La première impression que j'ai eue en lisant ce livre, impression qui a duré jusqu'à la fin, c'était de lire un nouvel épisode de la saga des Princes-Démons de Jack Vance. Dans la forme s'entend, pas dans le fond. L'histoire que nous raconte ici Olivier Bleys n'a rien à voir avec les aventures de Kirth Gersen (Voir les chroniques 1, 2, 3, 4 et 5). En revanche, les ambiances y sont les mêmes. Cette façon par exemple qu'ont les personnages de prendre leur vaisseau spatial pour se rendre sur telle ou telle planète, comme nous, nous prenons notre voiture pour aller dans telle ou telle ville, nous rappelle immanquablement les récits de Vance. Et Outre-Monde, cette partie de l'univers colonisé mais vivant en dehors des lois rappelle, nécessairement, l'Au-Delà de Vance. D'une façon plus générale, les récits de l'un comme de l'autre suggère un space-opera intimiste. Bel oxymore (1). Dans un cas comme dans l'autre, ce qui intéresse l'auteur, c'est bien plus l'individu que la multitude.
Sauf que, et c'est là que le bât blesse, l'auteur français n'a pas l'humour de l'auteur américain (du moins dans ce livre) et n'a surtout pas son sens, il est vrai inégalable, du récit. Il n'a pas sa folie.
Je n'ai pas trouvé non plus les personnages très attachants. Ils ne sont pas assez développés à mon goût et perdent par conséquent beaucoup de consistance. L'histoire aurait pu être très originale mais manque, elle aussi, de développement. Et si, tout simplement, ce roman était trop peu épais (205 pages) ? un comble de dire ça pour moi qui proclame ma lassitude des pavés. Même l'étude des Canissiens, qui n'est pourtant pas sommaire manque tout de même, là encore en comparaison avec ce que nous fait l'ami Jack, de profondeur.
Quant à la fin, j'avoue n'y avoir pas tout compris. Comme si, par hâte d'en finir, l'auteur nous balançait une conclusion vite fait, sans souci de vraisemblance ou de crédibilité.
Il n'en est pas moins vrai que le livre se lit facilement et non sans plaisir. Il ne figurera juste pas dans mon Panthéon personnel. Mais ça n'est pas bien grave.
Autres avis :
(1) Rappel : Un oxymore est une figure de style qui consiste à réunir deux termes que leur sens devrait opposer. Comme : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (Corneille)