait que d'effroyables massacres. Pour Misquamacus, le vieux sorcier indien, l'heure était enfin venue de se venger de l'Homme blanc qui avait exterminé son peuple. Une revanche qu'il attendait et préparait depuis plusieurs siècles...

mercredi 29 septembre 2010

Mon actualité - 29/09/2010

Lectures en cours :


Je viens d'achever Les seigneurs des runes, tome 3 de David FARLAND, mais je ne ferai une chronique que pour l'ensemble de la tétralogie.

Je suis sur le point de terminer la lecture de Étoiles, garde-à-vous ! de Robert HEINLEIN. Je suis assez étonné par ce que j'ai lu. Mais j'aime plutôt bien.

Afin de tester une lecture sans livre papier, je tente de lire sur mon vieux Palm, en principe pas vraiment fait pour ça, un ebook libre de droit, The Picture of Dorian Gray d'Oscar WILDE. Au bout de quelques paragraphes, je m'aperçois et d'une que la lecture sur un aussi minuscule écran est tout de même faisable (il va vraiment falloir que je teste une vraie liseuse) et de deux que l'anglais de WILDE semble tout à fait à ma portée. Je trouve le style magnifique et le vocabulaire tout à fait accessible. Et si c'était ça le talent, tout simplement ?

Enfin, je viens d'entamer la lecture de Premier et Unique de Dan ABNETT dans la collection Wathammer 40.000. Pas désagréable du tout même si, pour le moment, je suis noyé sous des tonnes d'informations nouvelles.

lundi 20 septembre 2010

Mon actualité - 20/09/2010

Quadrant Alpha, c'est fini :
La nouvelle n'est plus très fraiche, mais elle est toujours aussi désespérément vraie : El Jc interrompt l'activité de son blog Quadrant Alpha. Celui-ci avait vu le jour à peu près en même temps que le mien mais il était devenu (contrairement au mien) une référence incontournable de la blogosphère de l'imaginaire. Toutes celles et tous ceux qui appréciaient les chroniques pertinentes, intelligentes, sensibles d'El Jc, et nous sommes nombreux, ne pourront que déplorer cette fin d'émission. En revanche, nous nous réjouissons tous des changements positifs qui ont amené notre ami à prendre cette décision, certainement douloureuse. Bon vent à toi, frérot cosmique et à bientôt dans la vraie vie et dans l'autre aussi.

Dernières acquisitions :
Ubik de Philip K. DICK
Arlis des forains de Mélanie FAZI
Premier et Unique (Warhammer 40.000) de Dan ABNETT

Bon,Ubik c'est à cause de (grâce à) El Jc et de sa chronique. Ce roman est l'un de mes préférés de Dick. Je l'ai lu deux fois, ce qui est (était ?) rare. Et je l'ai égaré (perdu ?) deux fois. Ce qui est exceptionnel. D'où ce troisième et j'espère dernier achat.
Arlis des forains je l'ai pris parce que, même si je n'avais pas vraiment apprécié Serpentine du même auteur, j'avais beaucoup aimé son style. Et puis je ne suis pas très amateur de nouvelles. J'imagine que ce roman devrait beaucoup plus me convenir.
Quant à Premier et Unique, cela fait partie de mes envies, rares mais tenaces, de me plonger dans ces romans dits sous licence, dérivés de films, de série télévisées, de jeux etc. écrits le plus souvent par différents auteurs et qui, de mon point de vue, s'approchent davantage des romans de gare que de la grande littérature. J'avais essayé il y a quelque temps Lancedragon, sans succès. Nous verrons bien ce que cela vaut.

Lectures en cours :
Dans le cadre de la lecture du mois du Cercle d'Atuan, nous lisons Le goût de l'immortalité de Catherine DUFOUR. Le moins qu'on puisse dire, c'est que je n'avais pas aimé ma première tentative mais je suis aujourd'hui mieux disposé et sous le charme de la langue de l'auteure.
Mon livre de chevet est Les seigneurs des runes, tome 3 de David FARLAND. De la bonne fantasy d'action pas prise de tête et agréable à lire.
Mon livre de salon est Chromozone, tome 2 de Stéphane BEAUVERGER. J'ai un peu oublié le premier tome, mais, pour le moment, ce n'est pas gênant du tout. C'est toujours aussi plaisant à lire. Que du bonheur.

Mon blog :
Il a subit quelques modifications ces temps-ci. Vous trouverez notamment maintenant les Pile à lire, Index des critiques et autres Lectures du moment sous forme de pages statiques accessibles par le menu en haut de page.
Le reste des liens à été déplacé dans le pied de page. Pour y accéder plus facilement, dorénavant un seul billet (le dernier forcément) sera visible sur ma page d'accueil.

Les derniers billets :
Le cinquième et dernier volume de la Geste des Princes-Démons de Jack Vance.
Le prince du néant, tome 1 de R. Scott Bakker.
Blind Lake de Robert Charles Wilson.

À venir, une chronique de Manitou de Graham MASTERTON qui m'a laissé un sentiment plutôt mitigé. Ça frise la déception.

