mardi 22 novembre 2011

Disparition

Je viens juste d'apprendre la triste nouvelle : El Jc n'est plus. Tandis que j'écris ces lignes j'ai encore du mal à y croire. 
J'avais fait la connaissance de Jean-Christophe sur la toile; C'était à l'époque où nous n'avions pas de blog, ni lui ni moi. Nous nous croisions régulièrement sur un certain nombre de blogs laissant nos commentaires sur les mêmes billets. L'un suivant l'autre et inversement. 
J'ai très vite apprécié les interventions d'El Jc. Puis nous avons créé nos blogs et n'avons dès lors pas cessé d'échanger nos impressions. Une sympathie mutuelle s'est alors très vite installée entre nous. JC m'a même un jour baptisé son frérot cosmique.
Puis nous avons fini par nous rencontrer. C'était assez inéluctable. Et je n'ai pas été déçu. J'ai vu un homme tel que je me l'étais imaginé. Calme, serein, tolérant, généreux ...
Une belle amitié promettait d'éclore entre lui et moi. Malheureusement...
Je crois que Les Nuls avaient dit, le jour de la disparition de Pierre Desproges : « La Mort s'est trompé de cible. » ou quelque chose du genre.
Eh bien elle a récidivé.
Je n'ajouterai qu'une chose : « Connasse! »

Adieu mon frère.

dimanche 30 octobre 2011

Fortitude - Larry Collins

1944. Les Alliés préparent le débarquement en Normandie. Mais face aux services de renseignement particulièrement efficaces d'Hitler, ils imaginent une vaste et délicate opération d'intoxication ayant pour but de faire croire à l'État Major allemand que le débarquement aura lieu dans le Pas de Calais. Il s'agit de l'opération Fortitude. C'est l'histoire de ces femmes et de ces hommes courageux mais pour certains aussi sacrifiés que Collins a choisi de nous narrer.

J'ai lu fort peu d'ouvrages traitant de la Seconde Guerre Mondiale ou de la Résistance. En principe, le sujet me tente assez peu. Sans doute parce qu'il est trop proche et trop chargé émotionnellement. Trop proche parce que mes parents étaient de jeunes adultes pendant l'occupation. J'ai donc très bien connu des personnes ayant très (trop) bien connu cette époque. Trop chargé émotionnellement parce que la barbarie qui régnait alors sur l'Allemagne a laissé des traces profondes dans nos esprits, en tout cas dans le mien.
Pourtant j'ai tenu à lire ce best-seller (une fois n'est pas coutume) et bien m'en a pris. Certes, ce n'est pas le style de l'écriture qui rendra ce roman inoubliable. Il a un petit côté « exposé » ou « reportage » écrit qui nous empêchera de lui tresser des lauriers littéraires. Cependant, il faut bien reconnaitre qu'il se lit très bien et même avec plaisir. Et même ce côté journalistique renforce l'impression de réalisme d'une histoire qui, ne l'oublions pas, s'inspire, au plus près, de faits réels.
Quoi qu'il en soit, il faut admettre que la peinture des différents protagonistes du récit est particulièrement réussie. Même si l'auteur n'évite pas toujours la caricature. Mais notons tout de même que tous les allemands ne sont pas des monstres ni tous les officiers alliés des saints. Il n'y a guère que les membres de la Gestapo qui sont exactement ce que l'on attend qu'ils soient, mais il serait peu envisageable de ne pas voir chez eux certains penchants au sadisme, ou, à tout le moins, un manque total de scrupules.
Impossible dès lors de ne pas trembler pour tous ces résistants ou agents alliés, contraints, par la force des choses, d'œuvrer au sein de l'ennemi. D'autant que le roman est riche en agents doubles, voire triples. On ne sait plus qui est avec qui. Les patrons des services secrets étant parfois aussi perdus que les autres. Mais ce qui menace le plus ces combattants de l'ombre ce sont ceux qui les emploient, les utilisent, les manipulent pour mieux dire. Les enjeux sont en effet d'une telle importance que certains grands chefs n'hésitent pas à sacrifier certains de leurs agents. Il était tellement vital qu'Hitler cesse de penser que le débarquement aurait lieu en Normandie, que les hommes et les femmes envoyés sur le terrain devaient être eux-mêmes persuadés que ce dernier devait avoir lieu dans le Pas de Calais. Quoi de mieux que d'être convaincu d'une fausse information lorsqu'on est susceptible d'être soumis à la torture ?
On verra comment, par souci d'intoxiquer les allemands, les chefs des services secrets alliés ne reculent devant aucune horreur. Cela fait froid dans le dos. Mais peut-on lutter contre des barbares avec des armes de gentlemen ? That's the question.
Un excellent roman qui nous plonge dans cette période d'horreur avec efficacité. À lire, ne serait-ce que pour ne pas oublier. Une petite piqure de rappel.

vendredi 28 octobre 2011

Solaris - Stanislas Lem

Le docteur Kris Kelvin est envoyé en mission sur la planète Solaris. Cette dernière est constituée en quasi totalité d'un unique océan qui semble vivant mais avec lequel personne n'a encore réussi à communiquer jusqu'ici. Ce qui explique qu'après des dizaines années d'expériences et de recherches infructueuses, les scientifiques ont pour la plupart renoncé à établir un contact et ont quittés la planète. Kelvin découvre donc une station pour ainsi dire déserte. Même les robots d'entretien sont rangés, inactifs, dans leur hangar. Le nouvel arrivant ne rencontre qu'un seul de ses collègues, le docteur Snaut. Mais ce dernier a un comportement pour le moins curieux. Pourtant, au milieu de cet endroit vide d'êtres humains, Kelvin va croiser des créatures sorties d'on ne sait où. Il va découvrir très vite que chacune de ces créatures est liée, il ne sait comment, à chacun des occupants de la station. Bientôt, il va recevoir à son tour une visite totalement inattendue dans sa propre chambre. Il s'agit de Harey, la petite amie qu'il avait lorsqu'il était jeune adulte. Problème : elle s'est suicidée il y a de cela fort longtemps. D'où vient cette copie parfaite ? Comment est-elle arrivée là ? Pourquoi ? Kelvin va vite découvrir que l'océan n'est pas étranger à ces phénomènes. Il semble qu'il soit capable de matérialiser avec une précision diabolique, les souvenirs qu'on croyait les plus enfouis. En tout cas, les plus pénibles. Ceux qu'on ne voudrait pas voir resurgir.
Voilà, je crois que je vous ai tout dit. Pourtant je n'ai certainement pas pu gâcher votre plaisir de lecture tant ce livre est avant tout affaire d'ambiance. Les plus perspicaces d'entre vous l'auront compris, nous sommes face dans ce, magnifique, roman à un huis-clos étouffant. À côté des passages purement « techniques » mais, rassurez-vous, parfaitement lisibles tels que les recherches que Kelvin entreprend sur l'océan, lisant quantité de documents qu'il a trouvé dans la bibliothèque et qui nous permettent d'en apprendre un peu plus sur la planète; nous trouvons des passages entiers pleins de questionnements, plus axés sur l'humain, j'ose dire plus philosophiques.
J'ai littéralement adoré cette conversation dans le chapitre éponyme entre Snaut et Kelvin. Le premier reprochant au second sa légèreté, son égoïsme, sa cruauté. Lorsque Kelvin prétend qu'il veut à tout prix sauver sa fiancée, ou du moins sa copie, Snaut lui rétorque qu'il ne pense qu'à son bonheur à lui et pas aux conséquences que cela pourraient avoir sur la « créature ». On ne peut pas ne pas penser, dans ce passage et dans d'autres, à Blade Runner et aux « répliquants ». Robots avec des sentiments ou bien humains dans un corps synthétique ?
Si vous cherchez de l'action, passez votre chemin. Si vous pensez que la Science-Fiction doit procurer au lecteur des matériaux pour sa réflexion, précipitez-vous.

