samedi 25 juillet 2015

Piège nuptial - Douglas Kennedy

Résumé
Ce qui a manqué à Nick, journaliste américain en virée dans le bush australien ? Quelques règles élémentaires de survie : 1) Ne jamais conduire en pleine nuit sur une route déserte : un kangourou se ferait une joie de défoncer votre pare-chocs. 2) Ne jamais céder aux charmes d'une auto-stoppeuse du cru. 3) Et ne jamais se laisser droguer, enlever et épouser par ladite autochtone. Dans son village, en effet, le divorce n'est pas autorisé. Mais le nombre de veuves y est impressionnant...

Il s'agit du premier roman écrit par Douglas Kennedy. Il s'agit également du premier livre de cet auteur que je lis. Fidèle à mon habitude (ma manie ?) de lire les livres dans l'ordre. Je n'avais aucun a priori sur Kennedy, n'ayant rien lu ni entendu sur son compte. Je craignais juste qu'il ne fasse partie de ces auteurs à succès, producteurs de best-sellers, en un mot, qu'il soit un auteur commercial.
Mais foin des préjugés, lançons-nous. Et puis, quel plaisir de lire un roman sans avoir le moindre début de commencement d'idée de ce que l'on va découvrir. Dans ce monde de surinformation, cela tient quasiment du luxe.
Ce qui frappe en premier lieu, c'est que le texte n'est pas mal écrit. Il est tout ce qu'il y a de plus lisible. Bon, d'accord. Je ne suis pas gentil. Il est beaucoup plus que lisible. Le récit est fait à la première personne et le narrateur écrit comme il parle. Loin de rendre le style pauvre, il le rend fluide et agréable.
En second lieu, force est de constater que le ton ne manque pas d'humour. Et il va rester ainsi jusqu'à la fin, même lorsque la situation devient dramatique. Car il est vrai que, au bout de peu de temps, on finit par comprendre que la vie de Nick Hawthorne va prendre une sacré mauvaise tournure. Dès la deuxième partie, soit dès le début du deuxième tiers du roman.
Et soudain on s'écrit : bon sang, mais c'est bien sûr. Je suis en train de lire un thriller. Car je vous le rappelle, j'ignorais totalement à quoi m'attendre. Et pas un thriller rigolo. L'humour n'est là à mon sens que pour souligner le caractère optimiste de celui qui raconte ses malheurs et qui préfère en rire.
Pour ce qui est de l'intrigue, je ne saurais mieux comparer ce Piège nuptial à Misery de Stephen King. En nettement moins trash (merci l'humour, encore une fois) mais bien flippant quand même. Et sans doute, bon, moins magistral.
Mais du coup, oui, avouons-le, j'ai pris plaisir à lire ce roman. Le voyage en Australie ne manque pas d'intérêt même si nous passons les deux tiers du livre chez des cinglés. Le destin de ce malheureux journaliste américain ne nous laisse pas indifférent. Certes, j'aurais peut-être tout oublié dans quelques semaines, mais qu'importe, je garderai le souvenir d'une agréable lecture.
Nul doute en tout cas que je vais lire d'autres romans du même auteur et sans aucune appréhension. Espérons que je ne sois pas déçu.

mercredi 22 juillet 2015

La fille automate - Paolo Bacigalupi

Résumé
La sublime Emiko n'est pas humaine. C'est une créature artificielle, élevée en crèche et programmée pour satisfaire les caprices décadents d'un homme d'affaires de Kyoto. Êtres sans âme pour certains, démons pour d'autres, les automates sont esclaves, soldats ou jouets pour les plus riches, en ce XXIe siècle d'après le grand krach énergétique, alors que les effets secondaires des pestes génétiquement modifiées ravagent la Terre et que les producteurs de calories dirigent le monde. Qu'arrive-t-il quand l'énergie devient monnaie ? Quand le bioterrorisme est outil de profit ? Et que les dérives génétiques font basculer le monde dans l'évolution posthumaine ?