jeudi 16 septembre 2010

La Geste des Princes-Démons, volume 5 - Jack Vance

Le Livre des Rêves
Eh bien nous voilà donc parvenus au bout de l'aventure avec ce cinquième et dernier volet. Je ne cache pas un petit pincement au cœur de devoir quitter Kirth Gersen et sa redoutable quête.
Cet ultime opus est semblable aux précédents. Gersen cherche à retrouver un tueur dont il ne connait pas le visage. Une fois encore, c'est un peu par hasard qu'il découvre sa trace. Mais, une fois n'est pas coutume, il parvient très tôt dans le roman à identifier sa cible. Ce qui nous vaut des affrontements assez plaisants entre les deux hommes.
Et c'est sans doute ce qui fait de cet épisode final mon préféré. Dans la mesure où les adversaires sont pour une fois très vite face à face, le récit acquiert plus de rythme.
Pour le reste, le roman utilise les mêmes ingrédients qui font pour une grande part le succès de la série. Il y a toujours une jolie fille, plus ou moins dangereuse, une sorte de Kirth Gersen's girl. Il y a toujours des poursuites à travers l'espace. Et surtout, surtout, toujours les mêmes découvertes de mondes directement issues de l'imagination débordante de Vance.
Car s'il est une chose, dont je n'ai sans doute d'ailleurs pas assez parlé, commune à chacun des tomes et qui font une grande partie de l'intérêt de lecture, c'est bien la création de planètes non seulement dans leurs caractéristiques géo-physique, zoologiques ou botaniques, mais aussi dans les populations qui les habitent et leurs lois et coutumes.
Les sociétés que Vance invente et nous fait découvrir non sans humour, sont toutes plus farfelues les unes que les autres et en même temps extrêmement terrifiantes. Farfelues, parce que les lois qui les régissent et leur application sont tellement caricaturales qu'elles nous font sourire. Terrifiantes, parce que dans leur désir sans frein de mettre en œuvre leurs principes moraux, elles prennent des allures de dictatures parfaitement crédibles. Ce sont des mondes peuplés de clowns méchants et dangereux, en quelque sorte.
De ce point de vue, ce dernier volet est assez caractéristique. L'une des sociétés que Gersen visite n'est pas sans rappeler quelques communautés rigoristes dont les Etats-Unis ont le secret (Mormons, quakers, amish ...), quant à la seconde, un monde entier transformé en réserve naturelle, elle nous montre les excès du tout pour l'écologie, où l'humain ne trouve même plus sa place.
Un cinquième et dernier roman tout à fait réussi, donc, et qui contient en lui peut-être le meilleur de tous les autres. Quoi qu'il en soit, voilà une série qui
aura été particulièrement plaisante à lire. Même si tout n'y est pas crédible. C'est juste de la Science Fiction pour rire et qui ne prend pas la tête une seconde tout en nous entrainant loin, loin, si loin.

Quatrième de couverture :
La Geste des princes-démons est une terrible histoire de vengeance, celle d’un homme seul, Kirth Gersen. Mais c’est aussi et peut-être surtout un inoubliable voyage à travers la Galaxie, ses peuples, ses civilisations, ses paysages, ses coutumes et ses trafics, aussi inépuisablement variés que l’imagination de Jack Vance. 
Dans Le Livre des Rêves, Gersen va affronter le plus subtil de ses ennemis, Howard Alan Treesong. 
Le plus grand criminel de tous les temps intrigue pour devenir Coordinateur Suprême de la Police Galactique. 
Du coup, l’appétit de vengeance de Gersen se mue en mission de salubrité publique. 
Après Le Prince des étoiles, La Machine à tuer, Le Palais de l’amour et Le Visage du démon, Le Livre des Rêves est le cinquième et dernier volume du plus célèbre cycle de Jack Vance, La Geste des princes-démons.

vendredi 10 septembre 2010

Lecture(s) du moment

  • Chromozone, 2 - Stéphane Beauverger
  • Manitou - Graham Masterton
  • Le Goût de l'Immortalité (Lecture de septembre du Cercle d'Atuan) -
    Catherine Dufour

Le Prince du Néant, tome 1 - R. Scott Bakker

Autrefois les ténèbres

Le Mot de l'éditeur :
Une Guerre Sainte est en marche dans un monde divisé entre magie et religion. Trois hommes que tout sépare devront inverser le cours des choses pour éviter une nouvelle Apocalypse : Achamian, un sorcier-espion, enquête sur le chef suprême des Mil Temples, une caste religieuse puissante, opposée depuis des siècles aux castes des sorciers ; Cnaiür, chef des barbares Scylvendi, d'une violence et d'une brutalité hors du commun, voit son passé sinistre resurgir ; et enfin Anasûrimbor Kellhus, un moine mystérieux, descendant des anciens rois est la recherche de son père.
Face à eux : la Consulte, une étrange créature légendaire qui œuvre avec les sorciers au cœur même de la Guerre qui s'annonce.