La guerre éternelle - Joe Haldeman

La Terre est en guerre contre une race extra-terrestre : les Taurans. Le soldat William Mandella fait partie d'une troupe d'élite chargée d'aller combattre l'ennemi. L'entrainement commence sur Terre puis se poursuit sur une planète particulièrement inhospitalière, censée reproduire les conditions épouvantables de la planète où sont basés les Taurans. Puis la troupe est enfin envoyée au combat ...
Le titre comporte deux mots clés : guerre et éternelle. C'est moins le substantif que le qualificatif qui lui est adjoint qui intéresse Haldeman. Cela se sent. Même si il est beaucoup question de la guerre dans les pages du roman et même presque exclusivement de cela, c'est sa durée exceptionnelle qui fascine l'auteur. 
Du fait des théories de la relativité, les soldats participants à la guerre contre les Taurans, voyageant à des vitesses proches de celle de la lumière, vieillissent moins vite que les personnes restées sur Terre. Ne me demandez pas plus d'explications, je serais bien en peine de vous en fournir. Toujours est-il qu'entre deux batailles, des décennies, voire des siècles s'écoulent. Et notre vaillant Mandella ne prend guère que quelques mois, tout au plus quelques années.
Et c'est finalement les inconvénients liés au passage du temps différent suivant les individus qui fascine l'auteur puis le lecteur. Mandella est victime de la double peine. Il voit disparaitre les uns après les autres ses frères d'armes mais le temps lui vole aussi les membres de sa famille. Pire que tout peut-être, les « bleus » qui viennent renforcer les rangs plutôt clairsemés de ses compagnons de combat ont des mentalités totalement différente de la sienne. Au niveau de ses mœurs, en particulier, il devient un objet de curiosité, voire de dégoût.
Alternant des scènes de combat, rares et plutôt bien foutues avec des passages plus propices à la réflexion mais jamais ennuyeux, cette Guerre Éternelle renouvèle plutôt pas mal le genre de la guerre spatiale.

La musique du sang - Greg Bear

Vergil Ulam est chercheur chez Genetron. Sa spécialité : les bio-chips. À mi-chemin de l'ordinateur et de la cellule, avec la puissante de calcul de l'un et la taille de l'autre, le bio-chip est censé amélioré les capacités de l'organisme.Lorsque Genetron décide de mettre fin à ses travaux et de détruire ses échantillons, Ulam, désespéré, s'injecte les micro-organismes. Il ignore alors qu'il vient de déclencher la fin de l'humanité.
Ce roman ne manque certainement pas de qualités et il se lit jusqu'au bout sans déplaisir. Malheureusement, il suit et abandonne trop de pistes pour demeurer du début à la fin totalement passionnant.
Après avoir suivi un temps les aventures de Vergil Ulam, nous sommes amenés à suivre l'un de ses amis pour finalement s'intéresser à un troisième larron. Sans compter les aventures de personnages secondaires qui, si elles ne sont pas dénuées d'intérêt, semblent, au bout du compte, faire plus office de remplissage qu'autre chose.
La troisième partie est de loin la plus longue et nous entraine dans un récit apocalyptique au cours duquel nous assistons, non pas à la disparition pure et simple de l'humanité mais au moins à sa transformation radicale. Hélas, l'angle choisi par l'auteur, s'il est assez original, m'a laissé de marbre. La focalisation sur cet individu qui perd petit à petit son humanité m'a peu intéressé dans la mesure où je ne l'ai pas trouvé sympathique.
Un roman pas mauvais donc mais très fouillis. À trop se disperser, l'auteur finit par nous perdre.

jeudi 29 septembre 2011

Génocides - Thomas dish

Petite plongée, petit retour, vers la littérature de l'âge d'or de la S.-F. Après tout, il s'agit de la littérature dont j'ai abondamment abreuvé mon adolescence. Mais j'y retourne moins par nostalgie que par dépit. La S.-F. d'aujourd'hui est bien pauvre. Quantitativement si ce n'est qualitativement (quoique). Je sais, je l'ai déjà dit, je me répète. C'est l'âge, voyez-vous.
Alors, ai-je bien fait de revenir à mes premières amours avec ce Génocides ? Pas sûr.
Mais d'abord, de quoi cela parle-t-il ?
Figurez-vous que la terre, pardon, la Terre (s'agissant de notre planète il y faut un T majuscule, surtout en S.-F.), a été envahie par un étrange végétal qui la recouvre quasi entièrement (la Terre). Il ne reste plus de l'humanité et des autres espèces en général et des autres végétaux que quelques rares survivants. Nous suivons plus particulièrement la vie d'un groupe d'hommes et de femmes, d'une tribu pour mieux dire, qui tente d'arracher à la terre (en minuscule cette fois-ci) de quoi manger. À la tête de cette tribu se trouve une espèce de patriarche, Anderson. Il dirige son petit peuple d'une main de fer et surtout grâce à des préceptes fort religieux. Il a, littéralement, la bible dans une main, un fusil dans l'autre. Il a de nombreux enfants et en particulier deux fils (de deux mères différentes). Buddy, l'aîné, intelligent et compétent mais rebelle, pas dans le moule. Neil, son cadet, bien plus proche des idées du père mais largement moins armé intellectuellement et totalement incompétent, voire dangereux. C'est pourtant ce dernier qu'Anderson a choisi (par défaut) pour lui succéder.
C'est ainsi que nous allons suivre le quotidien de ce groupe qui doit faire face jour après jour aux difficultés de vivre auprès d'un voisin aussi envahissant que mystérieux. Personne ne sait d'où il vient ni comment il «fonctionne». Lorsque le clan rencontre un groupe d'aventuriers, Anderson, pour protéger les siens, du moins c'est ainsi qu'il explique son geste, décide d'exterminer les « étrangers ». En fait, il en épargne deux, Alice, une infirmière et Orville, un ingénieur des mines. Ce dernier, qui a perdu sa compagne lors de l'attaque, simule la docilité mais ne pense en fait qu'a se venger d'Anderson et des siens. Mais bientôt des sphères volantes attaquent le groupe et ils doivent tous se réfugier dans le seul endroit sur Terre offrant un abri naturel : les racines géantes du végétal qui a colonisé le planète. Orville va-t-il devoir réviser ses plans ?
Avouons-le, la lecture de ce roman est assez plaisante et les personnages juste assez attachants pour nous donner envie d'aller jusqu'au bout de l'histoire. Pourtant, il y a un je-ne-sais-quoi qui m'a empêché d'y adhérer complètement. Sans doute est-ce dû au traitement, somme toute assez décevant, qui est fait de cette situation post-apocalyptique. Je me serais attendu, en vieux lecteur de science-fiction, a un traitement plus en profondeur des conséquences de la catastrophe. Au lieu de cela, l'auteur se contente en quelque sorte, de nous décrire l'existence sur une courte période du petit groupe. On a davantage l'impression de lire un roman d'aventure et on se prend à penser que cela aurait pu se situer dans des contextes fort différents sans vraiment changer l'histoire.
Mais pour dire la vérité, Dish aborde tout de même un sujet important dans son récit. Il y traite de religiosité, de fanatisme religieux. En la personne d'Anderson, il dénonce tous ces chefs religieux, tous ces prédicateurs, tous ces moralisateurs qui sont tellement persuadés de détenir la Vérité, même si celle-ci est parfaitement indémontrable, qu'ils ne peuvent admettre qu'on puisse en détenir une autre.
En conclusion, Génocides est un roman certes agréable à lire, mais qui n'a pas su, à mes yeux du moins, allumer la petite étincelle qui jailli habituellement des œuvres de S.-F. Dommage.

