jeudi 9 septembre 2010

Blind Lake - Robert Charles Wilson

Présentation de l'éditeur
Utilisant une technologie quantique qu'ils ne comprennent pas totalement, les scientifiques des complexes de Crossbank et Blind Lake observent des planètes extraterrestres distantes de la Terre de plusieurs dizaines d'années-lumière. A Blind Lake, Minnesota, Marguerite Hauser s'intéresse tout particulièrement à un extraterrestre qu'elle appelle "le Sujet ", mais que tout le monde surnomme "le homard", à cause de sa morphologie. Et voilà qu'un jour, personne ne sait pourquoi, le Sujet entreprend un pèlerinage qui pourrait bien lui être fatal. Au même moment, l'armée américaine boucle Blind Lake et instaure une quarantaine qui tourne à la tragédie quand un couple qui tentait de s'échapper en voiture est massacré par des drones de combat. Que se passe-t-il à Blind Lake ?

Voici le sixième roman de Wilson que je lis. Toujours à peu près dans l'ordre chronologique ( j'ai dû louper Bios ). Tout ce chemin devant me mener, inexorablement, vers Spin, considéré comme un chef d'œuvre. Six romans : on pourrait penser que je suis un fan de l'auteur. Eh bien, ce n'est pas tout à fait exact. Ce n'est pas entièrement faux non plus. Mais le fait est qu'aucun de ses romans que j'ai lu ne m'a semblé irrémédiablement nul. En revanche, un seul, il est vrai, à entièrement emporté mon adhésion jusqu'à aujourd'hui : Les Chronolithes.
Les romans de Wilson révèlent tous les mêmes qualités, mais bien souvent, hélas, les mêmes défauts. Des personnages ciselés avec précision et, oserai-je dire, avec amour. Et tant mieux, parce que j'apprécie vraiment ça. Par contre, des histoires démarrant le plus souvent sur une bonne idée mais qui ne tiennent pas toujours leurs promesses.
Alors, qu'en est-il de Blind Lake ? Côté personnages nous sommes plutôt servis. À chaque livre, Wilson s'améliore encore un peu plus dans ses peintures. Même les personnages secondaires bénéficient d'un traitement particulièrement soigné. Là où d'autres écrivains racontent une histoire qu'ils peuplent de personnages, Wilson nous parle de personnages qui font une histoire. Dans ce roman, l'auteur se rapproche plus que jamais, de mon point de vue, de Stephen King. Des personnages issus de la middle class et confrontés à des problèmes d'une banalité confondante mais tellement proches des propres préoccupations du lecteur lambda. On y aborde des sujets comme : le divorce, la garde des enfants, les violences conjugales, les rapports conflictuels patron-employé, la réussite sociale ... tous thèmes que n'aurait pas désavoués le maître du suspense. Mais là où King nous gratifie à chaque roman d'une histoire solide, horrible à souhaits, Wilson se montre beaucoup plus discret dans la partie relevant purement du domaine de la Sience-Fiction.
L'essentiel de l'intrigue tourne autour d'un genre de télescopes d'une nouvelle génération dont nous ne comprendrons jamais tout à fait le fonctionnement. Bon, en même temps, même ceux qui l'utilisent ignorent comment cela fonctionne exactement. Le fait est que le système permet de voir ce qui se déroule sur des planètes situées à des années lumière de la Terre. Et en particulier les faits et gestes d'une créature extra-terrestre, le Sujet. Mais tout ceci est finalement réduit à une toile de fond, un décor.
La vraie grande aventure du roman, c'est la mise en quarantaine de toute la ville de Blind Lake, cité bâtie de toutes pièces autour de l'observatoire. Avec comme lancinante question, tout le temps du blocus : pourquoi ?
Parce que l'isolement est complet. Plus de communication, entrante ou sortante, avec l'extérieur. Plus personne n'entre et plus personne ne sort. Ceux qui tentent de sortir sont impitoyablement abattus par des drones minuscules mais meurtriers qui entourent la ville. Et le blocus s'éternise. Durant des jours, des semaines, des mois. Et c'est d'ailleurs l'un des défauts du roman. On n'arrive pas à croire totalement à cette quarantaine. Du moins, on ne parvient pas à imaginer que cela se passe aussi tranquillement. Il n'est jamais question d'émeute ou ne serait-ce que d'une certaine nervosité de la population. Tout juste y-a-t'il quelques tentatives de fuite. De la même façon, il n'est jamais question de ce qui se passe à l'extérieur et on ne voit jamais aucune troupe surveiller la ville, aucun contact, aucune explication venant du dehors. Le seul lien est un véhicule blindé automatique, donc sans pilote, qui vient régulièrement ravitailler la ville.
Au bout du compte donc, un roman peuplé de personnages intéressants, humains, crédibles mais une histoire, encore une fois, qui ne tient pas toutes ses promesses. On passe tout de même un bon moment avec un livre qui se lit vite et facilement.

L'avis d'Efelle

4 commentaires:

  1. D'accord avec toi sur les qualités comme sur les défauts du livre.

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  2. Je t'avoue que les personnages m'ont captivés pour ne pas remarquer ces défauts.
    J'étais bien dans l'ambiance mais je suis un Wilsonmaniaque.

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  3. Il est incontestable que les personnages de ce roman sont une réussite majeure. Mais il est presque à lire comme de la littérature blanche.

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  4. Au contraire, j'ai trouvé que l'absence d'émeutes, de chaos total et de folie extravagante était plus crédible vu la communauté et le niveau intellectuel / social des gens enfermés dans Blind Lake.

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