Je confesse avoir été très inquiet lorsque j'ai entamé la lecture de ce livre. Le prologue est en effet rédigé dans un style particulier qui rend parfois la compréhension du texte malaisée. Il est à la fois poétique, philosophique, lyrique, en un mot très littéraire et certes magnifique mais malheureusement un peu confus. Mais plus que le style, c'est le ton qui rend le texte difficile d'accès. On a souvent davantage le sentiment de lire les impressions, les réflexions parfois complexes des personnages qu'un récit traditionnel d'évènements. Ajoutons à cela une entrée de plain-pied dans un univers qu'on soupçonne riche mais qui nous est totalement inconnu et nous aurons une idée de la difficulté de cette entame.
Fort heureusement, l'impression ne dure pas et dès le premier chapitre, nous assistons à une rupture sensible du ton qui, même s'il demeure littéraire, est beaucoup plus accessible. Et nous avons enfin le sentiment que l'histoire commence.
Elle s'articule essentiellement autour de quatre personnages principaux d'une importance telle qu'ils sont à l'origine (au moins pour trois d'entre eux) de l'intitulé de trois des cinq parties de ce premier tome. Le sorcier, la catin et le guerrier (les deux autres parties étant : l'empereur et la guerre sainte).
Le sorcier c'est Drusas Achamian. Les sorciers sont regroupés en ordres, en communautés appelés scolasticats. Achamian est un scolastique du Mandat. Cette académie de sorciers est la seule à croire à l'existence et à vouloir combattre la Consulte, une menace qui pèse sur l'humanité toute entière et qui n'est pour tous les autres qu'une légende. On ne saura pas grand chose sur cette Consulte, le mystère qui l'entoure étant complet ce qui la rend plus terrifiante encore.
Esmenet est une prostituée (la catin) amie d'Achamian dont elle est secrètement amoureuse. Le guerrier c'est Cnaiür, un barbare scylvendi, un peuple semi-nomade de cavaliers qui n'est pas sans rappeler les mongols. Il est courageux, impitoyable, intelligent. Redoutable.
Et puis il y a Anasûrimbor Kellhus, sans doute mon préféré même si tous les personnages principaux ont quelque chose d'attachant, chacun à leur manière. C'est une sorte d'érudit. Un homme de grand savoir et de grand pouvoir. Ses connaissances inclues l'art du combat ce qui en fait un guerrier exceptionnel. C'est une sorte de moine-combattant errant, un prêtre shaolin voyageur. Un autre  Kwai Chang Caine (1).
À ces quatre premiers personnages on pourra ajouter un empereur stupide, un général émérite, un prince ambitieux, un pontife illuminé ... Tous vont se retrouver liés par un évènement majeur d'une portée quasi mondiale : la Guerre Sainte. Une sorte de Croisade revue et corrigée par l'auteur. Tout y est jusque dans certains détails troublants. Le chef religieux, instigateur de cette Guerre Sainte est Maithanet, l'équivalent d'un pape. Sa religion est d'ailleurs fortement inspirée du christianisme, à n'en point douter. Son prophète est Inri Séjénus. Inri, comme l'inscription qu'aurait fait apposer par raillerie Ponce Pilate sur la croix du Christ. Inri comme Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum (Jésus de Nazareth, Roi des Juifs (Judéens)). Quant à Séjénus c'est un quasi anagramme de Jésus. La Guerre Sainte, elle, consiste en la conquête de territoires et en particulier d'une ville sainte, Shimeh, dont le nom peut évoquer, avec de l'imagination, Jérusalem ou Salem, Yerushalayim en hébreu. Son déroulement même la rapproche de son modèle réel. La Guerre Sainte Vulgaire narrée dans le livre est calquée sur la Croisade des Gueux. L'épisode des futurs territoires conquis revendiqués à l'avance par l'empereur du roman rappelle l'exigence similaire qu'avait eu, à l'époque, l'empereur de Byzance. Jusqu'au nom de Golgotterath qui fait bien sûr penser à Golgotha. D'autres, plus érudits que moi, trouveront encore d'autres parallèles, à n'en point douter.
Les circonstances particulières vont amener tout ce beau monde à s'aimer ou à se haïr, à s'allier ou à s'affronter, à se faire confiance ou à se trahir. Parfois alternativement, parfois en même temps. Dans ce maelström qu'est la guerre, chacun agit selon ses propres convictions, ses propres intérêts, qui peuvent un temps coïncider avec ceux des autres mais pas indéfiniment.
Seul petit point noir du roman, c'est l'accumulation de noms forcément nouveaux pour nous de personnages, peuples, pays, religions, langues. À ce sujet, je ne saurais trop vous conseiller de vous reporter aux appendices à la fin du volume. L'essentiel y est expliqué.
C'est donc, vous l'aurez compris, à une formidable épopée que nous invite Bakker, pleine de bruit et de fureur comme l'écrivait le grand William. Un cocktail réussi de batailles, de combats, de mystères, d'alliances contre nature, de manigances, de séductions, la liste est longue. Le tout servi par une belle langue.  J'aurais du mal à comparer cette œuvre à une autre, aucun nom ne me venant spontanément à l'esprit, mais s'il le fallait absolument alors ce serait probablement au Seigneur des Anneaux, sans les elfes, hobbits et autres orques, mais avec la même force épique.

Ils en parlent :
J'en profite pour vous inviter, si vous ne connaissez pas déjà, à découvrir le site d'Estellou et ses chroniques intelligentes et bien foutues.
On ne présente plus Cédric de Hugin & Munin ou Martlet.

(1) Héros de la série télévisée Kung Fu diffusée dans les années 1970.

jeudi 9 septembre 2010

Blind Lake - Robert Charles Wilson

Présentation de l'éditeur
Utilisant une technologie quantique qu'ils ne comprennent pas totalement, les scientifiques des complexes de Crossbank et Blind Lake observent des planètes extraterrestres distantes de la Terre de plusieurs dizaines d'années-lumière. A Blind Lake, Minnesota, Marguerite Hauser s'intéresse tout particulièrement à un extraterrestre qu'elle appelle "le Sujet ", mais que tout le monde surnomme "le homard", à cause de sa morphologie. Et voilà qu'un jour, personne ne sait pourquoi, le Sujet entreprend un pèlerinage qui pourrait bien lui être fatal. Au même moment, l'armée américaine boucle Blind Lake et instaure une quarantaine qui tourne à la tragédie quand un couple qui tentait de s'échapper en voiture est massacré par des drones de combat. Que se passe-t-il à Blind Lake ?