L'avis (beaucoup plus enthousiaste) de Nebal de même que celui de Gromovar

mercredi 28 septembre 2011

La curée - Émile Zola

Deuxième volet de la saga des Rougon-Macquart, il fait suite (par ordre de publication) à La Fortune des Rougon. Dans le premier opus, nous avions suivi un épisode, ô combien important, de la vie de Pierre Rougon, l'aîné de la famille. Nous avions vu comment, avec l'aide précieuse et éclairée de son fils aîné Eugène (qui possède une situation élevée à Paris), il avait profité du coup d'état du futur Napoléon III (2 décembre 1851) pour accéder à un poste d'importance.
Dans ce deuxième roman, qui se situe au début des années 1860, nous suivons cette fois les agissements d'Aristide Rougon, le second fils de Pierre, qui se fait appeler Aristide Saccard, pour ne pas nuire à la réputation de son frère Eugène, ministre. C'est la fameuse période de transformation de Paris opérée par le non moins fameux baron Haussmann. Saccard, qui a hérité de l'appétit de puissance des Rougon, qui se traduit chez lui par un goût immodéré de l'argent, se lance alors dans la spéculation. Grâce au poste que lui a trouvé son frère ministre, il est l'un des premiers informés des destructions qui menacent certains immeubles parisiens dans la perspective du tracé des, également fameux, nouveaux boulevards. Grâce à l'argent que lui verse la tante de sa nouvelle (très jeune) femme, il commence à acheter, à un prix plus que raisonnable, un premier immeuble sachant que celui-ci est voué à la démolition et que la ville de Paris lui rachètera 2 ou 3 fois sa valeur.
L'argent commence vite à affluer chez Saccard. Malheureusement pour lui, son besoin de dépenser son argent sans compter, aux seules fins de montrer à la bonne société qui l'entoure sa réussite ainsi que des opérations risquées et mal gérées, l'amènent progressivement au bord de la ruine. Il n'hésite alors pas à envisager d'escroquer sa propre femme afin de se renflouer.
La curée, c'est bien évidemment l'histoire de ces spéculations réalisées au mépris de toute morale qui ont eu lieu lors de cette période de l'histoire. Et force m'est de faire l'aveu que je n'ai été qu'imparfaitement entrainé par cet aspect du récit. Non pas que les faits, dans le dégoût viscéral qu'ils nous inspirent, ne soit pas dignes d'intérêt. Bien au contraire. Suivre au jour le jour, dans le détail, les magouilles qu'utilise Saccard, comme précédemment nous avions suivi les manœuvres de son père, est assez jouissif. Malheureusement, et il ne faut voir là que mon goût extrêmement modéré et mon savoir notoirement insuffisant pour tout se qui touche à la finance, j'ai eu du mal à suivre la totalité des procédés ou des tractations dont se sert l'escroc pour parvenir à ses fins.
En revanche, c'est avec plus de facilité que nous suivons en parallèle les vies de Maxime, le fils d'Aristide, un jeune adulte jouisseur et sans caractère et de Renée, la femme d'Aristide, beaucoup plus jeune que son mari. C'est avec beaucoup d'émotion que nous assistons à la lente descente aux enfers de cette petite sœur d'Emma Bovary qui, si elle vit au milieu du faste des grandes fêtes parisiennes au contraire de l'héroïne de Flaubert isolée dans sa petite bourgade normande, ne s'en ennuie pas moins autant. Pourtant, elle prend des amants, presque au vu et au su de son époux qui, à tout le moins s'en accommode, puisqu'il s'est agi, avant tout d'un mariage de raison et non d'amour. Mais ces « maris de passage » ne font qu'accentuer le manque d'amour dont elle est victime. Elle s'enivre de dîners, de bals, de soirée et du parfum des pleurs de sa serre pour mieux oublier le vide de son existence. Elle va finir seule au milieu de la foule de ces gens indifférents qui l'entourent et en particulier son mari et son beau-fils qui vont superbement l'ignorer après s'être servi d'elle.
J'avoue avoir pour ainsi dire tout oublié de ma première lecture, il y a quelques années (pas si longtemps à vrai dire). Il ne me restait en tout et pour tout qu'un vague souvenir du trio (père, femme et fils), de la magnifique demeure du parc Monseau et de la serre remplie de plantes exotiques. Pourtant comme il est beau, comme tous les autres, ce deuxième roman des Rougon-Macquart. Moi, Renée Saccard m'a beaucoup ému. Et vous ? Lisez-l vite pour savoir.

Vous pourrez trouver des copies électroniques de ce roman (et de bien d'autres) ici
Accès direct pour les plus pressés : pdf ou epub et même word mais il est bien dommage de ne pas visiter tout le site.

vendredi 9 septembre 2011

samedi 27 août 2011

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer

Nous sommes peu de temps après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Juliet est une jeune écrivaine qui connait un beau succès. Tout à fait fortuitement, elle entame une relation épistolaire avec les membres d'un club littéraire de l'île de Guernesey : le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates. Elle découvre que la petite île anglo-normande a connu, comme tant d'autres, son lot de tragédies dues à la guerre et à la présence des soldats allemands. Après de nombreux échanges de lettres, elle décide de se rendre sur place pour découvrir ses correspondants en chair et en os.
Vous l'aurez compris, nous avons affaire à un roman épistolaire. Mais j'invite ceux qui pourrait se croire allergique au genre de sauter tout de même le pas. L'histoire est magnifique, touchante et sublimement racontée. Nous basculons sans cesse du rire aux larmes sans jamais verser dans le mélodrame ou la vulgarité. Bien sûr, les personnages pourront vous paraître un peu trop bienveillants, trop bons, trop gentils. Ce n'est pas faux. Même si se glissent ça et là quelques individus pas très aimables. Voire franchement antipathiques. Mais qu'importe. Les portraits de ces gens simples sont parfaitement réussis et nous offre une galerie d'une grande richesse.
J'ajouterai que leur gentillesse ou devrai-je dire leur solidarité face au malheur et les drames, grands ou petits, qu'il traversent avec courage et dignité parlent directement à ce qu'il y a de meilleur en nous. Même l'occupant n'est pas montré systématiquement sous son plus mauvais jour. Les soldats et leurs officiers n'ont pas demandé à être là.
Un roman magique donc et peuplé de gens que l'on rêverait d'avoir pour amis. Tour à tour léger et grave, triste et drôle, tolérant et en colère contre l'absurdité de la guerre. À lire et à relire, juste pour se faire du bien.

Pietr le Letton - Georges Simenon

Vous trouverez cette chronique au bout du lien suivant :

Pietr le letton - Georges Simenon

Le capitaine Alatriste - Arturo Perez-Reverte

Le capitaine Diego Alatriste est un tueur à gages. Enfin, disons qu'il gagne sa vie grâce à son épée. Et capitaine n'est qu'un surnom. Ancien soldat des armées de Philippe IV d'Espagne, il n'a jamais dépassé le grade de sergent. Lorsqu'un jour deux personnages haut placés lui demande coup sur coup, le premier, de tendre un guet-apens à deux gentlemen anglais afin de leur dérober des documents mais sans attenter à leur vie, le second, quelques minutes après, de tuer les deux hommes, Alatriste flaire le coup tordu. Et quand les deux gentlemen se révèlent des personnages très importants, il découvre qu'il a mis le doigt dans une vilaine affaire. Mais il est trop tard.
Bien sûr, ce roman fait immédiatement penser aux Trois mousquetaires de Dumas. D'autant que Perez-Reverte ne cache pas l'admiration qu'il a pour l'auteur français. Il est bien écrit, plaisant à lire mais il soufre d'un défaut majeur lié, il est vrai, à mon expérience personnelle : je l'ai lu après avoir lu les aventures de Benvenuto Gesufal de Jean-Philippe Jaworski (Janua Vera et Gagner la guerre). Bien sûr, Alatriste est antérieur à Gesufal. Le second est peut-être inspiré du premier. Mais je les ai lus dans un ordre inversé, voilà tout. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les aventures de l'ancien soldat de la guerre des Flandres n'atteignent pas, à mon humble avis, la flamboyance des aventures du spadassin de la république de Ciudalia.
La faute sans doute à des personnages stéréotypés et qui ne m'ont jamais vraiment intéressé.
Le capitaine Alatriste est un bon roman, agréable à lire mais loin, très loin des autres productions de l'auteur espagnol. Je ne puis cacher la déception que j'ai ressentie en pensant aux chef-d'œuvres tels que Le tableau de maître flamand ou Le club Dumas (tiens, encore lui !).
À lire donc pour vous faire votre propre opinion. D'autant qu'il est peu épais. Quant à moi, je doute fort d'attaquer un jour la suite. Mais qui sait ?

