mardi 31 mars 2009

Forum - Les qualités indispensable d'un roman

J'aimerais inauguré avec ce message une nouveauté sur mon blog. Il s'agirait d'une sorte de forum où nous pourrions aborder divers sujets, polémiques ou non, tournant autour d'un sujet qui nous est cher : la littérature de l'imaginaire. A la différence d'un véritable forum, je serais le seul à initier les sujets. Après tout, c'est moi le patron, non ?
Mais bien entendu, vous vous en doutez, je suis ouvert à toute suggestion.
Vous retrouverez tous les sujets sous le libellé Forum dans la partie intitulée Nuage.
Je sais qu'il est bien inutile de le dire à mes habituels visiteurs, mais pour tous les autres (1), je souhaite que nous respections cette règle simple : soyons passionnés mais restons courtois.

Alors pour démarrer ces forums, une première question, simple et sans polémique (a priori) :

Quelle est, selon vous, la première qualité que doit posséder un (bon) roman ?

Si je devais répondre moi-même à cette question (et je vais me gêner) je dirais ceci.
Pour moi, la principale qualité d'un roman réside dans la consistance de ses personnages. Et surtout dans l'attachement que l'on a envers eux. J'ai lu trop de roman bien écrits, avec une bonne histoire mais peuplés de personnages pour lesquels je ne développais aucune empathie particulière. Lorsque j'arrive à ne plus rien avoir à faire de ce qui peut advenir à Tartempion, le héros du livre que je lis, alors j'abandonne très vite la lecture.

Et pour vous, qu'est-ce qui compte le plus ?

(1) Genre : il y a une foule de gens qui lisent mon blog

lundi 30 mars 2009

Le royaume unique - Sean Russell

La guerre des cygnes I - Trilogie

Sur la terre entre les montagnes, dans le pays d'Ayr, les Renné et les Wills se déchirent pour reconquérir le trône du royaume unique. Tam, Fynnol et Baore, trois jeunes gens partis du Val des Lacs en quête d'aventure vont, sans le vouloir, se trouver mêlés à cette lutte ancestrale. Aidés de Cynndl, quêteur d'histoires appartenant au peuple des voyageurs, les fiers Fâels, ils tentent d'échapper à un esprit de la rivière, un nagar, ainsi qu'aux hommes d'un mystérieux chevalier noir qui se fait appeler Eremon.

Ce qui m'a d'abord frappé à la lecture de ce livre, c'est la qualité de l'écriture, même si elle est vue à travers le prisme de la traduction, excellente me semble-t-il. Sean Russell est une plume, à l'évidence. A tel point que j'ai éprouvé quelques difficultés à lire les premières pages, tant je suis habitué, dans le reste de la production du genre, à des styles plus simples, plus directs et par conséquent plus aisés à lire.

Ce qui m'a frappé ensuite, c'est l'absence manifeste d'action. L'intérêt est ailleurs. Sean Russell semble vouloir nous gratifier, si vous me passez cet oxymore, "d'action psychologique" en priorité. L'essentiel du récit est en effet basé sur tout ce que ressentent les personnages. Nous passons ainsi successivement de la joie à la peine, de la compassion à la colère, de l'amour à la haine, de l'audace à la peur. Et c'est sans doute ce dernier sentiment qui tient la corde dans la course au podium. Les évènements provoquant chez les personnages au mieux l'inquiétude au pire la terreur, en passant par tout une palette de sentiments cousins de l'effroi.
Il faut dire que dans le monde d'Ayr, la magie ou les créatures non humaines ne sont pas monnaie courante comme dans les Terres du Milieu de Tolkien. Tout ce qui est extraordinaire fait l'objet de légendes. Mais lorsque les légendes deviennent réalités, forcément, l'angoisse s'empare des hommes. Des chemins qui ne sont pas censés exister mènent à des endroits qui n'ont pas davantage d'existence. Les rivières ne sont pas en reste, qui conduisent en des lieux que même les plus grands voyageurs semblent ne pas reconnaître. Des créatures étranges au comportement inexpliqué surgissent des eaux. Une curieuse épée vibrante tient lieu de traqueur ...
Mais il est vrai que sur les presque 700 pages du livre, celles où les personnages font un mouvement plus violent que, par exemple, donner un coup de rame dans l'eau, peuvent se compter sur les doigts des deux mains.
J'invite ceux qui privilégient avant tout l'action dans les romans de fantasy, à passer leur chemin.
Pour les autres, ils trouveront dans cette oeuvre une palette de personnages plus attachants les uns que les autres. Ce qui est bien le moins dans la mesure où nous partageons la moindre des pensées de la plupart d'entre eux. Quelques uns conservent cependant une part de leur mystère, surtout dans la mesure où leurs motivations restent obscures. On ignore même qui ils sont ou CE qu'ils sont.
Pourtant et paradoxalement, le récit ne manque pas de rythme, aidé en cela par des chapitres très courts, parfois d'une seule page.