Voici le sixième roman de Wilson que je lis. Toujours à peu près dans l'ordre chronologique ( j'ai dû louper Bios ). Tout ce chemin devant me mener, inexorablement, vers Spin, considéré comme un chef d'œuvre. Six romans : on pourrait penser que je suis un fan de l'auteur. Eh bien, ce n'est pas tout à fait exact. Ce n'est pas entièrement faux non plus. Mais le fait est qu'aucun de ses romans que j'ai lu ne m'a semblé irrémédiablement nul. En revanche, un seul, il est vrai, à entièrement emporté mon adhésion jusqu'à aujourd'hui : Les Chronolithes.
Les romans de Wilson révèlent tous les mêmes qualités, mais bien souvent, hélas, les mêmes défauts. Des personnages ciselés avec précision et, oserai-je dire, avec amour. Et tant mieux, parce que j'apprécie vraiment ça. Par contre, des histoires démarrant le plus souvent sur une bonne idée mais qui ne tiennent pas toujours leurs promesses.
Alors, qu'en est-il de Blind Lake ? Côté personnages nous sommes plutôt servis. À chaque livre, Wilson s'améliore encore un peu plus dans ses peintures. Même les personnages secondaires bénéficient d'un traitement particulièrement soigné. Là où d'autres écrivains racontent une histoire qu'ils peuplent de personnages, Wilson nous parle de personnages qui font une histoire. Dans ce roman, l'auteur se rapproche plus que jamais, de mon point de vue, de Stephen King. Des personnages issus de la middle class et confrontés à des problèmes d'une banalité confondante mais tellement proches des propres préoccupations du lecteur lambda. On y aborde des sujets comme : le divorce, la garde des enfants, les violences conjugales, les rapports conflictuels patron-employé, la réussite sociale ... tous thèmes que n'aurait pas désavoués le maître du suspense. Mais là où King nous gratifie à chaque roman d'une histoire solide, horrible à souhaits, Wilson se montre beaucoup plus discret dans la partie relevant purement du domaine de la Sience-Fiction.
L'essentiel de l'intrigue tourne autour d'un genre de télescopes d'une nouvelle génération dont nous ne comprendrons jamais tout à fait le fonctionnement. Bon, en même temps, même ceux qui l'utilisent ignorent comment cela fonctionne exactement. Le fait est que le système permet de voir ce qui se déroule sur des planètes situées à des années lumière de la Terre. Et en particulier les faits et gestes d'une créature extra-terrestre, le Sujet. Mais tout ceci est finalement réduit à une toile de fond, un décor.
La vraie grande aventure du roman, c'est la mise en quarantaine de toute la ville de Blind Lake, cité bâtie de toutes pièces autour de l'observatoire. Avec comme lancinante question, tout le temps du blocus : pourquoi ?
Parce que l'isolement est complet. Plus de communication, entrante ou sortante, avec l'extérieur. Plus personne n'entre et plus personne ne sort. Ceux qui tentent de sortir sont impitoyablement abattus par des drones minuscules mais meurtriers qui entourent la ville. Et le blocus s'éternise. Durant des jours, des semaines, des mois. Et c'est d'ailleurs l'un des défauts du roman. On n'arrive pas à croire totalement à cette quarantaine. Du moins, on ne parvient pas à imaginer que cela se passe aussi tranquillement. Il n'est jamais question d'émeute ou ne serait-ce que d'une certaine nervosité de la population. Tout juste y-a-t'il quelques tentatives de fuite. De la même façon, il n'est jamais question de ce qui se passe à l'extérieur et on ne voit jamais aucune troupe surveiller la ville, aucun contact, aucune explication venant du dehors. Le seul lien est un véhicule blindé automatique, donc sans pilote, qui vient régulièrement ravitailler la ville.
Au bout du compte donc, un roman peuplé de personnages intéressants, humains, crédibles mais une histoire, encore une fois, qui ne tient pas toutes ses promesses. On passe tout de même un bon moment avec un livre qui se lit vite et facilement.

L'avis d'Efelle

samedi 4 septembre 2010

Fendragon - Barbara Hambly

Présentation de l'éditeur
« Je suis Morkeleb le Noir. Je ne suis et ne serai l'esclave de personne, encore moins d'une femme humaine. »
Lorsque Jenny Waynest, compagne du Fendragon des légendes, accepte d'accompagner l'amour de sa vie vers les terres du Sud où l'appelle son Roi, elle ne sait pas ce qui l'attend: les intrigues vénéneuses de la magicienne Zyerne, le souffle brûlant du plus sombre des dragons, mais aussi le feu dévorant d'une passion séculaire - la douleur, le renoncement et la mort.

Lecture du mois d'août du Cercle d'Atuan.

