mercredi 31 août 2016

Les voisins d'à côté - Linwood Barclay

Résumé :
La petite ville de Promise Falls est sous le choc : les Langley viennent d'être sauvagement assassinés.
Qui pouvait en vouloir à cette famille en apparence tranquille ? Qui a bien pu commettre cet acte aussi barbare que gratuit ? Les rues de cette banlieue réputée paisible sont-elles encore sûres ? Seul témoin du drame : Derek Cutter, dix-sept ans, qui n'aurait jamais dû se trouver là. Alors que tous les regards se tournent vers cet ado déjà connu pour quelques méfaits, Jim Cutter, bien décidé à prouver l'innocence de son fils, va mener sa propre enquête et découvrir que 'certains sont prêt à aller très loin pour préserver les apparences...
Faux-semblants, jalousies, convoitises, trahisons, rivalités, meurtres... Linwood Barclay, créateur de frissons.

À lire Linwood Barclay, on pourrait penser qu'écrire un thriller est facile. 
 D'abord, prenez une bonne idée. Bon, d'accord, plus facile à dire qu'à faire. Concoctez quelques rebondissements. Suffisamment mais pas trop. Il ne faut pas perdre ou agacer le lecteur. À chaque révélation celui-ci doit être surpris mais il doit y croire. S'il n'y croit pas, l'effet est gâché. Le style doit être simple (pas simpliste) et efficace, accessible à tous. Sans sombrer dans le bas de gamme. Les personnages doivent être crédibles. Important ça. De même que leurs propos ou leurs actions. Rien de pire que de lire des dialogues improbables voire ridicules ou de voir un personnage faire quelque chose que personne, je dis bien personne ne ferait. Et ils doivent avoir de l'épaisseur. C'est bien ça. Il faut trouver à chacun des qualités et des défauts qui le distingue bien des autres. Et s'il a un métier, une activité, se renseigner dessus pour que ça ait l'air crédible, c'est pas mal non plus.
Linwood Barclay sait faire tout ça et c'est ce qui rend ses thrillers aussi plaisant à lire. À une époque où trop d'écrivaillons surfent sur les tendances du moment et nous pondent des choses pathétiques, ça fait du bien.
 Mais il est vrai qu'à lire Linwood Barclay, on pourrait penser qu'écrire un thriller est facile.

Bon. 

dimanche 28 août 2016

Le mystérieux Mr Kidder - Joyce Carol Oates

Résumé :
Lolita postmoderne, Katya Spivak oscille entre la naïveté de ses seize ans et le cynisme d’une gamine élevée à la dure. Et, quand le vieux et très distingué Mr Kidder l’aborde courtoisement alors qu’elle a le nez collé contre une vitrine de dessous affriolants, elle réagit avec la méfiance polie qui convient. Pourtant, peu à peu, au fil des jours et de leurs rencontres, la jeune fille en mal d’affection se laisse vaguement séduire par le charme et la générosité désintéressée que déploie à son égard le vieil homme. Mais, derrière sa richesse, ses manières impeccables, ses talents artistiques, sa grande maison vide, ses tableaux bizarres, sa gouvernante et son chauffeur discrets, qui est le mystérieux Mr Kidder ? Et que veut-il vraiment de Katya ?

Comme elle sait si bien le faire, Oates nous entraine dans une histoire à plusieurs niveaux de lecture. Ce sont d'abord les rapports plutôt ambigus qu'entretiennent un vieil artiste, Mr Kidder et une jeune baby-sitter, Katya. On s'interroge longtemps pour savoir si le vieil homme est bien attentionné à l'égard de la jeune fille. Jusqu'à sombrer dans le sordide. C'est du moins ce que l'on pense. Et au moment où on s'y attend le moins, le récit prend soudain des allures morbides. Entre sordide et morbide, il n'y a que peu de lettres qui changent. Et alors qu'on croit savoir comment le roman va se terminer, voilà qu'on bascule dans la tragédie. Puis le récit reprend un cours plus serein, plus apaisé. Le lecteur est secoué, balloté et c'est ça qu'on aime. Non ?
Mais en dehors des quelques courts chemins de traverse qu'emprunte l'histoire, il y est essentiellement question de la rencontre de deux solitudes. Celle du vieil homme fatigué et de la jeune fille en mal d'affection, de reconnaissance. Elle a tellement besoin qu'on l'aime (enfin) qu'elle va commettre une grosse, grosse bêtise.
Encore un très bon roman de Joyce Carol Oates qui nous montre encore une autre facette de son talent décidément multiple. Elle sait tout écrire et c'est précisément à ça qu'on reconnait un bon écrivain.

