Résumé (de la version française) :
Mark Watney est l’un des premiers humains à poser le pied sur Mars. Il pourrait bien être le premier à y mourir.
Lorsqu’une tempête de sable mortelle force ses coéquipiers à évacuer la
planète, Mark se retrouve seul et sans ressources, irrémédiablement
coupé de toute communication avec la Terre.
Pourtant Mark n’est pas prêt à baisser les bras. Ingénieux, habile de
ses mains et terriblement têtu, il affronte un par un des problèmes en
apparence insurmontables. Isolé et aux abois, parviendra-t-il à défier
le sort ? Le compte à rebours a déjà commencé…
Je me permets d'ouvrir tout d'abord une parenthèse que je refermerai aussitôt, rassurez-vous. Ou bien j'ai beaucoup de chance, ou de flair, ou une méthode de sélection rigoureuse, mais depuis un bon moment maintenant, je ne lis que des romans dont le moins bon est déjà très, très bien. Et ce dernier en date ne vient pas déparer l'ensemble, bien au contraire.
Pourtant, un type tout seul, dans un monde hostile et qui n'a personne à qui parler, ça peut paraître peu engageant et ça rappelle (un peu) un roman que j'ai (re)lu et chroniqué il y a peu, I am legend (Je suis une légende). Là aussi, je m'interrogeais sur la difficulté à rendre intéressant un personnage dans cette situation. Sauf que là, sur Mars en l'occurrence, le quotidien de notre Robinson spatial, n'a rien de commun avec le notre. Ou plutôt, les choses les plus banales demandent ici une réflexion, une préparation et des précautions exceptionnelles. Et du coup on suit avec intérêt toutes les tentatives de l'astronaute pour survivre, en tout cas le plus longtemps possible, en nous demandant à chaque fois ce qu'il va bien pouvoir trouver comme idée et si celle-ci va se révéler efficace et sans risque.
Ce livre, c'est tout ce que j'aime, ou peu s'en faut. Il m'a replongé dans mon adolescence, dans la mesure où il me rappelle L'île mystérieuse, l'un de mes Jules Verne préférés. Oui, je sais, vous vous attendiez à ce que je cite plutôt Robinson Crusoé mais, croyez-le ou non, je n'ai jamais lu le roman de Daniel Defoe. Tandis que L'île mystérieuse, je connais bien. Là aussi, les personnages ne doivent leur survie que grâce à leurs connaissances scientifiques qui leur permettent de tirer le meilleur parti de ce que la nature a à leur offrir.
Et notre néo-martien n'épargne pas ses cellules grises pour trouver comment palier à l'insuffisance, voire à la quasi absence, de ressources vitales pour lui. Je veux parler, pour ne retenir que l'essentiel, de la nourriture, de l'eau et d'un air respirable. Bien sûr, tout cela a été prévu au départ, la mission prévoyant une trentaine de jours de ressources pour 6 personnes. La NASA calculant toujours large (si on en croit Mark Watney), il lui reste en réalité 50 jours de réserves pour 6 personnes, soit 300 jours pour un homme seul, et sans se rationner. Ce qui peut paraître beaucoup. À ceci près que la prochaine mission prévue doit arriver dans... près de quatre ans. Si elle arrive. Les réserves sont tout de suite moins importantes, n'est-ce pas ?
J'ai adoré suivre les réflexions particulièrement poussées de notre naufragé. J'aime à croire que l'humain, aussi faible soit-il, physiquement, comparé au reste du monde animal, dispose d'un outil qui le rend apte à survivre dans les environnements les plus hostiles, je veux parler de son cerveau, bien sûr. Même si moi, dans la même situation, je serais mort le premier jour. La première heure.
J'ai failli oublier de vous parler de l'humour, pourtant omniprésent, de l'astronaute. Il faut savoir que le texte qui nous est proposé est censé être (pour au moins une bonne partie, en tout cas) son journal. Et qu'il a pris le parti de rire de tout ce qui lui arrive. N'oublions pas que tout ce qu'il nous livre ne l'est qu'a posteriori, et qu'il a eu le temps de digérer toutes les catastrophes qu'il traverse. Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager quelques unes de ses premières réflexions humoristiques. En avant pour une traduction sans filet :
Mais je suis un botaniste, bon sang. Je devrais trouver un moyen de m'en sortir. Sinon, dans un an, je serai un botaniste vraiment affamé.
Mon anus en fait autant pour ma survie que mon cerveau (évoquant le seul engrai dont il dispose).
J'ai aussi du ruban adhésif. Du ruban ordinaire, qu'on trouve dans les magasins de bricolage. Il s'avère que même la NASA ne peut améliorer le ruban adhésif.