dimanche 21 août 2011

Mr Brown - Agatha Christie

Mr Brown - Agatha Christie

La Fortune des Rougon - Émile Zola

Une liseuse. Une offre exceptionnelle de livres électroniques entrés dans le domaine public. Et cela devait arrivé. Je n'ai pas pu m'empêcher de tester mon nouveau joujou pendant ma petite semaine de vacances avec l'œuvre de l'un de mes auteurs préférés. Et je vous préviens : ce n'est que le début.
Alors pour ceux qui l'ignore ou qui l'aurait oublié, La Fortune des Rougon est le premier roman d'une saga de vingt écrite par l'excellent Émile Zola : Les Rougon-Macquart. Du nom des deux hommes que connaîtra dans sa vie l'aïeule de la famille : Adélaïde Fouque. Rougon, son premier mari, lui donnera un fils : Pierre. C'est surtout de lui qu'il sera question dans ce premier opus. Macquart, l'amant qui remplacera Rougon à la mort prématurée de ce dernier, lui donnera, quant à lui, un garçon et une fille, Antoine et Ursule.
Comme le titre l'indique, ce premier volet nous apprend comment la fortune est venue aux Rougon. Sans faire de révélation fracassante, s'agissant d'un épisode de l'histoire de France, elle sera due au coup d'état du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III. Pierre Rougon, bien conseillé par son fils Eugène, a su choisir le bon cheval.
Ah ! Quel délice de suivre ces comploteurs du dimanche qui se réunissent régulièrement dans le salon jaune des Rougon. Pour la plupart, ce ne sont que de petits bourgeois bien peu taillés pour le combat révolutionnaire. À l'exception de quelques uns ils sont : lâches, stupides, cupides. Ce qui les unit n'est pas l'adhésion à un parti ou à un homme mais plutôt leur haine commune de la République. Tout sauf elle, voilà leur devise. Comme il est délectable de voir jusqu'à quel point ils sont capables d'aller pour sauvegarder leurs intérêts. Ils n'ont alors plus aucune morale. À l'exception de la morale officielle, bien sûr, qui elle s'affiche à tout bout de champ. C'est qu'on va à la messe tous les dimanches ma petite dame.
Mais l'histoire ne se concentre pas uniquement sur la famille de Pierre Rougon. En tant que premier tome de la saga, ce présent roman a tout du tome d'introduction (en beaucoup moins lourd cependant). La totalité des branches des Rougon-Macquart y est présentée, la plupart des protagonistes des épisodes suivants également. Le moins que l'on puisse dire, c'est que fort peu de personnages trouvent grâce à nos yeux. Ils sont le plus souvent, comme je les déjà dit, lâches, stupides, cupides mais également méchants, fainéants, calculateurs, manipulateurs, avares ...  Bien peu d'entre eux stimulent notre sympathie. Même si quelques uns peuvent être qualifiés de « purs », ce ne sont au bout du compte que des brutes mal dégrossies. Tout juste voit-on pousser, au sein de ce fumier, une fleur délicate comme Miette mais son destin va se révéler tragique.
Non, décidément, chez Zola nous ne sommes pas au royaume des bisounours. Et c'est ce qui en fait toute la valeur. Ce qui intéresse l'auteur c'est la nature humaine dans son intégralité sans jamais omettre les plus bas instincts de l'homme. Habitués que nous sommes de côtoyer dans nos lectures des personnages très manichéens, cela fait un bien fou d'avoir enfin affaire à des personnages plus gris (voire gris foncés).
On en arrive même, et cela est dû sans aucun doute au talent de l'auteur, à souhaiter toute la réussite possible à cette galerie de salauds qui nous est présentée. C'est un comble.
Quant au style, il est étonnamment moderne. J'y ai senti une nette rupture avec celui du début du dix-neuvième siècle qui, pour être magnifique, est peut-être un peu moins directement accessible. Zola est résolument un auteur du vingtième siècle (même s'il est mort en 1902). Son vocabulaire est peu chargé de termes ou d'expressions  vieillis. Son style est simple et direct. Le ton n'est également pas dépourvu d'humour. Et la tendresse vis à vis des personnages est omniprésente.
Autant le dire tout de suite, tous les romans de la saga recevront la note de 5 sur 5. Chacun d'entre eux étant en effet un petit bijou. Je me permettrai simplement de signaler mes petits coups de cœur. Cette Fortune des Rougon n'est pas loin d'en être.
Si vous n'avez jamais lu de grands classiques (ou trop peu), précipitez-vous. Je doute fort que vous le regrettiez. Et puis, je le répète, les romans de Zola sont, comme tant d'autres, libres de droit et disponibles sur le net sous toutes les formes (Word, Pdf, Epub, html ...)

mardi 5 juillet 2011

Le mystère de la chambre jaune - Gaston Leroux

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Le mystère de la chambre jaune - Gaston Leroux

Arutha se met à la page ...

Ceux qui me connaissent ne serait-ce qu'un peu, savent que j'ai toujours été vivement intéressé par les livres électroniques. Jusqu'ici, j'avais fait des tentatives plus ou moins couronnées de succès pour lire des ebooks sur les supports les plus divers. Tout ce qui comportait un écran, grosso modo.
Les mêmes savent peut-être également à quel point je suis irrésistiblement attiré par les tablettes tactiles qui représentent pour moi, tout ce que j'ai toujours cherché dans un appareil high-tech : taille, praticité, lecture vidéo, audio, lecture de textes, d'images ainsi que des applications dignes d'un pc de bureau. Un vrai pc de poche, quoi ! Et sans son encombrant clavier.
Alors quelle ne fut pas ma joie de découvrir, un peu par hasard, l'objet qui allait remplir toutes ces fonctions. Le ereader déguisé en tablette tactile (à moins que ce ne soit l'inverse) et ce, à un prix nettement plus abordable que tout ce qui est proposé, dans un monde ou dans l'autre. J'ai nommé l'Archos 70b ereader.
Tout d'abord, il faut savoir que le 70b est vendu comme un lecteur de livres électroniques. Officiellement. Le bureau qui apparaît, lorsqu'on allume la bête, est d'ailleurs essentiellement une application de lecture d'ebooks. J'ajouterais même une belle application. J'adore voir, lorsque je passe le doigt sur l'écran de droite à gauche (ou de gauche à droite), l'animation qui simule une page qui se tourne. Je ne m'en lasse pas. Mais on peut, accessoirement, accéder bien sûr à toutes les autres fonctions (vidéo, audio, photos, internet ...).
Parce qu'il a pas mal de ressources, le joujou. D'abord il est multimédia. Il sait lire des vidéos en 720p, des images, des pdf. Avec une qualité que j'ai jugé parfaitement acceptable. Il possède une connexion wifi qui lui permet d'accéder à internet ou de lire les mails. Et même si l'accès à l'Android Market n'est pas possible (comme chez tous les appareils Archos), nous avons l'accès à l'appslib (l'Archos market si on veut) qui est déjà bien fourni. Et puis on trouve sur la toile, en cherchant un peu, un tas d'applications supplémentaires.
C'est ainsi que l'on peut, si l'on veut, charger un bureau différent de celui d'origine qui n'est pas, il faut en convenir, un modèle d'esthétisme et de modernité.
C'est ce que j'ai fait. Du coup j'ai un bureau tout beau, avec tout plein de widgets. Et quand je dis un bureau, je devrais dire trois puisque, comme la plupart des autres, le launcher (ou home, comme on veut) que j'ai choisi propose plusieurs bureaux (ou écrans).
J'ai ajouté également un agenda, un logiciel de prise de notes, un widget météo ... J'ai même un widget me permettant de lire les vidéos de youtube (il faut savoir que le 70b est en Android 2.1 qui n'a pas de plugin flashplayer). Et un autre pour accéder à une floppée de radios.
Encore une fois, c'est un petit pc. Certes limité mais déjà bien sympathique.
Petit bémol (très léger en ce qui me concerne), l'écran est résistif. Pas capacitif. Ce qui veut dire qu'on ne peut pas frimer en faisant un zoom rien qu'en écartant les doigts. La belle affaire. L'écran reste malgré tout parfaitement réactif. De plus, la tablette est munie d'un accéléromètre, qui permet d'avoir un affichage à l'endroit, quel que soit le sens dans lequel on tient la tablette.
Voilà, tout ça pour la somme de 129 euros. Moins cher donc que la plupart des liseuses ou des tablettes. Bien entendu, ce qu'elle offre n'est pas comparable mais reste, à mon avis, tout ce qu'il y a de plus honnête.
Bon, c'est pas tout ça, mais il va falloir que je télécharge quelques livres. Libres de droit pour le moment (donc gratuits) parce que, comme je l'ai souvent dit, l'offre actuelle en français est pauvre et hors de prix. Et il faut que j'amortisse mon achat, ou madame ne va pas être contente ...
À bientôt pour une chronique 100% électronique.

Ci-dessous, un exemple de launcher avec trois bureaux différents.


La mystérieuse affaire de Styles - Agatha Christie

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La mystérieuse affaire de Styles - Agatha Christie

No country for old men - Cormac McCarthy

Vous trouverez cette chronique dans le lien suivant :