Pour tout dire, j'ai bien failli abandonné la lecture dès les premières pages. La faute à quoi ? À la méconnaissance assez handicapante qu'a le lecteur que je suis du monde que l'auteur a concocté pour nous. Qu'un écrivain de science-fiction crée un monde de toutes pièces, original et aussi éloigné que possible de celui dans lequel nous vivons, quoi de plus normal ? Je dirai même que c'est ce que nous attendons de lui. Après, il y a deux moyens de nous y inviter. Soit il nous prend par la main et nous explique lentement mais sûrement en quoi ce monde diffère du notre, soit il nous plonge dans le bain sans précaution en espérant que nous saurons garder la tête hors de l'eau.
Malheureusement pour moi (nous ?), Bacigalupi a choisi la seconde méthode. Résultat, un tas de choses qui m'échappent. Pourtant, le dépaysement n'est, a priori, pas énorme. Nous sommes toujours sur notre bonne vieille Terre, plus précisément en Thaïlande et plus exactement encore, à Bangkok. Mais quelques années dans le futur. À vue de nez, moins d'un siècle mais beaucoup plus d'une décennie. Et notre planète, vue par Bacigalupi, est bien malade. On comprend (quand même) que l'agriculture en a pris un vilain coup et qu'il reste de moins en moins de produits consommables. On croit comprendre aussi que les beaux jours des énergies fossiles sont derrière nous (enfin, derrière les personnages) et que les ingénieurs doivent rivaliser d'imagination pour faire fonctionner les moyens de transport, les armes, que sais-je encore.
Bon d'accord. Mais comment en est-on arrivé là ? Mystère. Les deux pénuries sont-elles liées ? Va savoir. Ou bien sont-elles totalement indépendantes ? Qui sait ? Toute la planète est-elle concernée ? Aucune idée. Ou alors j'ai battu mon record personnel de phrases qui m'ont échappé. Que j'ai lu avec mes yeux mais pas avec mon cerveau. Mais quoi qu'il en soit, ce qui a provoqué l'état dans lequel se trouve le monde m'est resté peu clair.
Quant aux choix effectués pour pallier au manque de ressources énergétiques, ils m'ont semblé curieux. Certes très poétiques, ou romantiques, ou esthétiques, ou tout ce que vous voudrez en -tique mais somme toute peu pratiques. Des dirigeables, des fusils à ressort, des ascenseurs mus par la force humaine, bon, pourquoi pas ? Mais à une époque où nous maîtrisons, à peu près, les énergies solaires ou éoliennes, pour ne citer que celles-ci, on peut s'attendre à ce que l'auteur fasse référence à des formes d'énergies plus performantes pour remplacer les anciennes.
Mais ne mégotons pas. C'est peut-être moi suis trop pointilleux.
Demandons-nous plutôt pourquoi j'ai poursuivi ma lecture, malgré les difficultés sus-mentionnées ? Tout simplement parce que les aventures des personnages principaux (ils sont quelques uns) ne peuvent nous laisser indifférents. Même si aucun d'entre eux ne mérite le qualificatif de sympathique, loin s'en faut. Même si, compte tenu des réticences que j'exprimais plus haut, on ne comprend pas toujours ce qui motive les personnages. On ignore le but qu'ils poursuivent, les dangers ou les menaces qu'ils fuient. Pourtant, on comprend sans peine que leur existence est précaire. À tous, sans exception.
Et j'avoue que du point de vue de la science-fiction d'aventure, le roman est plutôt réussi. Mais je ne peux m'empêcher de penser que l'ambition de Bacigalupi était plus grande que de réussir un bon roman d'aventure. Et j'ai bien peur que l'objectif ne soit pas tout à fait atteint, du moins en ce qui me concerne.
Malgré tout, la lecture est passionnante de bout en bout.
Pour conclure, je dirais que ce roman est une demi-réussite en ce sens qu'il aurait certainement gagné à être, sur certains points, un peu plus clair, un peu plus abordable. Mais, sans conteste, l'auteur a tout d'un grand et mérite, largement, qu'on le suive.

Bon.