Quant au fond de l'histoire, il reste, il est vrai assez classique. Il n'est pas sans rappeler certaines oeuvres ni sans évoquer certains auteurs connus. Je pense notamment à Hobb ou Martin. Excusez du peu. Toutefois, par de petites touches subtilement distillées, le roman parvient à ne ressembler à aucun autre et devient finalement un objet unique comme le royaume du titre. Même les personnages qui frôlent parfois la caricature parviennent à acquérir ce qu'il faut d'originalité pour ne pas sombrer dans le déjà-vu. Ces chevaliers qui suggèrent irrésistiblement les templiers sont autre chose qu'une simple copie de ces derniers. Ce peuple de voyageurs qui fait penser à la fois aux Elfes et aux Gens du Voyage est un mélange réussi des deux. Ici pas de Prince des Ténèbres à la Sauron mais un inquiétant chevalier dévoré par la haine. Les Renné et les Wills ne sont pas les Capulets et les Montaigu.
Le tout tient finalement un peu des légendes antiques ou des tragédies grecques.

Bon vous l'aurez compris, ce Royaume unique n'est sans doute pas le roman du siècle, Pourtant, il s'en dégage un charme indéniable qui a incontestablement agit sur votre serviteur. Certes il aurait sans doute gagné à perdre un bon tiers de sa taille mais lorsqu'on fait un beau voyage on ne se préoccupe pas des détours.
En définitive, voilà un livre que je classerais, sans hésiter, dans les bonnes surprises.
Voilà, je viens de le ranger dans ma bibliothèque. Je l'achève à l'instant et les personnages me manquent déjà. Vivement que je reçoive la suite.

mercredi 25 mars 2009

L'aube de la nuit - Peter F. Hamilton

Comme je lis en ce moment L'étoile de Pandore de Peter F. Hamilton, il m'est venu à l'esprit que je pourrais en profiter pour faire la critique d'un autre roman du même auteur : L'aube de la nuit. D'autant que j'oublie très vite ce que j'ai lu. Alors, avant d'en être devenu incapable ...

Nous sommes au 26ème siècle. L'humanité a essaimé dans une grande partie de l'univers, colonisant des centaines de planètes. Lalonde est l'une de ces dernières planètes colonisées. Et c'est là qu'une entité extra-terrestre, voyageant à travers l'espace, va déclencher un phénomène qui risque, à terme, d'anéantir le genre humain. Une poignée d'habitants se transforme en tueurs quasi invulnérables. Le plus horrible, c'est que cette métamorphose semble contagieuse et bientôt c'est une grande partie de la planète qui semble touchée. Aussitôt informée, la Confédération, sorte de gouvernement interplanétaire, envoie des troupes sur Lalonde puis met en place un blocus, empêchant quiconque de quitter la planète. Mais n'est-il pas déjà trop tard ?