En parlant d'un pc portable qu'il veut essayer de faire fonctionner à l'extérieur :
Il est mort instantanément. L'écran est devenu noir avant même que je sorte du sas. Il s'avère que le «L» dans «LCD» signifie «Liquide». Je suppose qu'il a dû geler ou s'évaporer. Peut-être que j'enverrai un avis utilisateur. «J'ai emporté le produit à a surface de Mars. Il a cesé de fonctionner. 0/10.»
Lors d'un dialogue entre deux membres de la NASA, sur Terre :
«On pourrait accélérer les choses avec un temps de transmission plus court,» dit Jack.
Venkat lui lança un regard perplexe. «Vous avez un plan pour rapprocher Mars de la Terre ?»
Bon, il y en a beaucoup d'autres, peut-être plus drôles encore, mais je pense que cet échantillon vous donne une idée assez précise du ton de l'ensemble.
Maintenant, s'il fallait chercher ce en quoi peut pécher ce roman, citons peut-être le nombre exceptionnels de rebondissements. On ne compte plus le nombre de fois qu'une «expérience» de Watney tourne mal et manque de lui coûter la vie et le nombre de fois où il s'en sort pour mieux recommencer. Il y a un côté systématique qui peut finir par agacer. En même temps, à la décharge de l'auteur, la vie sur la planète rouge est si aléatoire qu'on peut comprendre que rien ne se passe comme prévu.
Un autre petit sujet d'agacement possible est la transformation du récit en un véritable panégyrique de la NASA. L'agence est montrée sous son meilleur jour et elle semble consister en une pléthore de types tous plus géniaux les uns que les autres. En même temps, n'en déplaise aux grincheux, force est de reconnaître que la NASA a à son actif un certain nombre de missions exceptionnelles et qu'elle nous a prouvé par le passé sa capacité à trouver des solutions aux problèmes les plus ardus.
On peut aussi trouver le récit un poil trop long. Non pas qu'il devient ennuyeux mais parce qu'on a hâte de savoir comment cela se termine. Dans le détail. Parce que, dans l'ensemble, on a bien une petite idée.
D'aucuns pourraient aussi trouver les détails techniques un peu trop... techniques. C'est le prix à payer, me semble-t-il, de la vraisemblance, du réalisme. De fait, même si on ne comprend pas tout dans les moindres nuances, on a une bonne idée de ce qui se passe grâce aux explications dont le narrateur n'est pas avare.
Enfin, pour être tout à fait complet, j'avoue qu'on peut s'interroger, comme je l'ai fait, sur la quantité colossale d'argent que représentent les solutions envisagées par la NASA pour secourir leur astronaute. Parce que, sans faire du spoil éhonté (enfin, il me semble), je me permets de signaler que : un, la NASA se rend compte qu'il a survécut et que, deux, elle va tenter de le sauver. Mais je ne peux pas imaginer une seconde qu'une agence gouvernementale comme celle-ci puisse abandonner sur Mars un de ses astronautes, quel qu'en soit le coût. D'autant que le monde entier a les yeux rivés sur l'évènement.
Pour résumer, ce roman est un vrai plaisir de lecture et ferait sûrement un excellent film. Euh, c'est de l'humour. Je sais pertinemment qu'un film a été tiré du livre. Quelque chose me dit même que l'oeuvre cinématographique a plus de notoriété que l'oeuvre littéraire. Ah ! Éternelle injustice du combat film/roman.
Le texte est paru en français sous le titre : Seul sur Mars.
Ce livre, c'est tout ce que j'aime, ou peu s'en faut. Il m'a replongé dans mon adolescence, dans la mesure où il me rappelle L'île mystérieuse, l'un de mes Jules Verne préférés. Oui, je sais, vous vous attendiez à ce que je cite plutôt Robinson Crusoé mais, croyez-le ou non, je n'ai jamais lu le roman de Daniel Defoe. Tandis que L'île mystérieuse, je connais bien. Là aussi, les personnages ne doivent leur survie que grâce à leurs connaissances scientifiques qui leur permettent de tirer le meilleur parti de ce que la nature a à leur offrir.
Et notre néo-martien n'épargne pas ses cellules grises pour trouver comment palier à l'insuffisance, voire à la quasi absence, de ressources vitales pour lui. Je veux parler, pour ne retenir que l'essentiel, de la nourriture, de l'eau et d'un air respirable. Bien sûr, tout cela a été prévu au départ, la mission prévoyant une trentaine de jours de ressources pour 6 personnes. La NASA calculant toujours large (si on en croit Mark Watney), il lui reste en réalité 50 jours de réserves pour 6 personnes, soit 300 jours pour un homme seul, et sans se rationner. Ce qui peut paraître beaucoup. À ceci près que la prochaine mission prévue doit arriver dans... près de quatre ans. Si elle arrive. Les réserves sont tout de suite moins importantes, n'est-ce pas ?
J'ai adoré suivre les réflexions particulièrement poussées de notre naufragé. J'aime à croire que l'humain, aussi faible soit-il, physiquement, comparé au reste du monde animal, dispose d'un outil qui le rend apte à survivre dans les environnements les plus hostiles, je veux parler de son cerveau, bien sûr. Même si moi, dans la même situation, je serais mort le premier jour. La première heure.
