jeudi 29 septembre 2011

Génocides - Thomas dish

Petite plongée, petit retour, vers la littérature de l'âge d'or de la S.-F. Après tout, il s'agit de la littérature dont j'ai abondamment abreuvé mon adolescence. Mais j'y retourne moins par nostalgie que par dépit. La S.-F. d'aujourd'hui est bien pauvre. Quantitativement si ce n'est qualitativement (quoique). Je sais, je l'ai déjà dit, je me répète. C'est l'âge, voyez-vous.
Alors, ai-je bien fait de revenir à mes premières amours avec ce Génocides ? Pas sûr.
Mais d'abord, de quoi cela parle-t-il ?
Figurez-vous que la terre, pardon, la Terre (s'agissant de notre planète il y faut un T majuscule, surtout en S.-F.), a été envahie par un étrange végétal qui la recouvre quasi entièrement (la Terre). Il ne reste plus de l'humanité et des autres espèces en général et des autres végétaux que quelques rares survivants. Nous suivons plus particulièrement la vie d'un groupe d'hommes et de femmes, d'une tribu pour mieux dire, qui tente d'arracher à la terre (en minuscule cette fois-ci) de quoi manger. À la tête de cette tribu se trouve une espèce de patriarche, Anderson. Il dirige son petit peuple d'une main de fer et surtout grâce à des préceptes fort religieux. Il a, littéralement, la bible dans une main, un fusil dans l'autre. Il a de nombreux enfants et en particulier deux fils (de deux mères différentes). Buddy, l'aîné, intelligent et compétent mais rebelle, pas dans le moule. Neil, son cadet, bien plus proche des idées du père mais largement moins armé intellectuellement et totalement incompétent, voire dangereux. C'est pourtant ce dernier qu'Anderson a choisi (par défaut) pour lui succéder.
C'est ainsi que nous allons suivre le quotidien de ce groupe qui doit faire face jour après jour aux difficultés de vivre auprès d'un voisin aussi envahissant que mystérieux. Personne ne sait d'où il vient ni comment il «fonctionne». Lorsque le clan rencontre un groupe d'aventuriers, Anderson, pour protéger les siens, du moins c'est ainsi qu'il explique son geste, décide d'exterminer les « étrangers ». En fait, il en épargne deux, Alice, une infirmière et Orville, un ingénieur des mines. Ce dernier, qui a perdu sa compagne lors de l'attaque, simule la docilité mais ne pense en fait qu'a se venger d'Anderson et des siens. Mais bientôt des sphères volantes attaquent le groupe et ils doivent tous se réfugier dans le seul endroit sur Terre offrant un abri naturel : les racines géantes du végétal qui a colonisé le planète. Orville va-t-il devoir réviser ses plans ?
Avouons-le, la lecture de ce roman est assez plaisante et les personnages juste assez attachants pour nous donner envie d'aller jusqu'au bout de l'histoire. Pourtant, il y a un je-ne-sais-quoi qui m'a empêché d'y adhérer complètement. Sans doute est-ce dû au traitement, somme toute assez décevant, qui est fait de cette situation post-apocalyptique. Je me serais attendu, en vieux lecteur de science-fiction, a un traitement plus en profondeur des conséquences de la catastrophe. Au lieu de cela, l'auteur se contente en quelque sorte, de nous décrire l'existence sur une courte période du petit groupe. On a davantage l'impression de lire un roman d'aventure et on se prend à penser que cela aurait pu se situer dans des contextes fort différents sans vraiment changer l'histoire.
Mais pour dire la vérité, Dish aborde tout de même un sujet important dans son récit. Il y traite de religiosité, de fanatisme religieux. En la personne d'Anderson, il dénonce tous ces chefs religieux, tous ces prédicateurs, tous ces moralisateurs qui sont tellement persuadés de détenir la Vérité, même si celle-ci est parfaitement indémontrable, qu'ils ne peuvent admettre qu'on puisse en détenir une autre.
En conclusion, Génocides est un roman certes agréable à lire, mais qui n'a pas su, à mes yeux du moins, allumer la petite étincelle qui jailli habituellement des œuvres de S.-F. Dommage.