Très bon.

vendredi 26 août 2016

Ethan Frome - Edith Wharton

Résumé :
Ethan Frome, dans une petite ferme du Massachusetts, est sous la domination de sa femme Zenobia, une mégère. L'arrivée de Mattie Silver, une cousine de Zenobia, illumine la vie d'Ethan en lui apportant de la douceur et de la compréhension. Mais elle déchaîne la jalousie de la redoutable Zenobia, qui va réussir à chasser la jeune fille.

Ce roman est incontestablement un roman d'amour. Celui d'un amour malheureux. Et figurez-vous que le vieux grincheux que je suis adore les romans d'amour. À condition qu'ils soient écrits avec talent. Et du talent, Edith Wharton n'en manque certainement pas.
Et il en faut pour nous narrer de sublime manière les quelques jours du quotidien somme toute banal des trois personnages du livre. D'abord, il y a Ethan Frome, bien sûr.  Jeune homme qui a hérité d'une ferme et d'une scierie qui ne lui rapportent qu'à peine de quoi subsister à ses besoins en dépit des heures qu'il y passe chaque jour. Ensuite il y a Zenobia, dite Zeena, son épouse. Une femme hypocondriaque qui dilapide tout l'argent qu'il parvient à gagner. Non pas comme ces clichés de femmes frivoles et superficielles qui dépensent tout en toilettes et sorties. Non, elle, elle dépense tout en médicaments et visites chez le docteur. Et enfin il y a Mattie Silver, la cousine de Zenobia et accessoirement son souffre-douleur, le véritable soleil dans la vie d'Ethan. Et du soleil, les personnages en ont bien besoin tout ensevelis qu'ils sont sous une neige qui semble perpétuelle (le roman est d'ailleurs d'abord paru en France sous le titre Sous la neige).
Le style est simple et magnifique, les personnages attachants et vous allez adorer détester Zenobia.

Excellent. Coup de cœur.
 

Délivrances - Toni Morrison

Résumé :
Dans son onzième roman, qui se déroule à l’époque actuelle, Toni Morrison décrit sans concession des personnages longtemps prisonniers de leurs souvenirs et de leurs traumatismes. Au centre du récit, une jeune femme qui se fait appeler Bride. La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme. Au fil des ans et des rencontres, elle connaît doutes, succès et atermoiements. Mais une fois délivrée du mensonge – à autrui ou à elle-même – et du fardeau de l’humiliation, elle saura, comme les autres, se reconstruire et envisager l’avenir avec sérénité.

Ceci est le second roman de Toni Morrison que je lis, et j'y retrouve un procédé littéraire qui me fait penser que c'est peut-être la signature de l'artiste. La plupart des chapitres tournent autour d'un et souvent d'un seul des personnages du livre. Comme si, pour Toni Morrison, l'être humain était condamné à vivre, sinon isolé, du moins loin de ses proches (Arutha, roi de l'oxymore). Ici, les chapitres sont tour à tour écrits à la première personne, par différents narrateurs et à la troisième personne par une sorte de narrateur omniscient. Cela donne au roman l'aspect d'un documentaire consacré au personnage principal, Bride et parsemé des témoignages des gens qui l'ont approchée. C'est ainsi que nous assistons aux évènements, passés ou présents, à travers les yeux de Bride, bien sûr, mais aussi Sweetness, sa mère, quasiment blanche de peau et qui rejettera une bonne partie de sa vie sa fille si noire. Brooklyn, sa meilleure amie et collègue. Sofia, une ancienne institutrice que le témoignage de Bride, enfant, enverra en prison. Rain une petite fille dont les parents adoptifs recueille un temps Bride. Booker, l'ex petit ami qui l'a quittée brutalement.
Et comme toujours, et toujours avec autant de subtilité, s'en avoir l'air d'y toucher, Toni Morrison dresse le portrait d'une Amérique toujours raciste.
Une magnifique plume et un sacré talent de conteuse. Merci madame Morrison.

