mardi 17 mai 2011

Le Déchronologue - Stéphane Beauverger

Dans l'interview que je lui ai accordée (oui,oui, je me la raconte) Gromovar me demandait (question 9) : « Que trouves-tu dans cette littérature de genre ? ». Aujourd'hui je pourrais répondre : le plaisir de lire des objets littéraires aussi captivants que ce Déchronologue. Venant après des World War Z ou des Gagner la guerre, je peux me considérer comme verni en lecture en ce moment.
Le Déchronologue a tout pour me plaire. Il conjugue deux de mes passions : la Science-Fiction et les romans de flibuste. La première n'est présente que de façon légère, à peine suggérée, subtile. Comme saupoudrée. Nul doute que les lecteurs qui ne sont pas trop fans ni de la Science-Fiction en général ni des voyages dans le temps en particulier, n'auront guère à souffrir de cet aspect des choses.
Le second thème est en revanche exploité à fond. C'est le cœur du roman. Tout y est ! Les plus importantes marines de l'époque (XVII ème siècle), les corsaires, les pirates, les flibustiers, les boucaniers, les capitaines, les boscos, les îles, les gouverneurs, les combats navals, les frégates, les galions ... je ne vais pas passer en revue tout le champ lexical de la flibuste. Mais tout y est, vous dis-je ! On pourra d'ailleurs me rétorquer que, s'il s'agit de fait d'un énième roman de pirates, il a dû être difficile à l'auteur de se montrer original. Et c'est là qu'opère ici la subtile alchimie entre aventure et SF.  Cette dernière est comparable aux épices qui transforme un plat ordinaire en un mets de choix. Les «technologies voyageuses» qui sont décrites avec les mots du narrateur, les mots du XVII ème siècle, conservent une aura de mystère qui en font des objets magiques et convoités.
Et que dire du style ? Les qualités littéraires de Stéphane Beauverger ne m'avaient pas, à ce point, frappé lors de ma lecture de sa trilogie Chromozone. Mais ici, la plume est tout simplement somptueuse. Ni élitiste, ni illisible, juste magnifique.
Alors ! Tout est parfait dans ce roman ? Rien ne cloche ? À vrai dire, il y aurait peut-être un petit bémol à glisser dans cette litanie de louanges. Et c'est à propos de la structure du récit. Si le premier et le dernier chapitre sont bien à leur place, entre les deux, règne un joyeux bazar. Le chapitre 1 est suivi du 16 et du 17 (bel effort de continuité), puis viennent le 6, le 2, le 7 ... Bien sûr, puisque nous sommes pris dans les tourbillons du temps, ceci s'explique. Mais brouiller la chronologie pour brouiller la chronologie, voilà qui donne au procédé une allure très artificielle.  D'autant que les lecteurs inattentifs, comme moi, sont vite perdus. Du coup, nous avons vite l'impression que cela n'apporte rien au roman, bien au contraire et que l'auteur aurait très bien pu s'en passer.
Et puis, au fil du temps, au fur et à mesure que nous avançons, malgré tout, dans l'histoire, ballotés d'une époque à l'autre, nous nous surprenons à apprécier ces allées et venues temporelles, à aimer ces moments où le voile du mystère se déchire, peu à peu. Il est agréable, par exemple, d'apprendre comment le personnage principal, le capitaine Villon, ô combien attachant, fait la connaissance de tel ou tel autre personnage que nous connaissons déjà depuis longtemps. Ou comment il s'est trouvé dans telle ou telle situation.
De fait, je me suis posé la question que tous les lecteurs se posent certainement : est-il utile, voire intéressant ou plaisant, de relire le texte dans l'ordre chronologique ? Pas sûr que la réponse soit oui (sauf pour SBM, manifestement).
Au final donc, une vraie réussite, fort bien écrite, pleine de rebondissements et de mystères. Voire un peu de mélancolie. Un beau voyage dans le temps. Merci monsieur Beauverger.

Qu'en pensent les autres blogueurs :
Calenwen (Vert)
Sandrine Brugot Maillard
Julien, Naufragé Volontaire
Efelle
Lelf
Thom
Blop
Munin
Si je vous ai oublié dans la liste, n'hésitez pas à m'insulter, mais surtout à me transmettre un lien vers votre chronique.