La première chose qui frappe et ce, dès les premiers chapitres voire dès les premiers paragraphes, c'est l'originalité du roman. En particulier, l'originalité de traitement. Les clichés sont vraiment mis à mal. La première fois que nous rencontrons le Fendragon (1), il a les pieds dans la boue et parle de cochons. On est loin du preux chevalier des chansons de geste. Jenny, sa compagne, loin d'être la sorcière ultra-puissante des récits du genre, se considère elle-même comme à peine plus qu'une guérisseuse de village. Les dragons sont tués comme de vulgaires renards pilleurs de poulailler, même s'ils sont infiniment plus dangereux. Avec ruse et sans panache.
Et même si le roman a aujourd'hui 25 ans, il reste toujours assez innovant en la matière puisque nous ne sommes toujours pas débarrassé des clichés du genre. Oserai-je dire : « Au contraire. » ? Alors, oui, c'est agréable de lire les aventures de gens (presque) ordinaires. J'ajoute presque parce qu'il faut bien l'admettre, ces gens-là ont une force de caractère assez peu commune, tout de même, forgée sans doute dans les rigueurs climatiques des pays du nord dont ils sont issus.
La seconde qualité du roman, précisément, tient dans la peinture, particulièrement travaillée, des personnages et en particulier de trois d'entre eux. John, Jenny et Morkeleb. Autrement dit le fendragon, la sorcière et le dragon. Ils ont tous un caractère bien trempé. Même si c'est plus facile pour le dragon, compte tenu de sa taille et de sa puissance. Mais ils ont malgré tout des fêlures, des faiblesses. Même Morkeleb, pourtant protégé par sa cuirasse et la totale indifférence de ceux de sa race pour les misérables créatures que sont les humains.
La peinture sociale n'est pas en reste non plus. Avec cette galerie de nobles de cour tous plus superficiels et inconsistants les uns que les autres. Quant aux Gnomes, ils m'ont fait penser d'une façon saisissante, à une allégorie de la diaspora juive, ou de tout autre communauté minoritaire, mal accueillie, maltraitée. Les Gnomes sont à peine tolérés lorsque tout va bien, alors qu'advient-il à votre avis lorsque tout va mal ? Ils sont désignés comme coupables idéaux de tout ce qui arrive, sont chassés, spoliés.
En revanche, en dehors de ces qualités, le roman pêche par un manque significatif d'action. Et quand il y a de l'action, le passage est vite expédié. Bon, d'accord, lors de la description d'un combat, j'ai horreur de ces récits qui détaillent le moindre des gestes des protagonistes. « Et il leva son épée de quinze centimètres de la main droite, tandis que de la gauche il se grattait l'arête du nez. » et qui font durer un duel une quinzaine de pages. Mais de là à faire dans le dépouillement le plus total, il y a une marge. « Il est entré, il a tué le dragon. » , ça fait un peu juste.
En plus de ça, le traitement de la méchante de l'histoire est assez frustrant. Beaucoup trop succinct à mon goût. Elle a pourtant été dotée de pouvoirs terrifiants, c'est le mot, mais la montagne a accouché d'une souris.
En vérité, l'essentiel est ailleurs.  Dans la dénonciation de l'intolérance. Dans la douleur du choix. Jamais autant auparavant je n'avais été confronté dans un roman à la réalité de cette maxime : choisir, c'est renoncer. Car, c'est vrai, on ne peut être une bonne sorcière et en même temps une bonne mère, une bonne épouse. On ne peut être femme et dragon.
Et le roman parle aussi d'amour. D'une façon simple et sans mièvrerie. Car, n'en déplaise à tous les Gros Bill du monde, l'amour, ou sa recherche, occupe, voire préoccupe la plupart des gens, davantage que la chasse aux créatures surnaturelles. Me semble-t-il.
Cependant, force m'est de reconnaitre que cette seconde lecture (puisque j'avais déjà lu le roman) m'a un peu moins enthousiasmé que la première. Sans doute à cause de la disparition de l'effet de surprise.
Il n'en demeure pas moins que ce Fendragon me semble mériter de figurer dans la bibliothèque de tous ceux qui prétendent  être amateurs de fantasy. Et puis, un one-shot de 360 pages, n'est pas un obstacle insurmontable. Sauf peut-être, je le répète, à tous ceux qui privilégient l'action au reste. Ce que je respecte totalement.

Je vous invite à lire : ce que les Atuaniens en ont pensé.

(1) En anglais : Dragonsbane, soit Le fléau des dragons. Le Fendragon est le pourfendeur de dragons.

lundi 30 août 2010

L'anneau monde - Larry Niven

Le mot de l'éditeur
À deux cents ans, Louis Wu a conservé un corps de jeune homme et une âme d'explorateur. Aussi se laisse-t-il tenter quand le Marionnettiste lui propose de l'accompagner au-delà de l'Espace connu... Mais l'expédition qui se prépare ne sera pas de tout repos, puisqu'à Wu et à l'étonnante créature à deux têtes et trois pattes s'adjoindront un Kzin, un être féroce et effrayant aux dents et aux griffes acérées, ainsi que Teela Brown, une jeune humaine follette mais douée d'une chance insolente. L'hétéroclite équipe s'embarque donc à destination de l'Anneau-Monde, une planète lointaine cerclée d'un mur d'un million six cent mille kilomètres de large et de quinze cents kilomètres de haut, dont personne ne connaît les occupants...

En cherchant, après lecture, des critiques de ce roman sur la toile, j'ai découvert que l'on passait de l'envolée dithyrambique au tir à boulets rouges. Mon opinion doit être à peu près à mi-chemin entre les deux. Je ne pourrais pas réellement dire avoir été déçu dans la mesure où je n'en attendais pas grand chose. Je savais que le roman était une référence et qu'il avait reçu plusieurs prix. Mais en dehors de ça, je n'avais aucun véritable a priori. Enfin, je m'attendais tout de même à quelque chose de vraiment pas mal.
En fait, si les personnages sont assez originaux (surtout un Marionnettiste (1) qui a peur de son ombre et un Kzin belliqueux, les deux formant un duo détonant) ils ne réussissent pas à être tout à fait attachants. L'humain, Louis Wu, du haut de ses 200 ans semble tellement blasé que l'on finit très vite par être aussi détaché que lui. Ce qui est ennuyeux pour un lecteur.
Les aventures de tout ce monde-là ne m'ont jamais beaucoup passionné. Si je devais résumer le récit en le transposant dans notre monde réel et banal je dirais que c'est l'histoire de quatre personnes d'origines diverses qui ont un accident de voiture et qui parcourent à pied des kilomètres sur une route déserte pour trouver de l'aide. Lors de la traversée de quelques villages, ils vont avoir affaire à des habitants plutôt hostiles. Vous trouvez que j'exagère. Pas si sûr.
Alors bien sûr, le monde en question n'est ni réel ni banal. L'anneau monde possède une taille gigantesque, en fait bien au-delà de ce que peut se représenter l'imagination humaine. L'idée de base est magnifique. Je crains qu'elle ait été trop peu voire mal exploitée. On pourra regretter également les explications de l'auteur qui, si elles relèvent des règles les plus élémentaires de mécanique céleste ou planétologie, nous passent parfois largement au-dessus de la tête (décidément, je n'aime pas beaucoup la Hard SF).
En résumé, cet Anneau-monde est un roman qui ne m'a pas totalement convaincu et dont je ne m'explique pas le nombre incroyables de prix qu'il a reçu. A lire par curiosité.


(1) Un Marionnettiste est un extra-terrestre de même qu'un Kzin.