Tout d'abord, il faut savoir que L'aube de la nuit est un roman énorme, dans tous les sens du terme. L'ensemble en format de poche ne représente pas moins de 5000 pages. Démarrer l'aventure c'est savoir, pour peu que l'histoire nous accroche, ce qui est probable, que c'est en prendre pour plusieurs semaines.
Mais qu'est-ce que peut bien avoir à raconter l'auteur pour nous tenir en haleine pendant si longtemps ? Me direz-vous.
Eh bien tout d'abord cette Aube de la nuit c'est plusieurs romans en un. Déjà parce que nous suivons plusieurs personnages de première importance. Et la psychologie de chacun d'eux est décortiquée jusqu'à qu'ils nous semblent bientôt aussi proche de nous que nous mêmes. Mais même les plus humbles des personnages, ceux dont la durée de vie dans le roman n'excède pas quelques pages, sont dotés d'une identité, d'un passé, d'un présent, à défaut d'avoir toujours un futur, et nous sommes informés de détails les concernant nous les rendant plus vivants.
Ensuite, L'aube de la nuit n'est pas qu'un simple space opera à l'ancienne. Hamilton a sans aucun doute beaucoup réfléchi au monde futuriste qu'il nous dépeint, et cela se voit. La plupart des éléments du quotidien ont été imaginés et nous sont livrés, parfois avec un luxe de détails. C'est ainsi que nous sommes amenés à découvrir comment l'auteur a imaginé : les transports, les voyages, les communications, les media, les loisirs, l'amour, les rapports sociaux, les religions, les armes, la médecine ... Nous sommes abreuvés d'informations en tout genre mais pas de manière froide, didactique, impersonnelle mais au contraire de manière fluide, naturelle. Comme si nous y étions.
L'aube de la nuit c'est aussi comment des personnages qui au début ne se connaissent pas vont peu à peu se rencontrer et s'unir pour faire face à la menace et tâcher d'y mettre un terme même si, petit à petit, l'espoir s'amenuise.
C'est l'histoire de Joshua, capitaine de vaisseau hors pair mais terriblement individualiste; de Quinn Dexter repris de justice mais surtout adepte du Porteur de Lumière (Lucifer), un homme dénué de tout scrupules et animé par une haine farouche du reste de l'humanité; de Louise, jeune fille courageuse qui part à la recherche de son amant, père de l'enfant qu'elle porte et qui cherche à mettre hors d'état de nuire Dexter; du Dr Alkad Mzu créatrice d'une arme terrible et qui cherche à venger les habitants de sa planète natale; de Syrinx, capitaine d'un vaisseau "vivant" et de beaucoup, beaucoup d'autres.

Le tout est écrit dans un rythme d'enfer et on ne s'ennuie pas du tout tout au long de ces milliers de pages si ce n'est lors de quelques passages peut-être un peu moins passionnant que d'autres (notamment avec le personnage de Dariat). Tout juste pourrait-on reprocher à l'auteur de longs paragraphes techniques ou scientifiques quelque peu hermétiques. J'avoue avoir alors complètement décroché mais qu'importe, ils ne sont pas indispensables à la compréhension de l'histoire. La technologie permet d'aller d'une planète à l'autre sans que cela prenne des millions d'années, soit, savoir comment c'est possible ne me semble d'aucun intérêt. C'est un peu le reproche que je ferais d'ailleurs à tous les auteurs modernes de SF qui par souci de réalisme cherchent à nous expliquer le principe de fonctionnement de choses qui, par la nature même du récit, n'existent pas, et ne peuvent exister dans l'état actuel de nos connaissances scientifiques. Alors pourquoi perdre son temps ? Mais c'est une autre histoire.
On pourra en outre déploré la fin un peu rapide somme toute, compte tenu de la taille de tout ce qui a précédé. De même que la transformation de Joshua, d'un voyou, sympathique malgré tout, à un super héros.

Pour résumé tout ça, L'aube de la nuit est un magnifique roman, extrêmement prenant, au suspense réussi, d'une lecture aisée en dehors des rares passages dont j'ai parlé et qui demandent un bac+12 en astro-physique.