No country for old men - Cormac McCarthy

Des vents contraires - Olivier Adam

Eh bien voilà ! Ma première chronique de littérature blanche. Cela devait bien arriver. Et en particulier lorsque l'offre en nouveaux poches de littérature de l'imaginaire s'étiole comme une peau de chagrin. Enfin, je parle d'une offre digne d'intérêt pour votre serviteur. Lors de mes dernières visites à mon libraire préféré, j'ai été effaré par la vision de cauchemar des nouveautés mises en avant. Aussi bien les titres que les couvertures sont épouvantables (qui cause de l'épouvante). Et 9 sur 10 sont des Milady (je n'ai rien contre cette collection, entendons-nous, mais il devient de plus en plus clair pour moi que ce n'est pas ma tasse de thé). Bref, revenons à nos moutons.
Or donc de la littérature blanche. Et qui plus est d'un jeune auteur contemporain. Ce qui est extrêmement rare chez moi. Le dernier cas recensé devait être un roman de Philippe Djian. Cela ne date pas d'hier. Et puisqu'on parle de Djian, il y a probablement une certaine filiation entre les deux auteurs. Adam ne fait pas du Djian mais il y a dans le ton du roman des éléments de rapprochement indéniables entre les deux.
L'auteur, tout comme son aîné a choisi de nous parler d'un type ordinaire et de son quotidien assez ordinaire aussi mais affligé d'un fardeau qui l'empêche d'avancer. Le narrateur est le père de deux enfants (un garçon une fille) dont la compagne a brusquement disparue sans laisser de traces depuis plusieurs mois. Personne ne sait ce qui a pu se passer mais la plupart des gens imaginent qu'elle est partie parce qu'elle ne supportait plus la vie avec son compagnon. Ou ils préfèrent imaginer cela plutôt que quelque chose de plus tragique, de plus définitif.
Lorsque l'histoire commence, notre petite famille s'apprête à déménager pour recommencer une nouvelle vie à Saint Malo, ville où le père a passé son enfance. Il va là-bas retrouver son frère qui lui a proposé une place de moniteur dans l'auto-école qu'il dirige. Et nous vivons l'installation de ces trois êtres écorchés par la vie, leur nouveau départ
Et c'est l'occasion de nous présenter une galerie de personnages divers et variés et ô combien attachants. La petite Manon d'abord, quatre ans, si fragile, si vulnérable. Son grand frère Clément qui souffre en silence. Et puis le père, Paul, un peu largué et qui fait ce qu'il peut pour maintenir la petite famille à flot.
Mais il y a aussi Alex, le frère de Paul et Nadine sa femme qui souffrent de ne pouvoir avoir d'enfants. Justine, une élève de Paul, jeune et jolie fille mais du genre désagréable. L'inspecteur Combe, vieux flic désabusé. Une voisine âgée et malade. Et j'en passe.Et tout ce beau monde réunit nous offre une tranche de vie, courte mais riche, de ce papa abandonné. Tellement riche, même, qu'on peut trouver le nombre d'aventures un peu excessif pour un homme ordinaire. Mais en même temps, il faut bien qu'il se passe quelque chose. On pourra aussi trouver un rien agaçant ce père parfait qui n'élève jamais la voix sur ses enfants. Devant un tel personnage, j'ai l'impression d'être un père monstrueux.
Mais ces quelques défauts mineurs n'entament jamais le plaisir de la lecture ni celui de cette plongée au cœur de la vie de gens ordinaires mais attachants. Et puis n'oublions pas cet autre personnage au moins aussi important que tous les autres : Saint Malo et sa région.
Une découverte agréable, donc, et une lecture plaisante. Il n'est pas exclus que je lise d'autres romans du garçon.

mardi 21 juin 2011

Les orphelins - Robert Buettner

Alors, comment dire ? Prenez Étoiles, garde-à-vous ! (Starship Troopers) secouez bien et vous avez Les orphelins. Quand je pense que même quelqu'un comme moi, qui ne suis pourtant pas un spécialiste des comparaisons, je l'ai remarqué, c'est vous dire !
En même temps, sauf si on n'a pas lu Starship Troopers, il faut être particulièrement distrait pour ne pas voir les similitudes. L'histoire commence avec le récit d'une jeune recrue qui s'apprête à sauter sur Ganymède à bord d'une capsule individuelle larguée depuis un vaisseau spatial.
Bon, là déjà, ça ne vous rappelle rien ? Si un peu quand même. Quand ensuite, la recrue en question, qui est aussi narrateur, nous parle de la façon dont tout cela à commencé et en particulier de sa formation militaire, ça vous dit quelque chose, quand même. Jusqu'aux extra-terrestres qui, s'ils n'ont pas une apparence d'insectes, n'en sont pas moins repoussants aux yeux des terriens. Eux aussi ont droit à leur gentil petit surnom : les limaces si j'ai bonne mémoire. Et eux aussi sont impitoyables et n'ont aucun sens de l'individu. Seule la collectivité compte.
Bon, j'arrête là. C'est un presque parfait copié-collé avec juste ce qu'il faut de changement pour avoir l'air de. La seule chose positive dans tout ça, c'est que Buettner nous évite les discours à la limite du nauséabond (ça n'engage que moi) que nous délivrait le père Heinlein.
Au bout du compte, quand on n'a pas lu Étoiles, garde-à-vous ! on peut lire sans trop de déplaisir ces Orphelins. Cela se lit très vite. Dans le cas contraire, bien sûr, il y a un risque de redite manifeste.

Voilà, j'ai voulu essayer absolument cette nouvelle édition, Eclipse, qui fait des livres assez réussis de mon point de vue. Ajoutez à cela un marque page incorporé et spécifique à chaque roman. La classe ! Malheureusement, j'ai bien peur que ce nouvel éditeur apparu comme tant d'autres dans le monde de la littérature de l'imaginaire, soit contraint de publier ce que j'appellerai les fonds de tiroirs ou bien les nouveautés dont les autres non pas voulu pour surfer sur la vague de la mode actuelle. Il y aura certainement quelques perles ici où là, qui surnageront. Mais je crains que la majeure partie du catalogue soit constituée de produits du même acabit.  J'ai d'ailleurs le même ressenti vis à vis des éditions Milady. J'espère sincèrement pour eux que je me trompe. L'avenir le dira.
On publie tout ceux qui rêvent d'un destin à la Tolkien ou à la Herbert. Malheureusement, peu d'entre eux se montrent à la hauteur. En tout cas, ce n'est clairement pas ma came et je m'en vais retourner à mes classiques. Mes valeurs sûres.

Plaisirs coupables - Laurell K. Hamilton

Une aventure d'Anita Blake, tueuse de vampires.
Bon ! Au moins pourrai-je dire : j'ai essayé. Ma femme aussi par la même occasion. Elle n'a pas fait mieux que moi. Nous avons l'un et l'autre arrêté la lecture avant la fin non sans avoir vraiment tenté de nous accrocher.
L'idée de départ n'est pourtant pas mauvaise : un monde dans lequel les morts-vivants se baladent au vu et au su de tout le monde, où les vampires ont pignon sur rue. Mais qu'est-ce que tout cela est mal exploité ! On a le sentiment que Hamilton n'a pas pris le temps de penser son univers. D'en éprouver la solidité. Du coup, le récit est bourré d'invraisemblances, ou, au mieux, de choses non dites, d'explications non données. Alors on n'accroche pas. On n'arrive pas à y croire une seconde. Même en faisant des efforts.
Un exemple parmi d'autres. Les vampires ne se cachent pas. Ils vivent au milieu des humains. Pourtant, Anita Blake, l'héroïne, peut les tuer en toute impunité !!?? De plus, elle les déteste. Pourquoi ? Bah on n'en sais rien. Peut-être l'apprendront nous plus tard. En attendant, on n'y comprend rien. Enfin, moi en tout cas, je n'y comprends rien (et puis je m'en fous).
Et l'histoire n'avance pas. Anita est chargée d'enquêter sur les meurtres de plusieurs vampires. Mais après avoir lu une bonne partie du livre avant de déclarer forfait, je constate qu'Anita n'a toujours pas entamé son enquête à proprement parlé, trop occupée qu'elle est à se débarrasser des bâtons qu'on lui met dans les roues. Qui plus est, les bâtons viennent souvent de ceux qui l'ont mandatée. Quand je vous dit que je n'y comprends rien.
L'histoire ressemble en fait à un mauvais jeu de rôle. Anita ouvre une porte, elle se fait tabassée, elle s'enfuit. Elle ouvre une porte, elle se fait tabassée, elle s'enfuit ... ad nauseam. Cela me rappelle, même si cela n'a rien à voir, la fois où j'ai voulu attaquer la série des Lancedragon histoire de lire quelque chose qui ne prend pas la tête. En fait c'était tellement bourrin que cela en devenait illisible. Ce n'était pas plaisant, c'était une torture. Eh bien je ressens la même chose ici.
Le plus dommage, c'est que cela aurait pu être beaucoup plus réussi mais je crois qu'il aurait fallu à l'auteure un peu plus de travail. Voilà, maintenant c'est officiel : je n'aime pas la bit-lit. Je m'en doutais bien un peu mais ma sacro-sainte rigueur intellectuelle m'interdisait de l'affirmer sans en avoir fait l'expérience. C'est fait. C'est dit.