Le Champion du Cercle d'Atuan

Le Cercle d'Atuan ayant fêté son premier anniversaire il y a peu, nous avons eu l'idée de procéder à l'élection de notre livre préféré parmi les 12 que nous avons lus en commun au cours de l'année écoulée. Les résultats sont les suivants :

Champion
La route, de Cormac McCarthy
 
1er Dauphin
Janua Vera, de Jean-Philippe Jaworski

2e Dauphin
Au guet !, de Terry Pratchett 

J'en profite pour inviter toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à nous rejoindre au Cercle. Promis, on ne les obligera pas à participer aux lectures communes mais en revanche, ils seront les bienvenus dans les discussions nombreuses et variées du forum (on y parle de thés, de chats, de cuisine,de BD, de séries TV, de jeux vidéo, de beaucoup d'autres choses et ... un peu de littérature) et invités à en créer d'autres.
L'ambiance y est très sympathique.

dimanche 29 août 2010

Chroniques des années noires - Kim Stanley Robinson

Présentation de l'éditeur
Quelle serait l'histoire du monde si l'Europe avait disparu au Moyen Age, ravagée par la peste ? L'Islam et la Chine seraient alors devenues les civilisations dominantes, découvrant l'Amérique, se faisant la guerre, inventant le chemin de fer et l'atome, cherchant à l'emporter, à imposer la foi de Mahomet, Bouddha ou Confucius. A travers les destins de trois personnages, Kim Stanley Robinson dépeint de façon étonnamment réaliste sept cents ans de l'histoire d'un univers foisonnant, où les aventures individuelles se mêlent à la trame historique, et se répondent à travers les siècles et les continents. Une uchronie époustouflante par l'auteur de la trilogie martienne.

Ce qui est bien avec ce livre, c'est que l'on n'a pas le sentiment de lire un seul roman mais plutôt dix. Il est en effet divisé en 10 parties plutôt indépendantes, comme autant de petits romans ou de grosses nouvelles. Ce que sa taille lui permet puisqu'il fait plus de 1000 pages. Autant dire qu'il faut du temps devant soi pour espérer parvenir au bout. Les récits n'ont en réalité qu'un seul point commun. Les personnages de chacun d'entre eux sont censés être la réincarnation des personnages du premier. Sauf qu'ils changent de sexe, de nationalité, de religion (1). Et c'est bien ce qui rend chaque histoire différente de toutes les autres. L'inconvénient, on l'aura vite compris ou au moins supposé, est que la qualité n'est pas constante. Certains récits sont très prenants, d'autres beaucoup moins. En revanche, tous ont en commun d'être d'assez, voire très bavards. Le thème central de l'ensemble étant les religions, il en est évidemment beaucoup question et les personnages n'hésitent pas à en parler et à en parler beaucoup. Ou de croyances, de traditions, de culture, de philosophie. Enfin ils parlent. Du coup, l'action s'en ressent forcément. Il y en a même de moins en moins au fur et à mesure que l'on avance dans l'ouvrage du fait même que chaque partie se déroule plusieurs dizaines d'années après la précédente et la civilisation gagne du terrain face à la barbarie. Enfin en principe. Les occasions d'aventures sont de moins en moins nombreuses. Cependant, pour être tout à fait honnête, les personnages ont rarement une vie confortable de bourgeois bien rangés. Ou s'ils sont bourgeois c'est un poil rebelles quand même. Ils ont comme point commun d'être souvent en butte à l'autorité du lieu. Du coup, même si on n'assiste que rarement à des combats ou des batailles, on est amené à s'intéresser à la lutte, plus feutrée, plus sournoise, mais tout aussi violente, de ces gens qui ont le malheur de ne pas partager entièrement les croyances ou convictions officielles.
C'est d'ailleurs beaucoup de ça qu'il est question tout au long des mille pages. Des vilains petits canards. De ceux qui refusent d'entrer dans le moule ou qui ne peuvent tout simplement pas y entrer parce qu'ils ont d'autres conceptions du monde. L'univers développé par Robinson est une sorte d'uchronie. Il a imaginé une histoire différente de celle que nous connaissons. Le point de divergence se situe quelque part au 14ème siècle. Il suppose qu'alors, la quasi totalité de la population de l'Europe à été ravagée par la peste (ce qui a bien failli se produire). Fin du christianisme donc et place aux autres religions et doctrines. A partir de là l'auteur imagine comment le monde aurait pu évoluer autour de nouvelles puissances comme l'Islam, la Chine, l'Inde ou le peuple Hodenosaunee, une magnifique peinture de ce qu'aurait pu être le peuple amérindien (sauf que dans cette réalité alternative, pas de "fausse" Inde et pas d'Amerigo Vespucci (2), donc pas d'indiens d'Amérique autrement dit d'amérindiens). Il nous montre sa vision de l'évolution de l'humanité dans cette perspective et nous invite à croire qu'elle n'aurait pas été si différente que celle que nous avons connue. Ni meilleure ni pire. Ne serait-ce qu'au niveau des sciences qui se développent, dans ce monde imaginé, au même rythme que dans le réel. Même si les religions n'ont jamais été vraiment un moteur pour le développement des sciences. Doux euphémisme. On sait le mal considérable que le christianisme en Europe à fait au développement de la pensée scientifique (Galilée, Copernic, Newton, Darwin ... pour ne citer que les cas les plus connus). Même aujourd'hui, les créationnistes (3) reprennent du poil de la bête, notamment aux Etats-Unis.
Un monde ni meilleur ni pire, disais-je donc. On pourra alors s'interroger sur la traduction française du roman de Robinson. The Years of Rice and Salt (Les Années du Riz et du Sel) devenu Chroniques des Années Noires, comme si un monde sans la présence et l'influence d'une Europe chrétienne était forcément noir. Troublant, pour le moins.
Voilà donc un roman très étonnant qui m'a laissé d'abord un sentiment assez mitigé. Je ne me suis pas montré très, très convaincu en fin de lecture. Toutefois, force m'a été de constater qu'à aucun moment, malgré le millier de pages à lire, je n'ai montré de réelles difficultés de lecture ou d'ennui. Le tout ne se dévore pas, bien entendu. Mais il se savoure lentement et laisse des traces indélébiles dans notre esprit. Et plus le temps passe, plus s'impose le sentiment que l'on vient de lire une merveille. Je n'aurais peut-être pas montré le même enthousiasme quelques jours seulement après avoir tourné la dernière page. Si j'ai un conseil à donner, c'est peut-être de ne pas entreprendre la lecture de ce monstrueux objet littéraire comme un simple roman de plus de fantasy. Mais (presque) comme une œuvre philosophique. Bien plus divertissante cependant.