lundi 23 mars 2009

L'épée de vérité - Terry Goodkind

J'ai entendu un jour une éditrice affirmer qu'il lui suffisait de lire 80 pages d'un livre pour savoir ce qu'il valait. Eh bien il m'aura fallu 62 pages de l'Epée de Vérité, pas une de plus, pour savoir que je n'avais pas envie de perdre davantage mon temps. J'entends d'ici les fans hurler :"On ne peux pas savoir qu'un livre est bon en 62 pages." Certes, ils ont raison. Mais c'est amplement suffisant pour savoir qu'on le trouve mauvais. Les dialogues sont affligeants de bêtise. On a l'impression que les personnages ont douze ans d'âge mental. C'est génial quand on a douze ans. Ca l'est moins quand le personnage est un homme fait. Cela en devient parfois surréaliste. On se dit qu'un auteur digne de ce nom ne peut pas écrire de telles niaiseries. Et pourtant si. Même les réflexions des héros, hors dialogues, sont désespérantes de stupidité. Quant aux réactions de certains d'entre eux, on ne voit ça que dans les cours de récréation.

Je tenais absolument à me faire une idée par moi-même de cette saga, me réjouissant même à l'avance du plaisir que j'aurais pu y prendre, celle-ci s'annonçant fort longue (11 tomes prévus si je ne m'abuse). Mais hélas, de plaisir, il n'y en eut point.

J'arrête donc les frais. La vie est trop courte pour s'encombrer l'esprit de lectures sans intérêt. Certains diront que je suis très, très sévère, mais j'ai vraiment le sentiment qu'en arrêtant prématurément de lire ce roman je ne passe pas à côté de l'oeuvre du siècle. Loin s'en faut. Et puis sinon : tant pis pour moi et tant mieux pour les fans.

samedi 21 mars 2009

Le neuvième royaume - David Zindell

Cycle d'Ea 1
Sur l'île-continent d'Ea, l'Âge du Dragon touche à sa fin. C'est une époque sombre de chaos, de guerres, et de rêves brisés au cours du temps. Une fois encore, Morjin, l'ange déchu, est à la recherche de la Pierre de Lumière. Avec elle, il pourrait bien trouver un moyen de libérer le Seigneur des Mensonges, l'Ange Noir emprisonné depuis un million d'années.
Mais étonnamment, c'est aussi un temps de Lumière, alors que la terre et le soleil entre à nouveau en connexion. Un champion est né, qui cherchera la Pierre de Lumière, et grâce à cela, la prophétie d'un nouvel et glorieux âge pourra être accomplie. Son nom est Valashu Elahad, le septième fils du Roi de Mesh. Béni ( ou maudit ? ) il peut ressentir les émotions de chaque être qui l'entoure. Il conduira son peuple sur les terres de Morjin, au coeur des ténèbres, portant une épée magique nommée Alkaladur.
Mais tout commence pour lui alors qu'il est victime d'une tentative d'assassinat, perpétré par les Prêtres de l'Ordre de Kallimun, sanglants serviteurs de Morjin,qui emploient contre lui leur plus terrible poison contre lequel il n'existe pas d'antidote, le kirax. Mais pour quelle raison ? Quelle peut être l'importance d'un prince d'un petit royaume montagnard, peuple au passé glorieux certes, mais aujourd'hui tellement affaibli par les incessantes querelles opposant ses tribus ?