Très bon. 

mercredi 24 août 2016

Maîtres du jeu - Karine Giebel

Résumé :
Il y a des crimes parfaits.
Il y a des meurtres gratuits.
Folie sanguinaire ou machination diabolique, la peur est la même. Elle est là, partout : elle s insinue, elle vous étouffe... Pour lui, c est un nectar. Pour vous, une attente insoutenable. D où viendra le coup fatal ? De l ami ? De l amant ? De cet inconnu à l air inoffensif ? D outre-tombe, peut-être...

Ce recueil comprend les nouvelles Post-mortem et J aime votre peur.

Dire que j'aime ce que fait Karine Giebel est un doux euphémisme. Cependant, je n'ai pas complètement adhéré à ce recueil de deux nouvelles. Les intrigues sont pourtant prometteuses. Une jeune, belle et célèbre actrice hérite une maison de la part d'un inconnu. Que se cache-t-il derrière ce cadeau post-mortem ? Un tueur psychopathe s'échappe de l'hôpital où il était retenu. Son objectif, faire le plus de morts possible.
Malheureusement, ça ne prend pas, ou pas vraiment. Le mécanisme de la première nouvelle est pourtant bien foutu. Mais on dirait que les deux textes sont issus d'une commande ou bien ne sont que des exercices de style. Des entrainements.  La crédibilité n'est pas tout à fait au rendez-vous et le tout est un peu bâclé.  De là à penser que l'auteure est plus à l'aise dans les romans, où elle peut développer ses idées, installer une ambiance, il n'y a qu'un pas que je franchis allègrement.
Vous n'aurez pas la sensation de perdre votre temps avec ce recueil et le livre ne va pas vous tomber des mains. Mais préférez-lui Terminus Elicius (son premier roman) ou, mieux encore, Juste une ombre, Meurtres pour rédemption. Jdçjdr.

 Moyen

Le collier rouge - Jean-Christophe Rufin

Résumé :
Dans une petite ville du Berry, écrasée par la chaleur de l'été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d'une caserne déserte.
Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit.
Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère.
Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes.

Trois personnages et, au milieu d'eux, un chien, qui détient la clef du drame...

Ceci est ma première incursion dans l'univers de Rufin et il y a fort à parier que ce ne sera pas la dernière.
Le récit prend place dans une petite ville du Berry et en particulier, son ancienne caserne désaffectée transformée en prison. Nous sommes en 1919. Le seul prisonnier des lieux est un soldat décoré pour bravoure. Il attend l'arrivée du juge militaire chargé de l'instruction de son affaire. Affaire dont on ne saura rien, quasiment jusqu'à la fin. Quand le juge arrive, un jeune commandant idéaliste, les choses ne se déroulent pas comme prévues. Alors que l'officier cherche tous les moyens possibles pour minimiser la gravité de l'acte et libérer le prisonnier, ce dernier lui rend la tâche difficile en refusant, notamment, de travestir ce qu'il considère comme étant la vérité des faits. Toute cette lutte insolite à lieu dans les aboiements incessants du chien du prisonnier. Chien qui joue un rôle de premier plan dans l'explication du comportement étonnant de son maître.
 Les qualités du roman sont nombreuses. D'abord il est court, ce qui est toujours agréable par les temps qui courent où la priorité est donnée aux pavés. Il est fort bien écrit et cependant, fort agréable à lire et d'une grande fluidité. Il y avait longtemps que je n'avais pas lu un livre sans buter, ne serait-ce que de temps en temps, sur une phrase. Et puis il y a l'ambiance, admirablement restituée. On EST littéralement dans cette petite ville, dans cette caserne-prison, sur cette place en compagnie du chien. On est à la guerre lorsque le soldat relate les évènements qui l'ont conduit en prison. On transpire avec les personnages.
J'ai pris un immense plaisir à dévorer ce petit roman qui parle de l'absurdité de la guerre, de fidélité, de loyauté, d'orgueil, d'amour. Et de chiens...
C'est sans conteste un immense coup de cœur que je vous invite à découvrir séance tenante. Il ne vous faudra guère plus d'une heure et demie pour en venir à bout.