dimanche 19 juin 2011

Passage - Connie Willis

Allez ! Parlons d'abord des choses qui fâchent. Ce livre est long. Très long. Trop long. Plus de 900 pages, ça commence à faire beaucoup. Évidemment pas quand il s'agit d'écrire une épopée comme le Seigneur des Anneaux, mais ici, il faut bien reconnaître que nous sommes loin de la même veine épique.
Non. L'histoire, toute l'histoire, tiendrait en quelques pages. Joanna Lander est psychologue au Mercy General. Elle s'est fait une spécialité des E.M.I. Des expériences de mort imminente. Ce phénomène décrit les sensations éprouvées par les personnes en état de mort clinique avant d'être réanimées. Les témoignages recueillis comportent un certain nombre de points communs : un bruit difficile à identifier, un tunnel, une lumière vive, la présence de proches déjà décédés ...
Dans le domaine elle a un rival, Maurice Mandrake, auteur d'un livre : La lumière au bout du tunnel. Lui aussi interroge les personnes ayant survécu à un coma profond. Mais à la différence de Joanna qui essaie d'interférer le moins possible avec le témoignage de ceux qu'elle interroge, Mandrake n'hésite pas à les influencer. Pour obtenir les réponses qui l'arrangent.
Un beau jour, Joanna croise la route du Dr Wright. Ce dernier cherche à l'associer à des recherches qu'il mène sur les E.M.I. Il tente de reproduire celles-ci artificiellement sur des volontaires à l'aide de certaines substances chimiques pour ensuite analyser les réactions sur l'organisme afin de tenter de déterminer ce qui se produit lors de ces expériences (ne m'en demandez pas plus. D'abord je n'ai rien compris, ensuite je n'ai rien retenu).
Bon, tout ça, en délayant un peu, ça nous fait 300 pages. Allez, 400 parce que c'est vous. Mais 900 !!!
Il faut dire que dans ce roman, Connie Willis se plaît (se complaît ?) à répéter inlassablement les mêmes choses. C'est Joanna qui passe son temps à fuir Mandrake. C'est Joanna qui parcours l'hôpital en long en large en travers. D'est en ouest. De haut en bas. C'est le Dr Wright qui se perd dans le labyrinthe en 3 dimensions qu'est le Mercy General. Je n'ai pas le souvenir d'avoir lu la description d'un établissement aussi complexe. Il faut dire qu'il est le résultat de la réunion de plusieurs bâtiments qui n'étaient pas conçus à l'origine pour communiquer entre eux. C'est Joanna qui rend visite à la petite Maisie. Joanna qui rend visite à son ancien professeur d'anglais et à sa nièce. Ce sont les soirées tombola (soirées vidéo) au cours desquelles Vielle, la meilleure amie de Joanna, essaie de caser celle-ci avec Richard Wright. Et puis bien sûr tous les récits des différentes E.M.I. vécues par les volontaires du programme.
C'est ainsi qu'on va retrouver, tout le long du récit, une succession des passages susmentionnés.  Passage a tout d'une hélice ADN en fait. Et à la longue, cela peut un peu devenir ennuyeux. D'autant que le roman se termine de façon assez décevante. L'explication finale n'est pas loin d'être consternante, du moins n'est-elle pas exceptionnelle. Tout ça pour ça, est-on tenté de se dire. De plus, la fin ouverte permet les interprétations les plus fantaisistes en complètes oppositions avec les caractères plutôt rigoureux de Joanna et Richard.
Bon, à la réflexion, quand j'évoquais les choses qui fâchent, je crains bien qu'en fait, cela concerne tous les aspects du roman.
Je suis pourtant arrivé à bout de ma lecture. Par quel miracle ? Eh bien il faut avouer que Connie Willis sait écrire et sait nous raconter des histoires. Et puis, on a envie de savoir comment tout cela se termine. Mais autant j'avais particulièrement aimé Sans parler du chien autant avec Passage, j'ai un peu souffert. Connie Willis reste malgré tout une auteure que je garde à l'œil. Et je lirai sans aucun doute le prochain de ses livres à sortir en poche. À condition bien sûr qu'il fasse une taille raisonnable.

jeudi 16 juin 2011

Le livre (vraiment) de poche

Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler d'une nouvelle maison d'éditions : les Éditions point deux ou .2 comme vous préférez. Enfin, quand je dis nouvelle ... Il s'agit en vérité d'une création des Éditions Points. De ce fait, elle bénéficie du catalogue de la maison mère qui possède une offre, comme chacun sait, assez sympathique.
Mais pourquoi j'en parle ? Parce que !
Plus sérieusement, cette collection a quelque chose de tellement original, que je ne pouvais pas la passer sous silence. Ce sont des livres, vraiment, au format de poche. Ce qui signifie qu'ils tiennent vraiment dans la poche. Quand le terme a été inventé, les poches devaient être plus grandes. Avec leur taille de 12 cm sur 8 cm, ils font à peu près la moitié d'un livre de poche traditionnel.

Jesse Kellerman - Les visages
Qui plus est, ils se lisent verticalement. Et comme une image vaut mieux qu'un long discours, voyez plutôt :

Jesse Kellerman - Les visages

Enfin, afin de résoudre le problème du nombre de pages (quasiment multiplié par deux), il a fallu utiliser du papier extra fin, genre papier bible. La police de caractère, quant à elle, même si elle est peut-être un peu plus petite qu'à l'ordinaire, reste confortable.

Alors qu'en est-il à l'usage ?
Eh bien ma foi, j'avoue avoir succombé aux charmes de ces petits objets. La taille d'abord. Elle est parfaite. Ils tiennent dans la poche. Pour de vrai. J'ai pu en emporté un lors d'une visite chez mon docteur. Sans être obligé de le tenir à la main durant le trajet, ce que je n'aurais pu faire avec un poche ordinaire. Ils sont plaisants à manipuler. L'illustration de couverture est certes plus minimaliste que chez leurs grands frères des Éditions Points, mais elles ne sont pas moins jolies (quand elles sont jolies au départ). Ils sont légers et se font vite oublier. Ils tiennent nettement moins de place dans nos bibliothèques.

Arnaldur Indridason - La Cité des Jarres

La lecture ensuite. Elle déroute bien entendu au début mais on s'y fait très vite. Elle est d'autant plus agréable qu'elle peut se faire d'une main. Très pratique pour la lecture couché. On peut également lire le livre ouvert à plat sur une table, (presque) du début à la fin (il faut quand même le poids d'un certain nombre de feuilles pour que le livre reste ouvert tout seul). Seul petit bémol, la finesse des feuilles rend leur manipulation délicate. Tourner les pages peut se révéler un exercice assez difficile. En l'occurrence, oubliez la lecture 100 % à une main.

Le prix enfin. J'avoue que je le trouve un peu élevé. À titre d'exemple, le thriller Les visages de Jesse Kellerman est à 7,41 euros chez Points et 11,40 euros chez Point deux. Mais quand on aime, on ne compte pas. 

À essayer, pour tous les curieux et ceux qui veulent se faire une mini bibliothèque ou bien emporter de la lecture en vacances sans s'encombrer et qui n'ont pas encore succombé au charme des liseuses.

J'ajouterai que j'ai succombé à cause (ou grâce) à Dup :
Le poète de Michael Connelly

Enfin, je vous recommande chaudement la video de présentation que vous trouverez sur le site http://www.editionspoint2.com/
C'est un bijou d'humour.

mardi 17 mai 2011

Le Déchronologue - Stéphane Beauverger

Dans l'interview que je lui ai accordée (oui,oui, je me la raconte) Gromovar me demandait (question 9) : « Que trouves-tu dans cette littérature de genre ? ». Aujourd'hui je pourrais répondre : le plaisir de lire des objets littéraires aussi captivants que ce Déchronologue. Venant après des World War Z ou des Gagner la guerre, je peux me considérer comme verni en lecture en ce moment.
Le Déchronologue a tout pour me plaire. Il conjugue deux de mes passions : la Science-Fiction et les romans de flibuste. La première n'est présente que de façon légère, à peine suggérée, subtile. Comme saupoudrée. Nul doute que les lecteurs qui ne sont pas trop fans ni de la Science-Fiction en général ni des voyages dans le temps en particulier, n'auront guère à souffrir de cet aspect des choses.
Le second thème est en revanche exploité à fond. C'est le cœur du roman. Tout y est ! Les plus importantes marines de l'époque (XVII ème siècle), les corsaires, les pirates, les flibustiers, les boucaniers, les capitaines, les boscos, les îles, les gouverneurs, les combats navals, les frégates, les galions ... je ne vais pas passer en revue tout le champ lexical de la flibuste. Mais tout y est, vous dis-je ! On pourra d'ailleurs me rétorquer que, s'il s'agit de fait d'un énième roman de pirates, il a dû être difficile à l'auteur de se montrer original. Et c'est là qu'opère ici la subtile alchimie entre aventure et SF.  Cette dernière est comparable aux épices qui transforme un plat ordinaire en un mets de choix. Les «technologies voyageuses» qui sont décrites avec les mots du narrateur, les mots du XVII ème siècle, conservent une aura de mystère qui en font des objets magiques et convoités.
Et que dire du style ? Les qualités littéraires de Stéphane Beauverger ne m'avaient pas, à ce point, frappé lors de ma lecture de sa trilogie Chromozone. Mais ici, la plume est tout simplement somptueuse. Ni élitiste, ni illisible, juste magnifique.
Alors ! Tout est parfait dans ce roman ? Rien ne cloche ? À vrai dire, il y aurait peut-être un petit bémol à glisser dans cette litanie de louanges. Et c'est à propos de la structure du récit. Si le premier et le dernier chapitre sont bien à leur place, entre les deux, règne un joyeux bazar. Le chapitre 1 est suivi du 16 et du 17 (bel effort de continuité), puis viennent le 6, le 2, le 7 ... Bien sûr, puisque nous sommes pris dans les tourbillons du temps, ceci s'explique. Mais brouiller la chronologie pour brouiller la chronologie, voilà qui donne au procédé une allure très artificielle.  D'autant que les lecteurs inattentifs, comme moi, sont vite perdus. Du coup, nous avons vite l'impression que cela n'apporte rien au roman, bien au contraire et que l'auteur aurait très bien pu s'en passer.
Et puis, au fil du temps, au fur et à mesure que nous avançons, malgré tout, dans l'histoire, ballotés d'une époque à l'autre, nous nous surprenons à apprécier ces allées et venues temporelles, à aimer ces moments où le voile du mystère se déchire, peu à peu. Il est agréable, par exemple, d'apprendre comment le personnage principal, le capitaine Villon, ô combien attachant, fait la connaissance de tel ou tel autre personnage que nous connaissons déjà depuis longtemps. Ou comment il s'est trouvé dans telle ou telle situation.
De fait, je me suis posé la question que tous les lecteurs se posent certainement : est-il utile, voire intéressant ou plaisant, de relire le texte dans l'ordre chronologique ? Pas sûr que la réponse soit oui (sauf pour SBM, manifestement).
Au final donc, une vraie réussite, fort bien écrite, pleine de rebondissements et de mystères. Voire un peu de mélancolie. Un beau voyage dans le temps. Merci monsieur Beauverger.