Tout ceci vous dit quelque chose ? C'est normal. Ce cycle d'Ea s'inspire visiblement à la fois du Seigneur des anneaux et de La légende du Graal.
Je ne suis ni prêtre ni adepte d'une religion prônant l'originalité à tout prix. Mais trop, c'est trop. Il n'y a rien, mais absolument rien de nouveau dans ce roman. Difficile dans ces conditions de s'intéresser à ce qu'on lit.
Le récit ne manque pas d'actions, entrecoupées par des discours didactiques dispensés par le savant du groupe. Mais tout ceci ressemble à un long collier qui serait constitué de perles alternativement rouges et bleues. Le tout est assez équilibré mais manque singulièrement de naturel. On dirait que l'auteur s'est creusé la tête (un peu, pas trop) pour trouver des adversaires à la hauteur des héros. Et c'est ainsi qu'il parsème l'histoire, à intervalles (trop) réguliers de combats. Aucune surprise donc puisqu'on attend le prochain combat qui ne manque pas de survenir. Contre des guerriers mystérieux (évidemment), un ours, un chevalier impétueux, des brigands, etc., etc.
Tout est connu, archi-connu. Et convenu. Les supposées surprises sont éventées des pages à l'avance. Et je ne suis pas un cador dans ce domaine. Tiens, ce farouche guerrier est une femme. Ben ça alors !
Quant au discours historique du Maître, il passe allègrement de faits qui se sont déroulés il y a quelques années à d'autres ayant eu lieu il y a des siècles, voire des millénaires. On a le désagréable sentiment que l'auteur a tenu à introduire ces informations pour nous dire :" Vous voyez, je peux créer des mondes aussi fouillés que ceux de Tolkien, Martin ou autres Jordan." Malheureusement, elles n'apportent rien au récit et sont oubliées aussitôt que lues.
J'ai malgré tout cherché à m'accrocher. A donner une chance au roman. Mais non, impossible d'éveiller mon intérêt.
J'admets volontiers avoir été dans de mauvaises dispositions d'esprit. Ou saturé de fantasy. Ou venant de lire du Georges R.R. Martin ou du Kay, devenu soudain très exigeant. Mais de là à mettre 10 sur 10 à cette oeuvre comme nos amis d'Elbakin, quelque chose m'échappe. Je n'exclus cependant pas d'être simplement un gros niais qui ne comprend rien à rien. Ou pas.

Enfin, vous l'aurez compris, je n'ai vraiment pas été emballé par la chose. Mais si vous n'avez rien lu en fantasy ou en légendes européennes, si vous ne connaissez ni le Seigneur des anneaux (ne serait-ce que les films), ni les Légendes Arthuriennes, alors tentez l'expérience. Eventuellement. Ou mieux, lisez les oeuvres sus-mentionnées. Oui, faites donc ça.

P.S. Concernant les légendes Arthuriennes vous avez le choix. Entre autres :
Chrétien de Troyes, Jacques Boulenger, Marion Zimmer Bradley, Bernard Cornwell, Stephen Lawhead, Jean Louis Fetjaine ...

Autres critiques : Yozone Actusf Noosfere

mardi 17 mars 2009

Tigane - Guy Gavriel Kay

Alors que le roi sorcier Brandin d'Ygrath entreprend la conquête de la péninsule de la Palme, son fils Stevan est tué lors de l'invasion de Tigane, l'une des plus importantes provinces de la région. Fou de douleur, Brandin jette un sort terrible. Désormais, seuls les habitants de Tigane seront capables de prononcer et d'entendre le nom de leur province. Le but de Brandin : anéantir pour de bon le pays qui a tué son fils.
C'est dans ce contexte que nous suivons les aventures de deux tiganais. Alessan, le dernier prince de Tigane et Dianora la fille d'un célèbre sculpteur et ami du prince Valentin, père d'Alessan.
C'est donc en quelque sorte deux livres en un que nous sommes invités à lire. Le premier décrivant les aventures d'Alessan, devenu chef d'une petite troupe rebelle et qui n'a qu'un but, débarrasser la Palme des deux tyrans qui se la partagent : Brandin d'Ygrath, bien sûr et Alberico de Barbadior. Le second s'attachant à ce qui arrive à Dianora qui est devenue, de son plein gré, l'une des femmes du saishan de Brandin, autrement dit, son harem. Et de façon plus imprévue, l'une des favorites. Elle n'a, elle aussi, qu'une idée en tête : tuer Brandin et venger ainsi Tigane, quitte à donner ainsi à Alberico toute latitude pour occuper seul l'ensemble de la péninsule.
Deux livres, deux tons. Le premier, celui concernant Alessan, contient tous les ingrédients du bon livre d'aventures de capes et d'épées. Un Alexandre Dumas ne l'aurait certainement pas renié. Alessan a tout d'un d'Artagnan, d'un Fracasse, d'un Lagardère avec sa compagnie d'amis fidèles et prêts à donner leurs vies pour lui.
Le second, qui concerne Dianora, est beaucoup plus intime. L'essentiel de l'histoire se déroule dans salles, les jardins et les couloirs du palais où s'est établi Brandin, sur l'île de Chiara, au nord de la péninsule.
Des deux parties, celle qui souffre davantage de défauts, s'il faut à tout prix trouver des défauts au livre, est sans contexte celle traitant d'Alessan. Le personnage et ses compagnons sont décidément trop beaux, trop forts, trop malins. Je reconnais que j'ai pu trouver l'un ou l'autre un peu agaçant à de nombreuses reprises. Mais comme je l'ai dit, l'héritage d'auteurs comme Alexandre Dumas est flagrant. Et Kay souscrit parfaitement aux règles du genre. Et il l'assume. Cela ce sent dans les attitudes et les répliques qu'il prête à ses personnages. La partie qui parle de Dianora est en contre-partie beaucoup plus mesurée, plus grave. Quoi qu'il en soit, l'ensemble est servi par une écriture d'une fluidité sans comparaison. Même si je n'ai lu que des traductions, j'ai toujours été frappé par le style de Kay. Ces livres se lisent avec une facilité déconcertante.
Malgré les outrances dont j'ai fait mention, ou peut-être à cause d'elles, Tigane n'en est pas moins un fabuleux roman d'aventures et d'amour que je ne saurais trop conseiller à tous les publics.