L'avis (beaucoup plus enthousiaste) de Nebal de même que celui de Gromovar

mercredi 28 septembre 2011

La curée - Émile Zola

Deuxième volet de la saga des Rougon-Macquart, il fait suite (par ordre de publication) à La Fortune des Rougon. Dans le premier opus, nous avions suivi un épisode, ô combien important, de la vie de Pierre Rougon, l'aîné de la famille. Nous avions vu comment, avec l'aide précieuse et éclairée de son fils aîné Eugène (qui possède une situation élevée à Paris), il avait profité du coup d'état du futur Napoléon III (2 décembre 1851) pour accéder à un poste d'importance.
Dans ce deuxième roman, qui se situe au début des années 1860, nous suivons cette fois les agissements d'Aristide Rougon, le second fils de Pierre, qui se fait appeler Aristide Saccard, pour ne pas nuire à la réputation de son frère Eugène, ministre. C'est la fameuse période de transformation de Paris opérée par le non moins fameux baron Haussmann. Saccard, qui a hérité de l'appétit de puissance des Rougon, qui se traduit chez lui par un goût immodéré de l'argent, se lance alors dans la spéculation. Grâce au poste que lui a trouvé son frère ministre, il est l'un des premiers informés des destructions qui menacent certains immeubles parisiens dans la perspective du tracé des, également fameux, nouveaux boulevards. Grâce à l'argent que lui verse la tante de sa nouvelle (très jeune) femme, il commence à acheter, à un prix plus que raisonnable, un premier immeuble sachant que celui-ci est voué à la démolition et que la ville de Paris lui rachètera 2 ou 3 fois sa valeur.
L'argent commence vite à affluer chez Saccard. Malheureusement pour lui, son besoin de dépenser son argent sans compter, aux seules fins de montrer à la bonne société qui l'entoure sa réussite ainsi que des opérations risquées et mal gérées, l'amènent progressivement au bord de la ruine. Il n'hésite alors pas à envisager d'escroquer sa propre femme afin de se renflouer.
La curée, c'est bien évidemment l'histoire de ces spéculations réalisées au mépris de toute morale qui ont eu lieu lors de cette période de l'histoire. Et force m'est de faire l'aveu que je n'ai été qu'imparfaitement entrainé par cet aspect du récit. Non pas que les faits, dans le dégoût viscéral qu'ils nous inspirent, ne soit pas dignes d'intérêt. Bien au contraire. Suivre au jour le jour, dans le détail, les magouilles qu'utilise Saccard, comme précédemment nous avions suivi les manœuvres de son père, est assez jouissif. Malheureusement, et il ne faut voir là que mon goût extrêmement modéré et mon savoir notoirement insuffisant pour tout se qui touche à la finance, j'ai eu du mal à suivre la totalité des procédés ou des tractations dont se sert l'escroc pour parvenir à ses fins.
En revanche, c'est avec plus de facilité que nous suivons en parallèle les vies de Maxime, le fils d'Aristide, un jeune adulte jouisseur et sans caractère et de Renée, la femme d'Aristide, beaucoup plus jeune que son mari. C'est avec beaucoup d'émotion que nous assistons à la lente descente aux enfers de cette petite sœur d'Emma Bovary qui, si elle vit au milieu du faste des grandes fêtes parisiennes au contraire de l'héroïne de Flaubert isolée dans sa petite bourgade normande, ne s'en ennuie pas moins autant. Pourtant, elle prend des amants, presque au vu et au su de son époux qui, à tout le moins s'en accommode, puisqu'il s'est agi, avant tout d'un mariage de raison et non d'amour. Mais ces « maris de passage » ne font qu'accentuer le manque d'amour dont elle est victime. Elle s'enivre de dîners, de bals, de soirée et du parfum des pleurs de sa serre pour mieux oublier le vide de son existence. Elle va finir seule au milieu de la foule de ces gens indifférents qui l'entourent et en particulier son mari et son beau-fils qui vont superbement l'ignorer après s'être servi d'elle.
J'avoue avoir pour ainsi dire tout oublié de ma première lecture, il y a quelques années (pas si longtemps à vrai dire). Il ne me restait en tout et pour tout qu'un vague souvenir du trio (père, femme et fils), de la magnifique demeure du parc Monseau et de la serre remplie de plantes exotiques. Pourtant comme il est beau, comme tous les autres, ce deuxième roman des Rougon-Macquart. Moi, Renée Saccard m'a beaucoup ému. Et vous ? Lisez-l vite pour savoir.

Vous pourrez trouver des copies électroniques de ce roman (et de bien d'autres) ici
Accès direct pour les plus pressés : pdf ou epub et même word mais il est bien dommage de ne pas visiter tout le site.

vendredi 9 septembre 2011