samedi 7 mai 2011

Gradisil - Adam Roberts

L'idée de départ du roman est bonne et originale. Jugez plutôt. L'auteur entreprend de nous parler d'une poignée d'excentriques, riches pour la plupart, qui ont décidé de vivre dans des maisons de fortune (de simples cubes pour la plupart) en orbite autour de la terre. De fait, cela fait de Gradisil le space-opera le moins éloigné de la terre. Les explications techniques concernant les moyens utilisés par les spationautes amateurs ne sont jamais vraiment rébarbatives et sont même empreintes d'une certaine poésie (comparer les champs magnétiques aux branches de l'arbre-monde Yggdrasil, ça a de la gueule ...). L'auteur exploite plutôt bien son idée de départ. Et assister à la naissance d'une  nation aussi peu ordinaire a de quoi nous intéresser.
Pourtant, la mayonnaise ne prend pas. La faute sans doute aux personnages. Leurs portraits sont pourtant particulièrement réussis. D'autant qu'avec plus de 750 pages, l'auteur a parfaitement le temps d'approfondir la psychologie de chacun. Mais voilà, aucun n'est véritablement attachant. En dehors de Klara peut-être. C'est à dire du personnage principal de la première des trois parties qui constituent le roman. C'est d'ailleurs cette première partie qui m'a le plus enthousiasmé. Sans doute parce que nous découvrons les prémices de ce qui allait devenir une nation. Côtoyer ces illuminés qui forment la base des Hautes-Landes est de nature à éveiller notre intérêt. Sans oublier ce mélange réussi entre la banalité du quotidien de ces nouveaux aventuriers et la magie de ce qu'ils entreprennent.
Dans la deuxième partie, nous suivons la vie de la fille de Klara, Gradisil. Ce n'est pas un hasard si le roman porte son nom. Ses aventures forment, de loin, la majeure partie du livre. Et elles ne manquent pas d'intérêt non plus. Mais que cette femme est détestable. Du moins de mon point de vue. Je n'ai à aucun moment réussi à m'attacher à elle, ce qui a beaucoup nuit, forcément, au plaisir de la lecture.
Quant au dernier personnage, le fils de Gradisil, il est d'une fadeur consommée. La partie qui lui est consacrée est courte, très courte en regard du reste et on devine bien que l'auteur a été bien en peine de faire durer plus longtemps l'histoire.
En conclusion, un roman qui s'annonçait passionnant mais qui s'essouffle et finit par devenir presque ennuyeux. On parvient à terminer la lecture sans difficulté majeure mais sans enthousiasme particulier non plus.

Autres échos :
Val Lhisbei Ryû

vendredi 6 mai 2011

Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige



On s'en doutait bien un peu, mais maintenant, c'est officiel : Guillaume du Traqueur Stellaire est un méchant garçon. Ne me demande-t-il pas, ou plutôt, n'exige-t-il pas de moi, ne me met-il pas au défi de vous chroniquer un album musical ? Il ignore encore, l'audacieux, que dans une interview à paraître que j'ai accordée à l'ami Gromovar (épinglé lui aussi d'ailleurs, ici), j'avoue ma maigre appétence pour la chose musicale. Oui je sais, c'est moche. Mais je connais des personnes qui n'aiment pas le chocolat et je n'en fais pas toute une histoire.
Alors que je n'ignore pas que la plupart des gens ont ponctué leur vie de tel ou tel artiste, groupe, album ou chanson, j'avoue ne pas être de ceux-là. La musique ne fais pas partie de ma vie, voilà tout. Alors vous faire une chronique musicale, vous imaginez le challenge.
Mais comme je ne saurais rien refuser à Guillaume (en fait si, plein de choses mais en l'occurrence, non) je veux bien sacrifier à l'exercice.
Bon ça va être rapide vu que je n'ai pas grand chose à dire s'agissant de musique. Un peu comme mon ami Baudelaire qui n'a pour ainsi dire écrit aucun poème dans ce domaine (la phrase titre est bien l'une des rares exceptions). Il n'y a pas de coïncidence !
Je vais donc vous dire tout le bien que je pense de, non pas un, mais deux albums qui n'ont pas usurpé le nom de coup de cœur. Il est rare que j'apprécie, à la première écoute, l'ensemble d'un album. Ça à pourtant été le cas, les deux fois.
L'artiste s'appelle Wax Tailor. Il est français, ce qui ne gate rien. Et les deux albums en question, pas très récents, il faut bien le dire, s'intitulent : Hope & Sorrow et Tales of the Forgotten Melodies.
Pour illustrer mon propos, je vous ai gratifié d'un morceau que j'ai sélectionné (avec du mal tant tout est bien) essentiellement pour la présence d'une chanteuse dont je suis littéralement tombé amoureux de la voix : Charlotte Savary.
Écoutez et savourez !


Voilà ! Vous venez de lire ma première et (sans doute) dernière chronique musicale. Un collector, quoi ! À bientôt pour une nouvelle chronique littéraire (Gradisil ?).