Qu'en pensent les autres blogueurs :
Calenwen (Vert)
Sandrine Brugot Maillard
Julien, Naufragé Volontaire
Efelle
Lelf
Thom
Blop
Munin
Si je vous ai oublié dans la liste, n'hésitez pas à m'insulter, mais surtout à me transmettre un lien vers votre chronique.

samedi 7 mai 2011

Gradisil - Adam Roberts

L'idée de départ du roman est bonne et originale. Jugez plutôt. L'auteur entreprend de nous parler d'une poignée d'excentriques, riches pour la plupart, qui ont décidé de vivre dans des maisons de fortune (de simples cubes pour la plupart) en orbite autour de la terre. De fait, cela fait de Gradisil le space-opera le moins éloigné de la terre. Les explications techniques concernant les moyens utilisés par les spationautes amateurs ne sont jamais vraiment rébarbatives et sont même empreintes d'une certaine poésie (comparer les champs magnétiques aux branches de l'arbre-monde Yggdrasil, ça a de la gueule ...). L'auteur exploite plutôt bien son idée de départ. Et assister à la naissance d'une  nation aussi peu ordinaire a de quoi nous intéresser.
Pourtant, la mayonnaise ne prend pas. La faute sans doute aux personnages. Leurs portraits sont pourtant particulièrement réussis. D'autant qu'avec plus de 750 pages, l'auteur a parfaitement le temps d'approfondir la psychologie de chacun. Mais voilà, aucun n'est véritablement attachant. En dehors de Klara peut-être. C'est à dire du personnage principal de la première des trois parties qui constituent le roman. C'est d'ailleurs cette première partie qui m'a le plus enthousiasmé. Sans doute parce que nous découvrons les prémices de ce qui allait devenir une nation. Côtoyer ces illuminés qui forment la base des Hautes-Landes est de nature à éveiller notre intérêt. Sans oublier ce mélange réussi entre la banalité du quotidien de ces nouveaux aventuriers et la magie de ce qu'ils entreprennent.
Dans la deuxième partie, nous suivons la vie de la fille de Klara, Gradisil. Ce n'est pas un hasard si le roman porte son nom. Ses aventures forment, de loin, la majeure partie du livre. Et elles ne manquent pas d'intérêt non plus. Mais que cette femme est détestable. Du moins de mon point de vue. Je n'ai à aucun moment réussi à m'attacher à elle, ce qui a beaucoup nuit, forcément, au plaisir de la lecture.
Quant au dernier personnage, le fils de Gradisil, il est d'une fadeur consommée. La partie qui lui est consacrée est courte, très courte en regard du reste et on devine bien que l'auteur a été bien en peine de faire durer plus longtemps l'histoire.
En conclusion, un roman qui s'annonçait passionnant mais qui s'essouffle et finit par devenir presque ennuyeux. On parvient à terminer la lecture sans difficulté majeure mais sans enthousiasme particulier non plus.

Autres échos :
Val Lhisbei Ryû

vendredi 6 mai 2011

Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige



On s'en doutait bien un peu, mais maintenant, c'est officiel : Guillaume du Traqueur Stellaire est un méchant garçon. Ne me demande-t-il pas, ou plutôt, n'exige-t-il pas de moi, ne me met-il pas au défi de vous chroniquer un album musical ? Il ignore encore, l'audacieux, que dans une interview à paraître que j'ai accordée à l'ami Gromovar (épinglé lui aussi d'ailleurs, ici), j'avoue ma maigre appétence pour la chose musicale. Oui je sais, c'est moche. Mais je connais des personnes qui n'aiment pas le chocolat et je n'en fais pas toute une histoire.
Alors que je n'ignore pas que la plupart des gens ont ponctué leur vie de tel ou tel artiste, groupe, album ou chanson, j'avoue ne pas être de ceux-là. La musique ne fais pas partie de ma vie, voilà tout. Alors vous faire une chronique musicale, vous imaginez le challenge.
Mais comme je ne saurais rien refuser à Guillaume (en fait si, plein de choses mais en l'occurrence, non) je veux bien sacrifier à l'exercice.
Bon ça va être rapide vu que je n'ai pas grand chose à dire s'agissant de musique. Un peu comme mon ami Baudelaire qui n'a pour ainsi dire écrit aucun poème dans ce domaine (la phrase titre est bien l'une des rares exceptions). Il n'y a pas de coïncidence !
Je vais donc vous dire tout le bien que je pense de, non pas un, mais deux albums qui n'ont pas usurpé le nom de coup de cœur. Il est rare que j'apprécie, à la première écoute, l'ensemble d'un album. Ça à pourtant été le cas, les deux fois.
L'artiste s'appelle Wax Tailor. Il est français, ce qui ne gate rien. Et les deux albums en question, pas très récents, il faut bien le dire, s'intitulent : Hope & Sorrow et Tales of the Forgotten Melodies.
Pour illustrer mon propos, je vous ai gratifié d'un morceau que j'ai sélectionné (avec du mal tant tout est bien) essentiellement pour la présence d'une chanteuse dont je suis littéralement tombé amoureux de la voix : Charlotte Savary.
Écoutez et savourez !


Voilà ! Vous venez de lire ma première et (sans doute) dernière chronique musicale. Un collector, quoi ! À bientôt pour une nouvelle chronique littéraire (Gradisil ?).

lundi 25 avril 2011

Gagner la guerre - Jean-Philippe Jaworski

J'avoue avoir eu une petite appréhension avant d'entamer la lecture de ce roman. Pour des raisons assez inexplicables. Ce n'est rien de dire que j'avais adoré Janua Vera, du même auteur. De plus, ma nouvelle préférée était celle-là même qui mettait en scène le héros du roman. Peut-être ai-je été un peu intimidé par la taille de l'ouvrage (979 pages chez Folio). Je l'ignore. Ce que je sais, en revanche, c'est que dès que j'ai entamé la lecture, mes doutes se sont envolés.
D'abord j'ai retrouvé le style exceptionnel de Jaworski qui en fait un écrivain pour de vrai et pas seulement un fabricant de roman de fantasy au talent moyen voire douteux, comme on en connait tant. D'autant plus qu'il nous gratifie de la verve du personnage principal qu'est Benvenuto Gesufal et qui est, accessoirement, le narrateur de l'histoire. Il faut savoir que don Benvenuto, pour ceux qui n'auraient pas lu Janua Vera, est un tueur à gages entré au service de l'un des personnages les plus importants (le plus important ?) de la République de Ciudalia (sorte de Venise revisitée). Il possède donc à la fois la gouaille du milieu dont il est issu mais également le langage châtié de ces grands qu'il fréquente désormais. Le résultat est plutôt réussi et parfaitement crédible. Et moi qui voue depuis toujours un amour immodéré à cette langue qu'on dit verte, j'ai été particulièrement gâté par les quelques dialogues argotiques dont le roman est semé. Même si, il faut l'avouer, je fus quelque peu surpris dans un premier temps par les propos de certains personnages qui faisaient immanquablement penser à l'argot typiquement parisien des siècles passés, je me suis vite convaincu qu'il n'était pas plus surprenant d'entendre des personnages de fantasy s'exprimer dans la langue de Gavroche que d'entendre les habitants du Vieux Royaume converser en bon français.
Le spadassin nous entraine à sa suite dans des (més)aventures diverses et variées. D'aucuns diront peut-être trop diverses et trop variées. Qu'on en juge. On enchaine bataille navale, torture, séjour en prison, périple à travers le pays, exil ... je ne vais pas non plus tout vous dévoiler.
Alors c'est vrai, le tout ressemble à un assortiment de choses hétéroclites et tient plus, à première vue, du collier de perles disparates et qui n'auraient en commun que d'être enfilées sur le même fil, que du puzzle qui, bien que constitué de pièces différentes, forme un tout cohérent. Et pourtant, à mieux y regarder, chaque élément est à sa place et manquerait par son absence.
Petit bémol cependant. Ça n'engage que moi (même si d'autres partagent mon point de vue. Voir les chroniques), mais j'ai trouvé la présence de nains et d'elfes un poil de trop. Voire inutile. Voire gênante. Comme un cheveu sur la soupe. Pourquoi diable avoir agrémenté le récit de leur présence dont il aurait fort bien pu se passer ?
Mais en dehors de ça (qui n'est pas un défaut majeur), ce roman est une vraie réussite. Sans vouloir relancer le débat : fantasy, sous-littérature ? je dirais simplement que lire un bon roman de fantasy écrit par une excellente plume, c'est un plaisir que je n'ai pas boudé. Voilà.
Gagner la Guerre est juste, de mon point de vue, une œuvre majeure du genre. À lire, absolument.