J'ai failli oublier de vous parler de l'humour, pourtant omniprésent, de l'astronaute. Il faut savoir que le texte qui nous est proposé est censé être (pour au moins une bonne partie, en tout cas) son journal. Et qu'il a pris le parti de rire de tout ce qui lui arrive. N'oublions pas que tout ce qu'il nous livre ne l'est qu'a posteriori, et qu'il a eu le temps de digérer toutes les catastrophes qu'il traverse. Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager quelques unes de ses premières réflexions humoristiques. En avant pour une traduction sans filet :
Mais je suis un botaniste, bon sang. Je devrais trouver un moyen de m'en sortir. Sinon, dans un an, je serai un botaniste vraiment affamé.
Mon anus en fait autant pour ma survie que mon cerveau (évoquant le seul engrai dont il dispose).
J'ai aussi du ruban adhésif. Du ruban ordinaire, qu'on trouve dans les magasins de bricolage. Il s'avère que même la NASA ne peut améliorer le ruban adhésif.
En parlant d'un pc portable qu'il veut essayer de faire fonctionner à l'extérieur :
Il est mort instantanément. L'écran est devenu noir avant même que je sorte du sas. Il s'avère que le «L» dans «LCD» signifie «Liquide». Je suppose qu'il a dû geler ou s'évaporer. Peut-être que j'enverrai un avis utilisateur. «J'ai emporté le produit à a surface de Mars. Il a cesé de fonctionner. 0/10.»
Lors d'un dialogue entre deux membres de la NASA, sur Terre :
«On pourrait accélérer les choses avec un temps de transmission plus court,» dit Jack.
Venkat lui lança un regard perplexe. «Vous avez un plan pour rapprocher Mars de la Terre ?»
Bon, il y en a beaucoup d'autres, peut-être plus drôles encore, mais je pense que cet échantillon vous donne une idée assez précise du ton de l'ensemble.
Maintenant, s'il fallait chercher ce en quoi peut pécher ce roman, citons peut-être le nombre exceptionnels de rebondissements. On ne compte plus le nombre de fois qu'une «expérience» de Watney tourne mal et manque de lui coûter la vie et le nombre de fois où il s'en sort pour mieux recommencer. Il y a un côté systématique qui peut finir par agacer. En même temps, à la décharge de l'auteur, la vie sur la planète rouge est si aléatoire qu'on peut comprendre que rien ne se passe comme prévu.
Un autre petit sujet d'agacement possible est la transformation du récit en un véritable panégyrique de la NASA. L'agence est montrée sous son meilleur jour et elle semble consister en une pléthore de types tous plus géniaux les uns que les autres. En même temps, n'en déplaise aux grincheux, force est de reconnaître que la NASA a à son actif un certain nombre de missions exceptionnelles et qu'elle nous a prouvé par le passé sa capacité à trouver des solutions aux problèmes les plus ardus.
On peut aussi trouver le récit un poil trop long. Non pas qu'il devient ennuyeux mais parce qu'on a hâte de savoir comment cela se termine. Dans le détail. Parce que, dans l'ensemble, on a bien une petite idée.
D'aucuns pourraient aussi trouver les détails techniques un peu trop... techniques. C'est le prix à payer, me semble-t-il, de la vraisemblance, du réalisme. De fait, même si on ne comprend pas tout dans les moindres nuances, on a une bonne idée de ce qui se passe grâce aux explications dont le narrateur n'est pas avare.
Enfin, pour être tout à fait complet, j'avoue qu'on peut s'interroger, comme je l'ai fait, sur la quantité colossale d'argent que représentent les solutions envisagées par la NASA pour secourir leur astronaute. Parce que, sans faire du spoil éhonté (enfin, il me semble), je me permets de signaler que : un, la NASA se rend compte qu'il a survécut et que, deux, elle va tenter de le sauver. Mais je ne peux pas imaginer une seconde qu'une agence gouvernementale comme celle-ci puisse abandonner sur Mars un de ses astronautes, quel qu'en soit le coût. D'autant que le monde entier a les yeux rivés sur l'évènement.
Pour résumer, ce roman est un vrai plaisir de lecture et ferait sûrement un excellent film. Euh, c'est de l'humour. Je sais pertinemment qu'un film a été tiré du livre. Quelque chose me dit même que l'oeuvre cinématographique a plus de notoriété que l'oeuvre littéraire. Ah ! Éternelle injustice du combat film/roman.
Le texte est paru en français sous le titre : Seul sur Mars.
Le fait est que le film est meilleur que le livre :p Il gomme déjà un des défauts (même s'il n'en est pas exempt) : celui de l'excès de rebondissements.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec Lilly, le film est meilleur ! Bon après ça reste une lecture sympathique:)
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