Excellent. Coup de cœur.

mardi 23 août 2016

L'adjacent - Christopher Priest

Résumé :
En Anatolie, l'infirmière Melanie Tarent a été victime d'un attentat singulier : totalement annihilée, elle n'a laissé au sol, comme seul vestige de son existence, qu'un impossible cratère noir et triangulaire. De retour en République Islamique de Grande-Bretagne, son mari, le photographe free-lance Tibor Tarent, apprend qu'un attentat a eu lieu le 10 mai à Londres, qu'il a fait cent mille morts, peut-être le double. Là aussi, la vaste zone touchée était inscrite dans un triangle parfait. Alors qu'il est emmené dans une base secrète afin d'être interrogé sur ce qu'il a observé en Anatolie (globalement rien, en dehors de l'étrange point d'impact), Tibor entend parler pour la première fois du phénomène d'adjacence. Mais à bien y réfléchir, est-ce vraiment la première fois ?

De Priest, je n'avais lu et cela fait fort longtemps que Le monde inverti. Ne me demandez pas de quoi cela parle, vous savez bien que j'oublie tout ce que je lis dès que je l'ai lu (ou peu s'en faut). C'est pourquoi je parlerai d'une semi découverte concernant cet auteur dont la réputation n'est plus à faire.
Difficile de parler de ce livre sans le spoiler. Ce qui fait sa substance est un mystère qui ne trouve son explication qu'à la toute fin (quoique) mais le récit est parsemé de petits indices subtilement amenés qui nous permettent de reconstitué, même partiellement, le puzzle de l'histoire.  Je ne rentrerai donc pas dans les détails.
Sachez simplement que le roman commence dans un monde quelques dizaines d'années plus vieux que le nôtre et qui n'a pas forcément évolué dans le bon sens. La Grande-Bretagne est devenue une République Islamique. Rien de nécessairement horrible, d'ailleurs. Mais rendez-vous compte. Une République !
À côté de ça, le climat est devenu plus dingue que jamais. Les tempêtes tropicales possédant désormais des petites sœurs énergiques : les tempêtes tempérées. Les TT. Elles sont joliment baptisées d'après les noms de personnalités aux initiales doubles. Genre TT Edward Elgar (compositeur), TT Danielle Darrieux, TT Federico Fellini... Et elles ravagent à qui mieux mieux les pays qui ne connaissaient ordinairement pas le phénomène, en particulier l'Europe et en particulier la Grande-Bretagne.
Les conflits et les attentats sont omniprésents, nos descendant n'ayant visiblement, dans l'esprit de Priest, pas perdu notre goût à nous foutre sur la gueule.
C'est dans ce contexte que le personnage principal, un photographe indépendant, en mission en Turquie, perd son infirmière de femme dans un attentat. Et perdre est bien le bon terme puisqu'on ne retrouvera aucune trace du corps. On suit alors les tribulations du malheureux qui est pris en charge par les autorités qui souhaitent faire avec lui un débriefing.
Puis soudain, nous sommes projetés dans d'autres époques d'autres lieux et avec d'autres personnages. Encore que, à ce dernier niveau, quelques points communs apparaissent entre eux. Nous revenons parfois au premier récit pour mieux le quitter ensuite et ce, jusqu'à la révélation finale (bon, enfin, il reste encore deux, trois trucs à expliquer mais globalement, on comprend tout).
Si vous aimez les histoires un peu alambiquées (pas trop), mystérieuses, avec des vrais morceaux de guerre dedans, des avions, des photos, des gens bizarres et même, oui, même de l'amour, alors ce roman est fait pour vous.
Je ne connais donc pas bien Priest, mais si (je n'en sais rien) ce livre est le moins bon de ce qu'il a déjà écrit, nul doute que je vais me précipiter pour combler mes lacunes.
Un très bon livre. Et tiens, je le répète en dessous. Et en gras.