Ils en parlent aussi :
Hugin et Munin
Gromovar
Efelle
Cédric Jeanneret
Guillaume
Sandrine
Salvek

dimanche 24 avril 2011

Crains le pire - Linwood Barclay

C'est la deuxième fois que je suis contraint d'acheter un livre chez France Loisirs pour être arrivé à la date d'échéance trimestrielle d'achat sans avoir choisi un ouvrage. La première fois, c'était pour Nephilim. Ça n'avait pas rencontré chez moi une totale adhésion. Alors cette fois, pour Crains le pire, bonne pioche ?
Ma foi, s'il faut en croire la rapidité avec laquelle j'ai lu le roman (sur deux jours) et l'avidité avec laquelle je reprenais ma lecture après chaque pause, alors oui, bonne pioche, très bonne pioche même. Dans le genre page-turner, comme on dit en français, l'ouvrage se pose un peu là. Bon, d'accord, je vous concède que je lis assez peu de thriller en général. Ce qui me rend sans doute indulgent. Il n'empêche que j'ai beaucoup apprécié de suivre les aventures de ce père à la recherche de sa fille. Parce que je suis papa d'une petite fille ? On va dire que ça joue, mais pas uniquement ça.
Pour résumer en quelques mots l'impression que m'a laissée le roman, je ne trouve rien de mieux que de le qualifier de Stephen King light. Non pas pour signifier qu'il est de moins bonne qualité que les livres de l'auteur de Shining, mais tout simplement parce que, d'une part, Crains le pire est un thriller, pas un roman d'horreur et que, d'autre part, le propos est bien moins délayé. L'essentiel du texte est consacré à l'action. Je n'ignore pas que les principaux reproches faits à King sont sa propension à délayer, délayer, délayer ...
Mais alors, qu'est-ce qui rapproche les deux auteurs ? Tout simplement leur goût, leur sympathie pour ces américains moyens qui sont un peu le cœur du peuple des États-Unis. Comme King, Barclay nous montre ces banlieusards dans leur quotidien mais par petites touches qui ne nuisent jamais au rythme de l'histoire.
On pourra juste reproché à l'auteur de nous nommer (marque et modèle) chaque véhicule qui participe à l'action. Bon, mais comme le personnage principal est un vendeur de voitures et que le récit est à la première personne (c'est lui qui raconte) on finit par ne plus y faire attention. D'autant que cela renforce un côté réaliste.
La galerie de personnages qui nous est présentée est réussie. Ni trop, ni trop peu de protagonistes et chacun d'entre eux à droit à un minimum de description qui le fait exister.
L'histoire comporte son lot de rebondissements, comme il se doit dans un roman du genre. Et même si parfois,  on voit arriver le coup de théâtre quelques pages avant, voire quelques chapitres, dans l'ensemble, l'auteur parvient à nous balader.
Un excellent moment de lecture et après tout, qu'est-ce qu'on demande à un roman ?

lundi 28 février 2011

Canisse - Olivier Bleys

La première impression que j'ai eue en lisant ce livre, impression qui a duré jusqu'à la fin, c'était de lire un nouvel épisode de la saga des Princes-Démons de Jack Vance. Dans la forme s'entend, pas dans le fond. L'histoire que nous raconte ici Olivier Bleys n'a rien à voir avec les aventures de Kirth Gersen (Voir les chroniques 1, 2, 3, 4 et 5). En revanche, les ambiances y sont les mêmes. Cette façon par exemple qu'ont les personnages de prendre leur vaisseau spatial pour se rendre sur telle ou telle planète, comme nous, nous prenons notre voiture pour aller dans telle ou telle ville, nous rappelle immanquablement les récits de Vance. Et Outre-Monde, cette partie de l'univers colonisé mais vivant en dehors des lois rappelle, nécessairement, l'Au-Delà de Vance. D'une façon plus générale, les récits de l'un comme de l'autre suggère un space-opera intimiste. Bel oxymore (1). Dans un cas comme dans l'autre, ce qui intéresse l'auteur, c'est bien plus l'individu que la multitude.
Sauf que, et c'est là que le bât blesse, l'auteur français n'a pas l'humour de l'auteur américain (du moins dans ce livre) et n'a surtout pas son sens, il est vrai inégalable, du récit. Il n'a pas sa folie.
Je n'ai pas trouvé non plus les personnages très attachants. Ils ne sont pas assez développés à mon goût et perdent par conséquent beaucoup de consistance. L'histoire aurait pu être très originale mais manque, elle aussi, de développement. Et si, tout simplement, ce roman était trop peu épais (205 pages) ? un comble de dire ça pour moi qui proclame ma lassitude des pavés. Même l'étude des Canissiens, qui n'est pourtant pas sommaire manque tout de même, là encore en comparaison avec ce que nous fait l'ami Jack, de profondeur.
Quant à la fin, j'avoue n'y avoir pas tout compris. Comme si, par hâte d'en finir, l'auteur nous balançait une conclusion vite fait, sans souci de vraisemblance ou de crédibilité.
Il n'en est pas moins vrai que le livre se lit facilement et non sans plaisir. Il ne figurera juste pas dans mon Panthéon personnel. Mais ça n'est pas bien grave.

Autres avis :

(1) Rappel : Un oxymore est une figure de style qui consiste à réunir deux termes que leur sens devrait opposer. Comme : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (Corneille)

dimanche 27 février 2011

La Brèche - Christophe Lambert

Je ne suis pas, a priori, très amateur des récits de voyage dans le temps. L'effort qui m'est demandé à ma suspension d'incrédulité (ah oui, désolé, je m'exprime en français. Une sale habitude. Je voulais dire : suspension of disbelief), cet effort, donc, est souvent très (trop ?) important. Parce que, autant vous le dire tout de suite, je ne crois absolument pas à la possibilité de voyager dans le temps. Et que dire des fameux paradoxes temporels qui titillent ma raison et sont souvent plus agaçants qu'un essaim de mouches tourbillonnant ? Mais bon, je dois aussi reconnaitre que ce thème peut être également l'occasion de nous raconter des histoires pas banales et très enthousiasmantes et que les paradoxes pré-cités sont susceptibles de donner naissance à des exercices intellectuels du plus grand intérêt. Dans le genre, j'ai littéralement adoré, récemment, Sans parler du chien de Connie Willis. Autrement dit, le talent de l'auteur doit être important pour me faire oublier, le temps de la lecture, que ce qu'il essaie de me vendre est proprement invraisemblable.
C'est dire si je l'attendais au tournant, Christophe Lambert.
Et bon, que dire, si ce n'est que le piège a parfaitement fonctionné et que je m'y suis engouffré la tête la première ? Et que j'y ai même pris du plaisir. L'histoire est plaisante, les personnages attachants, le style agréable. L'auteur s'est visiblement particulièrement bien documenté sur le débarquement dont il nous parle ici.
Reste que l'ensemble ne m'a pas semblé d'une originalité folle. Il y a bien quelques bonnes idées mais malheureusement trop rares. C'est l'un des autres inconvénients des histoires de voyages dans le temps : quand on en a lu un, on les a tous lus. Il faut faire preuve de beaucoup, beaucoup d'imagination pour faire du neuf avec ce vieux concept. Sans parler de ce happy end dans le happy end qui m'a singulièrement agacé. Cela m'a fait penser à un peintre qui aurait réalisé un tableau figuratif plutôt réussi mais qui aurait gribouillé dans un coin un personnage digne d'un enfant de six ans, avec une tête ronde et des membres en fil de fer. On finit par ne plus voir que ça et ça gâche tout. Dommage !
En conclusion, un roman sympathique et vraiment très agréable à lire mais, comme on dit pudiquement, pas le roman du siècle.

Les avis de la blogoshère :
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