Oh, Tigana, let my memory of you be like a blade in my soul.
Ô Tigane, que le souvenir que je garde de toi soit comme une épée dans mon âme.

mardi 10 mars 2009

Le trône de fer - vf - T10 à T12 - Georges R.R. Martin

A song of ice and fire - T4 - A feast for crows
D'aucuns diront qu'il y a peu d'action dans ce quatrième tome (v.o.). Je ne peux pas prétendre le contraire. Mais une fois encore avec Martin, l'intérêt est ailleurs. Si vous aviez aimé le Trône de Fer jusque là, nul doute que vous apprécierez ce dernier opus. Même si l'auteur n'a jamais hésité à nous faire profiter de quelques scènes d'action spectaculaires, il a, il faut bien le reconnaître, essentiellement su nous captiver plutôt par les intrigues, les complots, les vengeances, les quêtes.
Et tous ces éléments sont là et bien là. Nous assistons, même si c'est parfois indirectement, à des évènements majeurs comme :
morts violentes de personnages importants, voire assassinats; bataille de succession au trône (pas de fer celui-ci); recherche d'une jeune lady en danger; tentatives de rédemption d'un chevalier honni par la plupart de ses pairs; manoeuvres, manigances et machinations pathétiques d'un haut personnage du royaume qui croit avoir hérité des qualités d'homme de pouvoir de son père; expériences de survie de (plusieurs) damoiselles en milieu hostile; périple d'un jeune (ex) couard; duel (politique) au soleil entre un prince et les damoiselles de sa parentèle; et des morts, encore des morts, beaucoup de morts, parce que, Martin nous le rappelle sans cesse, pour le cas où on l'aurait oublié, le monde qu'il nous décrit est cruel, violent, sanguinaire et sans pitié. Parmi ces morts, une fois de plus des personnages attachants, d'autres beaucoup moins.
Les personnages. C'est sans conteste la réussite majeure du Trône de Fer. Des personnages nombreux, complexes, travaillés avec minutie, du plus important au plus humble. Chacun d'eux prend, en particulier dans ce tome, une dimension, une épaisseur, exceptionnelles. Et quel plaisir de les retrouver. Même si tous ne sont pas au rendez-vous. Loin de là. Comme l'explique l'auteur, l'histoire qu'il écrivait était si longue qu'il a préféré la couper en deux mais non pas dans le temps comme cela se fait en général. A savoir, la moitié de l'histoire pour la totalité des personnages. Non, il a plutôt choisi de raconter la totalité de l'histoire pour la moitié des personnages.
Et puis il y a la fin. Et une surprise de taille même si un certains nombres d'indices permettaient de laisser supposer que cette éventualité était possible. Mais je ne jouerai pas au malin, je ne l'avais pas vue venir. Mais alors que mon visage aurait dû s'orner d'un sourire quasi malveillant face au malheur survenu à l'un des personnages que je déteste le plus, je me suis pris à ressentir un soupçon de compassion. Si ce n'est pas du talent d'écrivain.
Que le temps va me paraître long avant de lire la suite.