(1) Ils ne conservent que l'initiale de leur prénom. Je le dis parce que je ne l'avais pas remarqué au début, il a fallu qu'on me le dise (merci Vert), et c'est tout de suite moins pratique pour suivre, quand on l'ignore.
(2) C'est à partir du prénom d'Amerigo Vespucci que fut créé le terme d'Amérique.
(3) Le créationnisme est une doctrine selon laquelle l'homme et toutes les espèces animales sont les fruits de la création de l'Univers par un dieu.

samedi 28 août 2010

La couronne des sept royaumes - David B. Coe

Quatrième de couverture
C'est avec une impatience doublée d'une légère angoisse que le jeune Tavis, fils du duc de Curgh, voit se rapprocher au-delà des remparts les joyeuses banderoles du festival. Lors de cet événement, en effet, les adolescents sont soumis à l'épreuve de la révélation, durant laquelle les Glaneurs Qirsi, de mystérieux magiciens dévoilent à chacun une partie de son futur destin. On a toujours répété à Tavis qu'il deviendrait Duc, puis roi, à la suite de son père. Et si la Révélation lui apprenait le contraire ? Lorsqu'il ressort de son entrevue avec le magicien Qirsi, Tavis n'est plus le même homme : ce que lui a révélé le Glaneur est si terrible, si effrayant qu'il refuse de le croire... Mais peut-on lutter contre sa destinée ?

J'avais déjà eu l'occasion de faire une première "pré"-critique de cette œuvre. Là, juste ici. Ayant achevé la saga, je suis aujourd'hui en mesure de vous proposer une analyse définitive.
Comme à l'époque, je suis tenté de présenter ce cycle comme un Trône de fer light. N'y voyez là de volonté de ma part, ni de surestimer l'œuvre ni de la sous-estimer. Pour sûr, nous n'avons pas affaire ici à un monument de la trempe de la saga de Georges R.R. Martin. Il parait vite, à l'évidence, que nous sommes face à une œuvre bien moins sombre et, de fait, plus légère. Ce n'est pas un défaut en soi. C'est juste une façon différente de présenter les choses. Pas moins bien, juste différent. A côté de ça, il faut reconnaitre quelques liens de parentés entre les deux sagas, qui en font les membres d'une même famille. La taille d'abord, même si, avec ses 10 volumes (en français) la série de Coe fait un peu poids plume. Mais reconnaissons lui une qualité : elle est finie. Le cœur du sujet (intrigues et complots) rapprochent encore les deux cycles. Le nombre de personnages aussi. Ils foisonnent également dans La couronne des sept royaumes. Il y a moins foule, mais on y est toutefois nombreux. La géographie des lieux est également évocatrice du Trône de fer. Sept royaumes, ça ne vous dit rien ? Bref, beaucoup de points communs mais aussi pas mal de divergences. Il ne faudrait pas croire que nous avons affaire à un copier-coller.
Ici, la magie est très présente. Et assez originale. Elle est l'apanage du peuple Qirsi qui n'est pas originaire des Sept Royaumes et dont les membres forment les gouvernements des différents Ducs et Rois. On peut se demander comment les Eandis (les habitants des Sept Royaumes) peuvent faire à ce point confiance à d'anciens ennemis ( une guerre a autrefois opposé Qirsis et Eandis ), mais passons. La magie, donc, se décline en plusieurs talents que chaque Qirsi ne possède qu'en un, voire deux et exceptionnellement trois exemplaires. Comme le glanage (vision de l'avenir), le façonnage (action sur les matériaux durs), brumes et vents, feu, langage des animaux ... Chaque acte magique ponctionne chaque fois un peu de l'énergie vitale de son auteur. Ce qui rend les Qirsi plus fragiles et leur accorde une longévité moins importante.
L'axe principal de l'histoire va reposer sur un complot Qirsi visant à renverser toute la noblesse Eandi. Ce scénario, finalement assez simple, va nous entrainer dans une succession de complots secondaires, d'intrigues, de trahisons, de changements de camps. Nous allons nous attarder longuement sur les différents stratagèmes utilisés par la conspiration pour provoquer des guerres civiles et ce, dans plusieurs des royaumes. C'est d'ailleurs presque l'un des défauts de la série. Qu'on nous montre de quoi sont capables les comploteurs dans un royaume, c'est normal. Dans un deuxième, ça va encore. À partir du troisième, cela commence furieusement à faire répétitif. Même si les méthodes changent.
En revanche, les dialogues représentent l'une des grandes qualité de la saga. Ils sont plutôt bien écrits et sont plus longs que dans la plupart des ouvrages du genre. Les personnages ont, pour une fois, le temps de développer leurs arguments et rien n'est laissé dans l'ombre. Pour une fois que l'on comprend tout à ce qui se passe. Bien sûr, cela pourra faire fuir les amateurs d'action. Encore que, dans ce domaine, l'auteur ne soit pas en reste.
Pourtant, c'est dans ces mêmes dialogues qu'apparait parfois, paradoxalement, l'un des plus grands défauts de l'œuvre : une certaine naïveté. Les phrases prononcées par certains personnages haut placés frisent quelque fois le ridicule. Et le récit fait aussi, de temps en temps, songé à un texte destiné aux plus jeunes.
Mais qu'on se rassure, la lecture reste d'un bout à l'autre très agréable. Les personnages sont, pour la plupart, très bien travaillés et souvent attachants. L'histoire est, quant à elle, pleine de rebondissements.
Voilà donc une série, finie, et très divertissante même si elle est sans prétention. Et si, après tout, elle se rapprochait plus d'une histoire de cape et d'épée ? Si cela tenait davantage des Trois mousquetaires que du Trône de fer ? Ce ne serait déjà pas si mal.

vendredi 27 août 2010

Hunger Games - Suzanne Collins

Résumé
Chaque année, à Panem – une société reconstruite sur les ruines des États-Unis – deux adolescents sont choisis pour participer au Jeu de la Faim. La règle est simple : tuer ou se faire tuer. 12 districts, 24 candidats. Seul le gagnant survivra ! Les caméras tournent, le jeu infernal commence, la télé-réalité fait rage...

