mardi 23 août 2016

L'adjacent - Christopher Priest

Résumé :
En Anatolie, l'infirmière Melanie Tarent a été victime d'un attentat singulier : totalement annihilée, elle n'a laissé au sol, comme seul vestige de son existence, qu'un impossible cratère noir et triangulaire. De retour en République Islamique de Grande-Bretagne, son mari, le photographe free-lance Tibor Tarent, apprend qu'un attentat a eu lieu le 10 mai à Londres, qu'il a fait cent mille morts, peut-être le double. Là aussi, la vaste zone touchée était inscrite dans un triangle parfait. Alors qu'il est emmené dans une base secrète afin d'être interrogé sur ce qu'il a observé en Anatolie (globalement rien, en dehors de l'étrange point d'impact), Tibor entend parler pour la première fois du phénomène d'adjacence. Mais à bien y réfléchir, est-ce vraiment la première fois ?

De Priest, je n'avais lu et cela fait fort longtemps que Le monde inverti. Ne me demandez pas de quoi cela parle, vous savez bien que j'oublie tout ce que je lis dès que je l'ai lu (ou peu s'en faut). C'est pourquoi je parlerai d'une semi découverte concernant cet auteur dont la réputation n'est plus à faire.
Difficile de parler de ce livre sans le spoiler. Ce qui fait sa substance est un mystère qui ne trouve son explication qu'à la toute fin (quoique) mais le récit est parsemé de petits indices subtilement amenés qui nous permettent de reconstitué, même partiellement, le puzzle de l'histoire.  Je ne rentrerai donc pas dans les détails.
Sachez simplement que le roman commence dans un monde quelques dizaines d'années plus vieux que le nôtre et qui n'a pas forcément évolué dans le bon sens. La Grande-Bretagne est devenue une République Islamique. Rien de nécessairement horrible, d'ailleurs. Mais rendez-vous compte. Une République !
À côté de ça, le climat est devenu plus dingue que jamais. Les tempêtes tropicales possédant désormais des petites sœurs énergiques : les tempêtes tempérées. Les TT. Elles sont joliment baptisées d'après les noms de personnalités aux initiales doubles. Genre TT Edward Elgar (compositeur), TT Danielle Darrieux, TT Federico Fellini... Et elles ravagent à qui mieux mieux les pays qui ne connaissaient ordinairement pas le phénomène, en particulier l'Europe et en particulier la Grande-Bretagne.
Les conflits et les attentats sont omniprésents, nos descendant n'ayant visiblement, dans l'esprit de Priest, pas perdu notre goût à nous foutre sur la gueule.
C'est dans ce contexte que le personnage principal, un photographe indépendant, en mission en Turquie, perd son infirmière de femme dans un attentat. Et perdre est bien le bon terme puisqu'on ne retrouvera aucune trace du corps. On suit alors les tribulations du malheureux qui est pris en charge par les autorités qui souhaitent faire avec lui un débriefing.
Puis soudain, nous sommes projetés dans d'autres époques d'autres lieux et avec d'autres personnages. Encore que, à ce dernier niveau, quelques points communs apparaissent entre eux. Nous revenons parfois au premier récit pour mieux le quitter ensuite et ce, jusqu'à la révélation finale (bon, enfin, il reste encore deux, trois trucs à expliquer mais globalement, on comprend tout).
Si vous aimez les histoires un peu alambiquées (pas trop), mystérieuses, avec des vrais morceaux de guerre dedans, des avions, des photos, des gens bizarres et même, oui, même de l'amour, alors ce roman est fait pour vous.
Je ne connais donc pas bien Priest, mais si (je n'en sais rien) ce livre est le moins bon de ce qu'il a déjà écrit, nul doute que je vais me précipiter pour combler mes lacunes.
Un très bon livre. Et tiens, je le répète en dessous. Et en gras.

Très bon

7 commentaires:

  1. Ah j'apprends à aimer cet auteur :) Il me reste encore quelques romans à découvrir. J'ai lui celui-ci et j'ai été bluffée : l'auteur prend soin du lecteur et c'est agréable. Comme tu l'écris, il y a quelques explications - mais selon le lecteur, pas forcément à la toute fin - avec une certaine brume qui flotte, permettant à chacun d'apprécier le récit comme on l'entend.

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    1. Il est vrai qu'on peut commencer à reconstituer une partie du puzzle en cours de lecture. Mais tout ça reste flou et c'est tant mieux.

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  2. Tu connais mon affection très particulière pour la S.F (qui ressemble un peu à un "je t'aime, moi non plus")? Tu sais combien je suis circonspecte dès que je vois l'étiquette S.F ? Et bien là, j'avoue que tu m'as vraiment donné envie !!!!
    Hop hop hop ... dans ma PàL !
    (Il est fort ce Arutha !!!)

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    1. Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir que de venir t'encanailler dans mon antre. Ce roman reste spécial mais je pense qu'il devrait te convenir. Tu me diras ? Oui, bien sûr que tu me diras. Et si j'arrivais à te convaincre d'ouvrir un blog ? Hé hé.

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  3. Je crois que Priest n'a pas écrit un seul mauvais livre, voire un livre un peu moyen. J'en ai lu que deux mais j'ai été subjuguée les deux fois.

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  4. Excellent roman. Un auteur qui travaille autant le style que le contenu. Cela offre des récits incroyables et souvent différents de ce que l'on trouve ailleurs.

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  5. Je pense également qu'en effet, c'est un écrivain à part.

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