Très bon

Les champs d'honneur - Jean Rouaud

Résumé :
Quelque part en Loire inférieure. Quelque temps après la guerre. L'histoire d'une famille sur laquelle le destin s'acharne et qui assiste, impuissante, à la mort rapprochée de ses membres les plus chers : le père, la tante, le grand-père, la grand-mère. A priori, rien d'original. Et pourtant, pour pouvoir dire ces morts, Jean Rouaud fait revivre cette famille avec une délicatesse et une tendresse remarquables, qui sont autant de bonheurs de lecture. Et si ses mots sonnent aussi justes, c'est parce que cette famille, c'est la sienne. L'écriture se fait souvenir et le regard de l'enfant croise celui du romancier dans une langue limpide et enjouée, avec laquelle le lecteur entre immédiatement en connivence.
Prix Goncourt en 1990

Que ce roman ait reçu le Prix Goncourt ne m'a pas surpris une seconde tant la langue est somptueuse. Chaque phrase est un petit diamant taillé à la perfection. Le style est même à ce point exigeant, que chaque fois que ma concentration fléchissait, je devais relire un paragraphe entier pour comprendre ce qu'avait voulu dire l'auteur. Voilà pour la forme.
Concernant le fond,  j'avoue être davantage partagé. Alors certes, la qualité de l'écriture est de nature à nous faire apprécier un récit qui, sinon, n'engendrerait pas l'enthousiasme. Les évènements qui nous sont narrés sont en effet de la plus grande banalité. On y parle même de la pluie (et pas du beau temps). On y parle surtout d'une famille, sans aucun doute aussi honorable qu'une autre, las ! il ne s'agit pas de la nôtre, et l'intérêt qu'on peut trouver à lire ses péripéties en est amoindri. D'autant plus, et là, cela ne vaut bien entendu que pour moi, que cette famille et les évènements qu'elle subit sont à des lieues de ce que j'ai moi-même pu vivre. Autrement dit, à aucun moment je ne me suis identifié aux personnages.
Pour aller au bout de ma confession, j'ajouterai que je me suis par moment ennuyé et c'est avec une certaine difficulté que je suis venu à bout du roman. Pour utiliser une métaphore qui vaut ce qu'elle vaut, c'est comme si j'étais dans un musée rempli d’œuvres magnifiques avec des chaussures trop petites. La hâte d'en finir serait la même.
À lire donc pour ceux qui mettent la beauté de la langue par-dessus tout.
Ceci ne remet par contre pas en cause le fait que je lirai avec plaisir d'autres romans du même auteur.

Moyen

dimanche 21 août 2016

Home - Toni Morrison

Résumé :
Toni Morrison nous plonge dans l'Amérique des années 1950.

Oui, certes, le résumé est un poil léger. Mais au moins, on ne pourra pas lui faire le reproche de spoiler la lecture. Encore que, le lieu et l'époque en disent peut-être déjà trop. Bon, trêve de plaisanterie à 1 euro 50.
Home, c'est l'histoire de Frank Money, un jeune soldat noir, qui revient au pays suite à la guerre de Corée (25 juin 1950, 27 juillet 1953). C'est même, plus précisément, l'histoire de son long périple à travers les États Unis pour rejoindre sa ville natale qui ne lui a pourtant pas laissé que de bons souvenirs.
Alors certes, le récit aurait pu être d'une affligeante banalité, pour autant que le voyage d'un homme de sa condition, sans emploi et sans ressources, puisse être banal. Mais la tendresse évidente de l'auteure pour ses personnages, des sympathiques aux plutôt antipathiques, nous les rend extrêmement attachants. Et puis on comprend très vite que ce qui tient la place la plus importante pour Toni Morrison, c'est le portrait qu'elle dresse, par petites touches, de l'Amérique de l'époque. Elle nous rappelle (ou nous apprend, pour les plus distraits d'entre nous), à quel point les conditions de vie des afro-américains d'alors pouvaient être abominables. Et ce qui est particulièrement remarquable, c'est qu'elle n'utilise jamais un ton militant ou moralisateur. Elle se contente de nous énoncer, avec talent, des faits qui parlent d'eux-même et qui ont eu le don de me faire serrer les dents de rage à plusieurs reprises.
Pour un premier contact avec cette romancière, prix Nobel de littérature en 1993,j'avoue avoir été plutôt séduit et nul doute que je poursuivrai sous peu ma connaissance de son oeuvre. 