Aucun doute là-dessus : nous avons bien affaire à un roman jeunesse. Quelques esprits chagrins ne manqueront pas de noter les détails susceptibles d'agacer les lecteurs adultes. Mais précisément, tout cela reste au niveau de l'agacement à l'effet guère plus désagréable qu'une mouche posée sur votre peau. Un mouvement brusque et la mouche s'en va, le désagrément aussi. Alors c'est vrai, les personnages qui gravitent autour de Katniss, l'héroïne du livre, l'une des 24 candidats des Hunger Games, sont assez caricaturaux. Tous sont bienveillants, gentils. A peine certains sont ils un peu moins sympathiques. Notamment une écervelée (qui agace vraiment pour le coup) et un ivrogne. Il n'y a pas vraiment de "méchants" d'ailleurs. Bien sûr, certains des autres candidats sont des brutes épaisses, mais la plupart d'entre eux sont là contre leur gré et en tout cas n'ont pas choisi d'y être. Ils ont été tirés au sort. Sauf Katniss, mais c'est une autre histoire. Chacun d'entre eux est donc là pour tuer ou être tué. Leur nature profonde ne change rien à l'affaire. De fait, les véritables "méchants" de l'histoire sont invisibles. Il s'agit principalement du gouvernement de Panem, instigateur de ces Jeux cruels et avilissants.
Certains évènements, il est vrai, sont assez peu crédibles et font même parfois songer à des interventions magiques, voire miraculeuses. En fait, Suzanne Collins montre dans son roman assez peu de goût finalement pour tout ce qui est technique et du coup, peu d'explications nous sont données dans ce domaine. On se demande bien, par exemple, comment sont capturées les images des Jeux qui sont retransmises à la télévision. On nous parle bien de caméras mais sans s'étendre sur le sujet. Autre exemple, ces parachutes qui sont envoyés vers les candidats afin de leur procurer tel ou tel élément indispensable à leur survie (armes, médicaments, nourriture ...). On est surpris de la précision quasi magique avec laquelle ils atteignent leur destinataire.
Cependant, en dehors de ces quelques facilités, force est de reconnaitre que nous avons affaire à un roman absolument enthousiasmant. Une fois entamé, difficile de le lâcher. Même si on ne tremble pas vraiment pour Katniss qui est tout de même la narratrice (donc invulnérable tout le temps du récit a priori), elle est accompagnée de personnages qui finissent par devenir attachants et dont la survie nous importe au moins autant que la sienne. De fait, même si on sait que TOUS les candidats doivent mourir sauf un, et que l'on se doute de qui va survivre, il reste que le récit offre de nombreux points d'intérêt. D'abord on espère et on redoute, à la fois, qu'au bout du compte il y ait plus de survivants que prévu au départ. On l'espère parce qu'on n'est a priori pas des barbares avides de sang (quoique, pour certains ... je ne saurais m'avancer) et on le redoute parce que le Deus ex machina ça va cinq minutes. Mais parce qu'on est quand même (si, si, il faut l'avouer) un peu voyeur, un peu morbide, un peu les deux à la fois, on veut savoir comment les différents candidats vont mourir. Tués par qui ? De quelle façon ? Dans quel ordre ? Et si on peut supposer en toute logique que Katniss s'en sorte, on peut s'interroger sur les éventuelles séquelles, tant physiques que psychologiques, qu'une telle épreuve peut lui laisser. Va-t-elle s'en sortir indemne ? Et peut-être plus intéressant encore, de quelle manière survivra-t-elle ? Là il faut admirer la trouvaille de l'auteure qui fait de son héroïne une adepte (par nécessité) de la chasse. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce talent là va lui être sacrément utile. Et nous pourrons même apprécier les connaissances que possède Suzanne Collins dans le domaine de la nature et j'ajouterais même dans celui de la survie en milieu hostile. A croire qu'elle a effectué un stage commando.
Mais outre son talent pour la chasse, c'est la personnalité même de l'héroïne qui va nous la rendre attachante et nous faire adhérer au récit. Elle est censée être une adolescente qui raconte sa difficile expérience et force est de constater qu'on y croit bel et bien. Malgré une vie qui n'a certes jamais été très facile et qui l'a endurcie, d'une certaine manière, elle a conservé une naïveté, une candeur d'enfant qui donne au récit toute sa fraicheur. Elle est souvent persuadée de choses qui nous semblent étonnantes, jusqu'à ce qu'elle découvre qu'elle s'est complètement fourvoyée. Une peinture de personnage particulièrement réussie et qui donne toute sa force au récit.
Seul petit bémol, la découverte à la fin du livre que le roman possède une suite, ce que rien ne laisse supposer. Toutefois, cette fin semi-fermée permet de s'arrêter là sans chercher à tout prix à se procurer le second tome si ce n'est pour retrouver Katniss et quelques uns des personnages de la première partie.
Un bon divertissement donc que ce roman même s'il est susceptible de ne pas contenter des adultes plutôt exigeants. Nul doute qu'il faut avoir conservé son âme d'enfant pour l'apprécier pleinement.

La critique de Salvek