Très bon.

Omale - Laurent Genefort

Résumé :
Dans un lointain futur... trois espèces cohabitent sur Omale les humains, les Chiles et les Hodgqins. Six individus se retrouvent en possession d'un bris d'œuf et décident d'en décrypter l'inscription. Ils s'embarquent sur une nef aérienne afin d'accomplir la quête pour laquelle ils ont été élus. C'est au cours d'un vol mouvementé qu'ils apprendront progressivement à se connaître grâce au fejij, le jeu des relations chile - subtil révélateur des caractères, des personnalités et des leçons du passé. Bravant les attaques de pirates, échappant de justesse au naufrage de leur dirigeable, le petit groupe se découvre dans un périple aux mille dangers. et l'aventure les rapproche chaque jour davantage des secrets d'Omale..

Assurément, l'auteur est un créateur de monde remarquable. Omale est à la fois dépaysant et familier. Impossible, de plus, à la lecture des récits des personnages, de ne pas penser à Hyperion de Simmons. Malheureusement, je ne suis jamais vraiment rentré dans l'histoire, la faute, peut-être, à des personnages auxquels je ne me suis pas réellement attaché. J'ai, entre autres,déploré le manque de précisions dans la description des espèces non humaines qui nous empêche de nous en faire une image claire. 
Roman agréable mais pas exceptionnel.

Bon. 

lundi 15 août 2016

Zombi - Joyce Carol Oates

Résumé :
Il pose bien un peu problème à son professeur de père, et à sa mère – qui l'adore – mais ni l'un ni l'autre ne croient une seconde à l'accusation d'agression sexuelle sur un mineur dont il est l'objet. Il est un cas pour le psychiatre-expert auprès des tribunaux chargé de le suivre, qui se sent néanmoins encouragé par la nature toujours plus positive de ses rêves et sa franchise à en discuter. Il est le plus exquis et le plus attentif des garçons pour sa riche grand-mère de moins en moins capable de lui refuser quoi que ce soit. Il est le plus vrai et le plus abominablement terrifiant des tueurs-psychopathes jamais imaginés dans un roman dont on se demande par instants comment l'auteur a pu trouver les mots pour l'écrire.

 Décidément, Oates a un style bien particulier. Ou devrais-je dire des styles ? Cette fois-ci, elle nous entraine dans la tête d'un tueur psychopathe ce qui nous donne un voyage hallucinant dans les pensées délirantes d'un type complètement déconnecté de la réalité. Attention, les propos sont assez crus et les impressions du tueur sont livrées quasiment sans filtre. Terrifiant.

Bon.

lundi 8 août 2016

L'Apothicaire - Henri Loevenbruck

Résumé :
"Il vécut à Paris en l'an 1313 un homme qui allait du nom d'Andreas Saint-Loup, mais que d'aucuns appelaient l'Apothicaire, car il était le plus illustre et le plus mystérieux des préparateurs de potions, onguents, drogues et remèdes..." Un matin de janvier, cet homme découvre dans sa boutique une pièce qu'il avait oubliée... Il comprend alors que jadis vivait ici une personne qui a soudainement disparu de toutes les mémoires. L'Apothicaire, poursuivi par d'obscurs ennemis, accusé d'hérésie par le roi Philippe le Bel et l'Inquisiteur de France, décide de partir jusqu'au mont Sinaï. Entre conte philosophique et suspense ésotérique, L'Apothicaire est une plongée vertigineuse dans les mystères du Moyen Age et les tréfonds de l'âme humaine.

Une plongée réussie dans cette France du 14ème siècle. Des personnages attachants, une belle langue, une culture colossale. Malheureusement, je suis resté sur ma faim et j'ai terminé la lecture en me disant : tout ça pour ça ? La plupart des arcs narratifs font un peu artificiels et se concluent de manière abrupte. Il n'en reste pas moins que le tout se lit avec un immense plaisir. Quand même !

Bon.